J'adore ces textes qui commencent par dénoncer un homme de paille (oh mon dieu, on a traduit "gender studies" par "théorie du genre", quel dévoiement extrême ! Et il parait que ce serait une "stratégie vaticane", rien que ça) pour ensuite en dérouler un énorme sous forme d'un prétendu antiféminisme, appuyé par un procès d'intentions généralisé (si l'on questionne et remet en cause certaines affirmations féministes, ce n'est pas parce que ces affirmations sont questionnables, mais uniquement parce qu'on défend l'oppression du système...).
Quant au second texte, Clarine, quand tu seras capable de dérouler un argumentaire et de l'appuyer par la pensée des autres au lieu de nous servir les longs gloubi-boulgas des autres tels quels en guise de pensée, ça sera peut-être plus facile.
On va quand même tenter d'extraire quelques points saillants et d'y répondre. Pas forcément dans l'ordre...
Cette idée représente une aporie aux yeux des rationalistes car la pertinence d’un argument devrait être absolue et reposer sur la raison, théoriquement atteignable par tou·te·s, et certainement pas dépendre de la personne qui le formule.
Un homme de paille, un...
Les rationalistes que je connais pensent effectivement que la pertinence d'un argument devrait reposer sur la raison, mais la raison leur dit aussi que, bien entendu, un certain nombre de faits, notamment sociologiques ou anthropologiques, sont perçus différemments par les différentes personnes qui les vivent. Ils s'attachent en conséquence à essayer d'évaluer la pertinence de chaque perception par des protocoles rationnels, et à faire la part du rationalisable de l'irrationalisable. Ils savent par ailleurs clairement que la raison n'est pas atteignable par tous, hélas.
ils ne considèrent valide un énoncé que lorsqu’il est confirmé par des faits mesurables, et donc un témoignage individuel est forcément subjectif donc certainement pas porteur de réalité objective. Pourtant aujourd’hui cette position n’est plus tenable car l’émergence d’internet a permis à des milliers de subjectivités de communiquer entre elles, et de prendre conscience des similitudes de leur vécu. La subjectivité devient intersubjective lorsque des milliers de témoignages convergent sur la description d’un fait social.
Encore un homme de paille.
Les rationalistes ne sont pas en désaccord avec ça. Mais le fait que des milliers de personnes aient le même vécu ne démontre qu'une chose : que ce ressenti est partagé, qu'il est réel. Pas forcément que ce ressenti est exact. Des milliers de gens avaient à une époque le ressenti que la terre était plate et que le soleil lui tournait autour...
Pourtant c’est porter un jugement moral que de critiquer les militant·e·s sur leur caution scientifique. C’est orienter le débat sociétal sur les questions de sciences, alors que les mouvements féministes, anti-racistes et mogai sont des mouvements politiques avant tout.
Ok, merci de l'avouer. On est dans la situation d'un groupe qui défend ses intérêt avec des arguments totalement idéologiques. C'est légitime, mais j'ai le droit de ne pas être d'accord, ni sur les buts de ce groupe, ni sur son argumentation idéologique.
C’est un privilège de dominant de pouvoir classifier la légitimité des revendications en fonction de la bonne tenue du discours qui les porte.
Bref, je suis dominé.
Qu'est-ce qui le prouve ?
Rien, mais comme je suis dominé, je n'ai pas à le prouver.
(on a déjà parlé de ce raisonnement particulièrement fallacieux).
Rappelons qu’une oppression, ce n’est pas seulement un regard méfiant, une blague lourde, un traitement différencié de la police
On a vu à quel point il est douteux que la police et/ou la justice ait un traitement en défaveur des femmes. Si on en juge par le différentiel de condamnations pour des faits similaires, il faut en conclure que les dominés, ce sont bien les hommes, dans notre société.
Mais bon, comme dans le cas précédent : puisque les femmes SONT dominées, elles n'ont pas à démontrer qu'elles le sont effectivement, elles n'ont qu'à l'affirmer à tous propos.
En outre, par opposition aux dérives religieuses créationnistes, les nouveaux athées vont naturellement montrer un attachement important à la théorie de l’évolution de Darwin. Tout cela fait qu’ils privilégieront les énoncés de la psychologie évolutionniste aux énoncés de la sociologie, sans pour autant dans la plupart des cas avoir plus de connaissance dans un champ que dans l’autre.
