Les cycles de l'économie et de l'immobilier

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jmpoure
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Les cycles de l'économie et de l'immobilier

#1 Message par jmpoure » 10 juin 2005, 15:15

Real Estate and Business Cycles:
Henry George's Theory of the Trade Cycle

http://www.foldvary.net/works/rebc.html

Je n'ai pas le temps de lire cet article. Pensez-vous qu'il soit intéressant ?
Cordialement, Jean-Michel
Modifié en dernier par jmpoure le 22 juin 2005, 14:44, modifié 4 fois.

xav
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#2 Message par xav » 10 juin 2005, 20:22

Effectivement un long discours est toujours mieux qu'un bon graphique...

ah non, c'est l'inverse.

a+
xav

philippulus

Re: Les cycles de l'économie et de l'immobilier

#3 Message par philippulus » 11 juin 2005, 05:09

jmpoure a écrit :Real Estate and Business Cycles:
Henry George's Theory of the Trade Cycle

http://www.foldvary.net/works/rebc.html

Je n'ai pas le temps de lire cet article. Pensez-vous qu'il soit intéressant ?
Cordialement, Jean-Michel
J'ai imprimé cet article et vous donnerai mon avis sur le sujet d'ici demain.

Cordialement,

Nicolas

philippulus

Re: Les cycles de l'économie et de l'immobilier

#4 Message par philippulus » 12 juin 2005, 12:03

philippulus a écrit :J'ai imprimé cet article et vous donnerai mon avis sur le sujet d'ici demain.
Comme promis, voici ma réponse.

L'auteur passe en revue les différentes théories économiques, et notamment la théorie Géorgienne, qui tentent d'interpréter l'influence des variables du marché immobilier, et notamment du prix du terrain, sur les cycles économiques.

Plutôt que de faire un résumé de cette étude, je vous propose d'en relever les points clés et d'y apporter des commentaires personnels.

Une bonne partie de l'article n'est qu'un simple compte rendu de constatations sur différentes situations historiques, ce qui selon moins n'apporte rien en terme d'anticipation.

L'assertion de départ est que les évolutions du marché immobilier ont une influence causale sur les cycles économiques (théorie de Henry Georges en 1879).

La théorie "Géorgienne" révisée proposée par l'auteur de l'article s'articule en cinq points (p. 2):
  • 1) l'immobilier est une composante significative de la richesse nationale et du revenu national.
    2) L'immobilier est sujet à de fortes fluctuations de prix.
    3) Ces fluctuations, facilitées par les marchés du crédit et de la monnaie, sont dans une large mesure induits par la politique et les dépenses gouvernementales.
    4) Les booms du marché immobilier peuvent surenchérir le coût de l'activité économique, car ils représentent une part essentielle de l'investissement.
    5) Historiquement, la valeur de l'immobilier et de la construction ont atteint leur apogée peu de temps avant des dépressions majeures.
Je dois dire que je n'ai rien appris de très nouveau dans cette approche du marché immobilier, tout en étant néanmoins d'accord avec l'auteur pour considérer que le marché immobilier est une composante significative de l'activité économique, et qu'il est soumis à de fortes fluctuations. Personne ne le nierait aujourd'hui tellement il s'agit d'une évidence.
Faut-il pour autant lui donner un poids prédominant dans le système économique ?

Il est notamment cité
  • p. 14 "les entrepreneurs veulent exploiter une situation aussi rapidement que possible"

    p. 14 "Le cycle d'investisement est principalement du à la manière dont fluctue l'efficacité marginale des capitaux."

    p. 15 "Les fluctuations de l'investissement sont au coeur du cycle"../..
    Les supports d'investissement spéculatifs principaux sont donc les actions et participations, l'immobilier (à la fois terrains et constructions), et les matières premières non périssables".
Il s'agit donc pour les acteurs économiques de réaliser des profits aussi rapides que possible en investissant dans les secteurs les plus porteurs.
Selon les conditions de marché, il pourra aujourd'hui s'agir des actions, des obligations, des matières premières, des devises, ou bien encore de l'immobilier vers lesquel se porteront les capitaux. La hausse de l'immobilier peut effectivement conduire à une augmentation de la richesse nationale. Comme tous les actifs, il est soumis à des fluctuations haussières et baissières, il n'y la-dedans rien non plus de surprenant.

