Statistiques coûts de construction et marges des entreprises

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slash33
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Statistiques coûts de construction et marges des entreprises

#1 Message par slash33 » 21 avr. 2017, 13:09

RAPPORT - DIAGNOSTIC SUR LES INDICES STATISTIQUES DES COÛTS DE CONSTRUCTION ET SUR LES MARGES DES ENTREPRISES DU SECTEUR (04/2014)
CGEDD 09/03/2017
N°09408-01 (188 pages)
http://www.cgedd.developpement-durable. ... 22af31.pdf

Synthèse (typo conforme à l'original)

Par lettre du 13 décembre 2013, les ministres de l’économie et des finances et de l’égalité des territoires et du logement ont demandé à l’Inspection générale des finances (IGF) et au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) de diligenter une mission relative aux coûts de la construction. Cette mission a été décidée dans le cadre du comité interministériel de modernisation de l’action publique (CIMAP) du 2 avril 2013.

La lettre de mission mettait en exergue une « dérive » des coûts hors inflation de la construction en France depuis 2005 par rapport aux pays du Benelux et de l’Allemagne, non explicable depuis 2007 par l’évolution des salaires, et demandait d’analyser l'efficience du marché de la construction/rénovation dans le domaine résidentiel (que le parc soit privé, public ou social), en parallèle de travaux engagés par ailleurs sur le foncier, les normes de construction et l’organisation de la filière dans le cadre de la démarche « Objectifs 500 000 ».

À l’issue de la présentation de l’avancement des travaux de la mission au secrétariat général à la modernisation de l’action publique (SGMAP) le 17 mars 2014, les travaux de la mission ont été organisés, selon sa note de cadrage, autour d’une première phase de diagnostic sur les constats à l’origine de la lettre de mission, portant d’une part sur la fiabilité des indicateurs statistiques et d’autre part sur les marges pratiquées par les entreprises du secteur de la construction.

Le présent rapport, complété de deux annexes, dresse les enseignements de cette phase de diagnostic, fondée sur l’examen critique des indicateurs disponibles et sur l’observation des marges pratiquées dans les différents secteurs de la filière construction.

En premier lieu, après redressement de leurs imperfections, les indicateurs statistiques disponibles font apparaître une croissance des coûts modérée, alliée à une croissance plus rapide des prix, alimentée par les évolutions réglementaires. Le prix de la construction reste néanmoins inférieur en France par rapport à l’Allemagne.

Le secteur de la construction résidentielle dispose de deux séries d’indicateurs : des indices de prix, dont le principal est l’indice du « coût » de la construction, calculé chaque trimestre par l’Insee sur la base du résultat d’appels d’offres portant sur la construction de logements, et des index de coût, avec les index BT retraçant l’évolution du coût des facteurs de production pour les différents corps d’état du bâtiment.

Il apparaît que le constat initial de la lettre de mission doit être nuancé. En effet, le poste « matériaux » de l’index de coût de la construction, utilisé pour les comparaisons européennes, présente une croissance surévaluée, notamment depuis 2004, au regard de l’évolution réelle des coûts. Depuis 2001, la croissance hors inflation de l’index de coût doit être réduite de plus du quart. La correction réduit fortement l’estimation initiale du différentiel de coût de la construction entre la France et l’Allemagne, avec une progression des coûts de 22 % en Allemagne de 2003 à 2012 contre 34 % en France, qui est dans la moyenne européenne. La différence s’explique par la croissance des coûts des matériaux et des salaires plus rapide en France qu’en Allemagne : sur ce dernier point, s’il est exact que les évolutions de salaires ont été parallèles après 2007, il y a eu au contraire un important écart entre 2005 et 2007, période pendant laquelle les salaires ont augmenté en France nettement plus qu’en Allemagne.

Les prix de la construction résidentielle en France, s’ils sont inférieurs aux prix allemands en parité de pouvoir d’achat, ont par contre progressé un peu plus vite que les coûts dans la période récente, notamment entre 2000 et 2008. Cela semble tenir, pour cette dernière période, à la progression des marges commerciales. Le coût des évolutions réglementaires, nombreuses au cours de la période 2010-2012, a également joué un rôle, alimentant la croissance de l’indice du prix de la construction, non encore corrigé complètement de « l’effet qualité ». L’indice du coût de la construction a toutefois baissé de 3 % environ entre mi-2012 et fin 2013.

