Quelques articles pour éviter de tomber dans l'anti Chavisme primaire qui semble régner ici comme ailleurs et mettre un peu plus d'objectivité dans le flot des critiques.
1- Sur la répression policière,
https://www.les-crises.fr/venezuela-un- ... estations/
Pratiquement tous les médias internationaux nous parlent chaque jour des morts qui se sont produits au Venezuela, très peu nous disent la vraie raison (2) de ces décès, certains contournent simplement ces informations, tandis que d’autres, sans vergogne, accusent le gouvernement ou “groupes chavistes” pour les meurtres. Il est vrai qu’il y a eu au moins trois personnes qui ont été tuées par l’action d’effectifs de police. Cependant, dans aucun de ces cas, ces derniers étaient affectés à la couverture des manifestations. Et surtout, aucun d’entre eux a reçu l’ordre de tuer. Après ces événements, tous les fonctionnaires impliqués ont été arrêtés et poursuivis en justice. Le reste des décès (dont plusieurs sont des agents chargés de l’ordre public) ont été tués par des manifestants de l’opposition.
Rappeler aussi que les manifestants n'ont rien à envier à ceux de Chareleston dans le sens où ils immolent en priorité les noirs, soupçonnés par défaut d'être chavistes.
2- La guerre économique par la pénurie est une technique bien documentée :
https://www.les-crises.fr/la-guerre-eco ... e-lemoine/
Prenant acte du fait qu’on ne pouvait compter sur un soulèvement populaire pour renverser Fidel Castro, le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires internationales Lester D. Malory conseilla dans son rapport du 6 avril 1960 : « Le seul moyen prévisible de réduire le soutien interne passe par le désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques (…) Tout moyen pour affaiblir la vie économique de Cuba doit être utilisé rapidement (…) dans le but de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement. » Le 3 février 1962, dans le but d’étrangler l’île, John Fitzgerald Kennedy annoncera la mise en place de l’embargo
Mais aussi avec plus de succès au Nicaragua et au Chili.
La pénurie au cœur des élections », titre et développe Libération, le 2 novembre 1984
Ce n’est donc pas le pétrole en soi qui constitue un problème, mais le fait que si les devises se trouvent initialement et en quasi-totalité entre les mains de l’Etat c’est parce que le secteur privé, moteur autoproclamé d’une économie « dynamique » et « efficace », se limite (dans le meilleur des cas) à fournir par l’importation le marché intérieur, en prenant une confortable marge au passage, et ne participe quasiment pas à l’accroissement de la richesse nationale. Plutôt que d’investir, il n’a pour préoccupation que de récupérer le magot et de l’utiliser à son profit.
Une fois ce cadre global établi, on cherchera l’erreur : depuis qu’en 2003 a été instauré un contrôle des changes pour éviter la fuite des capitaux, les entreprises privées ont reçu de l’Etat 338,341 milliards de dollars pour l’importation de biens et de services. En 2004, alors qu’elles ont disposé à cette fin de 15,75 milliards de dollars, on n’a constaté aucune pénurie. En 2013, alors que la somme attribuée a quasiment doublé pour atteindre 30,859 milliards de dollars, les principaux biens essentiels ont disparu [6]. Doit-on parler de magie ? Peut-être. Mais, dans ce cas, de magie noire.
3- sur la propagande de guerre et la diabolisation de l'ennemi (Maduro ici)
https://www.les-crises.fr/et-ca-recomme ... venezuela/
Rappelons les principes de la propagande de guerre que l’historienne Anne Morelli a énoncés à partir des écrits durant la guerre de 1914 du député travailliste Arthur Ponsonby :
Nous ne voulons pas la guerre.
Le camp adverse est le seul responsable de la guerre.
Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l’affreux de service »).
C’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers.
L’ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c’est involontairement.
L’ennemi utilise des armes non autorisées.
Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l’ennemi sont énormes.
Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause.
Notre cause a un caractère sacré.
Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.
On voit très facilement que la plupart s’appliquent parfaitement à la guerre de communication livrée actuellement dans nos médias contre le gouvernement vénézuelien (quoi qu’on pense de lui).
Pour ma part et d'après ce que j'ai pu en comprendre, si Chavez et Maduro se sont certes laissés influencés par une idéologie nocive pour l'économie vénézuélienne, il faut comprendre que la politique alternative proposée par l'opposition renverrait immédiatement une grosse partie de la population dans la misère et l’analphabétisme (ce n'est pas pour rien que le terme "analphabète" est utilisé par les riches vénézuéliens pour décrire les pauvres).
Entre deux maux, il faudra que le Venezuela choisisse le moindre.
Pour rappel la situation du Venezuela est la même qu'avant le chavisme, à ceci près :
- L’espérance de vie est passée de 72 ans en 1998 à 75 ans en 201411.
- L’indice de développement humain est passé de 0,699 en 2000 à 0,764 en 201312.
- Entre 1998 et 2013, l’accès à l’eau potable a augmenté de 15%13.
- Entre 1999 et 2014, le chômage est passé de 11% à 5,6%14.
- Le nombre d’établissements de santé est passé de 4 957 en 1998 à 13 372 en 2014. Autrement dit, 8 415 établissements de santé ont été construits en 16 ans15.
- L’accès à l’éducation secondaire a augmenté de 27,1%16.
https://blogs.mediapart.fr/filip-fi/blo ... e-de-b-m-3