kitchenette a écrit : ↑03 juin 2020, 20:40
Encore une fois, ces arguments sont tout à fait recevables et il ont une probabilité de se produire.
Mais d’autres scénarios ont aussi une chance de se produire avec ce quantitative easing. Regarde donc la bourse. Le cac est en pleine euphorie en ce moment et pour quelle raison? Parce qu’il y a une masse de pognon qui est injecté dans l’économie.
J'ai encore du mal à comprendre le lien entre les plans de relance et la hausse des marchés financiers (ou de l'immo). La capitalisation totale du CAC 40, c'est environ 1600 millards d'euros, à comparer aux chiffres qui circulent sur les 1000 milliards d'euros de la BCE. Le CAC monte pour des raisons qui m'échappent.
Et sur les 1000 millards de la BCE, une partie a servi à compenser la destruction de richesses et le chômage partiel des français. Donc d'après moi, l'excès de liquidité représente tout ce qui a été balancé "à côté" de l'incendie, donc une fraction marginale du total des plans de relance (ce qui limite les risques d'inflation).
Prenons l’exemple de la BCE qui rachète pour 120 milliards d’€ de dettes par mois, soit environ 1000€ par ménage européen (c’est énorme).
Elle rachète des obligations d’Etat et peut désormais détenir 33% de la dette globale d’un État (plafond augmenté récemment) mais aussi des obligations émises par des grandes entreprises (Danone par exemple). Cette action va avoir un effet sur les bulles et les prix de différentes manières :
1) Elle se substitue à d’autres investisseurs privés qui vont donc investir sur d’autres actifs (actions plus risquées, immobilier d’entreprises ou résidentiel);
2) Elle abaisse les taux d’emprunt des États et au passage le refinancement des banques et donc les prêts immobiliers. Il est donc à noter que la hausse récente des taux immobiliers n’est due qu’à la reconstitution des marges des banques. Une concurrence entre elles devraient stabiliser cette hausse.
3) Elle soutient indirectement la dépense publique (investissements, plan de relance, chômage partiel,...) et contribue de ce fait à alimenter l’inflation. Ce rachat perpétuel sans remboursement avéré (le passif de la BCE ne faisant qu’augmenter) a pour effet de « monétiser » les dettes publiques. Pour être plus clair, on fait tourner la planche à billets, normalement génératrice d’inflation.
4) Elle peut aussi soutenir des institutionnels dont l’action de financement va impacter directement certains marchés. Ce sera certainement le cas de la société foncière que souhaite créer la ville de Paris pour racheter des logements Airbnb. Ce sera le cas également pour la BPI ou la banque européenne pour le développement.
La critique faite à cette politique est qu’elle a surtout eu des effets sur les points 1 et 2 en créant des bulles. Je pense qu’un cac 40 actuellement à 5000 points en est la parfaite illustration.
Elle n’a donc peu agi sur le point n°3 mais rien ne nous dit que d’ici un, deux ou trois ans, nous n’ayons pas un retour de bâton sur l’inflation.
Concernant le point 4, c’est à voir mais cela risque de modifier la demande (et moins l’offre), surtout sur les marchés immobiliers.
Ces rachats sont donc pour moi la raison pour laquelle aucun scénario n’est dicté à l’avance.
De même, ce rachat de dettes ne repose que sur la confiance dans l’institutiion de la BCE. Si cette confiance se perd, tout peut être remis en cause.
Par ailleurs, d’autres facteurs peuvent aussi impacter très très fortement les différents marchés comme une crise financière avec des faillites de banques ou d’assureurs commercialisant des assurances vie. Le risque est très fort avec l’Iralie avec une propagation dans toute la zone euro.
De même, un défaut de paiement de certains États est à craindre pour les 66% des dettes non détenues par la BCE (Italie et Grèce surtout). Les gardes-fous de la zone euro sont, à mon sens, insuffisants pour répondre à une telle crise.
Bref, nous rentrons vraiment dans une zone d’incertitude et avec des liquidités à placer actuellement, je ne dirai pas comme certains que l’immobilier est à fuir. Ce sera peut-être la classe d’actifs qui proportionnellement perdra moins de valeur.