Excellent article. Assez pointu.
Alors, quel libéral êtes-vous?
Difficile de représenter le contenu avec des quotes.
La décomposition du libéralisme.
Ainsi, le libéralisme est aussi devenu une idéologie qui nie ses propres principes et en particulier le libre développement du plus grand nombre. C’est à l’évidence le cas du neo-libéralisme qui prône la liberté complète des capitaux et des marchés financiers, mais aussi le libre-échange intégral. Ce neo-libéralisme a trouvé sa pierre philosophale dans un raisonnement qui ramène l’économie à un système entièrement probabiliste, le projet de la « nouvelle économie classique »[38]. C’est lui qui donne aujourd’hui cette figure haïssable du libéralisme, où le plus grand nombre est soumis à une volonté de la minorité qui camoufle ses appétits sous le masque de phénomènes prétendument naturels. Loin d’avoir promu l’intérêt général ou l’intérêt des plus pauvres[39], le libre-échange fut au contraire un moyen pour « tirer l’échelle » sur laquelle voulait monter les pays en développement[40]. En fait, la problématique du développement s’avère être autrement plus complexe que ce que les partisans du libre-échange veulent bien en dire. Les travaux d’Alice Amsden[41], Robert Wade[42] ou ceux regroupés par Helleiner[43] montrent que dans le cas des pays en voie de développement le choix du protectionnisme, quand il est associé à de réelles politiques nationales de développement et d’industrialisation[44], fournit des taux de croissance qui sont très au-dessus de ceux des pays qui ne font pas le même choix. Le fait que les pays d’Asie qui connaissent la plus forte croissance sont aussi ceux qui ont systématiquement violé les règles de la globalisation établies et codifiées par la Banque mondiale et le FMI est souligné par Dani Rodrik[45].