Goldorak2 a écrit :[...]
La pouvoir de la finance
OK, elle ne résoudra rien, mais force est de constater qu'elle a le pouvoir.
Les agences de notation, les anciens de Goldman, les lobbys bancaires, le prix des obligations, etc.
Elle est en partie la cause des problèmes, et elle est la solution temporaire.
La Fed possède 70% de la dette court terme des US. 70 % !!!!
C'est pour cela que les appels se multiplient pour que l'Allemagne assouplisse sa position et "permette" à la BCE (même si elle est indépendante) de racheter des titres d'état.
Bien sur, elle ne résoudra pas les problèmes structurels (son poids excessif, inutile et dangereux, l'accroissement des inégalités dans la distribution des revenus, l'endettement des acteurs publics dû à leur mauvaise gestion, etc.).
Mais son action, comme tu l'écris, peut permettre de faire durer les choses en l'état pendant longtemps.
Le pouvoir du peuple
Les mouvements des indignés et des OWS, ainsi que l'indique un édito du dernier Enjeux Les Echos, s'apparente à un lent mouvement de fond pouvant être extrèmement puissant. On l'a vu au maghreb, et dans tout le monde arabe.
La victoire de l'euro, des dirigeants actuels, et du fédéralisme
Ceux qui sont pour l'euro arrivent tous à la conclusion qu'il faut du fédéralisme.
Même l'allemagne, qu'il s'agisse de la droite-CDU-Merkel ou de la gauche SPD. Leur gauche serait prête à des transferts, la droite n'en veut pas parcequ'elle veut d'abord un fédéralisme budgétaire, elle veut que les éventuels déficits ou transferts entre pays aient une contrepartie immédiate qui serait la perte de souveraineté budgétaire pour celui qui est trop dépensier et qui a besoin d'aide. Ca devient une mise sous tutelle.
En fait, le fédéralisme est une course en avant vers l'unité européenne. Peut-être que ceux qui ont mis en place peu à peu la construction de l'europe (CECA, CEE, maastricht, euro, etc.) avaient dès le début ce "plan" ou cette stratégie en tête. Peut-être que non (je n'ai jamais été partisan des théories du complot).
En tout cas, face aux disparités entre les pays, la seule solution constructive est le fédéralisme.
Au-delà de l'intervention de la BCE souhaitée par les politiques Français - et surement les grecs, espagnols, italiens - qui ne résoud rien aux problèmes de fond, c'est le fédéralisme qui est la solution"technique" partagée par tout le classe dirigeante actuelle (droite et gauche modérées de tous pays, ici compris).
L'allemagne, qui est moins cour-termiste que nous car ses emprunts ne sont pas encore en danger, l'a mieux compris que les autres, et elle "négocie" son aide contre plus d'intégration.
La Grande Bretagne l'a aussi très bien compris, et comme ils ne veulent ni euro ni perdre en souveraineté face à Bruxelles, ils envisagent de tout quitter, de revenir simplement à un accord de libre-échange.
L'éclatement de l'euro
La négociation en cours est extrèmement serrée.
D'un côté, seule la monétisation peut éviter le crash immédiat du système (faillite d'états, faillite de banques, etc.).
L'allemagne ne veut pas lâcher et veut imposer la discipline budgétaire.
Il faudrait avoir une compilation des sondages dans les différents pays sur l'euro.
Sans cela, je m'aventure à penser que fondamentalement, les gens préfèreraient que l'euro marche plutôt que de tout casser, mais il y a deux limites : comme tu le dis, les peuples n'ont pas envie de perdre leur souveraineté, et ils n'ont pas envie non plus que les mesures d'austérité soient insupportables.
Il y a donc clairement deux possibilités à l'éclatement de l'euro :
- l'un des peuples faibles en a trop marre des mesures d'austérité, et se révolte, ou vote "non" à un référendum sur l'euro, ou élit un anti-euro.
