guyomette a écrit :pangloss a écrit :
La Bernankisation, c'est pareil que la japonisation
Sans avoir, regardé les docs, pensez-vous que le bernankisme est possible en Europe, et pourrait amener disons la mort d'un monnaie telle que l'euro -sans parler d'autres causes de mort de l'euro- voire même la mort du $ ?
Voire une grosse voire hyperinflation ?
Sur la file "Bernankisme, l'invention de l'impôt universel", J.Dupont dit que la purge s'effectuera par hyperinflation, à contre-courant comme analyse ? Qu'en pensez-vous ?
Le Bernankisme, ce n'est rien d'autre qu'empêcher que le système s'effondre.
La BCE fait la même chose, avec un peu plus de retenue.
Mais il n'y aura pas d'inflation, ni d'un côté, ni de l'autre.
La dette est là. La rembourser est dépressif. Faire défaut (voler les épargnants qui possèdent les titres de dettes) est dépressif aussi.
Il faut organiser la stabilisation et peut-être la décrue de la dette par un mélange de réduction de dépenses et d'impôts supplémentaires.
Cela s'impose à tous, mais les modalités sont éminemment politiques.
viewtopic.php?p=687145#p687145
Le 3 janvier 2009, pangloss a écrit :La présente bulle de crédit a utilisé l'immobilier comme support. Or, seul l'immobilier permet d'embringuer l'essentiel de la population dans une bulle spéculative: on ne prête pas à un particulier pour acheter en bourse, en revanche on lui prête, on l'a vu, jusqu'à 110% de son investissement dans l'immobilier. Voilà pourquoi on a pu obtenir, et de loin, la plus importante bulle spéculative de l'histoire. Par ailleurs, l'immobilier est aussi le support suprême et ultime de bulle spéculative dans nos sociétés bien équipées. A présent que ce support est "grillé" (et pour longtemps) il n'existe plus de support pour la nouvelle bulle de crédit que nos dirigeants voudraient nous forcer en travers de la gorge. "Ca" ne repartira donc pas, comme avant du moins, et toute l'activité économique en sera affectée pour au moins dix ans. A mon avis, le marché n'a pas du tout intègré ceci, qui se fera jour progressivement dans les deux ans à venir. C'est pourquoi je pense que le CAC devrait se trouver autour des 2000 dans un an, avec un taux de chômage supérieur à 9%, un baisse de l'activité d'au moins 3% et une inflation nulle à faiblement négative. Des pans entiers de l'économie, qui correspondaient à une mauvaise consommation (comme il y a une mauvaise graisse) faite de gaspillage sur fond de mauvaise conscience (trop de Cayenne, quand tant d'enfants ne peuvent partir en vacances, par exemple...), doivent voir leur ressources réallouées. Il faut soutenir les hommes et pas systématiquement les institutions afin que cette réallocation puisse s'opérer. La question de l'indemnisation et de l'accompagnement du chômage est donc cruciale, si l'on ne veut pas que la consommation ne se rétracte trop violemment pendant cette transition (comme je l'ai vu au Japon: Quand vous savez que vous ne toucherez plus rien après 6 mois de chômage, vous êtes prêt à accepter des baisses de salaires -soutenant par là des activités qui, en fait, devraient plutôt disparaître-, et vous êtes enclin à vous restreindre dans votre consommation le plus possible, car votre épargne, c'est votre liberté). Le financement devra venir d'une taxation hyper-progressive des très hauts revenus (voir entretien de Thomas Piketty avec Christian de Boissieu sur France Inter la semaine dernière, et article encore de Thomas Piketty dans Alternatives Economiques de janvier rappelant la fiscalité mise en place par Roosevelt et maintenue pour l'essentiel jusqu'au milieu des années 60).
