Statut de cheminot: "3000 euros de salaire? C'est de la pure fiction!"
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Thomas et Paul gagnent moins de 1 500 euros net par mois: 1 300 pour le premier et 1 200 pour le second. Guère plus que le Smic, donc et pas grand-chose à voir avec la moyenne de 3 000 euros brut pour un temps complet avancée par l'Insee. "C'est de la pure fiction", réagit David lorsqu'on lui évoque cette moyenne.
Mais il peut aussi y avoir des écarts d'un mois sur l'autre car le salaire composé des cheminots est composé de nombreuse primes (de nuit, de découchage..., mais pas celle dite "de charbon" qui n'existe plus depuis 1974!). Elles sont souvent là pour compenser des rythmes de travail souvent hachés et exigeants.
La prime charbon que j'entends sortie par des collegues comme argument d'avantage..
Des "plus" qui peuvent vite devenir des "moins". David affirme ainsi avoir vu son salaire diminuer de plus de 200 euros par mois depuis septembre. Avant j'arrivais à 1700 euros net, souffle-t-il. Aujourd'hui je suis à 1500 euros. Or, mon loyer est toujours le même....". "Suite à la fusion de deux établissements franciliens, certains agents sédentaires ont perdu la prime de réserve qu'ils pouvaient toucher auparavant. Ca pouvait représenter 15% de leur salaire. Les horaires d'ouverture de gare réduits ont aussi fait chuter les primes de nuit"
Sur les 3200 euros net qu'il gagne chaque mois, environ 40% est en variable. "Si je me casse une jambe, je retombe à 1800 euros, même chose quand je pars en vacances. Ces carottes, c'est pour assurer notre présence",
Mais le quotidien n'est pas toujours simple. "Je commence certains jours à 3h30 pour préparer le train, la semaine suivante en début d'après-midi... La journée est censé durer 7h38, mais elle peut aller jusqu'à 9h30-10h en fonction des besoins. Pendant tout ce temps, on est seul au monde. On peut avoir zéro pause. C'est parfois usant", raconte-t-il. Son temps de travail est annualisé et il bénéficie au total de 116 jours de repos, parfois non consécutifs et pas systématiquement le week-end, 10 repos compensateurs (équivalent au RTT) et comme les autres salariés français à temps plein, les cheminots ont droit à 28 jours de congés payés par an.
Un avis partagé par David, agent commercial de 28 ans, qui rêve de devenir conducteur. "On est bloqués. C'est très difficile d'avoir une mutation. Pour aller en province, on nous répond qu'il y a dix ans d'attente. Si on ne gueule pas, on n'a rien". "On est entrés dans l'entreprise avec des contraintes sur les horaires et avec des avantages en contrepartie. Mais il ne reste plus grand chose. On voit de plus en plus d'agents qui démissionnent, notamment les plus jeunes. À partir d'un certain âge on est coincés", estime de son côté Patrick.
"Tout est compliqué ici, se désole Patrick. Cela fait plus de six mois que mon portable professionnel sur lequel on m'appelle pour les astreintes est cassé, raconte-t-il. Le niveau des infrastructures ne suit pas. On manque de techniciens-réparateurs et de conducteurs. On est en sous-effectif chronique."
"On n'arrive plus à faire rouler les trains, se désole-t-il. Les techniciens ont cédé la place aux commerciaux. On est au moment où ça se voit. Avant quand un catener lâchait, on ne mettait pas trois jours à la réparer et quand ça se passait sur un réseau sud, ça n'affectait pas le nord comme aujourd'hui."
"Certes, on a droit à la gratuité partielle sur les billets de train, mais ça ne fait pas tout, prévient David. Je n'en profite pas: je fais les trois huit."
les "facilités de circulation". Chaque cheminot a droit à son "Pass Carmillon" qui lui permet de se déplacer dans certains trains gratuitement ou de ne pas payer la réservation dans les TGV. Les conjoints et les enfants entre 12 et 21 ans ont, eux aussi, droit à 90% de réduction sur l'ensemble des lignes. "Alors ça, ils peuvent nous l'enlever s'ils le souhaitent, de toute façon je ne m'en sers que très rarement. En vingt ans, ça doit se compter sur les doigts d'une main", répond Armand en haussant les épaules.
2e poncif le plus fréquent sorti pour les avantages..
. "Je suis prêt à faire grève, mais pas un mois car pendant ce temps-là, je ne suis pas payé, relativise David. Et le gouvernement a dit qu'il était prêt à faire face." Thomas, lui, se dit prêt à faire un ou deux jours de grève, "pour le principe et par conviction", mais il n'ira pas au-delà. "Avec mes 1300 euros, vous pensez vraiment que je peux me permettre de me priver de salaire pendant plusieurs jours ?", demande-t-il.