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Par Corinne Scemama, publié le 05/03/2014 à 11:54
Ou comment un titre peut cacher un contenu différent...
L'article est assez long et intéressant. Certains parisiens seraient bien avisés de le lire.
Il en plaisanterait presque. Lorsque l'agent immobilier a signifié à ce riche acquéreur que son offre sur la maison de ses rêves, située dans le XVIe arrondissement de la capitale, avait été refusée par le propriétaire, l'homme n'a pas laissé entrevoir une once de déception. Il n'a pas non plus cédé au vendeur, qui en exigeait 5,5 millions d'euros. Non, ce Parisien, campant sur sa position - 4,3 millions d'euros, tout de même -, a juste lancé, sourire aux lèvres : "Je suis sûr que je l'aurai un jour."
Cet optimisme débridé n'a désormais rien d'irréaliste. Dans un marché ralenti, incertain, déserté par les étrangers, "en apesanteur", selon l'expression de Laurent Vimont, président de Century 21 France, les acheteurs reviennent, encore plus sélectifs et déterminés. Ce sont eux qui ont désormais la main. "Du jamais-vu", commente Charles-Marie Jottras, président du groupe Daniel Féau.
"En Ile-de-France comme à Lyon et à Marseille, nous enregistrons de 33 à 50 % d'annulations, motivées par un refus des banques", regrette Marc Pietri, président du promoteur Constructa. Même constat dans l'ancien, où la sévérité des établissements financiers évince les jeunes couples. C'est simple, en décembre 2013, ils ne représentaient plus que 37 % des acheteurs, contre 48 % en janvier 2012. Une hécatombe.
En réalité, c'est le retrait des vendeurs, après la désertion des acquéreurs, qui a bloqué le mouvement de baisse. "L'offre s'est adaptée à la demande", souligne Olivier Eluère, économiste au Crédit agricole. "Dans un marché si restreint, les prix ne peuvent pas s'effondrer. D'abord, parce que seules se réalisent les transactions sur des biens de qualité et à des prix élevés. Ensuite, les propriétaires ont, jusqu'à il y a peu, préféré se retirer plutôt que de négocier", analyse Stéphane Atlan, directeur des agences Royalimmo de la capitale.
Ce marché "entre deux eaux" commence, malgré tout, à bouger. Après une longue période de ralentissement, la situation se débloque. "On assiste ici et là à des ajustements de prix", note Stéphane Imowicz.
Pas de doute, "les écarts entre les biens de qualité et les médiocres se creusent. Les produits moyens, eux, vont continuer à chuter", assure Nathalie Naccache, directrice des agences Century 21 Fortis Immo de Paris.
Aujourd'hui, les acquéreurs sont de nouveau à l'affût. Ce n'est pas encore la ruée, mais c'est un vrai retour. Certes, ils restent prudents et "plutôt fébriles", observe Thibault de Saint-Vincent, patron du groupe Barnes.
Toutefois, pour que le marché sorte réellement de sa torpeur, il faudrait que la baisse, observée ici et là, se généralise à tous les biens et à toutes les régions. "Si les prix reculent franchement, le marché repartira, avec un retour en masse des acheteurs", martèle Stéphane Imowicz. Une décrue nécessaire que les experts comme Olivier Eluère évaluent entre 15 et 20%, les prix restant clairement surévalués. Des professionnels tel Sébastien de Lafond, patron de MeilleursAgents.com, croient la voir arriver dès 2014, en commençant par une baisse de 5 à 7% en moyenne en France, voire de 10% dans des villes comme Marseille.
A chacun de se décider en fonction de l'urgence de son projet. Une chose est certaine : le rapport de force s'est inversé et les acheteurs n'ont jamais eu autant d'atouts en main - du choix, du temps et un vrai pouvoir de négociation. La chasse aux bonnes affaires est donc ouverte dès ce printemps.