Parsifal a écrit :En même temps je souhaite être éclairé sur la raison d'être des logements sociaux.
J'ai plutôt l'impression qu'en l'état actuel des choses avoir un logement social est une forme d'avantage en nature très élevé et jamais taxé.
C'est assez complexe amha.
Déjà le principe de l'aide sociale a pour moi trois origines :
-le patronat qui souhaitait donner à ses travailleurs des aides en natures afin de canaliser leur utilisation. Pragmatiquement pour les forcer à financer leurs problèmes potentiels de long terme (pensions, sécu...) plutôt que de tout claquer à court terme en alcool ou plaisirs éphémères. Au passage ça permettait aussi au patrons de choisir ce qui sera soutenu économiquement plutôt que de donner de la liberté aux gens, et d'en tirer profit -financier ou d'influence- en effet de second tour. Les premiers logements sociaux en particulier ont été des logements qui étaient donnés dans les cités ouvrières en contrepartie du poste à la fabrique / usine. En fait la plupart de ce que l'on tient aujourd'hui comme "avancées sociales des syndicats et de la gauche" ont en réalité été promus par la droite ou patronat et son attitude paternaliste, contre la gauche qui souhaitait que les ouvriers aient de la liberté de dépenser à leur guise. Premiers logements sociaux existants encore à Augsburg en Bavière créé par le patronat juif au XVIeme.
-aux USA on a compris avec les indiens qu'une seule journée de guerre coûtait plus cher que de financer les indiens alimentairement en leur laissant des réserves où ils faisaient ce qu'ils veulent. De façon plus générale, on a compris que financer du social pouvait souvent coûter bien moins cher que les externalités d'un conflit social.
-Au Royaume Uni en premier, on a compris que la plèbe étant de la même espèce (ce qui n'était pas forcément évident avec la mentalité passée) ils constituaient un réservoir de maladies pour les classes sociales qui "importaient", et que donc il était aussi dans leur intérêt de s'assurer que les pauvres soient soignés (en tout cas de ce qui est contagieux), et qu'ils vivent dans des conditions assainies rendant leur santé meilleure. Et en plus une main d'œuvre en meilleure santé c'était aussi bénéfique pour ceux qui l'utilisaient. D'où des soins pour les pauvres et des travaux d'assainissements coûteux, tout le monde a entendu parler je pense des travaux d'épuration de Prague ou du préfet Poubelle à Paris par exemple. Chez les pétro monarques, les pays riches qui ne font pas de social, on a des infrastructures pour l'esbroufe, mais ce qui est vraiment important et invisible n'est pas fait. La plus haute tour du monde à Dubai n'a pas d'égouts.
De là est née l'idée qu'on pouvait faire de l'interventionnisme et du contrôle public sur le libre arbitre des gens dans l'intérêt collectif. Et la puissance publique a commencé à se voir des fonctions au delà de ses missions régaliennes, en particulier sociales. Rappelons quand même que les fonctions régaliennes sont l'impôt, la fabrication des lois et son application, la justice et la police, et l'armée. L'éducation n'est pas une fonction régalienne mais sociale, comme les HLM. La monnaie non plus, la preuve en France la fonction n'est plus publique (elle est confiée à une autorité européenne) et aux USA elle est privée.
Et une fois qu'on en est là, les politiques et l'Etat n'ont pas arrêté d'utiliser le logement social comme technique de contrôle de la population. Donc contre la liberté, soit disant pour plus d'égalité et de fraternité. Contrôler pour décider où ils vont habiter, ce qui a une influence majeure sur la structure des votes et donc des politiques élus, ainsi que sur les patrimoines qui sont constitués en moyenne majoritairement de foncier dont la valeur dépend des populations y résidant. Contrôler pour les rendre solidaires du système en place et de ses politiques, car les gens deviennent bénéficiaire du système en place, même si certains y ont encore plus intérêt qu'eux, et ont donc à perdre si ils se révoltent. Et enfin contrôler un parc d'habitats pour remercier certains, soit parce qu'ils le méritent (cas sûrement le plus rare), soit parce qu'on attend d'eux des faveurs en retour, soit parce qu'ils sont des amis de décideurs qui font de l'abus de biens publics (pratique visiblement très courante dans la capitale, moins ailleurs)
"Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable" - J.M. Keynes, 1936