ProfGrincheux a écrit : ↑21 mai 2023, 16:01
On fait dériver la discussion. La file porte sur une affirmation de Zucman qui a une forte charge polémique anti-riches. Elle vient à l’appui d’un programme politique de gauche (instauration d’une imposition spécifique sur le capital des ultra-riches). Ce n’est clairement pas une proposition politique d’extrême-gauche, c’est une proposition politique de gauche démocratique, comme l’ISF.
Néanmoins, quand les propositions politiques de gauche démocratique ne parviennent pas à s’imposer ni à donner les résultats attendus, les propositions politiques d’extrême-gauche viennent en concurrence. On a vu Arlette faire plus de 5% en 2002. Or, Arlette, pour sympathique qu’elle nous paraissait, en débitant inlassablement son bréviaire « Travailleurs, travailleuses. Le grand capital vous ment, le grand capital vous spolie…. », avec une sincérité qui n’était pas feinte, contrairement à ses concurrents, était la porte parole d’un parti politique plus proche d’Action Directe que de la CFDT. Le facteur a aussi fit 5%. Ces 10% d’électeurs ont bel et bien voté pour l’extrême-gauche et c’est le noyau électoral originel du mélenchonisme, qui clairement parle à l’inconscient révolutionnaire de la gauche française et amène, génération après génération, les jeunes étudiants français de gauche à faire toujours les mêmes c….ies. Même WolfgangK en a été. L’extrême-gauche est en France une force politique non négligeable tout comme la gauche mouvementiste radicale à la Andreas Malm.
Je pense qu’elles représentent en théorie un danger pour l’ordre social sur lequel s’appuie le capitalisme. Si tu lis une biographie de Lénine, tu hallucines qu’un type qui était aussi insignifiant en 1913 puisse prendre le pouvoir en Russie 4 ans après. Un type comme Malm représente à priori un danger similaire.
Politique de gauche, politique d'extrême-gauche, ce sont des termes beaucoup trop imprécis.
Le noyau du mélenchonisme, c'est l'aile gauche de la social-démocratie. Il n'a pas eu besoin de nouer des alliances avec le NPA (sauf de façon très ponctuelles à l'échelle locale) ou avec Lutte Ouvrière (incompatibilité idéologique très nette et assumée puisque Mélenchon. Ce sont tous deux des groupuscules qui n'ont jamais montré la moindre aspiration à gouverner le pays.
Il ne faut pas non plus donner trop d'importance aux positions de jeunesse. Tout au plus, les plus endoctrinés y apprennent des méthodes. Mélenchon et Cambadélis ont tous deux été lambertistes, ils ne sont pas arrivés aux mêmes conclusions. Cambadelis a même fait émerger de futurs cadres de la macronie (dont Séjourné)
Dans l'histoire, il y a deux types de social-démocratie au pouvoir : celle qui passe sous la table et celle qui fait face.
En 1914, elle est passée sous la table (parfois pour des raisons très cyniques comme Jules Guesde, mais aussi en faisant taire ceux qui s'opposaient à la guerre comme Jean Jaurès) avec le résultat qu'on a vu (et dans cette perspective, il ne faut guère s'étonner de la prise de pouvoir de Lénine). Passer sous la table peut se comprendre, mais on ne doit pas ignorer que c'est souvent sous la contrainte de forces extérieures et parfois antidémocratiques. Et que le résultat peut être très surprenant (bolchévisme en Russie, révolution spartakiste en Allemagne)
Il y a aussi celle qui fait face, tente aussi des compromis mais finit par rompre (Allende est un exemple, on pourrait même rajouter Chavez qui se revendiquait du blairisme en 1998 et dont la première élection a été chaleureusement saluée par la bourse de Caracas...).
Dès que vous parlez d'une meilleure répartition des richesses, quand bien même ce ne serait que des ajustements, il y aura toujours des gens pour s'y opposer violemment.