aquafiestas a écrit :Une France de propriétaire est aussi une France qui consomme. Je crois qu'il ne faut pas oublier ce paramètre.
Sarkozy n'a pas décrété "Je veux une France de propriétaire" par hasard..Il a dit aussi "J'irai chercher la croissance avec les dents".
Un propriétaire et surtout un nouveau propriétaire consomme.
Quand vous rentrez dans un logement qui vous appartient vous achetez plus que de coutume, vous faites des travaux légers ou lourds, vous faites des peintures, vous faites une cuisine (et dans le neuf surtout), il manque automatiquement des meubles, d'autres ne sont plus adaptés, etc...
OK un nouveau propriétaire consomme beaucoup plus en travaux qu’un locataire, PAR CONTRE il économise sur le reste : le changement voiture est reporté, les loisirs et autres dépenses compressibles sont rognées car le nouveau propriétaire est bien obligé de composer avec son budget total qui n’a pas bougé.
C’est surtout vrai pour les ménages modestes qui fournissent le gros des troupes des primos, seuls les ménages plus aisés peuvent puiser dans leur épargne… s’ils le souhaitent.
L’impact sur la consommation globale est donc très limité voire tout simplement nul (voir les graphes ci-dessous qui illustrent parfaitement cela).
aquafiestas a écrit :
Le croissance française étant portée pour beaucoup par la consommation des ménages (qui résiste entend-t-on), le choix Sarkozien n'est pas innocent.
De quelle croissance s’agit-il
La relation vertueuse
imaginée entre l’immobilier, consommation et croissance ne se voit pas du tout dans les chiffres macros, regardons ce qu’il se passait
AVANT le « choix Sarkozien »:
AVANT 2007
Entre 1999 et 2007 (année du Pic de l’exubérance irrationnelle du marché immobilier), le montant des transactions immobilières en % du PIB a
doublé en passant à 14% du PIB.
Source : la figure 1.2 du rapport mensuel Friggit qu’on ne présente plus.
Sur la même période le PIB par habitant (SPA) en France a
baissé d’environ 6%
Source :
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/ta ... e=tsieb010
La hausse extraordinaire des prix de l’immobilier jusqu’en 2007 (basé surtout sur la hausse vertigineuse du foncier) et la forte hausse des volumes n’a pas induit de croissance en termes de PIB par habitant. Elle n’a induit qu’un transfert et une concentration des richesses.
APRES 2007
Au global la consommation des ménages stagne depuis fin 2007 alors qu’elle était en croissance continue avant. La faute à la crise certainement mais les aides à la pierre n’ont pas eu d’impact positif.
Consommation des ménages en France :
Sources INSEE :
http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=19
Si on zoome sur les biens durables avec en particulier l’équipement du logement (électronique grand publique, électroménager, meubles) que voit-on ?
Avant 2007 les dépenses en équipement du logement avait une croissance plus soutenue qu’après 2007.
On observe néanmoins une hausse de ces dépenses après 2007, hausse qui est donc
compensée par la
contraction d’autres dépenses puisque la conso globale reste stable. (Rappel : ces chiffres incluent aussi les dépenses des locataires et des anciens propriétaires qui se sont rués sur les écrans plats et les machines à expresso…. ils ont donc largement contribué eux aussi à cette hausse tout en ne bénéficiant pas des aides à la pierre). Les aides aux primos ne soutiennent pas la consommation globale.
A contrario l’effet de la « prime à la casse » lui se voit très bien sur le marché automobile comme ses répercussions sur la consommation globale : regardez les pics « anormaux » de fin 2009 sur tous les graphes (Automobiles, biens durables, conso globale)
Côté dépenses cette prime à la casse a coûté environ 390 Millions à l’état en 2009. On retrouve ces dépenses avec effet de levier sur le marché automobile.
Source :
http://www.lexpansion.com/economie/actu ... 01662.html
Sur la même période le coût pour l’état des nouvelles « aides » à la pierre (intérêts d’emprunt, PTZ) se sont envolées :
Crédit d’impôts sur les intérêts d’emprunt (le dispositif court jusqu’en 2012):
2009 : 1,6 Milliards,
2010 : 2,5 Milliards,
2011 : 3,2 Milliards prévus
Auxquels il faut ajouter le PTZ :
2010 : 1,2 Milliards
2011 : 2,6 Milliards prévus avec le PTZ+
Sources :
http://www.infosimmo.com/Fiscalite-immo ... -1013.html
http://www.latribune.fr/actualites/econ ... ation.html
(Ces chiffres se basent sur les communiqués de Bercy.)
On ne retrouve
pas du tout ces paquets de milliards dans la consommation totale des ménages. On en retrouve certainement quelques miettes dans la consommation de biens d’équipement du logement mais si la stimulation de la consommation était vraiment l’objectif recherché alors ces aides à la pierre sont particulièrement
inefficaces.
La croissance…de la dette
La politique du logement actuelle favorise l’endettement des ménages au prix de l’endettement de l’état qui les subventionne.
La seule croissance réellement et directement induite par ces
paquets de milliards est celle de l’endettement.
Pour les ménages en % de leur revenu brut :
Source
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/ta ... e=tec00104
Pour l’état français en % du PIB:
Source :
http://www.aft.gouv.fr/ bulletin mensuel août
NB : les aides à la pierre via l’emprunt ne sont qu’un « petit » contributeur à la dette de l’état, mais un contributeur de
trop.
Concocter un tel discours en 2007 était peut être dans l’air du temps ou un slogan électoraliste mais surtout c’était
AVANT la contagion de la crise des subprimes.
Nous sommes en 2010,
APRES la contagion de la crise des subprimes, il est temps d’en tirer les leçons en termes de logement et d’endettement.
En passant, un grand merci à DiscoTonio pour ses graphiques complémentaires et ses contributions à cette file.
Se loger est un besoin trop essentiel pour le confier aux professionnels de l'immobilier et de la finance