Seb Musset 30 avril 2012
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Les ménages sont très endettés, leur manque de mobilité lié au remboursement d'un crédit long et l'impossibilité de revendre sans perdre d'argent devient un vrai frein pour l'emploi. L’accès à la propriété de gens qui n'auraient pas dû l'être avant 10 ou 15 ans entraîne des coupes sombres dans leur consommation (vitale pour les plus pauvres, de "transgression" pour ceux qui le sont moins: même effet pour les deux, frustration), les frais énergétiques et les charges explosent. L'impression d'être pris à la gorge, sans espoir de la culbute financière anticipée sur prospectus par nos primos-accédants enpavillonés alimentent la colère sans pour autant susciter l'autocritique.
Une classe d'âge bercée par la télé, soucieuse d'être propriétaire au plus vite, s'est lancée dans la vie active rompue aux mauvaises payes. Le coït à crédit passé pour le salarié condamné à la boucler
Les résultats du premier tour des élections présidentielles sont la vérification la plus cinglante d'un divorce entre centres-villes / zones périurbaines où se mêle rancœur et incompréhension réciproque.
J'y vois dans ce grand thème ignoré (ou plutôt mal traité) qu'est le logement, une raison essentielle.
Se double à la ghettoïsation, l'inévitable utilisation de la voiture: voire de 2 voitures (puisqu'il est désormais acquis pour toute une génération que pour être propriétaire, il faut être deux à trimer).
La trahison de la France des propriétaires à crédit de 2007 se paye en partie dans les urnes en 2012 par le vote de la colère. Ils font partie de cette "France des invisibles". Pourtant, le dogme et la peur de perdre sont plus forts que la logique. Nombre de victimes de cette arnaque sont prêtes à revoter pour le candidat-président, le seul bêtement identifié comme pouvant les sortir d'une impasse dans laquelle il les a placés, avec le concours actif de leur crédulité crasse.
Auront d'abord profité de la bulle en cours de dégonflage, les générations précédentes ayant pu acheter sans trop de douleur dans les années 70-80 ou les plus jeunes (souvent leurs enfants) disposant d'aides parentales conséquentes au début des années 2000.
En 2007, le VRP a sorti ce que les jeunes croyants voulaient entendre. Moteur de ce barnum qui a poussé les classes moyennes à se précariser en pensant s’enrichir: la foi aveugle en une émancipation individuelle à travers le patrimoine immobilier à débit différé. Une fois la folie de la pierre propagée sur tout le territoire à tous les revenus, via le crédit ouvert aux pauvres, l'Etat pouvait démanteler sans trop de heurts les droits du travailleur, le logement social et l'idée même de la solidarité.
Que de frustrations pour tous ces jeunes couples qui ont achetés à crédit sur 25 ans un pavillon excentré en cédant au discours de l'époque.
- Les salaires n'augmentent plus depuis qq années, ce qui fait que les mensualités grèvent tjs le niveau de vie, et après 5 ans d'efforts, il reste encore 20 ans à tirer dans un taf où l'on doit dire amen à tout (car pas de mobilité géographique pour trouver un autre taf + crédit à honorer)
- Les coûts afférents à la voiture (indispensable dans leurs cas) sont élevés, et ne devraient pas baisser
- Ils sont coincés, car dans certaines zones, revendre à prix d'achat + FN + travaux est difficile
- Coûts de l'énergie qui a augmenté, et qui ne devrait pas bcp baisser à LT.
- Souvent, il y a des problèmes de couples (engagement trop rapide + problèmes d'argent), mais ils sont obligés de vivre comme des co-locataires pour pouvoir payer la mensualité.
- Les fins de mois sont difficiles, malgrès des sacrifices sur le niveau de vie. Ils ont juste l'impression de bosser pour payer le crédits + impôts et taxes.
- Pour certains, ils ont l'impression de s'être fait avoir par la génération d'avant.
- Le remboursement en monnaie de singe par l'inflation et les salaires qui suivent, ils peuvent clairement oublier. Au moins pour les qq années à venir.
- l'espoir de PV (pour faire "comme tout le monde"...) s'éloigne.
Que de rancœurs pour des années encore...
Et comme toujours, c'est pour les plus faibles économiquement que la situation est/sera la pire. (achat d'un pavillon passoire thermique des années 50/60/70 à 40/60 km d'une grande ville)