Encore une fois, pas besoin de démontrer que "dans la plupart des cas", mes adversaires n'ont pas "plus de connaissance dans un champ que dans l'autre". Je n'ai qu'à l'affirmer, puisque je suis le dominé autoproclamé, et laisser entendre que moi, je maîtrise, sans avoir à le démontrer non plus, hein. Pas besoin non plus de démontrer qu'ils soient athées, ni que leur athéisme ait quoi que ce soit de nouveau, c'est juste qu'un peu de novlangue du genre "mansplaining" ou "nouveaux athées", ça permet de donner l'impression qu'il y a de la grosse conceptualisation à l'appui du raisonnement.
Les nouveaux athées reprochent en particulier aux sociologues ou aux théoriciens post-modernes de supposer que les individus naissent vierges de tout influence pré-natale, qu’elle soit biologique ou psychologique.
Oui, précisément, c'est ce qu'on peut reprocher à certains : affirmer cela contre toutes les évidences qui montrent la part relativement importante de l'inné dans les caractéristiques individuelles.
En d’autres termes, les rationalistes reprochent aux théoriciens post-modernes, et notamment aux études de genre, de détourner la science de ses buts premiers (sans pour autant décrire quels sont-ils), en la transformant en un outil militant ayant pour but de mener à bien un agenda politique.
Oui, précisément, c'est ce qu'on peut reprocher aux post-modernes.
A cela près que les buts premiers de la science sont en réalité parfaitement clairs : approcher autant que possible de la compréhension des phénomènes et trouver des solutions aux problèmes.
militantisme féministe, mogai et anti-raciste.
Tiens, un peu de novlangue, ça manquait.
C’est comme si cognitivement, la forme de pensée des nouveaux athées était, de par son fonctionnement même, incapable de s’emparer de la pensée sociologique. Cela se voit parfois lorsqu’ils manifestent leur opinion dans un débat, en se ramenant aux définitions des mots comme garantes de vérité, en invoquant les “faits”, ou encore en relevant les incohérences dans les discours de leurs adversaires
Attention, les nouveaux athées, ces fourbes, relèvent les incohérences dans les discours. Sérieusement, ce texte est une caricature, c'est ça, je me suis fait piéger, ça fait une heure que je suis dessus, je me suis fait avoir ?????
Ils moquent les militant·e·s intersectionnel·le·s en les accusant de détourner la science lorsque cela les arrange, et de nier les résultats scientifiques qui ne vont pas dans leur sens, sans voir qu’eux mêmes font exactement la même chose.
On aimerait des exemples précis, mais non, on est dominé, on n'est pas obligé, et puis la précision, c'est pas sociologique.
ils privilégieront citer des journalistes, des essais, des podcasts, que tout autre ouvrage ou article universitaire. Et cela quitte à tomber dans la mauvaise foi intellectuelle en citant le documentaire de tel comédien qui ira dans leur sens¹¹, plutôt que de citer toute la littérature qui les contredit. L’argumentation n’a donc clairement pas lieu sur le plan scientifique, mais principalement politique.
J'imagine que le 11 menait vers un exemple, au moins un (oui, quand on est dominé, on a le droit de prendre UN exemple et d'en tirer une généralité, c'est pour lutter contre la domination, c'est légitime) ?
la critique rationaliste du militantisme féministe se révèle être en réalité une tentative de déplacer le débat politique et moral sur le plan scientifique pour mieux décrédibiliser ce mouvement.
Il n'existe qu'un seul féminisme, hein, c'est celui de l'auteur. Et toute critique de ce seul vrai féminisme au nom de la logique et de la vérité ne sera qu'une honteuse tentative de décrédibilisation.
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Conclusion : on pourrait être en accord avec certaines affirmations de ce texte. Mais il y a tant d'aveux répétés de la haine de la réalité de l'auteur qu'on ne peut que rejeter l'ensemble de l'idéologie qui est ici présentée. Qui n'est pas LE féminisme, mais une forme bien particulière de pensée féministe, que je ne peux effectivement pas accepter.