Sifar a écrit :
sylroll a écrit : on évitera peut être l'échec Allemand.
Je ne sais pas comment tu arrives à écrire ça sans exploser de rire.
Je peux
note : je viens de voir ton nouveau post j'y reviendrai peut être si il y a lieu
A : Donc je vais juste commencer par quelques préambules :
http://etudiant-economie.over-blog.com/ ... 16827.html
Les mercantilistes se sont intéressés à la relation entre la croissance économique (richesse des nations) , et le commerce extérieur.
Pour comprendre l’approche de cette relation par les mercantilistes, il convient de présenter tout d’abord leur conception de valeur et de richesse (A), ensuite de mettre en évidence les procédés d’accumulation de cette valeur (B).
A- Richesse : stock d’or et d’argent
Dans l’analyse mercantiliste, la richesse est définie en terme de stock comme une accumulation de valeur, c'est-à-dire de métaux précieux (Or et argent).
B- Procédés d’accumulation d’or et d’argent : Commerce extérieur, industrialisation et politiques protectionnistes
Les penseurs mercantilistes prônent l’enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur, qui permet de dégager un excédent de la balance commerciale (la différence entre les exportations et les importations doit être positive).
Pour accroître les gains au commerce extérieur, le pays doit investir dans des activités économiques à rendement croissant (la création d'industrie doit permettre d'exporter des produits manufacturés à forte valeur ajoutée), d'une part, et appliquer des politiques protectionnistes.
En effet, dans cette conception, l’Etat a un rôle primordial grâce à la mise en place de politiques protectionnistes. Il s’agit principalement d’établir des barrières tarifaires (exemple : droits de douanes) pour décourager les importations qui entraînent une sortie de métaux précieux, et en encourageant les exportations qui conduisent à une entrée de métaux précieux.
Il faut noter que l’idée mercantiliste dominante, qui considère que le stock de richesse est fixe et que la seule façon d’accroître la richesse d’un pays doit se faire au détriment d’un autre, a alimenté les périodes de conflits armés des XVIIe et XVIIIe siècle (le commerce extérieur est un jeu à somme nulle ou les exportateurs sont les gagnants et les importateurs sont des perdants).
Donc ça c'est la définition.
On peux noter deux éléments importants :
1) L’Allemagne n'a pas de mesures particulièrement protectionnistes.
2) L'accumulation de l'Or
Sur le point 1, l'Allemagne n'a pas de mesures protectionnistes mais en retour elle joue sur deux leviers : La consommation intérieur et l'
hinterland qui n'est évidemment pas en zone euro, ce qui permet à l’Allemagne de prôner un euro fort sans en subir la contrepartie.
Sur le point deux on notera que l'étalon Or n'est plus, donc en retours de bien solide et consistant on reçoit des bons de trésor qui ne sont somme toute qu'une promesse d'achat. En ce sens (tout théorique) dans la théorie libérale les déséquilibres des balances commerciales sont neutre tout comme l'accumulation de l'épargne (qui est une consommation différée).
B : Mais pourquoi cette volonté mercantile ?
Ici une très bonne analyse :
http://euro-crise.over-blog.com/article ... 99387.html
Selon la définition classique d’Elie Hecksher (1955), un des grands penseurs du commerce international du XXe Siècle, le mercantilisme peut se définir comme une politique visant à assimiler la défense des intérêts politiques d’une nation à la recherche d’un excédent commercial permanent. Cette vision rejette l’idée libérale d’un équilibre commercial automatiquement bénéfique à tous en fonction des avantages comparatifs de chaque partenaire (théorie de Ricardo) et promeut l’intervention de l’Etat pour soutenir les industries exportatrices. Un des principaux penseurs du mercantilisme comme politique de développement des industries naissantes est allemand : il s’agit de Friedrich List qui a fortement influencé les pays d’Asie du sud-est dans leurs politiques de développement.
La justification du mercantilisme dans les théories économiques est plus ou moins vague, les premiers auteurs mettant en avant l’importance politique du surplus commercial comme un signal de puissance relative vis-à-vis des autres puissances au XIXe Siècle. Au XXe Siècle, les auteurs marxistes verront dans le surplus commercial le moyen de discipliner la société en maintenant les salaires bas et en compensant le manque de consommation interne par les marchés extérieurs.
