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18 août 2013, par Pierre Barthélémy
La stratégie diabolique des futures plantes OGM
Jeudi 1er août, le Conseil d'Etat a annulé le moratoire qui frappait depuis 2012 le MON810, un maïs transgénique de la firme américaine Monsanto. Le MON810 est une plante à laquelle un gène a été ajouté pour qu'elle produise une toxine dite "Bt" (du nom de la bactérie Bacillus thuringiensis qui la synthétise naturellement), toxine qui tue les insectes ravageurs de ce maïs, comme la pyrale, en paralysant l'intestin des larves. Dans l'esprit des créateurs de cette plante transgénique, faire fabriquer le pesticide directement par la plante évite aux agriculteurs d'en épandre sur leurs cultures.
les opposants aux OGM soulevant plusieurs arguments, comme les risques pour la santé des consommateurs (humains ou animaux d'élevage), la contamination des cultures non-OGM et du miel, le fait que certains insectes utiles seraient victimes de la plante ou bien le développement de résistances à la toxine chez les nuisibles.
les OGM de demain ne seront plus conçus suivant le principe assez basique qui consistait à leur faire produire l'insecticide. Non, ils seront l'insecticide, grâce à une stratégie diabolique, celle de l'interférence ARN.
L'idée des fabricants de semences OGM consiste à faire fabriquer à leurs plantes un micro-ARN interférent réduisant au silence une protéine-clé pour l'organisme des insectes ravageurs. Une fois que ces derniers auront croqué dans la plante et assimilé l'ARN interférent en question, celui-ci empêchera la production de la protéine vitale et l'animal mourra. On peut dans ce cas considérer que la plante a été transformée en poison pour ces insectes.
Une étude canadienne publiée en 2009 a montré que la technique fonctionnait avec plusieurs parasites bien connus, comme le tribolium rouge de la farine, le puceron du pois ou le sphinx du tabac. Autre point important de cette étude : il est possible de cibler une espèce sans porter préjudice à ses cousines proches.
les premières plantes OGM à ARN interférent devraient arriver sur le marché d'ici à la fin de la décennie.
Toute la question est désormais de savoir si ces OGM produisant des micro-ARN interférents seront sans risque pour les mammifères (hommes ou bétail) qui les consommeront. On a longtemps pensé (et certains le pensent toujours) que ces minuscules molécules étaient trop fragiles pour résister au processus de digestion. Mais une étude chinoise publiée en 2011 par la revue Cell Research est venue jeter le doute : ses auteurs affirmaient avoir retrouvé dans le sang d'humains des micro-ARN interférents provenant de plantes diverses et notamment du riz. Et un de ces ARN interférents était même capable de réguler l'élimination du cholestérol !