- l'allemagne a tellement peur de la monétisation que son peuple, ou ses politiques avec son peuple décident d'en sortir. J''ai déjà lu à plusieurs reprises que le coût pour les allemands serait énorme, et qu'à la fin ce serait finalement plus rentable pour l'allemagne de faire un chèque en euros, plutôt que de quitter l'euro. Comme tu l'indiques très bien, l'économie allemande n'est pas si bien que cela. Ils sont endettés comme la France (près des 90% du PIB) et sont très dépendants de l'export. Sortie de l'euro = arrêt net des exportations, pour des raisons culturelles (les mercedes se feront vandaliser dans tous les pays) et monétaires (du fait du renchérissement de l'euro-mark). Mais le peuple Allemand, pas plus que les autres, n'est pas économiste. Et surout l'allemagne aussi a un paquet de dettes !!! Soit ils sont géniaux et vont arriver à se la rembourser tout seuls avec rigueur et austérité, soit ils vont aussi être obligés de monétiser...
J'ai vraiement beaucoup apprécié
cet article de J. Sapir que tu as posté, sur les scénarios inévitables menant à la chute de l'euro. C'est extrèmement bien construit et argumenté.
Ayant fait des recherches, et vu qu'il était à fond à gauche, j'ai cherché à identifier son opposé, pour pouvoir comparer les opinions, et tenter de m'en faire une perso. J'ai alors identifié Eric le Boucher, Directeur de la rédaction d'Enjeux les Echos. Ce dernier vote clairement pour le fédéralisme à de multiples endroits dans son dernier numéro. Je lis les Echos chaque jour, je suis donc surement sous forte influence, mais je suis ouvert et les idées de Sapir sont une
excellente référence.
Donc on en revient à la finance my dear.
En réfléchissant, monétisation is the only way, with or without euro.
L'allemagne, qui prend le risque de se faire détester par tout le monde n'en veut pas et elle a raison : elle se souvient de l'histoire et de l'échec hyper inflationniste de la république de weimar, m'enfin elle ne pourra pas arrêter à elle seule ce phénomène planétaire qui la dépasse totalement puisque potentiellement 100% des pays de la planète font de la monétisation. Même si la BCE est en Allemagne, je ne pense pas que Angela Merkel et Mario Draghi vont laisser l'Euro faire faillite. L'Euro est le "fonds de commerce" de la BCE et elle ne peut pas le tuer comme ça. D'ailleurs, elle y vient peu à peu à la monétisation : peu à peu, elle rachète des bonds, elle se fait prier, mais elle est obligé d'y aller, pays par pays, milliard par milliard. Draghi l'Italien qui a oeuvré pou r que l'Italie rejoigne l'Euro ne pouvait pas acheter des titres de l'état Italien 2 semaines après avoir pris la tête de la BCE. Donc il a attendu 3 semaines (sic), que les taux flambent vraiement au-dessus de 7%. La BCE est dans la même logique qu'Angela : elle veut obtenir des consession budgétaires et n'y va que très doucement pour forcer les bénéficiaires de ces rachats à la discipline budgétaire. C'est une négociation quasi-chantage "je t'aide mais tu fais ce que je veux avec ton budget".
Intime conviction
Au-delà des aspects monétaires, de la technique financière, mon intime conviction depuis longtemps est que les imperfections du système capitaliste-financier actuel (hypertrophie de la sphère financière et inégalités de revenus) doivent être et seront corrigées, elle seront corrigées par ceux qui dirigent le système actuel, ou par les peuples qui reprendront la main d'une manière ou d'une autre. Et quand je vois les G20 et les hausses de TVA, je me dis que les dirigeants de tout bord et de tous les côtés de la planète se mettent peu à peu à dos leurs peuples.