Le point 3) est essentiel de mon point de vue, et l'article regorge de références qui reflètent un consensus sur l'influence de la monnaie, de la politique financière des gouvernements et de l'interventionnisme étatique:
  • p. 2 le marché immobilier est influencé par des interventions fiscales et monétaires gouvernementales significatives.

    p. 12 "la bulle immobilière japonaise a constitué les fondations de la pyramide financière,... la base d'une économie toute entière basée sur l'emprunt."

    p. 12 "Les institutions japonaises ont retardé la dépression immobilière et ont permis de réduire son impact."

    p. 14 "Le système monétaire et de crédit exerce une grande influence sur les cycles".

    p. 14 "Les théories du cycle politique de l'économie présument également une cause monétaire.

    p. 14 "Les facteurs monétaires doivent pour le moins posséder une signification laxiste dans le cycle."

    p. 15 "Durant un boom, une expansion du crédit se produit..."

    p. 15 "L'expansion du crédit est un phénomène préposé du boom. Les données historiques démontrent de manière répétitive que le rôle complémentaire joué par le système bancaire dans le dévoloppement des booms immobiliers".

    p. 16 "Les booms spéculatifs ont été invariablement accompagnés par des travaux publiques majeurs ou des subventions publiques correspondantes".

    p. 16 "C'est l'intervention continue des gouvernements, incluant les travaux publics et l'inflation monétaire, qui permet souvent la spéculation immobilière."

    p. 17 "Les travaux publics ont un potentiel bien plus important pour générer des effets spéculatifs que la croissance naturelle de la population."
Il faut ici parler de rotation sectorielle, depuis l'éclatement de la bulle technologique, les capitaux se ont reportés vers l'immobilier, situation favorisée notamment par des taux monétaires historiquement bas, tant aux USA qu'en Europe de l'ouest.

Je m'en explique dans cette autre file de discussion (message du 9 Juin à 22h16) :

viewtopic.php?t=902&postdays=0&postorder=asc&start=15

Les taux monétaires ne constituent toutefois pas à eux seuls un critère essentiel, car il faut également prendre en compte le différentiel de taux entre les taux monétaires et les taux obligataires longs (à 10 ou 30 ans), comme il est expliqué ici (ou je parle de votre site d'ailleurs):

http://www.at-bourse.com/analyse-techni ... .php#13121

Au sujet de la relation entre les dépressions immobilières et les crises économiques, il est notamment rapporté que:
  • p. 12 La valeur de l'immobilier et de la construction ont atteint leur apogée un à deux ans avant une dépression.

    p. 12 "Les booms spéculatifs de l'immobilier et de la construction agissent comme une impulsion pour le renversement de tendance économique.

    p. 13 "Le fait que les cycles immobiliers coïncides avec les impulsions et les crises majeures est en accord ave la théorie selon laquelle l'immobilier ne fait pas que réagir à d'autres cycles mais est un facteur clé à l'origine des impulsions et des crises majeures.

    p. 17 (conclusion) "Les booms immobiliers ont précédé des dépressions majeures".
A ce sujet, je vous recommande l'excellent livre de John J. Murphy, "Intermarket Analysis",

http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/0 ... 00-5401722

expliquant que les marchés immobiliers fluctuent comme toute autre classe d'actif en fonction des opportunités de marchés et de la situation monétaire (on y revient toujours).
Il explique d'autre part que le marché immobilier japonais atteignit son apogée DEUX ANS APRES que les marchés d'actions aient commencé à baisser en Décembre 1989, ce qui met en perspective les affirmations précédentes.

Je rajouterai que ce sont les conditions économiques qui ont justifié l'interventionisme de la réserve fédérale américaine, qui a de concert baissé les impots et les taux d'intérêts suite à l'éclatement de la bulle technologique en 2000. Il faut dire qu'ils ont bien été aidé par le Japon, qui a émis 35 TRILLIARDS de Yen en 2002 et 2003, grâce auquels les institutions financières japonaises ont réalisé des acquisitions massives d'obligations fédérales américaines.

Ces incitations fiscales et monétaires n'ont toutefois pas été réinvesties de façon productive dans l'économie pour la création ou le développement des entreprises manufacturières, mais ont généré l'incroyable boom consumériste et immobilier que nous connaissons maintenant depuis plus de deux ans.

Par conséquent, c'est bien une situation de crise économique qui a conduit à des incitations fiscale et monétaire qui ont elles-mêmes conduit à la formation de la bulle immobilière que nous connaissons actuellement. Ici encore, la chronologie prétenduement établie par l'auteur n'est pas valide.