LA TRADUCTION COMPLETE SUIT LE TEXTE EN ANGLAIS
Been there, done some of that
Dec 13th 2007 | TOKYO
From The Economist print edition
Lessons from Japan's financial crisis should worry, and embarrass, America
http://www.economist.com/finance/displa ... d=10286992
Sadly, he knows the end of the story
The Economist a écrit :Though differences between the subprime crisis and the bursting of Japan's own property bubble after 1989 are inevitably great, the similarities are striking. As Kazuto Uchida, chief economist at Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, points out, both the Japanese and American bubbles were inflated at a time of financial experimentation and easy credit. America saw a huge growth in the securitisation of mortgage assets and “structured investment vehicles” when the Federal Reserve was providing cheap money. Similarly, Japan in the mid-1980s faced pressure from the United States to liberalise its markets. That sparked a wave of “financial engineering”, and the proliferation of new products such as derivatives. The cocktail was given added fizz by American pressure to revalue the yen: in response to a rising currency, the Bank of Japan (BoJ) cut interest rates, flooding the economy with cheap cash. All of which reinforced an impression that the economy had broken free from the usual boom-and-bust cycles.
...depositors took their money out of banks and stuffed it in the post office or under their mattresses. This aggravated the crisis in the banking system. The first estimate of banks' bad loans made by the Ministry of Finance in the early 1990s put them at ¥8 trillion ($80 billion); a decade later, banking analysts reckoned the figure was closer to ¥200 trillion[$2 trillion]
Japanese economists and central bankers see familiar dangers in market-propping intervention that clouds transparency and prevents asset prices from quickly reaching a new equilibrium[ie fall]. The administration's desire to cap some mortgage rates is one example. More worrying, they say, is its backing for the “superfund” proposed by Citigroup, Bank of America and JPMorgan Chase into which all sorts of toxic assets might be poured, out of sight and out of mind.
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Les enseignements de la crise financière japonaise devraient inquiéter l’Amérique
Un autre mois, une nouvelle banque en difficulté, une nouvelle dégradation d’actifs douteux au sein du système financier, et une nouvelle manœuvre de la banque centrale pour tenter de contenir le problème : aux Etats-Unis, l’effondrement du crédit réveille en se propageant des souvenirs inquiétants.
En dépit de différences inévitables entre la crise des subprimes et l’éclatement de la bulle immobilières japonaise après 1989, les ressemblances n’en sont pas moins frappantes. Comme le fait remarquer Kazuto Ichida, économiste en chef à la banque Tokyo-Mitsubishi UFJ, les deux bulles japonaise et américaine ont gonflé durant une période d’expérimentation financière et de crédit facile. Les Etats-Unis ont assisté à l’énorme croissance de la titrisation des actifs hypothécaires ainsi que des « véhicules d’investissement structurés » (SIV) tandis que la Réserve Fédérale fournissait de l’argent bon marché. De la même façon au milieu des années 80, le Japon dut faire face aux pressions américaines pour libéraliser ses marchés. Ceci provoqua une vague d’ ‘ingéniérie financière’ ainsi que la prolifération de nouveaux produits tels que les dérivés. La pression américaine pour la réévaluation du Yen donna un effet stimulant supplémentaire à cette combinaison : pour parer à la réévaluation de sa monnaie, la Banque du Japon (BoJ) diminua les taux d’intérêt, inondant l’économie d’argent bon marché. Ces différents mouvements vinrent renforcer l’impression que l’économie japonaise s’était affranchie des habituels cycles d’expansion-récession.
Tristement au courant de la fin de l'histoire...
Il essentiel de remarquer que les deux bulles japonaises et américaines furent avant tout immobilières, commerciale au Japon et résidentielle aux Etats-Unis. Ironiquement, après que la Banque du Japon eut monté ses taux d’intérêt et fait ainsi exploser sa bulle, les banquiers et officiels américains furent prompts à donner des leçons aux japonais. Voyant 80% des prêts japonais consacrés à l’immobilier, les américains ne pouvaient concevoir la témérité des banques prêtant avec la seule garantie d’un actif dont la valeur pouvait aussi bien baisser que monter. Aux Etats-Unis, disaient-ils, les banques prêtent sur la base du ‘cash-flow’, la meilleure mesure de la capacité d’un emprunteur à rembourser. Les ennuis du Japon vinrent de la supposition erronée suivant laquelle les prix du foncier ne font que monter (depuis lors, dans les villes, ils ont chuté d’environ 70%). Pour autant, les financiers américains ont fait ensuite les mêmes stupides suppositions, prêtant gaiement à des gens sans revenu, travail ni patrimoine [les ninja pour No Income No Job no Asset]. Même si certains marchés immobiliers locaux pouvaient tanguer un peu, un effondrement national était pratiquement inimaginable, pensaient-ils. Ils avaient bien tort.
