Mon avis est que de nouvelles elections donneraient le même résultat.
Si l'Espagne a mis 35 ans a mettre un terme au bipartisme, ce n'est pas en lui redemandant de voter qu'elle va changer d'avis. Et ce n'est pas un référendum où on répond tantôt à une question, ensuite à une seconde question.
Dans une élection, on ne répond pas à des question, On exprime sa coloration politique. Ça marchera pas comme en Grèce de forcer une seconde élection.
Je peux me tromper mais le plus probable c'est qu'on ne saura jamais si une nouvelle élection aurait donné un autre résultat. Il n'y en aura pas, ou le résultat sera le même. Ensuite, je ne vois pas les nouveaux partis disposés à remettre leurs sièges en question, ni les anciens à les risquer. C'est déjà assez cuisant pour eux.
Ça m'étonnerait. Convoquer des nouvelles elections suppose d'avoir derrière une tradition multipartiste, comme en Belgique. Or l'Espagne n'a pas cette tradition. La page est tournée. Elle continuera droit devant et trouvera sa propre façon de gérer le multipartiseme.
En y réfléchissant, mon analyse (et mon pari) est plutôt qu'on assistera à un développement original, et rapide d'une nouvelle façon de faire de la politique "de rue".
C'est à dire, l'apparition de mouvements d'opinion politique de base, avec des manifs, des grèves, des débats.
C'est un courant de fond en Espagne. Les Podemos se sont hissés en deux élections sur la lame de fond des indignés. Ils sont parfaitement capables d'organiser des grèves, des manifs, efficacement et sans faire chier le monde comme en France.
C'est à dire, ils sont capables d'en faire un outil de dialogue social. Je vois assez bien les Espagnols aller méthodiquement à la grève le mercredi (par exemple), à la manif tous les dimanches, et passer leur vendredi-samedi soir à discuter politique en prenant des tapas. Ensuite, pendant la semaine, les policitiens prennent la mesurent de la participation, les élus votent en conséquence, et les Gvt appliquent le programme.... de la rue.
C'est un peu exagéré mais je le pense, qu'en l'absence de majorité stable, d'un programme de gouvernement venu d'en haut, c'est simplement l'opinion publique qui va commencer à faire un programme venu d'en bas: à marquer le calendrier politique, la succession des Gvts de coalition formés pour répondre à une demande publique, puis la censure, ou refonte des ministères, puis une autre coalition. Et ainsi de suite.
On aura des mouvements d'opinion qui imposeront le calendrier politique aux gouvernements.
Comme en France, en réalité, où on légifère selon les coups de sang des Français, ou dans les pays à majorités instables comme en Italie (enfin, les Italiens ont préféré que Bruxelles leur choisisse le Gvt)
Reste à construire ce genre de politique, sur le principe des mouvements d'opinion publique.
Justement:
C'est exactement ce que Podemos sait parfaitement faire. Et AMHA, il a toutes les raisons de vouloir le faire.
Ils ne sont que 3ème en sièges. Ils n'ont pas de possibilité de gouverner. Que fait-on ?
On en appelle au mouvement d'opinion: on organise des manifs.
Podemos es intellectuellement formé à l'école de la Lutte ouvriere. Mouvements de masse. De rue.
Et ces élections sont la preuve qu'ils savent s'y prendre,
Les mairies de Madrid et Barcelone sont philo-podemites. Les pays basques et catalans, avec l'exception des nationalistes, le sont aussi. Il n'y a que l'Andalousie qui a conservé son fief.
Résultat, l'organisation logisitique de grosses manifs ou de grèves à portée nationale, bien médiatisées, est parfaitement à la portée des Podémites. Je ne crois pas qu'ils vont s'en priver-
Une fois la "politique d'opinion publique" enclenchée par les Podémites, les autres partis devront s'y mettre à leur tour. Parce que aucun n'ayant la majorité, tous vont avoir besoin de s'appuyer sur l'opinion majoritaire de la rue.
Par exemple, ce pourrait être des manifs podémites pour empêcher que Rajoy ne devienne président.
Auxquels les PP et PSOE répondent par d'autres manifs. A la fin, on tombe d'accord pour des manifs pour réformer l'immobilier. Puis la santé. Et les retraites. À chaque fois les partis se retrouvent autour d'un programme à court terme, en fonction des priorités imposées à force de manifs. Aucun n'ayant de majorité, c'est la manif la plus grosse qui leur dira quand est-ce qu'il faut voter le compromis négocié et expliqué dans la semaine.
Bref, un ou plusieurs Gvt de coalition qui se forment puis se dissolvent au fur et à mesure des priorité imosées à force de manifs ou de muvements d'opinion. En l'absence de majorité stable, c'est la société civile qui conserve le pouvoir de faire ou de défaire. L'absence de tradition démocratique ancienne est même un atou, je trouve.
Je trouve que c'est un moment très intéressant. Pas seulement en Espagne. Pour toute l'Europe.
L'Espagne n'a pas la taille de la Grèce, ou de l'Irlande, ou du Portugal.
Je trouve aussi que les analyse ntellos que je lis dans la presse FR et Européenne pataugent complètement
Elles sont à la limite hilarantes à tel point on voit transparaître la complicité européenne avec le bipartisme.
Les Gvts européens sont d'ailleurs inquiets: si j'ai raison et que jamais l'Espagne arrive a mettre sur pied un système politique où les Gvt qui commencent à appliquer ce que demandent leurs électeurs, c'est mal parti pour la bien-pensance européenne.
On va commencer à voir se mettre en marche l'appareil de propagande, comme pour Syriza, je parie
Enfin, ce sont les réflexions que je me fais depuis hier.
J'espère que ça ira dans ce sens.