La Réserve Fédérale des Etats-Unis, communément appelée FED ou Banque Centrale Américaine, est une entité privée, issue des grandes familles de milliardaires américaines (Rothschild, Rockefeller, ... ). Elle a officiellement une mission qui consiste à :
- conduire de la politique monétaire
- surveiller, réguler les institutions bancaires et garantir le droit des particulier envers le crédit
- maintenir la stabilité du système financier
- fournir des services financiers au gouvernement américain, au public, aux institutions financières américaines et étrangères.
Dans les années 1990, conformément aux cycles des affaires longuement décrits ici sous le fil « Cinquième cycle de Kondratieff », le Japon, puis l'Argentine se sont vu infliger des corrections fortes qui ont pris la forme de krachs. Ces corrections rapides et dévastatrices leur ont permis de revenir aujourd'hui au premier plan international grâce à un assainissement et à un retour aux fondamentaux économiques. Aujourd'hui, on dit que l'épargne nippone est la plus développée au monde. Nous verrons tout à l'heure que Ben Bernanke diffuse l'idée que l'épargne nuit à la croissance.
Si on en croit les théories de Kondratieff reprises par Schumpeter, le Japon et l'Argentine seraient déjà entrés dans une phase de « Printemps » alors que les USA et l'Europe Occidentale seraient tout bonnement entré dans leur propre phase de correction en 2001 (l'hiver). Une inconnue reste tout de même quant au sort des pays émergeants tels que la chine et l'ancien bloc de l'Est qui apparemment se sont trouvés dans « un cycle à marche forcée » pendant de nombreuses années et dont on a du mal à comprendre dans quelle phase ils se trouvent actuellement.
Dans ce contexte, il était naturel que les économies occidentales au premier rang desquelles se trouvent les Etats-Unis se posent la question de la « fin de cycle » et envisagent l'occurrence éventuelle d'une phase de « grande lessive » qu'on appelle généralement « spirale déflationniste ».
Entre 1999 et 2004, 14 documents ou discours de la FED ont eu pour sujet « la déflation » dont 7 ont été directement traités par Ben Bernanke. Trois thèmes sont développés dans ces documents :
- la menace déflationniste
- la stratégie de la FED pour l'éviter.
- Les stratégies pour la combattre si elle arrivait malgré tout.
- «La logique de la politique monétaire»
- «Les bulles et la politique monétaire»
- « Déflation : s'assurer que ça n'arrivera pas ici»
- « planche à billets »
- « une baisse d'inflation inopportune »
- « Politiques monétaires alternatives à taux d'intérêt nul : la méthode empirique »
- « Prévenir la déflation : leçons tirées du cas nippon de 1990 »
- ...
En 2002, dans le « discours en l'honneur de Milton Friedman », Ben Bernanke a exprimé ses regrets en disant : « Vous avez raison, c'est bien la FED qui l'a causé [la Grande Dépression]. Nous en sommes très contrariés. Mais grâce à vous [Milton], nous n'allons pas recommencer. » C'est peut-être ici, une des clef de la compréhension du Bernankisme. Après 70 ans de silence, la FED avoue publiquement que sa très mauvaise gestion de sa mission dans les années 20 a finalement causé la crise de 1929. Voici un résumé assez intéressant de la vision des choses du couple Friedman/Bernanke :
Le fait principal ayant permis à Miton Friedman d'effectuer une comparaison judicieuse entre tous les protagonistes de la crise de 29 est le rétablissement de l'alignement de plusieurs monnaies sur l'or en 1920 (incluant le dollar). Ce principe est régi par le « Gold Standard Act ». Les pays adhérant à ce système devaient essentiellement garantir un taux de convertibilité fixe avec les autres pays du « gold standard ». D'autre part, à cause de la compétition entre la France et les Etats-Unis, les pays adhérents furent obligés de suivre les contractions monétaires et la déflation dont les U.S. faisaient la douloureuse expérience.
Il est important de constater que, pour des raisons historiques et politiques, plusieurs pays n'ont jamais adhéré au « gold standard ». Plusieurs autres y ont été rapidement contraints à cause d'un système bancaire vulnérable. D'autres encore, notamment la France, Italie, Pologne, la Belgique et les Pays-Bas, faisant partie du « bloc or », avaient un attachement très fort à l'or et restèrent le plus longtemps possible dans le « gold standard ».