En second lieu, il apparaît que les marges pratiquées par les entreprises du secteur de la construction, variables du fait de la cyclicité du secteur immobilier et selon l’activité concernée, demeurent significativement inférieures à celles de l’ensemble de l’économie.

La filière de la construction et rénovation de bâtiments, qui comprend les activités de réalisation de travaux, la fabrication et la commercialisation de matériaux et équipements de construction ainsi que des prestations de services (architecture, promotion immobilière) rassemble plus de 300 000 unités légales en 2012. Elles ont généré une valeur ajoutée de 102 Md€, soit 5 % du PIB.

D’un point de vue macro‑sectoriel, cette filière ne présente pas de marges particulièrement élevées. Mesuré en rapportant le résultat net comptable au chiffre d’affaires, le taux de marge moyen est de 2,3 % pour la réalisation de travaux en 2011, 3,5 % pour la fabrication de matériaux, 2,8 % pour leur commercialisation. Ces taux de marges tiennent compte d’une correction réalisée par la mission consistant à déduire du résultat net comptable des entreprises indépendantes, nombreuses dans la filière de la construction et rénovation de bâtiments, la rémunération du chef d’entreprise.

Les marges de la filière construction sont fortement corrélées au volume d’activité. En période de croissance de l’activité (décennie 1998-2008 par exemple), les taux de marges augmentent. Ils diminuent en période de contraction de l’activité (1990-1998, par exemple). En 2008, les taux de marge moyens étaient de 3,5 % pour la réalisation de travaux, 4,4 % pour la fabrication de matériaux, 3,0 % pour leur commercialisation.

Sur la base de cette analyse quantitative, les marges de la filière de la construction et rénovation de bâtiments n’apparaissent pas, sur la période récente, particulièrement élevées.

La mission a réalisé une analyse, à partir des données de déclarations fiscales collectées par la Direction générale des finances publiques, de dix activités économiques de la filière qui présentent un profil de marges particulier (fabrication de ciment, chaux et plâtre, promotion immobilière de logements, architecture et économie de la construction, extraction de pierres, de sables et d'argiles, etc.).

Dans ces secteurs, une analyse selon la taille des entreprises (mesurée par leur chiffre d’affaire) ou selon la région ne permet pas de mettre en évidence de sous-populations d’entreprises aux marges élevées. Tout au plus, les taux de marge des activités de fabrication de matériaux pondéreux (ciment, plâtre et chaux ainsi que pierres, sables et argiles) sont plus élevés. Par exemple, parmi les 10 % d’entreprises d’extraction de pierres, sables et argiles ayant le chiffre d’affaires le plus élevé, la moitié d’entre-elles a un taux de marge supérieur à 5,4 %. Parmi le quart des entreprises de fabrication de ciment, plâtre et chaux qui ont un chiffre d’affaires le plus élevé, la moitié a un taux de marge supérieur à 8 %.

À l’issue de cette phase de diagnostic, la mission observe que les constats à l’origine de la lettre de mission laissant craindre une insuffisance de concurrence dans le secteur de la construction apparaissent fragiles, ce qui réduit l’intérêt des investigations approfondies envisagées lors du cadrage de la mission.

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David75
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Re: Statistiques coûts de construction et marges des entrepr

#2 Message par David75 » 21 avr. 2017, 16:25

Étonnant, j'avais en tête l'idée selon laquelle en dessous de 5% de marge nette espérée , il était inutile de monter une entreprise.
Passez au golf, l'immobilier c'est hasbeen :D

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lecriminel
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Re: Statistiques coûts de construction et marges des entrepr

#3 Message par lecriminel » 21 avr. 2017, 16:43

slash33 a écrit : Ces taux de marges tiennent compte d’une correction réalisée par la mission consistant à déduire du résultat net comptable des entreprises indépendantes, nombreuses dans la filière de la construction et rénovation de bâtiments, la rémunération du chef d’entreprise...
....ni du black !
excellente analyse.(en fait si l'entrepreneur se gavait un peu plus, ils passeraient à une marge de zéro)
Ca me fait penser aux banques qui arrosaient de plusieurs dizaines de milliards de bonus chaque année à leurs petites mains traders (autant dire une goutte dans l'océan de leurs profits) mais trouvaient naturel de demander de l'argent public dès que les difficultés sont apparues.
Ca s'appelle une culture entreprenariale de la mendicité.
Le résultats objectifs chez nous : 90% de la population éligible vaccinée en un an. Si on était resté à la chloroquine on serait tous mort. Mais ca doit être un détail.

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