Goldorak2 a écrit : ↑21 oct. 2011, 08:42
Ardoise a écrit :Votre analyse à vous c'est quoi?
Mon intuition à moi que j’ai :
1. Fausse croissance pour cause d’euphorie spéculative définitivement perdue
2. Une gueule de bois post euphorie à gérer
3. Régler les problèmes structurels
1. Une fausse croissance pour cause d’euphorie spéculative disparait
On a vécu une énorme bulle spéculative sur le logement, la mère de toutes les bulles au niveau mondial.
Pendant le gonfflement de cette spéculation, certains ont eu beaucoup d’argent et ont pu dépensé sans (trop) compter.
Les gagnants de cette spéculation auront été les vendeurs nets d’immo, les intermédiaires (banquiers, AI), la puissance publique (taxes et droits de mutation). Derrière ses bénéficiaires directs, leurs clients (car ces gagnants étaient moins âpres au gain) et leurs fournisseurs (car ces clients étaient solvables) ont pu en profiter. Des fournisseurs ont pu rendre des services payants (voitures, femme de ménage, thalasso, vacances…). En effet à partir de cet argent, les bénéficiaires de la spéculation ont eu les moyens de demander des services à d’autres et de payer facilement des impôts. Ainsi les collectivités locales (bénéficiaires directs grâce aux droits de mutations, et indirect grace à la facilité de payer des impôts par les bénéficiaires. (Je crois me souvenir que l’impôt sur les société payé par les banques était la moitié du total de l’IS… je peux me tromper)). Les collectivités locales ont pu construire des sièges (ce qui est bon pour le BTP), embaucher des agents (qui eux même ont pu vivre et dépenser à leur tour). Tout cela dans un cercle vertueux accélérant la croissance. Une sorte de multiplicateur keynesien.
Sauf que cela reposait sur une bulle spéculative. Et toute spéculation s’arrête un jour ou l’autre, et se retourne. On en est là.
Cette fausse richesse (directe plus effets d'entrainement) disparaît avec l’arrêt du gonflement de la bulle.
Solution Goldorak : Il n’y a aucun moyen de prolonger ou ressusciter cette fausse croissance des années 2000-2006 (voir 2008 chez nous).
2. Une gueule de bois post euphorie.
Déstockage :
Ce moteur qui a été bénéfique s’inverse (depuis 2006 aux USA, depuis 2008 en Espagne, bientôt ou tout juste en cours chez nous (mais même si le dégonflement de la bulle n'a pas encore commencé chez nous, elle affecte la santé économique de nos voisins/partenaires qui commercent moins avec nous).
Après la spéculation il n’y a pas simple retour à la normale mais une purge supérieure par déstockage. Prenons l'exemple du logement en Espagne. La construction de logement devrait y peser 11% en régime normal. Il a pesé 17% du PIB en phase spéculative (1997-2005), ce qui a été excellent pour la croissance espagnole. Mais du fait de la surproduction passée, la construction de logement ne pèse peut être plus que 5% (chiffre pifomètrique) actuellement. La production s'arrête ou ralentit plus que la vraie demande pour écouler le stock (effet de déstockage).
Cela vaut aussi pour les fournisseurs qui servaient la demande des bénéficiaires de la spéculation. (Par exemple, on peut penser que la demande de voiture de luxe s’est probablement effondrée en deça de son régime courant en Espagne).
=> solution Goldorak : le déstockage durera d’autant moins longtemps que le stock produit sera vite écoulé. Il faut accélérer la baisse des prix immo, même si des espoirs de gains seront anéantis et les pertes apparaissent dans toutes leurs duretés. Les espagnols accepteront sans aucun doute de vivre plus au large pour le même prix (les espagnols troqueront leurs 3 pièces pour des 5 pièces…). La fin du déstockage permettra de revenir au régime normal (pour l’Espagne, l’immo = environ 11% du PIB ce qui est mieux qu'actuellement).
Endettement :
La spéculation n’a pas simplement mobilisé les revenus passé et courant dans une fausse croissance qui laisse ensuite de vraies pertes, mais elle a aussi eu lieu à crédit. L’éclatement de la bulle ne détruit donc pas seulement que les revenus passé et ceux du moment, mais détruit aussi en partie les revenus futurs. C'est pour ça qu'une spéculation à crédit est très efficace... et très dangereuse.
Ce qui est peut être le plus grave pour l’avenir est que les acheteurs d’immobilier ont probablement obéré leur capacité d’achat sur des années.
Exemple : admettons qu’il soit habituel de s’endetter sur 15 ans pour acheter son logement.
En période euphorie, les acheteurs s’endettent sur 10 ans de plus (comme ça monte, plus on mise, plus on gagne, on ne risque rien à emprunter. Au pire, la plus value de la revente permettra de rembourser). Cet argent est disponible tout de suite et est dépensé tout de suite, ce qui provoque le boom des années 2000.
La spéculation s'arrête pour quelque raison que ce soit (simplement parce que les arbres ne montent pas au ciel ?) On revient à la normale. Mais les acheteurs des années spéculatives ont déjà dépensé 10 ans de plus de revenu futur qu’ils n’ont plus pour autre chose. Ils n’ont plus cet argent, ce qui obérera la demande des années après la spéculation (pour reprendre mon exemple 15+10 années d’endettement => croissance plus faible que la normale pour 10 ans de plus (2023-2033)).
