stach a écrit :
Pouvez-vous expliquer un peu plus votre pensee svp ? Vous semblez avoir quelque chose en tete mais il m'est bien difficile de le comprendre. Bien que defendant la non recherche de la stricte egalite comme un imperatif moral. Je serais tout a fait pret a changer d'avis si cela mettait en danger des principes encore plus fondamentaux (libertes, ...) ? Et si vous faites reference a la monte du nationalisme des annees 30 je crois que cela est aussi absurde que d'insinuer que l'equite prone par les socialistes d'aujourd'hui nourrit la famille de pensee communiste de 1917
Face à mon allusion, ne faites pas la moue, stach.
Je vais m expliquer. Je défends moi aussi la non-recherche de la stricte égalité comme un impératif moral.
Mais
je défends aussi la non-recherche de la stricte liberté comme un impératif moral qui en est le pendant.
Il serait évidemment idiot de faire un parallèle avec la montée du nationalisme. Ce n est pas là mon idée.
Il faut comprendre combien le darwinisme social auquel fait référence Tibere, et d une manière générale,
la soupe idéologique qui se cache derrière la mauvaise compréhension de la théorie de la sélection naturelle, est un ingrédient majeur du fascisme et du national/socialisme.
Par exemple, la route de la servitude est un livre intéressant; en ce sens qu il
peut facilement servir de point de départ à une redécouverte de ce qui faisait la force de la pensée fasciste : l affaiblissement de la race.
Sauf que la race, ici, n est pas affaiblie par le mélange sanguin, mais
par le mélange social. Ainsi, l humanité s affaiblirait de trop se protéger, de mettre trop souvent en place des mécanismes de couverture. Dans la droite lignée de la pensée de Nietzsche. Même filiation. Même famille. Ce qui est intéressant, chez Nietzsche, et qui peut donner à réfléchir, c est que c est probablement le philosophe qui est allé le plus loin dans l expression de la liberté individuelle et qu il est fascinant de voir à quel point il a pu être facilement récupéré/utilisé par un système concentrationnaire.
Les écarts de richesse - excessifs - par les écarts de pouvoir qu ils induisent, fabriquent une ségrégation qui n a rien à envier à la ségrégation raciste. Et
les mêmes mécanismes de mépris sont induits par l accroissement des écarts de richesse.
Ainsi, une societe laissant libre cours à la concentration du capital, au nom même de la liberté, aboutit immanquablement à une societe dans laquelle la question du mépris se pose. Cette question du mépris sert alors d appui aux mécanismes de soumission, de violence symbolique, de violence réelle et de dominations, qui s établissent alors en contradiction avec l objectif initial.
En somme, pour le dire vite, à cause de la nature même du capitalisme - et probablement à cause de la nature de la monnaie -
la stricte liberté compose les conditions de la disparition des libertés du plus grand nombre.
On retrouve aujourd hui bon nombre de mécanismes qui fondent une idéologie, dont le premier est
la rigidité de la pensée. On propose toujours les mêmes recettes aux mêmes problèmes. A partir du moment où il propose un chemin unique,
le libéralisme est doctrinal, contrairement à ce que pensait Hayek, qui imaginait que, sous prétexte que les hommes seraient libres, ils agiraient alors tous librement, oubliant ce faisant la nature des hommes et les mécanismes sociaux. Cette erreur majeure de Hayek contient des risques de dérive concentrationnaire gigantesques qui sont à peu près comparables au péché originel du communisme. Simplement,
ces risques se situent à l opposé du spectre politique. Et ils sont plus insidieux, moins visibles, parce qu ils ne sont pas le fait de quelques-uns, mais le fait de tout un chacun pris dans le mouvement de la doctrine.
Voilà, c est peut-être un peu plus clair.
Je suis toujours étonné de constater que, en tant que libéraux, vous n échappez pas aux mécanismes de l endoctrinement, et qu
il est tout à fait possible de défendre la liberté de façon tout à fait obtus, en étant prisonnier d une pensée qui fait bloc. D une pensée rigide. Manichéenne. En somme, certains libéraux sont tout à fait prisonniers du concept de liberté auquel ils aspirent et cela les empêche de penser librement. Je pense que la pérestroïka va survenir quand des libéraux éclairés - Karl Popper est un précurseur - sauront trier le bon grain de l ivraie et interroger leur vrai but.
Si leur véritable but est de mener l Homme à plus de libertés, alors il faudra peut-être qu ils imaginent de renoncer à certaines. Ceci dit, il y a souvent des buts inavoués derrière les objectifs qu on croit défendre. Et c est là qu on en revient à la question du mépris, du pouvoir et de la domination.
Les gouvernements européens se font Marché dessus.