Endettement des classes moyennes ici et ailleurs (44 pays)

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amalricu
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Endettement des classes moyennes ici et ailleurs (44 pays)

#1 Message par amalricu » 02 sept. 2017, 16:47

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Leurs recherches montrent également que c’est surtout l’appauvrissement des classes moyennes qui fait le plus bondir l’endettement. Ainsi, dans les pays industrialisés, la baisse de 1 % de la part des revenus totaux détenus par les classes moyennes fait augmenter de 12,6 % la part des crédits aux ménages dans le PIB, contre 3,3 % pour les classes populaires.

Comment l’expliquer ? « Pour maintenir leur niveau de vie et leur pouvoir d’achat lorsque leurs revenus baissent, les foyers de classes moyennes compensent en contractant des emprunts », analyse M. Héricourt. C’est ce qu’ont avancé des économistes tels que le Prix Nobel Joseph Stiglitz (2001), afin d’expliquer la crise financière de 2008.

Plusieurs chercheurs ont par ailleurs démontré que, par un phénomène de « mimétisme » lié aux habitudes d’achat et à la pression des normes sociales, les groupes sociaux ont tendance à reproduire les habitudes de consommation du groupe supérieur. Conséquence : une hausse de la consommation des plus riches se traduit, par effet de cascade, par celle de l’ensemble de la population… Sauf que les ménages moins aisés, dont les salaires ne suivent pas, le font en contractant des crédits.


Au reste, lorsque leurs revenus augmentent, les 1 % les plus riches ont également tendance à mettre plus d’argent de côté. Ce surplus d’épargne est ensuite, par le circuit des banques ou des marchés financiers, recyclé… en crédit, offert aux ménages de la classe moyenne.

« Ces résultats pointent le rôle pervers que joue l’accroissement des inégalités vis-à-vis de la stabilité financière : en alimentant le gonflement du crédit, il accroît les risques de bulles et de crises qui s’ensuivent souvent, concluent les économistes. Une raison de plus, s’il en était besoin, pour faire de la réduction des inégalités un objectif majeur des politiques publiques. » Avec pour priorité, la lutte contre l’appauvrissement des classes moyennes.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... G6gyecc.99
Je fais le pari que la Russie laissera tant de "plumes" en Ukraine que Poutine finira par être "écarté" du pouvoir par les générations plus jeunes de ses services sécuritaires pour négocier ce qui reste sur la table. Echéance 2023.

Vincent92
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Re: Endettement des classes moyennes ici et ailleurs (44 pay

#2 Message par Vincent92 » 04 sept. 2017, 14:48

Si on reste en France, les résultats sont quand même différents et plus nuancés.

De façon théorique :
Le coefficient de Gini (qui mesure l’égalité des revenus) est passé en France de 0.34 en 1970 à 0.28 en 1990, essentiellement par amélioration de la situation au bas de l’échelle. Cependant, les classes moyennes inférieures, sur cette période se sont enrichies moins vite que les plus pauvres d’où le sentiment de déclassement.
Depuis 1990, ce coefficient remonte à 0.295 en 2015.

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De façon empirique :
A tous ceux qui disent que "papy, ouvrier à la chaîne, a pu se payer un maison et nourrir une famille de 8 personnes", je répondrais en 3 points :
1 - L'émancipation des femmes et les technologies (lave linge, sèche linge,...) font que la vie est aujourd'hui calibrée sur des couples dans lesquels les deux personnes travaillent. Donc, il faut comparer avec deux salaires. Et "papy" n'habitait peut être pas non plus dans un endroit huppé.
2 - Il y a beaucoup moins d'ouvriers/employés. Si bien que, une proportion importante de la population qui se considèrent comme "cadre" aujourd'hui aurait été des ouvriers/employés/techniciens à l'époque.
3 - Les ouvriers ne se payaient pas le dernier GSM, la dernière console pour son enfant, un ordinateur puissant, ne partaient pas en vacance une ou deux fois par an,... Bref, des besoins créés qui n'existaient pas avant et qui coûtent en cumulé beaucoup d'argent.