Toutes les parties en présence furent touchées par la grande dépression et eurent des comportements divers en fonction de leur état initial. On peut les catégoriser en 4 sections :
1) Les pays n'ayant jamais adhéré au « gold standard » (ou momentanément)
- la Chine, qui avait un système monétaire aligné sur l'argent, a été gravement touché par la dépression mais a évité les heures les plus dures.
- L'Espagne qui n'était aligné sur aucune matière première a été moyennement touchée par la Grande Dépression.
- Le Japon, ayant fait une brève incursion dans le gold standard, fut touché mais fut l'objet d'une forte croissance quasiment immédiatement après la grande dépression.
- Grande Bretagne et pays scandinaves on réussi par la détente rapide de leur politique monétaire à endiguer la déflation. (atteinte du pic en 1932)
- La France en est l'exemple type. Elle a réussi à retarder l'arrivée de la déflation, mais a fini par avoir une très forte et longue récession dont le pic se situa en 1935.
- Allemagne (République de Weimar), Autriche, Hongrie et Roumanie : Ces pays souffrire d'un krach fulgurant et d'une dépression profonde.
Donc, voilà les thèses qui ont nourri Ben Bernanke et qui sont à la base du Bernankisme. Pour être complet il faudrait ajouter que dans l'exemple récent du Japon (1990), Ben Bernanke est convaincu que la Banque Centrale du Japon n'a pas assez anticipé la spirale déflationniste. Ils avaient tous les outils pour endiguer la crise, mais ils ont réagi trop tard.
La lecture de ce qui suit va vous convaincre qu'à la Banque Centrale Américaine il n'est plus question de passivité devant l'économie mais au contraire d'interventionnisme à grande échelle en outrepassant son droit. En effet, la majorité de ce que vous allez lire maintenant va à l'encontre du « Federal Reserve Act », la loi régissant le fonctionnement de la FED. C'est ici, que nous devons nous souvenir de la fameuse mission sous-jacente de préservations des intérêts économiques des grandes familles américaines citée ci-dessus.
Mesures conventionnelles
On trouve ici tous les instruments habituels et légaux de la Banque Centrale Américaine. Il n'y a rien à en dire. La FED et toutes les Banques Centrales du monde utilisent ces mécanismes de plein droit.
Mesures non-conventionnelles
Même si les discours de la FED sont généralement abscons et volontairement fumeux, on réussit à décoder les mises en ½uvres successives des mesures dites « non-conventionnelles ». Compte tenu de son manque d'orthodoxie, il semble évident que cette liste n'est pas exhaustive. D'ailleurs, on peut se demander s'il existe d'autres champs d'activités que la FED aurait envisagé et qui pourraient être encore plus en marge de la loi.
Phase 1 :
- Etendre le type d'actifs que la FED pourrait acquérir au travers d'opération sur l'Open-Market. En particulier en achetant des bons du trésor à long terme, en modifiant la politique sur les taux d'intérêts (en utilisant des options), en achetant des devises étrangères, ou en achetant des actions et des obligations émises par des entités privées.
- Prêter de l'argent à d'autres banques ou à d'autres intermédiaires financiers ou à des sociétés ou à des société immobilières. (La FED rendrait « liquide » des actifs « non liquides »)
- Créer des « pluies d'argent ». Littéralement : donner de l'argent gratuitement au gens. (Ce qui a évidemment pour effet d'amoindrir la force du billet vert, mais également d'amoindrir le poids des créances qui pèsent sur la tête de chaque américain.)
- Si les « pluies d'argent » ne suffisent pas : création d'un taux d'intérêt négatif par la mise en ½uvre d'un « impôt de portage » qui imposerait une taxe fédérale à tout porteur de cash. (cela obligerait a acheter des actifs non liquides tels que l'immobilier par exemple.) L'épargne et le manque de circulation de l'argent nuisent à la croissance, selon Bernanke.
