ProfGrincheux a écrit : ↑22 sept. 2019, 05:48
L'intervention de Saturne est un peu là où je voulais en venir et va même plus loin.
Je suis sincèrement étonné qu'un scientifique voit les choses de cette manière là. D'abord, plussoyer saturne, c'est comme qui dirait ne pas regarder d'où il parle. Saturne a démontré en de maintes occasions qu'il n'entend strictement rien aux mathématiques, je ne parle pas de logarithme népériens, mais des additions, soustractions et multiplications, ainsi qu'à leur assemblage pour produire des puissances et des taux d'intérêts. Tout ce qu'il raconte en matière d'économie, de mécanisme monétaire et de fonctionnement financier est un pur charabia inconsistant. Ce type n'hésite pas à raconter absolument n'importe quoi sur n'importe quel sujet un peu technique, et visiblement, il conçoit le savoir comme une sorte de bibliothèque où les sujets sont rentrés par étagère et il estime qu'il lui suffit de savoir où est rangée l'étagère pour avoir une idée des notions qui y sont contenues.
Par exemple, quand il écrit ceci :
saturne a écrit :
Il y a des notions financières qui sont à la base de toute notre société. Les connaître, c'est lui permettre de comprendre ce qui se passe ailleurs que dans son premier horizon.
on se dit au premier abord que c'est pertinent, que cela a du sens, que c'est formulé par l'expérience de ces notions et des problématiques qu'elles recouvrent. Et puis... on tique un peu, et on se rend par exemple sur la page de son site internet, page dont il fait la publicité dans chacune de ses signatures, et où il expose ces notions selon son entendement :
http://ppcc-fr.blogspot.com/?view=mosaic
et là, vous vous dites juste que vous avez affaire à un dingue.
C'est problématique quand même de plussoyer quelqu'un capable d'une telle gnose.
Aussi vais-je laisser l'intervention de saturne à ce qu'elle vaut à mon sens, et passer sur ton possible égarement.
ProfGrincheux a écrit :
Une fois ces pratiques acquises, l'idée qu'elles sont utilisées très largement par les ménages permet de comprendre en gros ce qui se passe chez les autres ménages suivant leur position sociale.
Les autres acteurs économiques, sociétés et États, ont des comportements économiques et financiers plus complexes mais c'est plus une différence de degré et de fonction d'utilité que de nature. Ils publient des comptes, qui permettent de voir -non sans travail- une partie des processus économiques qui s'y déroulent.
Car les acteurs économiques (et plus généralement sociaux) cachent autant que possible leur jeu.
Or, il est important de comprendre dans le détail la machine socio-économique.
Mais de quoi parle-t-on en somme ? D'une société où savoir et maitrise des outils intellectuels donnent lieu à un morcellement paroxistique en matière d'enseignement. Une société où des gens sont formés aussi bien culturellement que techniquement pour occuper une place qu'on prétend leur octroyer selon l'ultime subterfuge "de leur goûts et aptitudes" et pour lesquels le fractionnement disciplinaire conduit au cloisonnement disciplinaire. Il en résulte des gens qui considèrent que par exemple calculer un remboursement, savoir se servir d'Excel s'y substitue, ce qui donne lieu à plusieurs catégories qui forment une partition de la population: ceux qui savent évaluer facilement les ordres de grandeur numériques, ceux qui ne savent pas, mais savent se servir d'un tableur, ceux qui ne savent que modérément compter dans les deux sens précédents et qui sont les proies des profiteurs, et ceux qui s'en foutent mais sont considérés par les seconds comme des imbéciles à éduquer.
La liste donnée par ignatius, n'est pas une liste à éduquer, c'est un ensemble de mises en œuvre de connaissances élémentaires et transversales, comme savoir compter, savoir ranger ou classer, posséder une logique d'arbitrage. Ces savoirs transversaux ne sont en rien thématiques, parce que cette thématique posée, c'est le début de la taylorisation intellectuelle - et celle là m'est bien plus douloureusement chère que la gestion de la complexité, parce que je pense que tout le monde devrait en saisir la noirceur sociale qu'elle porte en elle.
Or présentement, concevoir ces notions comme éducables, ç'est exactement le renoncement à autre chose qu'une vitrine de façade, c'est seulement apprendre à se servir d'un outil comme un marteau dans une cuisine pour monter des étagères, mais pas dans une chambre pour monter une armoire, parce qu'on n'a pas été éduqué à cet usage.