Il y aurait sûrement beaucoup d'autre chose à dire. Et pour ce qui est des difficultés d'acheter sa résidence principale pour les classes moyennes (car c'est toujours cela qui est en embuscade quand quelqu'un publie ce genre d'article ici), la situation est très contrastée suivant où l'on est en France.
Mais, en effet, l'immobilier coûte plus cher que dans les années 70 dans les métropoles/stations balnéaires/... pour tout un tas de raisons. C'est dur de dire le contraire.

Je pense tout de même qu'il ne faut pas oublier qu'une situation de "prospérité" (sans guerre, épidémie, catastrophe naturelle, fiscalité confiscatoire,...) accroît forcément les inégalités.
"un chômage supérieur à 15%" & "Peut-être que l'immobilier ne baissera que de 20%. Mais peut-être qu'à -20%, l'immobilier sera encore jugé trop cher" supermascotte en 2020 (covid)

darkslitter
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Re: Endettement des classes moyennes ici et ailleurs (44 pay

#3 Message par darkslitter » 04 sept. 2017, 21:50

Vincent92 a écrit :Si on reste en France, les résultats sont quand même différents et plus nuancés.

De façon théorique :
Le coefficient de Gini (qui mesure l’égalité des revenus) est passé en France de 0.34 en 1970 à 0.28 en 1990, essentiellement par amélioration de la situation au bas de l’échelle. Cependant, les classes moyennes inférieures, sur cette période se sont enrichies moins vite que les plus pauvres d’où le sentiment de déclassement.
Depuis 1990, ce coefficient remonte à 0.295 en 2015.

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De façon empirique :
A tous ceux qui disent que "papy, ouvrier à la chaîne, a pu se payer un maison et nourrir une famille de 8 personnes", je répondrais en 3 points :
1 - L'émancipation des femmes et les technologies (lave linge, sèche linge,...) font que la vie est aujourd'hui calibrée sur des couples dans lesquels les deux personnes travaillent. Donc, il faut comparer avec deux salaires. Et "papy" n'habitait peut être pas non plus dans un endroit huppé.
2 - Il y a beaucoup moins d'ouvriers/employés. Si bien que, une proportion importante de la population qui se considèrent comme "cadre" aujourd'hui aurait été des ouvriers/employés/techniciens à l'époque.
3 - Les ouvriers ne se payaient pas le dernier GSM, la dernière console pour son enfant, un ordinateur puissant, ne partaient pas en vacance une ou deux fois par an,... Bref, des besoins créés qui n'existaient pas avant et qui coûtent en cumulé beaucoup d'argent.

Il y aurait sûrement beaucoup d'autre chose à dire. Et pour ce qui est des difficultés d'acheter sa résidence principale pour les classes moyennes (car c'est toujours cela qui est en embuscade quand quelqu'un publie ce genre d'article ici), la situation est très contrastée suivant où l'on est en France.
Mais, en effet, l'immobilier coûte plus cher que dans les années 70 dans les métropoles/stations balnéaires/... pour tout un tas de raisons. C'est dur de dire le contraire.

Je pense tout de même qu'il ne faut pas oublier qu'une situation de "prospérité" (sans guerre, épidémie, catastrophe naturelle, fiscalité confiscatoire,...) accroît forcément les inégalités.

Tu dis que l’émancipation des femmes et des technologie font que la vie est aujourd'hui calibrée sur des couples dans lesquels les deux personnes travaillent mais comment expliques la situation pour un célibataire?
Est-il normal d'avoir "besoin" de deux salaires pour vivre convenablement? (Je parle de payer son loyer/crédit, faire manger sa famille, de quoi s'équiper d'un ou deux véhicules selon ton lieu d'habitation partir éventuellement une semaine par an en vacances)
Oui papy avait un seul salaire et vivait "heureux" dans les conditions de vie de l'époque, aujourd'hui je n'en suis pas sur.
Je pense que les inégalités sont du à une trop faible inflation des salaires par rapport à l'immobilier sur ses 20 dernières années (favorise le rentier donc généralement celui qui dispose de moyens).