Dans le cas de l’Allemagne, l’analyse historique met en évidence une réelle tradition mercantiliste, mais aussi un accroissement de cette tendance depuis les années 1950. Pour Sergio Cesaratto, « une économie tournée vers l’exportation a été une décision délibérée de l’élite allemande après la seconde guerre mondiale". En 1953, par exemple, Ludwig Erhard (i.e. le grand architecte en tant que ministre des finances du « miracle économique allemand » de l’après-guerre sur des bases « ordo-libérales ») déclarait :
« le commerce extérieur n’est pas une activité spécialisée pour quelques-uns qui s’y engageraient, mais le vrai cœur, et même la pré-condition, de notre ordre économique et social »
Or, le concept d’ordre social est très fort dans la vision ordo-libérale de l’après-guerre : il s’agit « d’une économie, d’une société, d’un corps politique structuré, librement choisi et non dictatorial ». D’un certain point de vue, la politique allemande confirme donc l’intuition des auteurs du début du XXe Siècle qui voyaient dans le surplus commercial un moyen de discipliner la société. En France, c’est l’Etat qui arbitre entre syndicats et patronat. Aux Etats-Unis, c’est le marché. En Allemagne, c’est le solde commercial !
L’étude de Sergio Cesaratto est donc éclairante en montrant bien combien le néo-mercantilisme allemand est une composante structurelle de la politique allemande, de son économie et de son ordre social. Cette citation d’un auteur français (issue d’une contribution d’un économiste italien) résume bien ce constat :
« Le choix de politique économique de la République fédérale dans l’après-guerre en matière de change et de stabilité des prix n’a fait que réitérer et élargir l’orientation vers l’extérieur de l’économie allemande qui est un héritage historique de l’empire allemand. Les succès à l’extérieur de la RFA ont eu un effet positif sur les relations économiques et sociales à l’intérieur de l’Allemagne, confirmant les thèses des historiens de l’Allemagne impériales selon lesquelles l’ordre domestique était une condition nécessaire pour les projets extérieurs de l’empire qui, en retour, renforçaient l’ordre interne ».
Une autre spécialiste française de l’Allemagne, Anne-Marie Le Gloannec, écrivait également en 1980 :
« la croissance économique de la RFA, orientée vers l’exportation, a été entretenue par une véritable « mystique » qu’aucun groupe social n’a réellement remise en question ».
C : On est où maintenant ?
On a tous vu ce graphique :
Avec ici l'analyse de O.Berruyer :
http://www.les-crises.fr/synthese-des-mouvements-bce/
L’explication est en fait très simple : ces soldes TARGET2 sont en fait simplement la matérialisation des déséquilibres des balances commerciales.
C’est même évident : quand, comme en 2011, la France a un déficit commercial de 35 Md€ avec l’Allemagne, il y a des conséquences… Quand une entreprise espagnole achète une machine-outil à l’Allemagne, on est dans les cas précédemment décrits : les banques doivent solder leurs positions.
Avant l’euro, il y aurait eu une fonte des réserves de la Banque d’Espagne, qui aurait obligé le pays à réagir, par exemple en dévaluant. Mais ce n’est plus le cas depuis l’euro.
Bien entendu, les déficits commerciaux ne sont pas apparus en 2010 ! Jusqu’alors, ils n’apparaissaient pas au niveau des Banques centrales, car les banques commerciales se payaient avec des titres.
Par exemple, il y avait donc “aspiration” de l’actif des banques espagnoles par les banques allemandes, contrepartie naturelle du déficit commercial. Ennuyeux pour les banques (mais il y a logiquement des conséquences négatives à un déficit commercial…), mais c’est logique et, surtout, pas très dangereux à moyen terme.
Mais comme les banques allemandes refusent désormais ces titres, et que les banques espagnoles n’ont plus beaucoup d’actifs de très bonne qualité, le système se grippe férocement : il y a des dettes qui continuent à se générer, mais il n’y a physiquement plus de quoi les payer.
Par ses opérations de fourniture de liquidités, la BCE est alors intervenue, et s’est en quelque sorte “interposée” entre les 2 banques commerciales, “apportant de la confiance”.
Elle a créé de la monnaie centrale, l’a prêtée aux banques du Sud, qui ont payé leurs dettes aux banques du Nord, qui ont déposé cette monnaie à la BCE – d’où les soldes TARGET2 dans les comptes des banques centrales.
COMPRENONS BIEN : on voit les soldes TARGET2 exploser mi-2011, et les commentateurs analysent cela comme “il y a un brutal transfert de liquidités entre pays”. Mais c’est faux. Il y avait pratiquement les mêmes en 2009 et 2010, sauf que cela se passait “normalement”, via le marché interbancaire, et étaient cachés. Comme ce marché s’est bloqué, les banques passent par la BCE, d’où une apparition des soldes, mais le phénomène de base était pré-existant depuis longtemps, passant par un autre canal.