J'en revient par conséquent à une autre citation de l'article:

p. 13 "Des clusters d'innovation provoquent des booms et dépressions consécutives."

En l'occurence, c'est l'innovation financières et monétaire sous le "brillant parrainage" d'Alan Greenspan qui a permis une forme inédite de rebond de l'activité économique des USA, et partant dans le reste du monde: les consommateurs américains ont acheté massivement des produits d'importation, tout en continuant à s'endetter, un endettement soutenu par un creusement du déficit US toujours plus important:

http://www.publicdebt.treas.gov/opd/opdpenny.htm

La bulle immobilière aux USA est donc un phénomène collatéral à la politique monétaire de la réserve fédérale, dont le but n'était pas de favoriser cette bulle immobilière, mais bien de relancer la machine économique.

Les prix immobiliers aux USA continuent aujourd'hui d'augmenter plus vite que le PIB, l'inflation, et les revenus. Le prix moyen d'une maison en Californie du Sud est de 451 000 dollars US, et le coût annuel d'un prêt immobilier à 6% est de 27 000 dollars pour un revenu moyen des ménages de 43 000 dollars. Il y a bien comme un petit problème...

Il faudra bien rembourser un jour ou l'autre cette dette, car comme l'affirme le grand économiste Schumpeter:

"Tout stimulant dépassant l'épargne est une fraude".

Et il est donc logique de s'attendre à une dépression économique d'une ampleur exceptionnelle lorsque la bulle immobilière éclatera, car c'est aujourd'hui une économie toute entière qui n'existe que par le biais de ses activités de construction.

Alors pour faire un parallèle avec la situation actuelle, on peut notamment rapporter les propos sur la bulle immobilière japonaise:

p. 12 "Les prix à Tokyo ont augmenté de 93% pendant une année jusqu'en Juillet 1987. Les lois fiscales, le zonage (?), et d'autres politiques gouvernementales ont constitué l'un des principaux ingrédients de ce bomm immobilier, restreignant artificiellement la disponibilité de terrains et stimulant la demande ../..
En Novembre 1987, les prix immobiliers se sont stabilisés à Tokyo, tout en continuant d'augmenter dans les banlieues et en restant inchangés en centre ville. Mais le marché haussier, propulsé par des taux d'intérêts bas, s'est poursuivi partout ailleurs jusqu'à la fin de 1989."
Les ménages japonais ont réagi par la réduction des surfaces habitables ../..
Les propriétaires ont quant à eux réagi en louant plus loin de Tokyo.
La demande immobilière est restée forte malgré les prix élevés.
En 1990, la bulle commença à se dégonfler. Les terrains baissèrent de 30% à Tokyo et Osaka et les taux d'intérêt augmentèrent..."

Vous n'y voyez pas un rapprochement intéressant avec la situation actuelle, notamment en France ? Avec des volumes de ventes et des prix qui continuent de progresser dans les campagnes et les grandes banlieues ?

Vous remplacez Tokyo par Paris, Osaka par Marseille, 1987 par 2004, 1990 par 2006 ou 2007, japonais par français, et le tour est joué. Ceci vient confirmer les informations des graphes de prix des indices immobiliers, qui ne me permettent toujours pas à ce jour de détecter quelque faiblesse que ce soit sur ce marché:

viewtopic.php?t=902&start=0

Une dernière citation de l'article concerne les caractéristiques d'un marché immobilier qui est sur le point de s'inverser:

p. 4: "l'apogée du marché haussier de l'immobilier est caractérisé par un volume élevé de transactions et de la forte pression spéculative sur la subdivision des biens."

Effectivement, subdivision il y a, mais je crois qu'il manque encore la phase d'accélération terminale avec des volumes de vente élevés, si tant est que des volumes élevés soient requis pour permettre l'éclatement d'une bulle, ce qui n'est techniquement parlant pas une conditions nécessaire.

Cordialement,

Nicolas
Modifié en dernier par philippulus le 14 juin 2005, 08:00, modifié 4 fois.

philippulus

Re: Les cycles de l'économie et de l'immobilier

#5 Message par philippulus » 12 juin 2005, 15:59

Réponse terminée de rédiger !

xav
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#6 Message par xav » 12 juin 2005, 16:18

intéressant. merci pour la synthèse

xav

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#7 Message par GOLD » 12 juin 2005, 17:50

Merci pour cet analyse, Philippulus :)

quel productivité ?, aurais tu les yeux bridés ? :lol:

philippulus

#8 Message par philippulus » 12 juin 2005, 18:39

GOLD a écrit :Merci pour cet analyse, Philippulus :)

quel productivité ?, aurais tu les yeux bridés ? :lol:
Aucunement, mais je ne passe pas une minute de désoeuvrement.
Il y a tellement mieux à faire que de perdre son temps devant la télé...

