ProfGrincheux a écrit : ↑27 nov. 2019, 23:10
Je ne dis pas que classe d'âge=classe sociale. Au contraire je dis que les classes sociales sont intergénérationnelles. Je dois être très influencé par le marxisme pour croire à la persistance des classes sociales. Ça me paraitrait très étonnant d'assister à leur dissolution. En revanche l'exacerbation des inégalités de classes, allant jusqu'a l'effondrement de tous les patrimoines sauf ceux des milliardaires, est une hypothèse que je ne trouve pas impossible non plus. Mais je m'attendrais alors, indécrottable que je suis, à ce que cela prélude à une révolution communiste.
Ce qui n'est pas aisé à percevoir, c'est que la libéralisation du Crédit bancaire a été appropriée par une classe d'age à manière du Capital par appropriation de la plus-value du Travail de la classes d'âge suivante.
Marx est très important, mais pour son 'analyse économique des notions de Capital de Travaill
La dialectique entre ces concepts s'extrapole à des groupes humains -- classes prolétaires au XIX, ou sociales au XX-- aussi bien qu'à des classes d'âge -- au XXI siècle c'est je crois un fait admis
Essayons de montrer cette l'accumulation de Capital en termes de classe d'âge
La libéralisation/démocratisation du Crédit bancaire dans les années 80 a permis aux classes sans patrimoine d'obtenir un emprunt qui doit être remboursé sur ses revenus futurs.
Cet emprunt est toujours remboursé par du Travail et ce que le banquier étudie c'est la capacité du ménage à produire du revenu.
La garantie patrimoniale (le colatéral à l'emprunt) si on peut l'apporter, détermine alors à quelle hauteur on peut emprunter,
Ce qu'ont fait Thtacher Chirac, Reagan Pinochet et tous les sociaux démocrates ensuite, afin de démocratiser l'apport d'un colateral, c'est "privatiser" les logements publics (ou de "concessions" style loyers de 1945) et les logements de fonction des fonks.
Puis ils ont dit à ces millions de gens: vous avez maintenant un patrimoine, utilisez vos logements pour emprunter !
A l'époque le Travail était encore majoritairement industriel, productif ; Mécaniquement, pour peu que les fonks et les salariés empruntent, il s'est alors produit un flux d'argent emprunté dans la société totalement incohérent par rapport à la croissance réelle.
Mécaniquement, ça donne de l'inflation et pour éviter de perdre l'argent obtenu par l'emprunt, on assiste à un enchérissement des biens immo, mais non plus considérés comme un "logement", mais comme un "hymphestissement".
Jsuqu'aux années 1990, la hausse immobilière concernait tout juste la génération des (encore jeunes) boomers entre eux et on pouvait penser qu'on avait mis fin pour toujours aux crises, à la pénurie, que les gens pourraient consommer les revenus de leur travail futur dès le premier jour (comme Piketty aujuord'hui, qui veut que ce soit sans même travailler),
Seulement, la vie continue et les boomers font aussi des enfants.
Alors on a passé un cap psychologique et culturel (bulle Internet des 2000): on s'est aperçu que l'argent qu'on pouvait emprunter n'était pas seulement celui de son propre Travail futur, mais aussi celui du Travail futur de la classe d'âge suivante: de ses propres enfants. Comme c'est effectivement un saloperie intellectuelle, c'est là qu'on a commencé à développer l'argumentaire que la hausse de l'immo c'était pour le bien des enfants, parce qu'ils pourraient alors hériter d'un plus gros patrimoine. Un patrimoine -- disait-on, ironie cruelle -- gagné à la sueur du front de leurs parents ! Notez aussi que Les majorités politiques n'avaient vu que le bon côté du Capitalisme Populaire et tout le monde a été d'accord: par ex. subvention/défiscalisation maximale des classes d'age entrantes, dont l'argent emprunté est automatiquement récupéré par les classes d'age déjà installées dans le Ponzi.
Maintenant, regardez-bien : ce patrimoine acquis en mettant en gage le Travail futur des générations suivantes,
les parents en sont les propriétaires.
Et vous bouclez la boucle: vous avez reproduit l'accumulation du Capital par les parents, en retenant la plus-value du Travail (futur) des enfants.
Je ne juge rien ici. C'est une dystopie démentielle, un contresens économique épouvantalbe, mais on n'en est pas à en discuter
L'essentiel que je voulais montrer c'est qu'il est possile de retracer la dialectique du Travail et du Capital selon le canon marxien tout à fait traditionnel: mais au lieu de Travail vous mettez Emprunt-à-rembourser et au lieu de Capital vous mettez Logement-à-acquerir. La dystopie, c'est que l'endetté n'est pas celui qui signait l'emprunt, et que le petit-capitaliste (le boomer) n'a jamais compris que survaloriser un colatéral (le logement) ce n'est absolument pas accumuler du Capital. Le Capital, le vrai, il est actuellement dans le 1%.
Donc, la question determinante pour bien analyser la situation aujourd'hui n'est pas simplement de considérer l'accumulation du patrimoine (de façon synchronique, ici et maintenant), mais plutôt la relation diachronique entre classes d'âge.
Et pour bien y arriver, il faut probablement extrapoler la dialectique de classes marxiennes en termes de dialectique entre classes-d'ages : génération-capitaliste et génération-prolétaire.
Il faut le faire en terme de classes d'age, precisement à cause de l'héritage, ou plutôt du cycle vital des agents économiques
Car si la Capitalisation par les parents du Travail futur des enfants s'est faite par l'effet d'un loi naturelle économique (éducation, reproduction, retraite)
alors c'est cette même loi économique permet d'anticiper l'évolution du cycle, mais dans un contexte complètement différent à celui des années 80.
Démographie vieillissante
Endettement considérable
Revenu disponible nsuffisant
Baisse de la natalité
Mais vraiment, vous croyez que l'intérêt des boomers est d'accumuler du patrimoine pour assurer leur retraite ?
A tout ça, ma grille d'analyse n'est ni personnelle, ni marxienne, ni quoi que ce soit. C'est de la logique naturelle.
Et des histoires comme Hansel et Gretel, Cendrillon se racontaient dans les chaumières, expliquées par les plus vieux aux plus jeunes.
Ces histoires finissent toujours pareil: ils se marièrent par amour, et firent beaucoup d'enfants [1]
(Edit désolé pour les fautes de frappe. Mon mini-ordi est pas vraiment fait pour aider)
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[1](Note: le mot important, la "majeure" du raisonnement, c'est le mot "par amour")