Source: lefigaro.fr
Date: 07/06/10
Lien: http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010 ... spagne.php
Vive la croissance à l'espagnole, tant vantée par nos politiques il y a peu...Les Espagnols paient les folles années de boom immobilier, de spéculation à tout-va, où les promoteurs ont bâti des millions de m² dans des projets pharaoniques, où les banques ont ouvert tout grand les vannes du crédit, porté par des taux d'intérêt attractifs. Comme plus de 80% des Espagnols, José Maria Molina a investi son salaire dans la pierre. «J'ai décidé d'acheter un appartement parce que le remboursement du crédit ne me coûtait pas plus qu'un loyer», explique-t-il. Tout l'y encourageait: les avantages fiscaux, l'offre abondante et la fameuse «cultura de la propriedad», culture de la propriété. En Espagne, un loyer était considéré comme une dépense et l'achat d'une propriété comme un investissement rentable… enfin jusqu'à la crise. José Maria en a fait la cruelle expérience. Employé d'une compagnie d'alarmes de sécurité, il a toujours honoré sa dette consciencieusement, payant chaque mois «entre 400 et 500 euros». Une somme fluctuante, puisqu'en Espagne l'immense majorité des crédits immobiliers sont négociés à taux variable. Ils sont indexés sur l'Euribor, le taux de prêt interbancaire de la zone euro… la montagne russe assurée. En 2008, José Maria a perdu son emploi. «Quand j'ai été licencié, j'ai eu droit à huit mois de prestations chômage. Ensuite, je n'ai plus reçu aucune aide.» Il a cessé de payer la banque pendant neuf mois, puis son logement a été saisi. Aujourd'hui, José Maria est revenu vivre chez sa mère. À 42 ans. Même scénario pour José Coy, qui avait créé une petite entreprise dans le textile dans la région de Murcie. Sa propriété, achetée à crédit, servait de garantie à d'autres prêts qui finançaient son activité. Mais en avril 2009, il a dû fermer boutique, victime de la mondialisation. D'un coup, il s'est retrouvé sans entreprise, sans emploi et bientôt sans contrôle de son appartement. José, qui remboursait chaque mois 720 euros, a tenté de renégocier ses crédits. Mais prise dans la tourmente financière, la banque qui lui avait accordé ses prêts si facilement ne veut désormais plus rien entendre. Dans un an, sa propriété sera mise aux enchères, sur le marché, morose, de l'immobilier espagnol. En attendant, José Coy a décidé de se battre: il a pris la tête de la Plateforme des victimes du crédit de Murcie et revendique de pouvoir céder son bien en dation à la banque en échange de l'effacement de sa dette.
Vive la France de propriétaires à tout prix