IMMOLOLO a écrit : ↑02 août 2022, 07:46
Super le Portugal ! mais alors comment se fait-il qu'il y ait autant de Portugais en France ???
Salazar ça te parle peut être?
Le recensement de 1876, le premier à mentionner les Portugais, ne compte que 1237 Portugais, bien moins que les 374 498 Belges, 165 513 Italiens, 62 437 espagnols ou 18 099 Hollandais.
En dix-sept ans, les Portugais en France passent de 20 000 (1958) à 750 000 (1975).
Cette augmentation vertigineuse se doit à la conjonction de différents facteurs. En premier lieu, une grande partie de la population portugaise vit dans une situation misérable. Le Portugal est encore un pays à dominante rurale (42% de la population active en 1960 se trouve dans le secteur primaire)
nsuite, à partir de 1961, des mouvements anticoloniaux initient une lutte armée en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique. L’effort militaire déployé par le Portugal est massif : 40% du budget est consacré aux guerres coloniales à la fin des années 1960. Ce conflit contraint Salazar à accélérer la modernisation de l’économie en ouvrant plus largement le pays aux capitaux étrangers et en favorisant la hausse de la productivité dans l’industrie. Ces transformations libèrent une main-d’œuvre désormais vue comme excédentaire. De plus, les guerres coloniales provoquent le départ de dizaines de milliers de jeunes qui refusent de faire leur service militaire. Entre 1961 et 1974, la proportion des insoumis et des réfractaires croît singulièrement, passant de 11,6% en 1961 à 20,3% en 1972. Beaucoup d’entre eux s’installent en France.
Enfin, la nature dictatoriale du régime explique une partie des départs. Viennent en France des opposants qui craignent l’emprisonnement ou qui ne peuvent plus trouver un emploi dans leur pays (notamment certains enseignants et chercheurs), des jeunes étudiants qui ont participé à des mouvements contestations et qui ont été expulsés des universités, etc. Plus largement, l’étouffement des libertés, la répression, le maintien par le régime de hiérarchies sociales rigides, le faible investissement dans l’éducation, provoquent les départs de la population.
Cependant, ces éléments "répulsifs" n’expliquent pas à eux seuls l’émigration et surtout son volume si important. Il faut également prendre en compte la force d’une "culture villageoise de la mobilité" dans les campagnes portugaises. Pour les classes populaires portugaises, depuis de nombreuses décennies, l’émigration représente le principal moyen d’améliorer leurs conditions de vie ou leur position, de quitter la paysannerie ou de mieux y rester. Beaucoup partent pour mieux revenir. Dans l’impossibilité de connaître une ascension sociale dans leur propre pays, du fait de la rigidité des structures sociales, le départ constitue la meilleure manière d’améliorer sa condition et celle de ces enfants. C’est pourquoi l’émigration et les migrants ont souvent été caricaturés au Portugal : ils bousculent les frontières sociales d’une manière jugée illégitime.
La démocratie s’installant au Portugal, des milliers de migrants rentrent dans leur pays, à l’image de Mário Soares, futur président de la République. Pour les nouvelles élites du pays, l’émigration doit désormais appartenir au passé et disparaître avec l’avènement de la démocratie et l’entrée du Portugal dans l’Europe. La circulation migratoire entre les deux pays ne disparaît pas pour autant. Les salaires étant toujours plus élevés en France, des Portugais, qui disposent à partir de 1992 de la citoyenneté européenne, viennent s’installer et travailler en France