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Immobilier: des taux au plus bas, mais toujours moins de candidats à l'achat
Les taux de crédit immobilier ont beau atteindre un point bas, les emprunteurs ne passent toujours pas à l'acte. La faute à un attentisme post-électoral, mais aussi à des prix qui restent encore élevés, en particulier à Paris.
Les professionnels sont unanimes : les conditions n'ont jamais été aussi bonnes pour investir dans l'immobilier. Et pourtant, le moins que l'on puisse dire, c'est que les emprunteurs ne se bousculent pas pour signer leur crédit immobilier et leurs compromis de vente.
Alors que l'OAT 10 ans a atteint un "plus-bas" historique le 4 juin à 2.26% et reste encore sous la barre des 3%, les taux de crédit se sont appréciés à la baisse. Ainsi Meilleurtaux évalue le taux moyen sur 20 ans à 3.92% en juin, contre 4.31% en janvier.
"Les banques mènent actuellement des politiques de taux très offensives pour conquérir les meilleurs clients, notamment ceux qui peuvent emprunter sur des durées inférieures à 20 ans. Elles sont aujourd'hui 75 % à proposer des taux inférieurs à 4 % sur 20 ans, quand elles n'étaient que 5 % en janvier dernier", constate Hervé Hatt, directeur général du courtier Meilleurtaux.com. Les banques pourraient par là chercher à rattraper leur retard en terme de production de crédits, en berne depuis le début de l'année.
Mais finalement, "que les taux soient haut ou bas, ce n'est pas cela qui bloque aujourd'hui le marché", estime Hervé Hatt.
La baisse de la production de crédit "est principalement liée à l'attentisme des primo-accédants, une clientèle que l'on sait limitée dans sa capacité d'emprunt et qui ne pouvait, ces dernières années, acheter qu'avec des crédits sur 30 ans et un financement à 100%", explique Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi dans un communiqué.
Or les banques ont durci leurs conditions d'octroi : elles demandent davantage d'apport personnel (environ 10% du montant total du prêt) et prêtent sur des durées plus courtes, en moyenne sur 18 ans. Et qui voudrait cependant emprunter sans apport et sur 30 ans, se verrait opposer un taux de crédit prohibitif... "Souvent en mesure d'acheter cash et donc, sans condition suspensive d'obtention de financement, les acquéreurs "patrimoniaux" restent des profils recherchés pour les banques, qui continueront imperturbablement de financer les bons dossiers", lance Olivier Dacquin, directeur du développement commercial de Banque Patrimoine & Immobilier dans une tribune.
Outre les prix, il existe un attentisme post-électoral lié aux différentes réformes attendues, notamment sur l'encadrement des loyers ou sur les mesures fiscales concernant le patrimoine des ménages en général.
La réforme annoncée sur l'encadrement des loyers pourrait freiner l'intérêt pour les investissements locatifs. Sachant que 21% des acquisitions des parisiens sont des investissements locatifs, et qu'elles représentent 15% des investissements dans l'immobilier en France selon Meilleurtaux.
La suppression des incitations pour les primo accédants avec la fin du PTZ + et pour les investisseurs locatifs avec la fin du Scellier, n'est pas non plus étrangère à la baisse de la demande.
Une étude réalisée en avril par Logic-Immo et TNS Sofres montre que les candidats à l'achat attendent le scénario idéal. "Interrogés pendant l'entre-deux tours des élections, les futurs acquéreurs étaient encore plus nombreux qu'en janvier 2012 à espérer de meilleures conditions d'acquisition à l'issue des élections. En effet, près d'un quart d'entre eux était tenté d'attendre l'issue des élections présidentielles. Cette mise en "standby" de leurs projets est susceptible de se prolonger avec l'échéance des législatives en juin", lit-on.
Pour que la demande s'enclenche à nouveau, "la seule variable d'ajustement devient le prix des biens immobiliers, et compte tenu du contexte, on peut espérer un ajustement de 5 à 10% sur la quasi-totalité des biens qui concernent le public des primo-accédants. Ainsi, pour que les transactions sur ce type de biens reprennent, les vendeurs vont donc devoir consentir des efforts sur leurs prétentions...", affirme Jérôme Robin, président du courtier Vousfinancer.com.