Figaro, 1er août 2014
Valls prépare les esprits à «une rentrée difficile»
Je crains le pire :
Nouveau programme de soutien pour relancer (aux frais du contribuable) le marché immobilier ?Il est fini le temps des circonvolutions pour décrire la situation économique du pays. Le premier ministre, Manuel Valls, n'a pas mâché ses mots vendredi, à l'issue d'un séminaire gouvernemental, préparant ainsi les esprits à une «rentrée difficile», alors que les prévisions pour la croissance ou les chiffres de l'inflation sont attendus le 14 août, lesquels seront suivis par les chiffres du chômage, à la fin du mois. Autant d'indicateurs qui s'annoncent mauvais. «Il faut dire la vérité aux Français, affronter la réalité, ne rien cacher», a reconnu sans ambages le premier ministre, évoquant le niveau «insupportable» atteint par le chômage en juin, «la vie chère, le mal logement», ainsi que «l'inquiétude» des Français pour «leur avenir».
Dans le huis clos du séminaire, François Hollande a tenu le même discours: «Il faut regarder la situation de l'économie en face, que ce soit sur l'emploi ou les déficits. Regarder en face devra conduire à un volontarisme décuplé. On n'a jamais fini de réformer.» Le président avait déjà amorcé un virage sémantique le 21 juillet, évoquant pour la première fois un possible affaiblissement de la croissance. Il est bien loin le temps des analyses en rose («retournement», «la reprise est là», etc.) délivrées ces derniers mois au sommet de l'État. Hollande et Valls ont compris qu'un décalage entre le discours politique et la réalité du pays ne pourrait qu'aggraver la méfiance des Français envers leurs dirigeants. «Le président considère que la croissance est encore trop faible, analyse un conseiller élyséen. Lexicalement, il a décidé (ces derniers jours, NDLR) de franchir un pas de plus.» Un moyen de préparer les partenaires européens au fait que la France ne pourra pas tenir ses objectifs de réduction des déficits.
Au pied du mur, le gouvernement n'entend pas pour autant changer de cap. Faire demi-tour serait «pire» que tout, a indiqué Valls, qui veut poursuivre les réformes et «lutter contre les blocages qui freinent notre pays». «Rien n'arrêtera le mouvement que nous avons enclenché», a-t-il lancé, martial, en annonçant de futures mesures sur le logement, l'investissement, l'emploi ou le pouvoir d'achat. «Nous ne nous contenterons pas d'attendre passivement le retour de la croissance», a-t-il ajouté.