Cordialement,

Nicolas

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#9 Message par jmpoure » 13 juin 2005, 12:54

Merci beaucoup philippulus. Bravo pour cette synthèse.

togg

#10 Message par togg » 13 juin 2005, 14:06

Ou est passé le message ?

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Bravo !

#11 Message par toto091 » 13 juin 2005, 21:43

Chapeau bas pour ce travail d'analyse
Bravo !

philippulus

#12 Message par philippulus » 14 juin 2005, 05:50

jmpoure a écrit :Merci beaucoup philippulus. Bravo pour cette synthèse.
Merci à vous d'avoir transférer mes commentaires ans le forum presse.
C'est un grand honneur que vous me faites.

Merci aux autres lecteurs également pour leurs commentaires sympathiques.

Cordialement,

Nicolas

gerardPP

#13 Message par gerardPP » 14 juin 2005, 20:29

merci beaucoup pour ce développement.

malgrè les guillemets parfois un peu de mal pour distinguer le commentaire de la citation.

Où se trouve l'action des gouvernements
"
p. 16 "C'est l'intervention continue des gouvernements, incluant les travaux publics et l'inflation monétaire, qui permet souvent la spéculation immobilière."
"
si l'on exclue l'action sur les taux qui si je comprends devait encourager la relance en l'absence de risque inflationniste.

D'autre part si l'on retire la croissance du taux d'endettement et /ou l'immobilier que reste-t-il de la croissance américaine?

philippulus

#14 Message par philippulus » 15 juin 2005, 19:22

gerardPP a écrit :si l'on exclue l'action sur les taux qui si je comprends devait encourager la relance en l'absence de risque inflationniste.

D'autre part si l'on retire la croissance du taux d'endettement et /ou l'immobilier que reste-t-il de la croissance américaine?
Gérard,

Pouvez-vous reformuler plus clairement votre demande svp ?
Je n'arrive pas à comprendre ce que vous me demandez.

Merci,

Nicolas

gerardPP

#15 Message par gerardPP » 15 juin 2005, 19:49

bonsoir,

désolé pour l'absence de clarté.

-j'ai cru comprendre à travers quelques lectures que les taux de croissance anglo-saxons devaient aussi au marché de l'immobilier
donc
si l'on excepte ce marché et sa croissance qu'en est-il de la croissance américaine ?

-l'article que vous nous commentez ( p 16 ) mentionne l'action des gouvernements parmi les facteurs à l'origine de la bulle
quelle est l'action de ces gouvernements occidentaux, je vois pour ma part un manque de volontarisme, et le pragmatisme élevé au rang de l'idéologie.


En d'autres termes, et suite à des commentaires originaires de parts et d'autres de l'Atlantique que j'ai pu entendre ici et là,
l'économie Anglo-saxone se porte-t-elle si bien, et ya -t-il un pilote ( des pilotes ) aux commandes de l'économie occidentale?

gérardP

ibargure

#16 Message par ibargure » 15 juin 2005, 20:25

ouaip beau travail :wink:

Plouf

#17 Message par Plouf » 16 juin 2005, 21:25

Effectivement, travail impressionnant, notre Philippulus est un stakhanoviste de la bulle immo...
En quelques mots, qu'est-ce que tu en as retenu de cet article? (je veux pas être rabat joie, c'est juste parce que j'ai la flemme d'aller au bout du post)...

Le peu que j'en ai retenu, tu me diras si j'ai raison:
- les bulles sont alimentées par le crédit et par des soutiens publics. Rien d'anormal, il faut bien les payer, ces biens immobiliers.
- Les bulles précèdent des crises économiques. Cela s'explique certainement par l'accumulation de mauvaises créances par les établissements bancaires et la défaillance des emprunteurs. D'où une réaction en chaîne.

Si je peux me permettre un commentaire, on a là une belle illustration de la défaillance du marché et un vrai problème de régulation, donc d'intervention publique. Laisser se développer un phénomène spculatif sur l'immo - voire l'entretenir - est, au mieux, irresponsable...