Faite de une inflation de 3% par an et vous tuez le mauvais rentier mais pas l'investisseur et l'ouvrier lambda sera lui heureux de voir sa paye montée même si son niveau de vie à euro constant lui ne bouge pas réellement.

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Jeffrey
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Re: Endettement des classes moyennes ici et ailleurs (44 pay

#4 Message par Jeffrey » 05 sept. 2017, 00:56

Vincent92 a écrit :Si on reste en France, les résultats sont quand même différents et plus nuancés.

De façon théorique :
Le coefficient de Gini (qui mesure l’égalité des revenus) est passé en France de 0.34 en 1970 à 0.28 en 1990, essentiellement par amélioration de la situation au bas de l’échelle. Cependant, les classes moyennes inférieures, sur cette période se sont enrichies moins vite que les plus pauvres d’où le sentiment de déclassement.
Depuis 1990, ce coefficient remonte à 0.295 en 2015.

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De façon empirique :
A tous ceux qui disent que "papy, ouvrier à la chaîne, a pu se payer un maison et nourrir une famille de 8 personnes", je répondrais en 3 points :
1 - L'émancipation des femmes et les technologies (lave linge, sèche linge,...) font que la vie est aujourd'hui calibrée sur des couples dans lesquels les deux personnes travaillent. Donc, il faut comparer avec deux salaires. Et "papy" n'habitait peut être pas non plus dans un endroit huppé.
2 - Il y a beaucoup moins d'ouvriers/employés. Si bien que, une proportion importante de la population qui se considèrent comme "cadre" aujourd'hui aurait été des ouvriers/employés/techniciens à l'époque.
3 - Les ouvriers ne se payaient pas le dernier GSM, la dernière console pour son enfant, un ordinateur puissant, ne partaient pas en vacance une ou deux fois par an,... Bref, des besoins créés qui n'existaient pas avant et qui coûtent en cumulé beaucoup d'argent.

Il y aurait sûrement beaucoup d'autre chose à dire. Et pour ce qui est des difficultés d'acheter sa résidence principale pour les classes moyennes (car c'est toujours cela qui est en embuscade quand quelqu'un publie ce genre d'article ici), la situation est très contrastée suivant où l'on est en France.
Mais, en effet, l'immobilier coûte plus cher que dans les années 70 dans les métropoles/stations balnéaires/... pour tout un tas de raisons. C'est dur de dire le contraire.

Je pense tout de même qu'il ne faut pas oublier qu'une situation de "prospérité" (sans guerre, épidémie, catastrophe naturelle, fiscalité confiscatoire,...) accroît forcément les inégalités.
Le post précédent dit tout autre chose. Il parle d'une société où les disparités de mode de consommation sont gommées par un mimétisme social plus marqué, et probablement par une conception sociale de l'égalité de consommation. Et que cette pression sociale engendre des consommations à crédit plus marquées qu'auparavant.
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crispus
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Re: Endettement des classes moyennes ici et ailleurs (44 pay

#5 Message par crispus » 05 sept. 2017, 09:57

amalricu a écrit :Plusieurs chercheurs ont par ailleurs démontré que, par un phénomène de « mimétisme » lié aux habitudes d’achat et à la pression des normes sociales, les groupes sociaux ont tendance à reproduire les habitudes de consommation du groupe supérieur. Conséquence : une hausse de la consommation des plus riches se traduit, par effet de cascade, par celle de l’ensemble de la population… Sauf que les ménages moins aisés, dont les salaires ne suivent pas, le font en contractant des crédits.

Au reste, lorsque leurs revenus augmentent, les 1 % les plus riches ont également tendance à mettre plus d’argent de côté. Ce surplus d’épargne est ensuite, par le circuit des banques ou des marchés financiers, recyclé… en crédit, offert aux ménages de la classe moyenne.
On a enfin une explication plausible du "ruissellement" :mrgreen:

...mais contrairement à ce qui se passe dans la nature, celui-ci se fait en réalité de bas en haut :roll:

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