https://www.ouest-france.fr/monde/afriq ... ue-6424793
Eco. C’est le nom que portera la future monnaie qui devrait entrer en vigueur en 2020 dans quinze États d’Afrique de l’Ouest. Huit pays vont abandonner le franc CFA et les sept autres leur monnaie nationale. Le projet d’union monétaire entend favoriser l’intégration économique et sociale de la zone.
Vers une monnaie unique pour l’Afrique de l’Ouest ? C’est le souhait qu’ont émis les chefs d’État des quinze pays de la CEDEAO (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest) réunis samedi 29 juin à Abuja (Nigeria).
« Eco a été adopté comme le nom de la monnaie unique de la CEDEAO », ont indiqué les dirigeants dans la déclaration finale de cette rencontre.
La CEDEAO regroupe le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.
Cette monnaie unique entraînera, pour huit des quinze pays où il est encore utilisé, l’abandon du franc CFA. Un changement en matière économique qui se double d’une portée symbolique forte avec l’abandon d’une monnaie héritée de la colonisation. Un projet qui mûrit depuis près de quarante ans sans jamais parvenir à aboutir à une réalisation concrète.
L’objectif est de renforcer l’intégration économique et monétaire de la région. Les dirigeants présents lors du sommet ont déploré dans leur communiqué final « le faible niveau du taux d’intégration économique après plus de 40 ans d’existence de la CEDEAO. »
Objectif affiché par l’ensemble des dirigeants présents lors du sommet : « doter la région d’une union monétaire en vue d’accélérer la construction d’un espace de prospérité et de solidarité. »
Aussi, les chefs d’État des 15 pays de la CEDEAO ont rappelé leur volonté de poursuivre les réformes afin de garantir « le respect des principaux critères de convergence nécessaire à la mise en place d’une union monétaire viable et crédible »
Le communiqué final adopté samedi 29 juin à Abuja « réaffirme l’approche graduée (pour l’adoption) de la monnaie unique en commençant par les pays qui atteignent les critères de convergence » en matières d’inflation et de déficit budgétaire notamment.
Présider la #CEDEAO à cette étape de son évolution est une lourde mission. Je souhaiterai poursuivre son œuvre et faire faire à notre communauté un pas supplémentaire sur la voie de l’intégration économique et sociale de nos pays.
Selon certains analystes, la création d’une monnaie unique apparaît comme prématurée et aurait des conséquences incertaines. « Ce serait se lancer dans le vide », considère Ndongo Samba Sylla, économiste à Dakar au sein de la fondation Rosa Luxembourg.
De son côté, Abdourahmane Sarr, ancien expert monétaire au FMI (Fonds Monétaire International), estime qu’il « s’agit d’un choix politique » avec « les conséquences à subir par les générations futures. »
La concrétisation du projet de monnaie unique s’apparente néanmoins pour les militants panafricanistes à un vieux rêve leur permettant de s’affranchir du franc CFA. Aussi, l’entrée en vigueur de l’Eco représenterait un symbole politique fort.