Donc, serrons les fesses, ça va péter !

gerardPP

#18 Message par gerardPP » 16 juin 2005, 22:11

l'exemple Allemand semble confirmer un soutient public irresponsable,

pour ma part je n'en crois pas mes yeux, c'est à devenir cynique parmi les cyniques.

gérardP

philippulus

#19 Message par philippulus » 16 juin 2005, 23:07

Plouf a écrit :- Les bulles précèdent des crises économiques.
C'est le sens de l'article, mais ce n'est pas tout à fait mon avis.
J'ai indiqué d'une part que la bulle immobilière japonaise a éclaté deux ans après que les marchés d'action aient commencé à baissier.

On ne peut dissocier une bulle du système financier et économique tout entier à laquelle elle appartient et qui lui a permis de se développer.
C'est aussi la conclusion à laquelle arrive Robert R. Prechter dans son livre "Conquer the crash" (que je viens de recevoir):
http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/0 ... 00-5401722
Image
ou il explique p. 152 que "Les prix de l'immobilier ont toujours lourdement chuté lorsque les prix des actions ont eux-même chuté lourdement../.. nous observons néanmoins que dans certains cas, l'apogée du marché immobilier est décalée de deux ans environ du sommet des marchés d'action".

J'ai également tenté d'expliquer que la bulle de l'immobilier a été soutenu par la chute du marché action suite à l'explosion de la bulle technologique.
Les mesures de relance qui ont suivi l'effondrement des marchés ont eu pour effet de générer des bulles, bulle de l'immobilier et bulle de la consommation notamment. Il y a donc ici un enchainement : bulle technologique, relance monétaire et fiscale, puis bulle immobilière...
C'est donc un cluster de phénomènes économiques dépressionnaires que nous devons prendre en compte, des bulles imbriquées les unes dans les autres, avec la plus montrueuse de toute qui est en cours de formation.

Une bulle qui éclate a forcément des conséquences, qui seront d'autant plus importantes que le poids financier de la bulle est élevé. C'est bien le cas de la bulle immobilière actuelle, et l'on sait d'ores et déjà que ses conséquences seront dramatiques.

Ce n'est pas en fait la bulle en elle-même qui précède la crise, mais la tolérance financière et le laxisme qui lui permettent de s'exprimer qui sont le prélude à la catastrophe. Tous les éléments financiers et économiques sont imbriqués. La bulle n'est pas un phénomène isolé en soit qui génère une catastrophe économique.

En l'absence du recours au crédit, pas de bulle, mais une catastrophe économique plus douce, moins brutale, qui est sûrement la moins mauvaise des solutions vers le déclin inéluctable.

On peut comparer cela à l'exploitation d'un gisement de matières fossiles.

Sur le site de l'ASPO,
http://www.cge.uevora.pt/aspo2005/abstracts.php
Bardi explique que les améliorations technologiques permettent d'accélérer l'exploitation des gisements de ressources pétrolières, mais conduisent à leur épuisement plus rapide et un arrêt brutal de la production:
Image

Je compare l'économie contemporaine à un gisement financier.
La marche normale d'une économie, c'est son développement, sa croissance, sa maturité, puis son déclin. Ceci est inhérent à tout système biologique, qu'il soit individuel, ou communautaire, et à ses produits et inventions.

La société industrielle a généré des "améliorations technologiques" en terme d'ingénierie financière, avec le contrôle des taux des changes, les obligations, la création de produits dérivés de plus en plus complexes, les montages financiers, les systèmes de taxe et d'imposition, et surtout le crédit et l'endettement qui ont pris des formes de plus en plus complexes.

Tout ceci pour générer de la croissance, sur la base des théories de ce très cher Keynes qui pronait l'interventionnisme visant à soutenir la demande.

Hors Kenneth Boulding a dit:
"Toute personne croyant qu'une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste."

Keynes était économiste, heureusement pour lui.

Et par conséquent, quels que soient les moyens mis en oeuvre, lorsque le gisement s'épuise, il ne peut plus produire. Notre société industrielle arrive au bout de ses capacités d'exploitation et de développement, et nous avons tellement forcé la dose au niveau des améliorations financières, nous avons tellement tenté d'accélérer la croissance et le développement, que la chute ne peut en être que plus brutale,comme sur le graphe présenté plus haut.

Un peu long comme réponse, désolé.

