Jeffrey a écrit : ↑22 mars 2019, 15:44
Non, je n'inverse ni cause ni conséquence, puisque je ne souligne pas un lien de subordination causale étant donné qu'il est implicite mais incontournable, notamment parce que si les mutations sont en majeure partie le fruit des décisions antérieures, il y a un caractère agrégatif qui ne permet pas de renvoyer les exécutifs à leur faute parce qu'ils gèrent une situation présente qui est le fruit d'une accumulation dont on n'a pas besoin de retracer l'historique pour constater le dysfonctionnement.
Évidemment qu'ils ont la France de mai 2017 en héritage et qu'ils ne peuvent pas faire table rase du passé en arrivant. Cependant mon message est que le chômage, l'insécurité, le communautarisme, l'urbanisation... ne sont pas seulement des choses négatives héritées de la conjoncture et des décisions passés, ils sont un outil de gouvernance moderne.
On feint de dire que l'on est contre alors qu'en réalité c'est l'objectif. Le chômage est un outil formidable de pression sur les salaires pour enrichir les lobbys privés qui ont leurs entrées, de précarisation du peuple afin qu'il accepte les choses comme de passer des heures en transport pour travailler, d'être mal logé...Pareil pour les autres points que vous citiez ou que j'ai rajouté. C'est voulu et recherché, ce sont les moyens d'atteindre les réels objectifs, mais évidemment on ne va pas le dire aux électeurs.
Je me borne à exprimer cette mutation sociétale, qui est aussi causée par la gouvernance, c'est évident mais pas que, si vous avez suivi mon propos , mais dont cette gouvernance ne saisit pas la totalité des dimensions (ce qui entraine autant des erreurs de jugement que des ignorances profondes).
qui vous dit qu'ils ne saisissent pas ? Ils n'en ont peut être rien à foutre tout simplement. Si on utilise un puissant phytosanitaire sur des champs qui va foutre en l'air tout le reste de l'écosystème local comme les colonies de fourmis, ce n'est pas qu'on n'a pas saisit, c'est peut être qu'on s'en fout et que le but est plus important, et que l'idée de voir la fourmi prendre les armes fait doucement rigoler ? Quand le sommet décide, finalement l'avenir de la fourmi de la base, le sommet s'en fout, à partir du moment où le sommet a réussi à prouver que la seule utilité de la fourmi qui était d'arriver et de se maintenir au pouvoir, était devenue obsolète si on a l'appui des médias et la connaissance des bons cadavres chez les concurrents ?
Quand on se fait élire sans l'appui du peuple, quelque part est-on si différent d'un dictateur ?
On en a l'exemple parfait avec le déclenchement de la crise des gilets jaunes : le gouvernement décide de surtaxer les carburants, ce qui induit une contrainte supplémentaire sur une catégorie de français (sociale si vous voulez). Il le fait manifestement en méconnaissance des réactions possibles, ce que je désigne par l'incapacité à accompagner toutes les parts de la population mais aussi sur l'incapacité à analyser correctement cet impact. Que l'on considère cette décision basée sur une intention écologique ou sur un stratagème pour récupérer de l'argent dans les caisses, la conclusion est la même. Le coup n'est pas bien calculé.
Ou au contraire le coup est bien calculé, mais les objectifs sont autres. Il se contrefout des fourmis, et fait monter la violence pour essayer de décrédibiliser le mouvement.
Et part au ski pendant que les gens se font mutiler ou ruiner.
Mais il le fait également par un manque d'approfondissement de la situation technique : réelle connaissance des perspectives énergétiques à venir (recevoir une militante écologique de 15 ans à l'Elysée, comme recevoir Rihana à l'Elysée pour parler éducation...) , évaluation réelle de l'impact écologique qui se borne à suivre les tendances politico médiatiques inaugurées par le Giec, (composé à 70 % de chercheurs américains ?) dans le prolongement de la manœuvre politique des gouvernements précédents avec la cop21 pour redorer le blason d'un gouvernement en désaffection.
La technique dans le vocabulaire d'un technocrate ça signifie la connaissance des réglementations et du cadre juridique et administratif. C'est à dire des choses qui sont contingentes, théoriques et des créations humaines. Des inventions humaines qui contraignent le monde réel. Alors que normalement le terme désigne des choses qui sont nécessaires, pratiques, une habilité à répondre à des problèmes créés par les lois de la nature. Le monde réel qui contraint l'homme à développer ces habilités. Juste le contraire quoi.
A partir du moment où on est persuadé d'avoir la vérité, que sa vision des choses est la bonne, ce genre de tropisme conditionne le cerveau. Et on en arrive à une situation où la seule vérité est un mélange de technique (dans le sens technocratique), de but inavoué (le début de ce post) et de communication (manipulation et propagande). Il n'y a plus de choses objectives, que des cadres contingents arbitraires, des décisions arbitraires et de la manipulation, soit tous subjectifs. Un rapport de force à la place de la réalité qui s'offre à nous. Que de la forme, plus de fond.
La forme, le subjectif, le contingent et le rapport de force à remplacé le fond, l'objectif, le nécessaire et la vérité.
Oui, je pense que le problème est aussi profond que ça, ils ne sont pas déconnectés de la vie des français, ils sont déconnectés de la réalité. On vit à une époque où l'argent c'est du vent, où la production industrielle n'est plus importante vu qu'on peut l'importer, où si il y a un tiers payant c'est gratuit -souvenez vous des paroles d'Hollande qui avaient fait scandale-, leur train de vie est payé par l'état leur salaire n'est qu'argent de poche, la population est virtuelle vu qu'on peut l'importer pour la remplacer... Ils ne sont pas dans la réalité, ils vivent ailleurs. Ce que des proches de Macron avaient qualifié de "hors sol"
On poursuit une chimère politique, en nommant à la tête d'un ministère de l'écologie un ancien présentateur de télé, on ne forme pas un comité consultatif indépendant chargé d'experts qui pourrait pointer le doigt sur trois ou cinq ou dix problèmes majeurs environnementaux sans être influencé par des pressions médiatiques qui nous parlent de la banquise, puis qui transmettrait ensuite ce dossier au ministère de l'industrie qui examinerait de la même manière les actions envisageables avec ses ressources d'expertise, et serait enfin validé par une décision gouvernementale de politique générale.
On en est très très loin d'un tel mode de fonctionnement. A titre d'exemple, le cabinet du ministre de l'industrie est composé actuellement d'un expert conseiller juridique, d'un expert conseiller technique, et de deux conseillers en communication. Du temps de Bérégovoy, le nombre d'experts conseillers techniques était d'une trentaine. C'est sûr, ça fait moins de monde dans les bureaux de l'administration, mais pour ce qui est de la pertinence d'analyse technique et des conseils avisés aux décideurs...
Un gouvernement peut toujours se tromper dans ses analyses et ses décisions, il n'empêche qu'il lui appartient de réunir en son sein, et de solliciter au sein de la république, un ensemble de ressources qui lui donnent une lecture autonome des contraintes sociétales, une vision construite et argumentée de notre société. La vision de notre société de Macron ne m'intéresse pas, qu'il soit un stratège visionnaire ou un illuminé. Il y a un problème de fond quand celui ci réunit 65 personnes désignées comme ayant une expertise, et que c'est lui qui leur explique son projet. Pour moi, il aurait du la fermer et les écouter pendant 8 heures, et non l'inverse. Et ensuite répercuter cette analyse à ses troupes pour en discuter.
Exactement une illustration de ce que je disais juste avant.
"Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable" - J.M. Keynes, 1936