Sud Ouest 16/10/2013
Installez-vous au milieu de la place Gambetta, à Bordeaux, et devinez quelle distance une famille avec deux enfants et disposant d’un revenu d’environ 2 800 euros net par mois doit parcourir pour trouver un logement à prix abordable. Réponse : 40 kilomètres. Au-delà de cette distance par rapport au centre de l’agglomération, « l’effet métropole » s’estompe et les prix de l’immobilier commencent à baisser. Mais évidemment, quand on est poussé à s’éloigner autant pour se loger, on supporte des frais induits et de lourdes contraintes : déplacements plus longs, coût du carburant, nécessité d’avoir une ou plusieurs voitures.
Un débat ponctué d’interventions marquantes, comme celle d’une responsable de la Caisse d’allocations familiales de la Gironde, qui a parlé des « enfants 7-7 » : « C’est une catégorie que nous voyons apparaître de plus en plus souvent, celle des enfants que leurs parents déposent à la garderie le matin dès 7 heures et qu’ils ne récupèrent pas avant 7 heures du soir. » Cela parce qu’ils vivent en lointaine périphérie, à la recherche d’un meilleur coût d’habitat, mais avec un mode de vie dominé par la longueur des déplacements.
La première motivation de ceux qui viennent chez nous, c’est : “Je veux acheter, comment faire ?” Les deux tiers des gens cherchent un terrain pour faire construire. Ils s’adaptent avec un budget logement de 800 à 900 euros par mois. La principale variable d’ajustement, c’est la distance par rapport à la métropole.
Des conclusions assez étranges...Pour Alain Bessède (Crédit foncier), le constat est identique : « Le prix moyen de l’acquisition dans la CUB est de 230 000 euros, alors qu’il n’est que de 130 000 hors CUB. Nous avons considérablement augmenté la durée des prêts. Vingt-cinq ou trente ans, c’est devenu courant.
Densifier c'est plus cher à la construction mais moins cher à l'usage. Construire du pavillon en centre ville c'est bien mais pour 200m² d'emprise au sol permettant de loger une famille en individuel combien pourrait on en loger en collectif avec un R+4 ?Partant d’un tel constat, comment fait-on pour permettre aux ménages de se loger dans le Grand Bordeaux ? Première piste : on redonne droit de cité à la maison individuelle, le mode d’habitat le plus recherché mais qui semble banni des plans d’urbanisme, au profit du collectif. Selon Cyrille Vivas (syndicat des aménageurs lotisseurs), il n’est ni plus cher ni moins dense que les autres.
Deuxième piste, liée à la première : améliorer la maîtrise du foncier par la collectivité, via la création d’un établissement public à l’échelle de l’agglomération.
Troisième voie, enfin, avancée par Yannick Billoux : ne pas considérer que la densification est du dogme. « Densifier à tout va revient plus cher et crée des problèmes de voisinage », affirme-t-il. Or, la densification reste le principe moteur des politiques d’urbanisme de la CUB.
Au final la solution serait de rajouter une strate avec un "établissement public à l’échelle de l’agglomération", nous sommes sauvés (d'ailleurs il existe déjà une structure pour le projet des 50 000 logements)...