- Subventionner le gouvernement à hauteur de l'équivalent de 1% du PIB, ce qui représenterait 15 à 20% d'augmentation de la masse monétaire. Cet argent atterrirait directement dans les caisses de l'état, occasionnant une baisse drastique des taxes pesant sur l'économie américaine. (Théorie du « lâché d'argent par hélicoptère » selon Milton Friedman)
Dans l'état de l'art actuel, cette théorie pourrait être perçue comme loufoque. Ceci dit, ne pourrait elle pas faire école et devenir la doctrine monétaire mondiale ? C'est comme ça qu'arrivent les révolutions... là où on ne les attends pas. On a bien vu récemment le gouvernement Français se doter du « crédit hypothécaire » dont chacun connaît les dangers et la distorsion amenée sur notre système bancaire.
Mais que veut dire cette histoire de distribution « d'argent gratuit » ? est-ce que ça a un sens ?
Pour comprendre cela, arrêtons-nous quelques instants et considérons la dernière mesure non-conventionnelle (phase 5) : Il s'agit de monétiser le gouvernement par création spontanée d'argent. Le premier effet de cela n'est-il pas d'affaiblir le pouvoir d'achat des usagers de la monnaie ? N'est-ce pas l'équivalent d'un impôt qui aurait pour effet d'abaisser le pouvoir d'achat des « contribuables » et d'envoyer l'argent dans les caisses de l'état ?
La réponse à toutes ces questions est OUI !
C'est bien l'équivalent d'un impôt dont l'assiette est « l'ensemble des possesseurs de dollars ». Vous commencez à comprendre ? Le monde entier est dominé par le dollar, ne serait-ce que par l'achat de matières premières, mais aussi par le paiement des nombreux contrats de sous-traitance technique ou d'approvisionnement alimentaire.... Liste qu'on peut difficilement rendre exhaustive, parce qu'il faudrait y ajouter des centaines de biens de consommations et des milliards de « promesses en dollars» que sont les obligations et les bons du trésors américains.
Si on analyse, la situation sous cet angle, on comprend que les premières mesures non-conventionnelles (phase 1 à 4) s'opèrent sur le marché intérieur américain. Si ces essais de régulation au sein du territoire américain fonctionnaient, cela éviterait de devoir aller sur l'échiquier international pour y effectuer des opérations douteuses.
Si au contraire, il fallait mettre en ½uvre la phase 5, la perte de confiance envers le dollar serait immédiate et sans appel. Ce serait la fin du « dollar maître du monde ». La fin d'une époque.
Il y a quelques années, au tout début de la diffusion d'Internet à grande échelle, j'ai eu plusieurs conversations avec des américains auxquels je soulignais leur domination outrageante pour le reste du monde. Une femme m'a répondu quelque chose que j'aurais eu du mal à mettre en perspective en tant qu'européen : « De tous temps, il y a eu des périodes de domination du monde par des peuples. Les Génois, les Vénitiens, les Français, les Espagnols, les Anglais sont parmi ceux là. Aujourd'hui, ce sont les Américains ». Ce fut une sorte de révélation pour moi qui n'avait vécu que dans un schéma où les américains étaient la police du monde et avaient fini par se rendre maîtres de toute l'économie mondiale. Plus tard, en lisant des livres sur l'histoire des Etats-Unis, je me suis rendu compte que le renforcement de la politique extérieure des U.S. date du « New Deal » en 1933. Si, encore une fois, on place cela dans une perspective économique et en particulier dans le cycle de Kondratieff, on se rend compte que c'est à proximité du plus grand krach jamais constaté en bourse que les « colonies » ont inversé la vapeur et sont devenus à leur tour « colons d'un nouveau genre» : colons d'un empire économique. Cf : Doctrine Monroe et Good Neighbor Policy. Aujourd'hui, avec la monté en puissance de la Chine, on entrevoit que d'autres civilisations pourraient prendre l'ascendant sur les U.S., « Stars and Stripes » n'a qu'à bien se tenir.
L'hypothèse de la fin de « l'empire dollar » vous semble impossible ? Quels sont les ordres de grandeur :
- La population des USA est de 300 millions d'habitants, ce qui représente environ 4,5% de l'ensemble de la planète.
- les américains attirent plus de 80% de l'épargne mondiale estimée à 10000 milliards de dollars.
- Le PIB mondial est de 40000 milliards de dollars
« Ils ont déjà commencé à brûler ce qui les avait porté au firmament, mais ils ne le savent pas encore ! »
Je ne serais pas complet si je ne remerciais pas Dupilon pour son excellent éclairage sur AT-BOURSE et Robert Blumen pour son article fondateur : Bernankeism: Fraud or Menace?