supermascotte a écrit : ↑30 avr. 2020, 17:31
RFK1 a écrit : ↑30 avr. 2020, 14:24
Oui Supermascotte, cette "subsidiarité" de la dette publique pour prendre le relais des monnaies-dettes privés quand elles se contractent avait été relevé par le Boston Consulting Group en 2010, et par Richard Koo de Nomura la même année.
Il ne faisait que vulgariser ce que tu dis, c'est à dire que ce qui compte c'est le
cumul des agrégats de monnaie-dettes comptabilisés par la BRI : dettes des ménages, immobilière, entreprises non-financières, entreprises financières et enfin administrations publiques.
5 agrégats dont la somme DOIT augmenter exponentiellement ou le système est détruit. Or, il
ne peut pas ne pas s'autodétruire car il repose sur une exponentielle d'intérêts composés qui finit par se découpler avec la production RÉELLE de biens et de services, qui est une fonction des matières premières exploitées par un rendement énergétique qui doit être croissant (EROEI positif ou c'est mort). Le point de non retour à été franchi au milieu des années 2000, avec le pic
conventionnel.
Le reste, covid inclus, n'est qu'une série (effondrement catabolique) de condiments
conjoncturels ajoutés à ces ingrédients
structurels.
C'est pour cela que je parle d'appauvrissement généralisé (même si inégal), car le symbole monétaire n'est qu'une fiction.
C'est ce que je pensais avant. Mais au final, je n'en suis plus si sûr. La majeure partie de la masse monétaire reste purement et simplement dans les marchés financiers, d'où l'inflation des actifs financiers et immobiliers. C'est à la fois une bonne chose, parce qu'on a pas le début du commencement d'une quelconque inflation, et une mauvaise chose puisque ça ne contribue que très partiellement à l'amélioration de l'économie réelle.
Les politiques monétaires "classiques" actuelles des banques centrales servent pour l'essentiel à :
1) racheter les obligations souveraines et donc permettre aux états de continuer de s'endetter sans explosion des taux d'intérêts
2) Apporter de la liquidité aux banques et améliorer sporadiquement leurs bilans.
Ni l'un ni l'autre ne contribuent franchement à une hausse de l'inflation. On l'a bien vu depuis 2008, l'inflation n'a pas bougé d'un poil malgré l'augmentation du bilan des Banques centrales.
Et pour cause, il faut revenir à la définition même de l'inflation. L'inflation c'est lorsque les prix augmentent. Et les prix augmentent lorsque la demande excède l'offre. Autrement dit, pour qu'il y ait inflation, il faut que les gens gagnent plus d'argent et consomment davantage alors même que l'offre de biens de consommation et de services reste constante. Or c'est tout le contraire qui a eu lieu ces dernières années, les salaires ont stagné tandis que l'offre de biens est surabondante.
Après, si on devait basculer pour de bon dans la MMT (modern monetary theory), là par contre, il serait possible que ça change la donne.
Si les banques centrales commençaient à faire ce qu'il s'est passé aux USA, à savoir distribuer de l'argent directement aux ménages américains (helicopter money) et que dans le même temps on a une stagnation voire un effondrement de la productivité, là il y a moyen que l'inflation reparte. On aura peut-être une réponse d'ici quelques temps.
PS : l'inflation est une bonne chose. Mais comme toutes les bonnes choses, il faut en abuser à petite dose. Une inflation de 2-3% c'est très bien. Par contre une inflation qui s'emballerait à 4-5%, voire au-delà, là il faudrait s'inquiéter.
La notion d’inflation doit être vue dans un sens globalisé. Ce n’est pas parce que vous versez de l’argent crée sans contrepartie que vous aurez une inflation car :
1) la production de biens est mondialisée, notamment en Chine. Leur problème a de tout temps été d’employer leurs immenses capacités + leurs réservoirs de MO encore inutilisés (campagnes), et non celui d’une surchauffe. En outre il y’a plein de pays derrière qui attendent leur tour pour devenir atelier du monde (reste de l’Asie, Afrique).
2) la production de services aussi, grâce aux flux migratoires. Ex : le déversement de liquidités pour maintenir à flot le marché immo entraîne une demande forte en construction et entretien. On aurait pu s’attendre à une extrême tension sur les salaires des locaux compétents, or il suffit de visiter les chantiers pour voir que peu de gens y parlent français.
On peut dire la même chose pour l’ingénierie et l’informatique : en l’absence d’effectifs suffisants en France d’informaticiens et d’ingénieurs (et de fuite des cerveaux des diplômés des Grandes Écoles du Top 5), on recrute des ingénieurs et cadres techniques venus du Maghreb notamment (étudiants étrangers les plus nombreux en France : les marocains).
3) Enfin, les acteurs eco sont de façon générale pessimistes et tous, comme vous ici, se demandent pourquoi tout ne s’est pas encore cassé la figure. Du coup, même en distribuant de l’hélicoptère money, celle-ci est en grande partie épargnée (—> bulle financière et immo).
Ainsi quand bien même on donnerait 1M€ à chaque français, rien n’indique que ça sera dépensé illico chez Carrefour, mais plutôt en bien d’investissement ou dans une faible mesure en biens durables (voitures, le secteur auto a énormément profité du boom de la dette gratuite piloté par la BCE depuis 2016).
L’helicopter money c aussi laisser les états « combler les trous » à chaque trou d’air économique. On l’a vu en beauté lors de la crise du Covid : fonctionnaires payés, salariés payés à 84% et même les indépendants indemnisés. Et ça va continuer jusqu’en 2021 pour tous les secteurs tres impactés.
J’appelle ça helicopter money, car la BCE prête aux états (indirectement certes) en sachant que pas le moindre euro ne sera jamais remboursé.
Alors, jusqu’où ça peut aller ?
Ce n’est pas une illusoire inflation qui arrêtera cela. On aurait pu penser à des problématiques de taux de change. Or les autres grandes zones monétaires font exactement pareil (dollar, yen, et même la Chine de façon discrète). Du coup la dévaluation générale finit en statu quo des taux de change.
Tant qu’il y’a aura du commerce international, des flux migratoires et des matières premières, le système continuera, aussi absurde peut-il sembler.
Lequel des 3 facteurs calera en 1er ?