Solution Goldorak :
=> On pourrait raccourcir ce purgatoire dû à l’endettement en provoquant l’inflation, au moins nominale, des revenus. Cette inflation soulagera les endettés qui pourront payer leur dette de plus en plus facilement, comme dans les années 1980.
Décider de décréter l’inflation se fera sans les allemands, qui sont hyper sensibles et absolument rétifs à l’inflation depuis qu’ils ont subi l’hyper inflation de 1922-23. => fin de l’euro.
Il est tout à fait envisageable qu’une spirale déflationniste se mette en place. La baisse de l’immo en 2010 est identique -bien qu'à plus grosse échelle- à la baisse des actions en 1929-33. Les endettés vont vouloir et devoir se désendetter puisque le retournement du marché immo ne leur permettra de rembourser facilement leur dette grâce à leur plus value. La masse monétaire va naturellement baisser à mesure que les gens rembourseront leur prêt ou feront défaut. Nous sommes face à la dépression des années 1930. L'effondrement des années 1930 n’a pu être contrée que par des mesures keynesiennes : l’état embauche et dépense lui même ce que les autres agents économiques (ménages et entreprises) ne peuvent/veulent plus. En 1930, c'était une politique de grand travaux (barrage, autoroutes) et de réarmement qui a permis de sortir de la spirale déflationniste. Pourquoi pas lancer en 2012 des grands travaux de fabrication de logement social ?
Sauf que le pays est déjà endetté. Une relance keynesienne signifiera le défaut. Comme c'est amha la seule solution, allons y.
Une politique keynesienne exige un contrôle de la planche à billet => fin de l’euro et paiement par l’inflation. Il ne faut pas compter sur les allemands pour appliquer cette politique, ce n’est ni leur besoin ni leur désir et leur sensibilité, façonnée par leur histoire, l’interdit.
Une relance keynesienne implique aussi une certaine fermeture des frontières, pour que l’argent dépensé par l’état profite à l’éco du pays et ne serve pas à importer des biens plus concurrentiels... tant que notre monnaie vaut qqchose. Il faut mettre en place du protectionnisme, ou en tout cas, essayer d’avantager nos produits, pour que la pompe amorcée par la relance gouvernementale profite à nos entreprises et à nos travailleurs.
3. Régler les problèmes structurels
Eviter qu’une nouvelle bulle spéculative ne revienne sur le logement. Ce qui évitera l’éclatement -et les effets destructeurs- de futures bulles.
Le chemin le plus direct à mon sens est que la puissance publique s'oblige à toujours fournir assez de terrain à bâtir. La hausse des prix immobiliers sera ainsi bornée pour toujours par le prix de la construction neuve (augmenté de la supériorité objective de certains emplacements par rapport à d’autres). Ainsi le marché immobilier sera aussi peu spéculatif que le marché automobile. En effet, si une poignée de personne spécule sur telle ou telle voiture unique et exceptionnelle… (voiture de collection, de personnage illustre par exemple) ça ne perturbe pas le conducteur landa. Presque personne ne spécule sur les automobiles car des voitures il y en a pour tout le monde (quand bien même elles sont achetées à crédit avec des taux bas...).
Au delà des droits de douane (protectionnisme plutôt agressif qui ne manquera pas d'attirer des mesures de rétorsion réciproques), un protectionnisme éclairé pourra être la TVA sociale. Au lieu de faire payer notre protection sociale par des cotisation sur les salaires et donc in fine, sur les consommateurs de produits français (consommés ici et à l’exportation ce qui rend notre coût du travail et nos produits peu compétitifs face à la concurrence mondiale qui n'a pas ces charges), on fera supporter notre protection sociale (retraite, maladie, chômage, famille) par les consommateurs français, qu'ils consomment des produits français ou étrangers. Salaire net = coût total employeur. Ce qui permettra, au passage, de simplifier le droit du travail...
Et réformer ce qui doit l’être comme l’on fait les scandinaves dans les années 1990, en copiant et adaptant à notre culture les modèles qui marchent.
École à la hollandaise (qui réussit à insérer les jeunes sur le marché du travail)
Réforme réaliste des retraites (dépense = recette) avec des retraites plafonnées. (C’est pour moi illogique que les retraités gagnent plus d’argent que les actifs... en tout cas, pour pour ce qui concerne les retraites venant des revenus de transfert payés par les actifs d'aujourd'hui).
Réforme réaliste de l’économie de la santé (dépense = recette). Ca veut dire compter et décider de laisser mourir certains faute d’argent (les passagers clandestins étrangers qui profitent de notre sécu, les personnes trop vieilles.)
Simplifications administratives, avec des réformes plus intelligentes que simplement comptables, avec l'appui des fonctionnaires
Simplification du code civil
Simplification, lisibilité et automatisation des impôts
Regroupement forcé des administrations des petites communes (<5000 habitants)
etc…
Mais ce sera plus difficile que les réformes scandinaves des années 1990. En effet, le monde est dans une moins bonne situation que dans les années 1990 (gueule de bois post euphorie spéculative, papy boom (grosse montée en charge des retraites et de la dépendance), peak oil aggravé par la méfiance envers le nucléaire après Fukushima…)
Goldorak, idiot solitaire, qui dit ce qu’il pense.