Ces interventions de la BCE ont un peu soulagé le secteur bancaire, mais bien évidemment, il n’y a rien de magique, et in fine, peu de choses ont changé : les banques du Sud doivent désormais des sommes colossales à la BCE, qui les doit aux banques du Nord.
Ou dit d'une autre manière :
http://euro-crise.over-blog.com/article ... 97381.html
Bien évidemment, le système bancaire allemand a investi ses surplus dans le monde entier, mais l’Union européenne représente la vaste majorité des engagements interbancaires (67% dont 45% au sein de la zone euro). En outre, à l’intérieur de l’Eurozone, il est possible de mettre en évidence une surpondération relative des engagements dans certains pays. L’Autriche, le Luxembourg et les Pays-Bas ressortent comme des pays privilégiés pour les engagements interbancaires allemands, contrairement à l’Italie et la France. S’agissant des pays périphériques, l’Espagne et le Portugal ressortent bien comme des pays surpondérés, et surtout l’Irlande. Rapporté au total des engagements interbancaires allemands, « l’excès » d’engagement financier sur ces trois pays peut être estimé à 21 Md€ à la fin 2010 par rapport au poids économique de chaque pays dans la zone euro.
Pour l’Allemagne, il s’agit d’engagements financiers importants part rapport au total des engagements interbancaires (l’exposition vis-à-vis de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal et de l’Espagne représente 91 Md€ soit 27% des engagements vis-à-vis de la zone euro). Surtout, ils représentent pour chaque pays périphérique un afflux externe d’investissement très significatif (14% du PIB en Irlande, 7% du PIB au Portugal, 5% du PIB en Espagne).
Quels ont été les investissements des banques irlandaises, espagnoles et portugaises dans le passé ? Majoritairement des achats de titres de dette publique de leur Etat et des investissements dans le secteur immobilier domestique. Deux débiteurs aujourd’hui surendettés.
Messieurs les Allemands, que sont devenus vos excédents commerciaux ?
En Europe ils ont été investis dans des systèmes bancaires insolvables. Aux Etats-Unis (84 Md€ d’engagements interbancaires fin 2010), ils ont été la contrepartie d’actifs financiers complexes notés AAA dont la valeur n’est aujourd’hui plus calculable … Pas étonnant que votre système bancaire soit en faillite et que vous ne vouliez pas qu'il soit soumis à des stress-tests transparents de l'Union européenne !
D’une certaine manière, les Allemands construisent des belles voitures vendues à l’étranger en contrepartie d’actifs financiers « pourris ».
Tout ça pour ça !
Conclusion : Nous somme a la rencontre de deux grandes bêtises théorique d'un côté celle d'un mercantilisme qui est sensé prouvé la
supériorité de certaine nation (Allemagne/Chine) fussent elle au détriment de sa population et d'un autre côté une vision libérale ou le système de la concurrence tout et partout à ouvert la porte à une compétition acharnée de tout sur tout, et où le mot même de coopération est devenu une injure. Et ou seul le moins disant à une chance de s'en sortir. Tout est jugé à l'aune de l'efficacité économique, que seule la loi du marché serait en droit de rectifier.
Bref la crise parfaite...
Je n'ai rien contre les allemands, je pense qu'ils ont tous faits pour être les meilleurs dans notre monde moderne, et ce sincèrement. Mais à un moment l'efficacité sans réflexion profonde peut amener dans le mur. C'est bien de former des ingénieurs mais c'est dans des moments comme cela que l'on si dit qu'un peu de"penseur", "philosophe", "historiens","sociologue", bref les "branle-c..." c'est peut être utile...
Mais en se la jouant mercantile avec sa propre zone monétaire, sur un système d'échange de devise, on récolte que ce que l'on mérite pour leur part des supers bon du trésor grecque, espagnol, italien, portugais, qui risque en retour de provoquer une sacré inflation en retour, chose que visiblement ils voulaient absolument éviter...
ironie quand tu nous tiens.
Morale : Quand tu commerces avec un pays prends soins de lui...et le pire c'est que le peuple allemand risque d'en vouloir aux grecs, aux espagnols, aux portugais, aux irlandais, etc... alors que c'est à leur dirigeants qu'ils devraient s'en prendre.
Ceci ne dédouane en rien les autres nations et j'en aurais autant à dire sur notre belle patrie