Suricate a écrit : ↑05 août 2022, 08:30
Bernard minet a écrit : ↑04 août 2022, 21:21
En vrai, on risque quoi ?
Je travaille dans l'agro-industrie, pour des gros pollueurs qui, accessoirement, nourrissent les Français.
En vrai il y a 2 ans la rivière souterraine dans laquelle on tape habituellement pour alimenter notre process était arrivée à un niveau bas qualifié de "niveau d'alerte". Notre engagement (négocié avec la DREAL) était de réduire de 20% nos consommations d'eau pour préserver la ressource qui sert, entre autres choses, à alimenter des chateaux d'eau pour couvrir les besoins des particuliers.
Conformément à nos engagements nous avons donc déclenché un plan prévu en amont visant à diminuer nos consommations. Le gros des économies s'est fait sur des opérations de rinçage / nettoyage que nous avons espacé. Bien entendu si on effectue ces opérations en temps normal ce n'est pas pour le plaisir d'avoir des lignes et des machines rutillantes mais bien pour nous prémunir d'un certain nombre de problèmes (contaminations). Suite à ces réductions de consommations certains agents pathogènes sont montés en flèche, on a mis 6 mois à s'en débarrasser avec l'aide de produits phyto, ce qui a eu un impact sur nos coûts de production et sur nos rendements. Rassurez vous, aucun risque dans les produits finis, nous sommes très en amont de la chaine de production et les opérations aval permettent de corriger ces problèmes. Néanmoins quand vous attendez un rendement de 100 et que vous sortez 80, vous avez un problème.
On a investi dans du lagunage, de la phyto-épuration, de l'ozone... pour être le moins dépendants possible de la ressource extérieure et pour fonctionner en circuit fermé mais là on arrive au bout de la logique : tout ce qui peut être ré-utilisé l'est déjà, ce qu'on prélève maintenant (en gros) c'est ce qu'on vend, comme beaucoup de productions agricoles qui sont principalement composés d'eau.
Demain (en 2023) les produits phyto que nous avons utilisé lors de la dernière crise, seront interdits (ça c'est pour le côté "bobo bio" de la chose). Concrètement, il ne nous reste plus qu'une seule solution si le niveau d'alerte revient : diminuer drastiquement notre production et espacer nos cycles. Déjà que nous sommes peu compétitifs par rapport à d'autres pays moins regardants, dans ces conditions on risque de boire le bouillon (sec, pour le coup). Mais s'il faut le faire on le fera, parce que même si nous sommes des gros pollueurs,
nous sommes responsables.
Et cette anecdote, c'est juste le niveau "alerte", si le niveau de la rivière avait encore baissé elle aurait atteind le seuil "critique" qui se traduit par l'arrêt immédiat de la production. Et concrètement en cas d'arrêt du process c'est fini : on jette 6 mois de production et on ne repartira pas. C'est plan social, on ferme, terminé.
Donc concrètement arrosez vos arbres si vous pensez que le jeu en vaut la chandelle, mais les piscines, les pelouses, les lavages de bagnoles et de terrasses... évitez. Merci d'avance.
Je n’arrose pas ma pelouse, seulement quelques arbres plantés l’an dernier, normalement, il faut le faire les trois premières années après la plantation. Et c’est dans le département de la Manche, dont les nappes phréatiques ne sont pas signalées comme basses en ce moment. Voir le lien donné un peu plus haut.
Ensuite, on ne peut se contenter de mettre en opposition une situation de crise d’un industriel utilisant une ressource locale et un pseudo comportement disséminé de Monsieur tout le monde ramené à des comportements incivils et rendus fautifs sans regarder la chaîne des responsabilités et le réel poids des actes.
Plein de questions restent sans réponse de cette manière :
- ton entreprise rencontre des problèmes de pénurie d'eau. Pourquoi ? Qu'est-ce qui a changé depuis deux ans ? Cela m'étonnerait fort que ce soit les précipitations, ou alors, il faut montrer les relevés.
- si elle s'est implantée dans un endroit où il y a déjà saturation des prélèvements, pourquoi est-ce qu'on a laissé faire ?
