source:les-crises.fr
date:19/10/2013
A suivre, plusieurs articles de M. Allais. Très intéressant. Il ne fait pas que décrire la problématique mais propose une solution.
Perso, je suis très proche de son analyse et de ces solutions. Du coup j'ai eu envie de tout quoter.
Je suis retombé sur tout une série d’articles de Maurice Allais (le seul prix Nobel français d’économie) que je partage avec vous – ils sont étonnants de lucidité… Début d’une série qui paraîtra le week-end ce trimestre…
Ce premier portant sur la mondialisation est dans le Figaro du 27 décembre 1999 – à une époque où on pouvait encore critiquer férocement le système et être publié dans un grand journal
En rouge: il parle de ceux qui font produire à bas coût, et revendent à côut plus bas que si c'était produit en France(ou autre pays développé). Au passage, la marge est plus grande. Et bien sûr si on produit ailleurs, l'industrie en France disparait avec le chômage qui va avec + augmentation des inégalités. Les "Happy few" vont se gaver avec, comme exemple de symptôme voyant, le développement du luxe.Mais, pour qui analyse objectivement les faits, la réalité, toute différente, est éclatante.
Depuis maintenant vingt-cinq ans que l’Organisation de Bruxelles poursuit inexorablement une politique de libre échange mondialiste, l’économie française se caractérise, au travers de fluctuations conjoncturelles, par des tendances de fond: la destruction des emplois, la destruction de l’industrie, la destruction de la croissance. Quelle est la cause profonde de cette évolution ? C’est incontestablement la politique de libre-échange mondialiste mise en œuvre depuis 1974 par l’Organisation de Bruxelles, à la suite de l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, le 1er janvier 1973. Personne à ce jour n’a été capable d’en donner une autre explication en accord avec les données de l’observation.
Les pays à bas salaires représentent aujourd’hui des milliards d’hommes et leur compétition dans un monde de libre-échange ne peut qu’entraîner dans les pays développés un nivellement des salaires vers le bas et une explosion du sous-emploi, la destruction de l’industrie et la destruction de la croissance.
La mondialisation de l’économie est certainement très profitable pour quelques groupes de privilégiés.Mais les intérêts de ces groupes ne sauraient s’identifier avec ceux de l’humanité toute entière. Une mondialisation précipitée et anarchique ne peut qu’engendrer partout instabilité, chômage, injustices, désordres et misères de toutes sortes, et elle ne peut que se révéler finalement désavantageuse pour tous les peuples.
Au regard de l’ensemble de l’évolution constatée en France de 1974 à 1997, soit pendant vingt-trois ans, on peut affirmer aujourd’hui que cette évolution se poursuivra si la politique de libre-échange mondialiste de l’Organisation de Bruxelles est maintenue.
De l’ensemble des analyses de cet article et de ceux qui l’ont précédé résultent quatre conclusions tout à fait fondamentales :
- une mondialisation généralisée des échanges entre des pays caractérisés par des niveaux de salaires très différents aux cours des changes ne peut qu’entraîner finalement partout, dans les pays développés comme dans les pays sous-développés, chômage, réduction de la croissance, inégalités, misères de toutes sortes. Elle n’est ni évitable, ni nécessaire, ni souhaitable.
- une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés et de développement économique et social comparable.
- il est nécessaire de réviser sans délai les traités fondateurs de l’Union européenne, tout particulièrement quant au rétablissement d’une préférence communautaire.
- il faut, de toute nécessité, remettre en cause et repenser les principes des politiques mondialistes mises en œuvre par les institutions internationales et tout particulièrement par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Il est bien certain que la France ne peut avoir d’avenir que dans le cadre européen, mais ce cadre ne saurait se réduire ni à la domination illimitée et irresponsable des nouveaux apparatchiks de Bruxelles, ni à la vaste zone de libre-échange mondialiste ouverte à tous les vents, ni à une domination de fait des Etats-Unis, eux-mêmes dominés par le pouvoir plus ou moins occulte, mais très puissant, des sociétés multinationales américaines.
Un p'tite remarque concernant directement Allais. C'est ce genre de propos qui a permis à certain de cataloguer Allais comme proche du FN. Le problème est qu'il se décrivait comme protectionniste, libérale et socialiste. Au final il a bien été mis au placard sans qu'on réussisse à le discréditer.En fait, le principe d’une préférence communautaire a une validité universelle. Seul, en effet, l’établissement d’une préférence communautaire sur des bases libérales peut permettre à chaque organisation régionale de s’assurer une indispensable protection contre les perturbations extérieures et contre les effets pervers d’une mondialisation excessive des échanges.
Dans les 20% restant, on peut sans prendre trop de risque parler des matières premières qui nous manque contre des produits manufacturés FR ou simplement des produits manufacturés dont la France décideraient de ne pas investir pour créer une industrie qui va de pair.Un objectif raisonnable serait que, par des mesures appropriées, et pour chaque produit ou groupe de produits, un pourcentage minimal de la consommation communautaire soit assuré par la production communautaire. La valeur moyenne de ce pourcentage pourrait être de l’ordre de 80%. C’est là, au regard de la situation actuelle, une disposition fondamentalement libérale qui permettrait un fonctionnement efficace de l’économie communautaire, à l’abri de tous les désordres extérieurs tout en assurant des liens étendus et avantageux avec tous les pays tiers.
Il avait prévenu bien plus tôt (que 1999) du désastre vers lequel on se dirigeait.Les faits sont éclatants. L’analyse économique les confirme et les explique. Les faits, tout comme la théorie, permettent d’affirmer que, si la politique de libre-échange mondialiste de l’Organisation de Bruxelles est poursuivie, elle ne pourra que nous mener au désastre.