Un gouvernement d'union nationale est un gouvernement qui allie tous les partis. Face à un big problème, tout le monde s'unit pour permettre au pays de faire face à la crise. C'est vers quoi on se dirige lentement, puisque la Grèce vient d'en mettre un en place. Si ça marche pas, si c'est inefficace, aïe aïe aïe, c'est dictature ou révolution.
La balance commerciale, ou plutôt la balance des paiements
Je crois comprendre ce que tu en dis : il y a des déséquilibres économiques (un pays produit plus ou moins, importe plus ou moins, est plus ou moins compétitif). Ces déséquilibres ont subsisté par l'endettement. Mais ils ne peuvent subsister éternellement. Il doit y avoir réajustement. La dévaluation est le moyen le plus direct, le plus simple et le plus efficace. C'est une sorte de protectionnisme.
Mais il y a un truc en moi qui occulte totalement le mot "protectionnisme". Peut-être mes lectures. Protectionnsisme est synonyme de guerre pour moi. Parceque chacun se replie sur soi, doit rejeter l'autre pour survivre. Puisque l'autre est rejeté, l'étape suivante est de se battre avec lui, pour le voler ou le punir de nous avoir volé, parceque tout processus de repli est intrinsèquement source de conflits.
Voici deux articles sur les guerres de l'opium, montrant l'impact entre balance commerciale et guerre :
http://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/ROUX/11590 et
http://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A ... de_l'opium
On parle beaucoup de guerre potentielle entre les US et la Chine, tous les ingrédients du film d'épouvante sont réunis : guerre des monnaies, des civilisations, des systèmes politiques, emprunteur/créancier, puissance en déclin/puissance en devenir, course aux appros de matières premières. Purée j'ai pas du tout envie de ça.
Pour essayer de conclure positivement, et de construire
J'ai pas assez de culture en histoire. La clé est surement quelque part dans les livres d'histoire.
Il y a eu un numéro spécial d'Enjeux les Echos sur le printemps des peuples au 19ème siècle. Sans facebook ni twitter, les peuples d'europe se sont tous soulevés à la même époque vers 1848. J'ai retenu 2 choses :
1-la cause du soulèvement est toujours la hausse du prix du pain. Un peuple peut accepter de fortes inégalités, que les dirigeants se gavent sans limite, mais il doit avoir à bouffer. "du pain et des jeux", c'est pas nouveau. Nous sommes des animaux, si on a pas à bouffer, l'instinct de survie physique nous pousse à nous battre.
2- les soulèvements n'ont pas engendré de changements politiques majeurs, ils ont tous été jugulés, recadrés, récupérés d'une manière ou d'une autre par l'élite politique en place.
En conclusion, les solutions pour sortir de la crise sont, selon moi :
1- dans tous les cas, monétiser tout de suite car c'est la seule solution qui permet d'éviter une explosion immédiate de tout le système
2.1- organiser (version Sapir) une sortie ordonnée de l'euro, afin que les inégalités économiques puissent être régulées "financièrement" par la dévaluation
2.2- ou bien organiser (version Le Boucher) l'aboutissement de la construction européenne, afin que le fédéralisme puisse palier "politiquement" les inégalités économiques
3- dans tous les cas, organiser une réforme profonde du système, combiner les forces des 99% d'indignés avec les forces des responsables parmi les 1% comme warren buffet le milliardaire qui veut payer plus d'impôts et qui décrie le système financier (pas comme Soros qui critique aussi la finance, qui à ma connaissance parle pas d'impôts, et qui s'est gavé en spéculant et non en investissant sagement comme buffet).
L'objectif est de réguler la finance et de mieux répartir les revenus.
Bref, ce sont les déséquilibres (des échanges financiers, des échanges commerciaux, des échanges de revenus) qui ont entraîné la crise, ces déséquilibres doivent et seront corrigés. Comme tout projet de conduite du changement, ces déséquilibres doivent idéalement être corrigés avec souplesse et fermeté, avec du rythme mais sans brutalité, avec détermination et adhésion.
Sincèrement, Sweet.