Les signes avant-coureurs de la crise passèrent d’abord inaperçus, car ils ne se manifestèrent pas dans les banques principales, mais dans leurs filiales et organismes affiliés de toutes sortes. Bien que ces organismes de prêt soient souvent au Japon les plus gros clients de leurs banques de référence, ils ne se sentirent pas tenus de provisionner les dégradations d’actifs. Après tout, en cas de pépin, la maison-mère viendrait à la rescousse, pensaient-ils. Par ailleurs, l’essentiel des prêts des grandes banques allaient vers des banques plus petites, qui elles-mêmes prêtaient à des emprunteurs mal notés (subprime). Cette chaine de prêts immobiliers a tenu les problèmes à distance pendant trop longtemps, déclare Tetsuro Suguira, économiste en chef à l’Institut de Recherche Mizuho. « Si nous avions consolidé tous les comptes en un tableau global des prêts bancaires, nous aurions pu identifier les problèmes bien plus tôt. » Voilà qui rappelle des choses.
La capacité des crises financières de se propager au delà de leur domaine d’origine est notoire. Aussi quand on vit que les banques du Japon étaient atteintes, il leur devint impossible de lever des fonds sur les marchés à court terme. Elles restreignirent en conséquence leur prêts aux entreprises (y compris à l’étranger), qui sentirent rapidement leur douleur. Incapable d’obtenir des fonds auprès des banques ou des marchés de capitaux, les compagnies japonaises cessèrent de se prêter entre elles. Après avoir représenté un tiers environ de tous les crédits, le crédit commercial s’assécha.
Entre-temps, les déposants sortirent leur argent des banques pour le mettre à la poste ou sous leur matelas, ce qui aggrava la crise du système bancaire. Le ministère des finances fit au début des années 90 une première estimation de 8 milliards de dollars au sujet des emprunts douteux. Une décennie plus tard, les spécialistes de la banque s’accordaient sur un chiffre plus proche des 200 milliards de dollars.
Pour écarter toute comparaison, certains peuvent arguer de la rapidité avec laquelle les banques américaines et leurs autorités de régulation se sont attaqués à la crise des ‘subprimes’. Car le Japon, de son côté, a vraiment mis du temps avant de se décider à réagir. D’abord, on supposa que les prix immobiliers reprendraient bientôt leur joyeuse ascension. Jusqu’en 1994 au moins, les autorités de régulations agirent de concert avec les banques pour cacher l’ampleur des prêts à problème. Ce n’est pas avant la fin des années 90 que le gouvernement intervint au secours du système bancaire, et il ne s’occupa sérieusement de faire réagir les banques à leurs prêts douteux qu’après 2002 – 12 ans après l’éclatement de la bulle.
La crise actuelle en rapide évolution a suscité aux Etats-Unis une réponse plus rapide. Pourtant, les économistes japonais et les banquiers centraux distinguent des dangers connus dans les interventions de soutien aux marchés, qui diminuent la transparence et empêchent les prix d’atteindre un nouveau point d’équilibre. Le souhait des autorités américaines d'établir un plafond pour les taux d’intérêt hypothécaires en est un exemple. Plus inquiétant encore, disent-ils, est le projet de soutien à un ‘super-fond’ proposé par Citigroup, Bank of America et JPMorgan Chase dans lequel toutes sortes d’actifs douteux seraient tranquillement enfouis. Mais nulle revanche malsaine au Japon : après tout, la crise des ‘subprimes’ menace aussi la reprise économique à laquelle le Japon aspire désespérément.
«C'est quand un moustique se pose sur vos testicules qu'on réalise que la violence ne résout rien."
Socrate