Date : 13.10.2016
Source : lemonde.fr
URL : http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
Auteur : Isabelle Rey-Lefebvre
Septembre est le mois de l’impôt sur le revenu, octobre celui de la taxe foncière pour les propriétaires, puis de la taxe d’habitation pour tous les habitants. Ces deux impôts locaux, autrefois dérisoires, n’ont plus rien d’anecdotique dans les dépenses des ménages, outrepassant bien souvent celui sur le revenu. Le mécontentement gagne notamment chez les propriétaires dont une association, l’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), réclame le plafonnement de ces taxes.
Dans certaines villes, la taxe foncière peut absorber trois mois de loyers perçus par le propriétaire.
Alice et Boris(tous les témoins ont préféré garder l’anonymat), qui souhaitent rester anonymes, médecin et cadre, approchent la soixantaine et habitent Montreuil (Seine-Saint-Denis) depuis dix ans. Ils y ont acheté et retapé avec goût une maison de 200 mètres carrés et un petit jardin. Le lieu est agréable et confortable, mais il n’a rien d’un château, sauf lorsqu’il s’agit de payer les impôts locaux : taxe foncière et taxe d’habitation de 3 800 euros chacune, soit un total de 7 600 euros.
« Et quand nos deux enfants seront loin, nous ne bénéficierons plus, pour la taxe d’habitation, de l’abattement pour personne à charge. Le total flirtera alors avec les 10 000 euros et je ne sais pas si, une fois à la retraite, nous pourrons payer ça, anticipe Boris. Déménager de ce quartier que nous aimons et de cette maison que nous aimons et qui est notre seul patrimoine serait un crève-cœur. »
Déménager, c’est la décision à laquelle s’est résolue la famille de Marc et Julia, tous deux cadres supérieurs, qui avaient acheté un bel appartement de 200 mètres carrés dans le centre de Laval, au bord de la Mayenne. A partir de 2008, ils ont vu bondir leurs taxes locales de 30 %, deux années consécutives, pour atteindre un total de 4 500 euros, bien plus que leur impôt sur le revenu. La ville était alors empêtrée dans des prêts toxiques souscrits par le maire UMP de l’époque, François d’Aubert. « A ce rythme, avec les mensualités du crédit, nous ne pouvions pas faire face. Nous avons vendu et sommes redevenus locataires d’une maison avec jardin, toujours à Laval, ravis d’être débarrassés des charges d’un propriétaire et avec la seule taxe d’habitation de 900 euros à honorer », se félicite Marc.