Arrêté de péril

[PepeR]

Je lance le concours: ma copropriété à Ivry est visé par cinq arrêtés de péril non levés, le plus vieux datant de 1981.
Sous Giscard. Enfin, plutôt, sous Brejnev (banlieue rouge).

Qui bat le record?

[_Niphargus_]

Pouvez vous détailler succinctement la consistance de ces 5 arrêtés de péril, afin que l'on se fasse une idée plus précise?

Il est étonnant qu'un arrêté datant de 1981 n'ait toujours pas été levé, le problème lié n'a pas été résolu en 41 ans? Ou bien s'agit-il d'un oubli?

[PepeR]

Il s'agit de deux bâtiments R+2 et R+1 sur cave fins XIXe et XVIIIe siècles, verticaux en brique et poutres en fer.

En 1981, des poutres métalliques du plancher du rez-de-chaussée et du premier étage du R+2 sont dégradées (pas plus de précision dans l'arrêté). Étaiement, levé depuis.

En 2003, un linteau en bois est pourri, par faute d'un dégât des eaux au R+2

En 2008, problèmes dans les caves du R+1.

En 2009, bis repetita toujours sur le R+1.

En 2019, corrosion des poutrelles des caves du R+2.

Toujours en 2019, dégâts consécutifs à des travaux mal réalisés dans ces mêmes caves.

On arrive à six, aucun levé. Les services techniques de la mairie sont impuissants.

La raison fondamentale: une absence de gestion collective. Chaque copropriétaire y va de ses petits travaux, ajout d'une véranda, annexion d'un couloir, fermeture des soupiraux, liaison entre la cave et le rez-de-chaussée pour faire un souplex...

Et des syndics incapables.

[pimono]

... ha les joies des copros !!
Mais c'est trop facile de mettre la faute aux syndics,

Dans le cas présent, les arrêtés paraissent venir d'une personne qui s'acharne à dénoncer la vétusté de la copro, mais pourquoi les travaux ne sont toujours pas faits ?
Pourquoi le maire n'ordonne pas le relogement des habitants si c'est si grave que ça ? Il y aussi des astreintes par jour de retard si les travaux supposés être urgents ne sont pas effectués.Pourquoi cela n'est pas mis en place ?

[Hickson49]

Mdr les boomer qui doivent pousser comme des forcats pour repousser les travaux à l'après revente, une fois les 350k de pv non imposable reçue.
Et puis tant pis pour celui sur qui la batisse s'effondrera, on est un peu dans la même logique que les chaises musicales mais à l'envers.

[PepeR]

Mdr les boomer qui doivent pousser comme des forcats pour repousser les travaux à l'après revente, une fois les 350k de pv non imposable reçue.
Et puis tant pis pour celui sur qui la batisse s'effondrera, on est un peu dans la même logique que les chaises musicales mais à l'envers.

Tout-à-fait. Quelques portraits de copropriétaires banlieusards:

- le septuagénaire provincial bricoleur qui avait investi dans les années 90 en achetant un immeuble défraichi en banlieue. Location de neuf appartements en faisant les travaux lui-même. Du coup, il avait logé un petit dealer qui aurait été retrouvé torturé dans les caves après intervention de la BAC. Une terrasse illégale, du bambou invasif planté autour de son jardin pour "protéger des regards", un tuyau PVC qui passe au milieu de ma cave sans vergogne. A toute remarque, c'est un "j'ai travaillé jusqu'à 60 ans pour avoir ça". Il n'a plus qu'un appartement mais n'arrive pas à le vendre et ne peux donc le louer. Vacance. Fatigue. Il a renoncé. Mais il paye les charges et s'en fout un peu, vivant entre ses trois maisons (ville de province, Atlantique, Corse) avec maman qui n'a jamais fait que gérer la cuisine et les gamins.

- le couple d'intermittents qui a acheté à la même date. Souvent à la maison donc se sentent les châtelains. Pas beaucoup de moyens. Mais ils comptaient profiter de la bulle immobilière de toutes les façons possibles. Annexion de parties communes, emploi fictif du fils pour sortir les poubelles, réquisition des jardins des voisins laissés à l'abandon, aménagement en chambres des caves. En tenant la présidence du conseil syndical pendant quinze ans, ce qui maquille les erreurs et fautes. Le but tacite est de revendre à prix d'or le mètre carré acheté une bouchée de pain. Les charges sont difficiles à payer.

- le bledard gentil, qui a acheté avec ses économies un tout petit pied-à-terre. Il paye, ne peut le louer, est une bonne poire.

- le bledard malin, qui loue illégalement (car arrêtés de péril). Acheté 2000F du m2, loué de gré à gré 700€ par mois, son deux-pièces est depuis longtemps amorti. Les travaux intérieurs sont faits avec les pieds, des courant d'air. Il ne paye pas les charges, mais a suffisament d'entregens pour trouver la caisse de solidarité exceptionnelle qui paiera à sa place.

- les trois cadres bobos jeunes (30 à 40 ans) qui se sont endettés en 2020 sur une bonne partie de leurs vies pour acheter 150k des deux-pièces rikikis. Qui gueulent pour préserver leurs intérêts. Qui ont fait virer le syndic et s'interrogent sur la gouvernance passée. Qui souhaitent faire les travaux, rénover, isoler. Qui comptent les années à vivre dans ce taudis avant de pouvoir fonder une famille loin d'ici. Et qui se font rétorquer que "vous, vous pouvez payer".

Une vraie Comédie inhumaine.