Par Anne-Sophie Vion
Publié le 20 juil. 2022
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ET SI LES PRIX BAISSAIENT ?
Jusqu'ici le marché immobilier résiste. Et pourtant des nuages s'accumulent qui commencent à gripper la belle mécanique immobilière.
« Après des années records, le marché immobilier entre en zone de turbulence », estime Jean-Marc Torrollion le président de la Fnaim. Plusieurs signes alertent sur un essoufflement du secteur . Les marchés urbains convoités et haussiers depuis plusieurs années voient leurs prix s'effriter.
Les délais de vente se rallongent et les négociations de prix font leur retour. Les acheteurs reprennent la main tandis que les vendeurs ont du mal à réduire leurs prétentions, toujours persuadés de pouvoir surfer sur la vague haussière.
« Les contraintes financières, entre l'inflation, la montée des taux et le durcissement des conditions d'accès aux crédits, ont un réel impact sur la demande et sur le dynamisme du marché », corrobore début juillet 2022 Orpi. Le marché est pris en tenaille entre des prix proches des plus hauts et des conditions de crédit qui se dégradent.
De même, relève Charles Marinakis, président de Century 21 : « la question du pouvoir d'achat va devenir cruciale pour la très grande majorité des ménages et le reste-à-vivre le point d'achoppement quand il s'agira de souscrire un emprunt auprès des établissements bancaires ».
Les pressions inflationnistes, qui ont accéléré depuis l'entrée en guerre de la Russie contre l'Ukraine le 24 février 2022, entament confiance et pouvoir d'achat des ménages. Le logement pèse lourd dans leur budget qu'ils soient propriétaires ou locataires. Ils y consacrent en moyenne 19,7 % de leurs revenus selon l'Insee.
Avec la flambée des prix du carburant et de l'énergie et des produits de grande consommation, « les ménages sont désolvabilisés dans des proportions importantes et en très peu de temps », alerte Henry Buzy-Cazaux, président de l'Institut du Management des Services Immobiliers (Imsi).
Le tout pourrait conduire à un recul des prix. On y est presque. Pour Philippe Buyens, directeur général de Capifrance, « les prix vont sans doute cesser d'augmenter sous l'effet de l'inflation et de l'augmentation des taux. »
De même, note Jean-Marc Torrollion, qui s'exprimait début juillet 2022 : « Je pense que cette dynamique de prix est quand même en train de s'inverser, de fléchir, tout naturellement parce que les acquéreurs sont beaucoup plus attentifs qu'ils ne l'étaient il y a un an. »
Si baisse des prix il y a en France, elle ne sera pas généralisée. C'est un marché à plusieurs vitesses qui se dessine où la qualité et l'emplacement du logement seront encore plus discriminants.
Ce que confirme Laforêt : « les acquéreurs négocient le moindre défaut. Ils ont davantage d'exigences en ce qui concerne l'implantation géographique, l'orientation, la luminosité, l'isolation ou les équipements présents dans le logement. Les vendeurs qui ne sont pas prêts à entendre ces exigences devront pourtant s'y faire, car les négociations semblent s'installer. »