lecriminel a écrit :Jeffrey a écrit : Que se passe-t-il si chaque décision accroit la satisfaction de Félix de 50% alors que celle des autres ne croit que de 1% ? Faut-il la préférer à un choix où la satisfaction de Félix croit de 2% et celle des autres de 1,01 % ? Il n'y a pas de réponse formelle à cette question en théorie.
je ne comprends pas votre discussion à toi et Wolfgang,
la question à mon avis n'est pas tant de la distribution optimale des richesses
Qui n'existe pas, comme on vient d'en discuter.
Moi je ne cherche ici qu'à faire comprendre en quelques posts, donc quelques lignes pas si compliquées que cela, que la lutte contre les inégalités doit utiliser les bons arguments exacts. Ce que vous dénoncez n'est pas un système inefficace, mais un système considéré ici comme injuste. On peut très bien dire que ce système est injuste, mais pas dire aussi radicalement qu'il est inefficace.
Et si on dit qu'il est injuste, il faudra bien définir ce que l'on entend comme ce qui est juste. Et ensuite expliquer correctement comment concourir à cette justice.
Si on ne fait pas cela, on se fourvoie éternellement. On écoute des bonimenteurs politiques qui nous vendent un monde plus juste, et en réalité ils ne définissent pas ce qui est vraiment juste, et on ne sait pas comment atteindre correctement un monde plus juste. Ca devrait rappeler des situations vécues.
lecriminel a écrit :
que la nature de la distribution (aujourd'hui, essentiellement des rentes basées sur des compromis avec des dirigeants corruptibles, alors que l'argent devrait etre un encouragement à faire des choses efficaces).
Alors là, je suis bien d'accord. Cela rejoint ce que disait guyomette également; Tu viens de parler de l'argent comme d'un encouragement, une récompense en sorte.
L'argent est un support d'échange de valeurs, les valeurs sont convenues entre parties. Elles n'existent pas en tant que telles. D'ailleurs, même pour l'argent lui même, tout le monde ne lui accorde pas la même valeur.
Le monde est ce qu'il est parce que les gens conviennent entre eux de s'arranger comme ils s'arrangent. Ce n'est pas la position de "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes" que je défends, c'est seulement pour faire remarquer que nous introduisons dans nos discussions une valeur morale. La valeur morale n'a rien à voir avec l'efficacité du système.
lecriminel a écrit :
Instinctivement, on sent que l'accumulation de capital (essentiellement de la part de parasites en France, mais en réalité c'est aussi le cas pour ceux qui profitent d'un marché mal équilibré: qui pense que Zidane ou des marchands de sommeil méritent ce qu'ils gagnent ?) est mauvaise: injuste et inefficace.
Mauvaise, et injuste, je suis d'accord. A condition encore de définir ce qui est injuste, comme je le dis ici.
Mais inefficace, c'est une erreur de le revendiquer, parce qu'en face (tiens en face, les gens sont-ils d'ailleurs réellement en face, contre nous ou avec nous ?), donc en face, ils ont beau jeu de suivre une logique d'efficacité, qui ne colle pas avec le sentiment de justice.
Ce n'est pas l'efficacité qui est en cause, c'est le sens de la justice. Mais ce sens de justice doit-il s'imposer aux autres, à toute la communauté ?
Dans une entreprise, si une seule personne est capable de faire ce que 10 autres ne peuvent pas faire ensemble, est-il juste de la payer 10 fois plus ou pas ? En tout cas, il sera efficace de la payer cinq fois plus si elle n'accepte de faire son travail qu'à ce prix.
Tu pourras toujours me dire que cela n'existe pas, mais figure toi que si, c'est courant de trouver des gens deux, trois ou cinq fois plus productifs, ou plus efficaces que d'autres, et travaillant ensemble;
Tu pourras toujours me dire alors qu'il suffit de la remplacer par une autre qui accepterait d'être payée comme tout le monde, mais là, tu tombes dans la logique d'exploitation, celle d'un système que tu dénonces.
lecriminel a écrit :
Le mainstream/medias/pensée unique, je ne sais trop comment le definir, pose comme donnée que la situation est juste sous pretexte de marché libre (si, si meme en France ils osent sortir cet argument), ce qui pousse les gens à se concentrer sur l'efficacité (et c'est vrai qu'à priori, plus l'argent est mal reparti, plus l'economie tousse et les apprentis sorciers en sont reduits à faire des QE), mais si on distribue l'argent justement, la ventilation devra etre meilleure.
Je ne partage pas exactement ce point de vue, comme je viens de l'expliquer. Je pense que la première chose à faire, c'est de réfléchir longuement et avec soin à la question de la justice. Plus d'égalité ? plus de mérite ? Plus de protection ? Plus d'obligations collectives et individuelles. Les solutions techniques, les mesures d'ajustement, c'est de la technique, ce n'est pas ça le fond du problème. amha