Pour passer du coût au prix, il faut accepter implicitement un lien causal, ou tout au moins une corrélation, entre
ces deux mesures qui, bien qu'elles s'expriment dans la même unité, sont deux grandeurs essentiellement différentes : le coût
matérialise des contraintes physiques ( pétrole, géologie ), le prix est l'expression d'un accord et n'est connu qu'au moment de
la transaction réelle. Cela vaut au moins pour une matière première non nécessaire, ce qui est le cas de l'or dont les détracteurs ont souvent souligné l'inutilité.
Exact, et c'est bien en quoi il faut souligner que l'or est un PONZI. Son prix ne repose que sur la capacité à attirer de nouveaux entrants sur le marché, par une promesse qui, ainsi, et seulement ainsi, s'auto-réalise. Sans la moindre production ou création de richesses intermédiaires. Exactement comme pour un schéma de Ponzi.
Il y a deux volets dans l'analyse :
- il n'y a pas lien causal automatique entre le coût d'extraction et le prix de vente
- même quand il y a un lien causal, il n'y a pas nécessairement un prix plancher fixe lié à un coût d'extraction fixe, mais toujours une possibilité d'ajustement tendant vers zéro (c'est ça, la déflation).
En fait, c'est comme lorsque nous discutions du principe de réserve fractionnaire : ce n'est pas l'offre de crédit qui s'assèche, c'est la capacité à venir y boire.
Tu deviens Keynésien, quoi.
(Parce que rappelons que le keynésien ne se pose pas la question de l'expansion perpétuelle de l'offre de crédit mais bien la question de la capacité des gens à venir en boire. Ce sont des keynésiens qui ont découvert et inventé ce concept et notamment la trappe à liquidités.
En effet, et c'est grosso modo le même processus qui joue pour le prix de l'or papier et de l'or physique (sans doute à deux endroits un peu différent) : la quantité d'ânes qui viennent boire. Sachant que là, cette quantité est moins affaire de capacité (qui sont grandes) que d'envie (qui est volatile) dépendante d'un arbitrage constant avec les autres actifs, dans un contexte, rappelons-le,
non-inflationniste et dans un contexte également où l'économie n'est quand même pas encore complètement dévastée.
Et il arrive un moment où la mythologie seule ne suffit plus à faire tenir une bulle.
Enfin, le dernier élément, c'est que la plupart des analystes Bull sur le Gold n'ont absolument RIEN COMPRIS au fonctionnement du système monétaire (et je parle pas des hurluberlus comme Lo2, là, je parle des gens sérieux). Système monétaire qui, en étant basé essentiellement sur des lignes de crédit plutôt que sur une augmentation quantitative de la monnaie franche (le "billet") fabriquent une inflation du prix des actifs seulement. Une inflation qui porte en elle le germe de sa propre extinction en cas de surchauffe, et qui rend toute hyper-inflation purement mécanique impossible en l'état.
Après, vouloir avoir absolument raison, en dépit du bon sens, oblige à un certain sens de la contorsion. Et ça explique les articles bizarres des troldeux de ces derniers jours, cherchant une explication rationnelle ou un coupable extérieur à l'éclatement de cette bulle. Alors que l'essentiel de cette explication est simple, et très bien connu des gens de ce forum, spécialisé dans la question d'éclatement des bulles spéculatives : il arrive un moment où la hausse spéculative d'un prix fabrique une tension sur le rapport offre/demande qui permet le renversement du système de croyance. Et Paf la bulle. Là, on vient d'assister à deux jolis spécimen avec le Bitcoin et l'Or, ces quinze derniers jours. Et dans les deux cas, ça n'a pas l'air d'être fini.
Les deux ne sont pas des refuges contre l'économie casino, mais bien des composantes avec lesquelles l'économie casino s'amuse.
Go out, stay out. Sauf si vous êtes joueur et prêt à perdre beaucoup d'argent, bien sûr.
Et que vous n'avez aucune intention d'en faire quelque chose de socialement utile ou d'humainement intéressant.
Si c'est le cas, si vous n'avez rien de mieux à faire que ça, la question pour vous n'est pas de savoir s'il y a bulle ou pas mais plutôt de savoir ou vous vous situez dans la phase de la bulle : sur un "bear-trap" précédent une phase d'emballement spéculatif, ou sur un "bull-trap" faisant suite à une phase de déni et s'inscrivant dans un processus de "back to normal". Dans le premier cas, il y aura de l'argent à gagner. Dans le second, tout à perdre.
Moi, je vous laisse, j'ai poker.
Les gouvernements européens se font Marché dessus.