Boeuf1803 a écrit : ↑01 juil. 2022, 19:33
sawaï a écrit : ↑01 juil. 2022, 18:22
Sauf changement non relevé de ma part, la BCE rachète sur le marché secondaire, donc lors de l'achat c n'est pas elle qui fixe un taux, ni le pays mais le marché.
Ensuite, pour ne pas complètement ouvrir les vannes et induire de l'inflation, la elle se limite aux pays du Sud. Donc c'est moins bien pour les pays du nord : l'absence de cet acheteur va contribuer à renforcer la remontée de leurs taux.
Enfin, ça a beau être de l'argent gratuit, ça n'en reste pas moins de l'argent et on aimerait (enfin j'aimerais) que cela soit démocratiquement validé. Comme un budget. On peut toujours rêver.
Ok merci c’est un peu plus clair. Mais pourquoi la BCE ne prête-t-elle pas directement à ces pays ? Ça reviendrait au même (BCE détient la dette) et on aurait la main sur les taux. Quel intérêt de se priver de ça ?
2 points cardinaux de la doxa monetaire dominante sont :
1/ Il faut une banque centrale.
2/ Cette banque centrale ne doit pas avoir de caractere politique (sauf au sens strict de sa politique monétaire à mener, initialement principalement axée en zone euro au maintien d'une inflation faible à 2%) et doit être indépendante du pouvoir politique.
Le point 1 fait consensus il me semble.
Le 2eme resulte de précautions d'expériences passées pas très heureuses ou le pouvoir politique a fait mumuse avec la monnaie. Weimar bien sur mais pas que. D'ou l'exclusion des banques centrales de la sphere politique, et l'interdiction de prêter directement.
Ceci dit le pret direct a pu bien se passer (En France pendant les 30 Glorieuses par ex.).
En plus ça ne se passe pas bien de nos jours : les déséquilibres budgétaires et économiques entre zones monetaires ne sont plus vraiment jugulés par l'inflation (encore moins au sein de la zone euro ou la monnaie unique interdit tout ajustement de ce type entre pays membres) mais par la dette.
Pourtant la crainte de la dette est censee etre le repoussoir à deficit selon la doxa dominante. On voit ce qu'il en est.
Mais alors pourquoi ce choix par nos élites de continuer dans une voie qui ne marche pas? C'est habituel chez eux, mais ça n'explique pas tout.
On peut noter que les 2% d'inflation sont déjà politiques en soi. C'est une regle macro favorable aux affaires (stabilité, ce qui est benefique), ainsi qu'aux détenteurs de capital, aux rentiers. L'inflation tue la rente dit on.
Le financement des états sur les marchés financiers fait faire des affaires aux banquiers, et en plus la menace des problèmes de financement à court terme sont un moyen très efficace à la disposition des milieux d'affaires pour tordre le bras des pays qui n'iraient pas dans le "bon" sens ou qu'on passe à la moulinette neolib sur une bonne occasion (Ex.: la Grece).
On comprend donc que la vertu économique soit un prétexte, et l'hyper inflation un repoussoir commode à tout retour à des règles moins accomodantes pour les possédants. Avec un fond de justifié : il faut eviter l'hyperinflation mais c'est tout.
Enfin, des aspects pratiques du prêt direct aux etats posent des problèmes de corps politique et de principe de gouvernance. Que se passe t il quand la Banque d'un pays, par exemple la France avant la loi scélérate de 73, emprunte auprès de la BdF,? L'impact sur la monnaie, sa dépréciation, l'inflation se répercute sur une zone (le territoire national) aux evolutions globalement homogenes (si ça va mal économiquement à un endroit ça va à peu pres pareillement dans un autre) et puis il y a normalement une solidarité nationale qui tend à compenser les disparités géographiques, donc tout le monde est dans le meme bateau, il y a interet commun. Ceci suppose 2 choses pour bien fonctionner : un consentement à la solidarité entre différentes zones et une gouvernance démocratique (on est d'accord pour ne pas revenir sur ce point?
. Or, dans la zone euro, à la BCE, il n'y a ni l'un, ni l'autre.
La BCE pourrait donc avoir des velléités de prêter à taux 0 aux états de la zone euro (on y vient petit a petit) que l'on n'en aurait pas fini avec les problemes de consentement et de technocratie financiere.
D'ailleurs ces problemes se posent déjà ; ils sont latents et ce n'est qu'une question de prise de conscience et de prise en main par les intéressés (nous) qui pourrait ne jamais survenir.
On verra.