http://www.slate.fr/story/126821/louis- ... graphiques
Il y a de très bon graphique qui résume assez bien l'état des choses actuels et un passage sur notre sujet préféréSans doute l'essai de sociologie le plus riche et déprimant de l'année, «La spirale du déclassement» de Louis Chauvel veut nous faire passer un message: faute de sortir du déni, le déclassement des classes moyennes va se poursuivre jusqu'à un niveau politique préoccupant.
Pourquoi vous ne pourrez pas racheter le logement de vos parents
Durant la décennie 2000, l’indice des prix de l’immobilier a quasiment doublé. Or cette donnée est la plupart du temps évacuée dans le calcul des inégalités en France. La prise en compte du patrimoine est le révélateur chez les classes moyennes d’«une distorsion croissante, préalable à un écartèlement, voire une rupture de continuité, entre les classes moyennes dotées d’un substantiel patrimoine net, sans remboursement de prêts, par opposition aux autres, propriétaires endettés ou locataires, dont les conditions économiques d’existence sont d’une tout autre nature.»
Pour ceux qui étaient propriétaires au début de la période d’envolée, celle-ci représente «des opportunités de plus-value longue du patrimoine d’une intensité historiquement inédite depuis le XIXe siècle.» Et les plus-values d’un patrimoine de plus de 200.000 euros représentent sur dix ans un apport correspondant à la moitié du revenu des ménages.
Le déclassement se vit ici comme la prise de conscience pour un individu qu’il n’aurait pas les moyens d’acheter un bien comparable à celui de la génération de ses parents. De quoi très sérieusement nuancer la clameur qui nous vient du marché immobilier, du banquier, des proches sans oublier les suppléments des magazines hebdomadaires: «C’est le moment d’acheter!» Car ce que les suppléments Immobilier ne mentionnent jamais, c'est qu'«il conviendra de travailler deux fois plus longtemps pour acheter le même bien» et qu'un scénario plausible est que «les acquéreurs des années 2005 et suivantes pourraient s’être lourdement endettés pour connaître au bout du compte des plus-value moins favorables» que leurs aînés ou leurs collègues héritiers.
… Ni vivre dans la même commune qu’eux
Le déclassement générationnel et le renchérissement de l’immobilier conduisent la population déclassée à décliner sur l’échelle horizontale des classes sociales, ce qui a une traduction dans le sens horizontal de la géographie résidentielle.