Je refuse ce vocable du jargon économique qui me voit comme un acteur, comme un ménage , comme un agent économique qui a des revenus et diversifie ses sources de revenus taxables à pourcentage variable du vocabulaire fiscal, et qui doit concevoir son rapport à la société comme une entité dotée de ressources et taxée et assujettie à une logique financière du moindre coût ou de la rentabilité. Ces conneries finissent par vous faire parler de cash flow, d'optimalité de placement, de gestion prévisionnelle, de tout un tas de trucs qui vous rendent esclaves de votre attribution de rôle. Ce prisme déformant revient à considérer qu'un homme égale une femme. Egal ? Qu'est ce que cela veut dire égal ? C'est un symbole utilisé pour une réflexion binaire réflexive ? Ou est-ce à dire que dans l'entendement économique, on réduit l'égalité à l'interchangeabilité ? Comment peut-on bêtement supporter cette conceptualisation ?
Il est hors de question que j'éduque qui que ce soit à ces foutaises. Et surtout pas mes enfants.
ProfGrincheux a écrit :
Ensuite, si du moins on cherche à comprendre ce que l'on fait quand on agit politiquement - même de façon infinitésimale lorsqu'on vote aux élections- ou économiquement, il faut imaginer comment ces processus élémentaires s'intègrent macroscopiquement.
C'est une toute autre histoire, celle sans doute de la complexité chère à Jeffrey, celle aussi des grands auteurs classiques de Smith à Marx en passant par Auguste Comte et les diverses écoles d'économistes.
Cependant, et ceci est la seule chose dont je sois certain en ces matières, se fier aveuglément à une seule théorie globalisante est une des plus sûres façons de se tromper lourdement.
Maintenant, il est une théorie de l'économie, des modèles, des formalismes, qui sont régis selon des règles techniques et mathématiques. Qui peut se les approprier ? Tout le monde a priori dans une société démocratique et égalitaire. Et il est de l'intérêt de la société au sens de son équilibre et de sa protection qu'un maximum de ses membres s'en approprient les règles. Et il est même nécessaire que tous ceux qui n'en comprennent rien mais en goûtent les conséquences s'expriment sur la manière dont ces règles sont utilisées. Encore faut-il avoir à l'esprit la limite de l'exercice de la critique, celle qui dit que le moteur ne marche pas bien, ou celle qui dit qu'il faudrait plus ouvrir les portes pour que le rendement s'améliore et qu'il faut agir sur tel ou tel levier. Le niveau de technicité critique est une fonction du niveau de compétence pour qu'elle soit recevable.
Ces règles ont effectivement une expression complexe, et supposent en de nombreux aspects une compréhension et une maitrise d'outils qu'on peut considérer comme plus élitistes.
Tu cites Comte, et c'est avec raison, car une théorie financière s'appuyant sur les mathématiques verra chaque indicateur économique comme un levier potentiel qui interagit en égal rôle (égal !...) à l'intérieur d'une équation implicite d'un modèle économique sur un résultat mesurable. Or, qui peut comprendre cela ici ? Qui sait ce qu'est une fonction implicite dans une équation à plusieurs variables ? Qui est capable de réaliser que ces notions sont celles qui donnent lieu aux formules classiques en théorie économique ? sera-ce le fonctionnaire des impôts avec une licence d'histoire ? le siphonné des phynances ? L'ingénieur parisien qui pisse du code depuis 20 ans et qui cherche à investir dans l'immo pour se dire qu'il n'a pas raté sa vie parce qu'il n'est pas encore riche ? Ou se contenteront-ils d'appliquer des jugements sentencieux sur des politiques qui prétendent faire baisser la courbe du chômage avant la fin de leur mandat ou régler le problème des retraites par des politiques qui eux mêmes sont infoutus de comprendre les modèles et qui ne sont là que par le jeu de la représentativité des imbéciles ?
Nous sommes dans la sentence magique, la phrase qui "explique" parce que le vocabulaire est consacré, cela renvoie évidemment aux fondement des religions si on songe un peu.
Est-ce cela éduquer ? Baragouiner un vocabulaire consacré ou sacrément kon ? transposer des mots d'un domaine cloisonné et technique à un domaine connexe ou qui le devient supposément par le jeu des mots mystères...
Non, il n'y a pas d'éducation financière. Si tu as un bagage mathématique, tu n'as qu'à repenser à l'optimisation convexe, aux fonctions de plusieurs variables, et ça devrait suffire pour aller lire deux trois bouquins sur la théorie macro et micro économique, et le jour s'éclaircira comme par enchantement sur les foutaises de Piketty et consorts. ça ne s'appelle certainement pas de l'éducation.
La seule façon d'éduquer, c'est de donner les outils du savoir les plus généraux possibles pour le faire.