Rue 89.
A 36 ans, Julia a déjà amassé un important capital. Propriétaire, elle dépense peu, place son épargne et ne paie pas d’impôts, grâce aux niches fiscales.
Si elle a voulu témoigner sur Rue89, c’est pour transmettre ses connaissances au « Français moyen » à qui les banquiers proposent des produits basiques et des niches fiscales bidons.
« Alors que les riches ont l’embarras du choix pour devenir encore plus riches. L’argent appelle l’argent. Dites-le dans votre article. »
En septembre 2006, elle a signé un CDI en tant que secrétaire dans une filiale du groupe Suez. Elle est maintenant assistante de direction. Un poste pas très stimulant, mais elle a un salaire élevé : 2 005 euros net.
Cette année-là, elle a acheté un studio de 39 m2. Le vendeur était pressé, il a accepté sa proposition à 92 000 euros.
« Juste après l’achat, je l’ai fait estimer. Il valait 110 000 euros. J’ai fait une bonne affaire. Aujourd’hui, il vaut 140 000 euros. »
Un jour, Julia en a eu marre de payer des impôts, « l’impression d’être une vache à lait ». Elle s’est mise à faire le tour des banques pour comprendre comment les faire baisser. Elle a découvert les niches fiscales.
En 2010 et 2011, en deux fois, elle a emprunté 50 000 euros pour investir dans du logement neuf – SCPI Scellier – dispositif qui propose une réduction d’impôt de 25% de la somme engagée étalée sur neuf ans (soit 2,78% par an).
Julia complète avec des investissements dans des Fonds commun de placement dans l’innovation (FCPI) et des dons à une association pour avoir une ligne d’impôt à zéro.
Début 2012, elle a aussi misé 10 000 euros dans des SCPI rendement (locaux industriels, bureaux) : pas de déduction d’impôts ici, mais un placement qui rapporte gros, environ 7% par an.
Ou peut être pas...« La peur de manquer »
A la fin du rendez-vous, quand on lui demande quel est l’objectif de toute cette démarche (acheter une belle maison ?), Julia dit :
« Il n’y a pas d’objectif concret, c’est une façon de vivre. Je ne veux plus jamais payer d’impôts, j’en ai trop payé, cela n’arrivera plus.
J’étais fille unique et je n’ai manqué de rien sans être pourrie gâtée, mais il y a dans ma démarche la peur de manquer. Probablement. »
Puis elle s’inquiète :
« Tout ça ne marche que parce que j’ai un bon salaire. J’ai beaucoup de charges fixes. Si demain je me loupe, ça s’effondre. »
Il faudra prendre des nouvelles de Julia dans quinze ans. Elle aura peut-être deux résidences secondaires.