ProfGrincheux a écrit : ↑03 juil. 2021, 09:23
L'article constate sur des exemples que les théories standard de l'inflation tombent en défaut. En particulier la théorie monétariste. Or, la justification traditionnelle de l'indépendance des banques centrales - et de leur mandat- est précisément la théorie monétariste.
Voici la conclusion:
Patrick Artus a écrit :Ne faudrait-il pas alors construire une nouvelle théorie de l’inflation ? Qu’est-ce qui détermine l’inflation si ce n’est ni, à court terme, le chômage et les politiques de soutien à la demande, ni, à long terme, la création monétaire ? L’inflation résulte-t-elle alors d’une norme sociale de hausse des salaires ? Ou s’agit-il d’un équilibre autoréalisateur de l’inflation anticipée ? Ou faut-il adopter une théorie « néo-fisherienne » ? Pour l’économiste américain Irving Fisher (1867-1947), les taux d’intérêt réels reflétant à long terme les caractéristiques structurelles des économies, c’est le choix des taux d’intérêt nominaux par les banques centrales qui détermine à long terme l’inflation. Une politique monétaire durablement expansionniste ferait donc… baisser l’inflation ! Ce qui est l’inverse des idées aujourd’hui en vigueur.
Je pense que le «
game changer » est dans l’indexation des salaires. Celle-ci ne deviendra une nécessité que si la hausse des prix est perçue comme durable et généralisée.
Sans cela, « l’inflation » n’est en réalité qu’un ensemble de hausses de prix (énergies, produits frais) à chaque fois réversibles.
Je propose une revue par catégorie :
1) Énergies et matières premières de ce qui est encore produit en France : les hausses font mal à l’économie, au profits, sont plus ou moins répercutées dans les prix mais ne sont pas répercutées dans les salaires —> ralentissement cyclique, baisse de la demande, retour de ces prix à des niveaux acceptables. On a vu cela en 2007, en 2011.
En réalité ces hausses, difficilement répercutables, sont plutôt déflationnistes car elle diminuent les profits et in fine les salaires.
2) Produits manufacturés importés : la part du produit dans le prix final est insignifiante (jean produit pour max 5€, vendu 100€ en boutique, monture de lunettes à 1€ vendue 200€) —> aucune inflation significative possible, même si les producteurs se mettaient à doubler ou multiplier leur prix.
3) Services et biens à forte composante en main d’œuvre locale (ex: fruits et légumes) : leur prix sont en hausse constante, tout en étant notoirement sous-évalués car ils sont loin d’inclure toute la protection sociale des salariés. Le sous-financement des retraites et de la sécu est pour l’instant, et de plus en plus, assuré par l’endettement des Etats.
Tant que la combine fonctionne, là non plus pas de risque d’inflation.
4) La monnaie : on pourrait penser qu’en faisant en ultime de recours de
l’hélicopter money, il y aurait eu un accroissement significatif de la demande pouvait entraîner des tensions sur les prix. Ce qui s’est passé après le Covid montre que c’est pas si simple :
L’hélicoptère a surtout profité aux salariés stables et déclarés susceptibles d’épargner, pas aux plus précaires. L’argent distribué est donc massivement allé dans l’épargne ou bien a maintenu la valorisation des actifs (paiement des loyers). Ce qui a servi à couvrir les besoins des plus précaires n’est pas significatif (on relance pas la demande à coup d’achat de paquets de riz). Bien sûr il va y avoir ca et la des tensions temporaires sur certains produits hédonistes (vacances, voitures) mais l’offre va vite se réajuster et utiliser les capacités excédentaires.
Donc j’ai beau chercher, je vois pas d’où l’inflation viendrait.
Ceci dit je vous conseille cette interview :
https://www.boursorama.com/videos/actua ... d197b44a4b
Le message à retenir est : s’il y avait un retour de l’inflation (l’indexation des salaires sera déterminante) il sera tout simplement impossible de lutter contre.