- sinon, qu'est-ce qui a changé la donne depuis deux ou trois ans ? Les gens qui arrosent les pelouses ?
- quel est le chiffrage des prélèvements par arrosage des jardins, rapport de proportion avec les prélèvements professionnels ? Maintenant, on trouve partout des stations de lavage de voitures. Avant, ça n'existait pas.
- on nous raconte absolument n'importe quoi en permanence sur les statistiques :
L'exemple des stations de lavage de voitures. Ces stations ne sont pas soumises aux mêmes restrictions que les lavages de particuliers. Avec les trois niveaux d'alerte, les stations de lavage sont moins impactées que les arrosages chez le particulier.
Qu'est-ce qu'on trouve sur le web à propos de ça :
https://www.planetoscope.com/consommati ... 1084-.html
planetoscope a écrit :
Il faut en moyenne 200 litres d'eau du robinet pour laver sa voiture. Un lavage à domicile consomme jusqu'à 500 litres pour une seule voiture alors qu'un lavage au rouleau en nécessite 100 à 350 l et un lavage à haute pression 50 à 60 l.[...]Consommation d'eau en France pour laver les voitures
35 000 000 000 litres d'eau par an
Le lavage des voitures représente 6% de la consommation moyenne d'eau potable en France. Chaque année, pour laver les quelques 30 millions de voitures en circulation en France, 35 millions de m3 d’eau sont ainsi consommés, soit autant que ce que contient le lac Majeur entre l’Italie et la Suisse.
De plus, laver sa voiture chez soi laisse l’eau s’écouler dans le sol ou le caniveau, ce qui est illégal car les « eaux résiduelles » doivent légalement être traitées par une station d’épuration.
C'est du foutage de gueule. Quand je lave ma voiture, ça m'arrive deux fois par an maxi, je prends deux seaux de 10l, avec du liquide vaisselle, je passe l'éponge partout. Puis je rince environ en 5 minutes en pluie fine. ça consomme maxi 100 litres à tout casser, et j'ai une voiture très grosse... Qui va passer une demi heure à arroser à flots sa bagnole pour consommer 500 litres ? Un tuyau d'arrosage qui débite 500 litres, ça prend une heure.
https://www.google.com/search?q=d%C3%A9 ... net+m3%2Fh
Qui arrose sa voiture une heure pour la laver ? Personne
Par contre, le vendredi soir, à la station de lavage, ça y va. Toutes les semaines, la queue des bagnoles. Un passage aux brosses, c'est 150 litres mini.
Mais voilà, il y a du bizness derrière. Mais même pas des emplois, vu que c'est entièrement automatisé.
Donc rien ne sert de rapprocher une situation de crise avec les pratiques inciviles des quelques personnes, sans étayer derrière la chaine chiffrée des raisons qui font qu'on en est là. Je pensais que c'était clair après l'épisode du covid et les campagnes de vaccination et les réactions légitimes sur le forum à ce sujet.
C'est débile et indélicat et incivique d'arroser sa pelouse en août, c'est une évidence. Prendre un seau et arroser le pied des arbres plantés récemment, c'est du bon sens si on ne veut pas qu'ils crèvent. D'ailleurs, arroser au milieu de la journée ou le soir, quand c'est avec un seau, ça ne fait pas grande différence du point de vue de l'évaporation, ça aussi on peut le préciser et prendre du recul.
La vraie question, c'est pourquoi on en arrive à des pénuries dramatiques ? Et sont-elles réellement dramatiques ou bien vit-on dans l'affolement mediatique sans recul ?
Est-ce que quelque chose a réellement changé dans la consommation et le régime des précipitations, et dans ce cas qui est vraiment responsable ?
Si c'est pour dire que c'est le réchauffement climatique qui fait qu'il pleut moins et que les gens sont les fautifs parce qu'ils lavent leur bagnole dans leur jardin, c'est pas sorcier de comprendre que les gens finissent par s'en foutre d'être considérés comme responsables de situations mal analysées.