Nicolas

Plouf

#20 Message par Plouf » 17 juin 2005, 09:14

philippulus a écrit :
Plouf a écrit :- Les bulles précèdent des crises économiques.
C'est le sens de l'article, mais ce n'est pas tout à fait mon avis.
J'ai indiqué d'une part que la bulle immobilière japonaise a éclaté deux ans après que les marchés d'action aient commencé à baissier. On ne peut dissocier une bulle du système financier et économique tout entier à laquelle elle appartient et qui lui a permis de se développer.
Je crois surtout que les phénomènes cycliques en économie sont le résultat d'un ensemble de processus à l'oeuvre simultanément. En matière immobilière, certes les arbitrages financiers sont importants, mais s'il y a des corrélations fortes entre immo et actions, cela ne met pas forcément en évidence un lien de cause à effet. Cela peut être deux phénomènes concommittents. L'immobilier n'est pas qu'une question financière: il y a des événements conjoncturels ou structurels (liés par exemple à la démographie, à des changements de comportements, etc.) qui participent à la formation des prix. Dans le cas du lien Bulle Internet - bulle immo, on constate que l'inflation immo a précédé l'eclatement de la bulle, ce qui est logique dans la mesure où les prises de bénéfices des investisseurs ont alimenté les transactions immobilières. Ce phénomène est toutefois relativement réduit et n'a concerné qu'une partie marginale du marché.
Cela va dans le sens de la citation de Robert Prechter que tu nous as soumise:

"Les prix de l'immobilier ont toujours lourdement chuté lorsque les prix des actions ont eux-même chuté lourdement../.. nous observons néanmoins que dans certains cas, l'apogée du marché immobilier est décalée de deux ans environ du sommet des marchés d'action".

Le seul problème, c'est qu'il s'agit d'un constat et non d'une analyse et ici, le décalage est beaucoup plus long: 5 ans, ce qui tend à affaiblir le lien entre actions et immobilier.
Quant aux mesures de relance, il ne faut pas en exagérer l'impact, d'une part parce que le soutien public à l'immobilier est resté relativement limité (de Robien n'a pas créé la bulle à lui tout seul), que les politiques de relance budgétaires (keynésiennes :wink: ) ont été relativement peu utilisées because peur de l'inflation, et que la baisse des taux d'intérêts visait essentiellement à soutenir l'activité industrielle et je ne comprends pas bien ce que tu entends par bulle de la consommation.

J'ai du mal à suivre ta comparaison avec l'exploitation d'un gisement pétrolier. L'économie n'est pas un "stock" de richesse que l'on gère, mais repose sur la création de richesse par une organisation complexe dont le bon fonctionnement tient en grande partie à une bonne gestion des flux de biens et de revenus, sachant que le marché est, par nature, instable (eh oui, l'autorégulation et l'efficacité spontanée du marché, encore un mythe !).
C'est précisément le role des pouvoirs publics d'intervenir à bon escient pour que ces flux restent cohérents et permettent à la société d'évoluer de manière si possible harmonieuse (d'où les politiques de répartition, les protections sociales et le soutien public à des secteurs en difficulté, entre autres). Donc au lieu de diaboliser l'action publique, il faut au contraire la renforcer (ce qui ne signifie pas nationaliser ou dilapider les fonds, entendons nous bien). C'est l'un des grands enseignements de Keynes (il n'est pas le seul à avoir développé ce genre d'analyse).
Sans un état efficace, pas d'économie de marché !

C'est pourquoi quand tu écris:
philippulus a écrit :Tout ceci pour générer de la croissance, sur la base des théories de ce très cher Keynes qui pronait l'interventionnisme visant à soutenir la demande.
Hors Kenneth Boulding a dit:
"Toute personne croyant qu'une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste."
Keynes était économiste, heureusement pour lui.
tu t'égares complètement... Je ne demande à personne d'être keynésien, mais de là à lui faire dire n'importe quoi (je tiens à souligner, quand même, que le courant dominant en économie est "néoclassique", ce qui est l'antithèse de l'approche développée par Keynes).

Simplement, à tous ceux qui croient que l'économie, c'est facile, qu'il suffit de lire deux ou trois bouquins pour comprendre comment le système fonctionne, je suis désolé mais il faut que vous redescendiez rapidement sur terre !

gerardPP

#21 Message par gerardPP » 17 juin 2005, 09:28

en 2 mots "néoclassique " ?

merci
gérardP

Plouf

#22 Message par Plouf » 17 juin 2005, 21:58

En un seul mot, pourquoi, il y a quelque chose de choquant?

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