Jeffrey a écrit :On s’égare. Des abruties ou des abrutis, il y en a partout sur le web. Des hommes qui haïssent les femmes, ou des femmes qui haïssent les hommes, cela relève très souvent d’un parcours sentimental raté, et d’une immense frustration. Ce n’est qu’un peu de misère humaine à l’oeuvre.
Ce que tu dis est juste, si ce n'est que :
- Ce ne sont pas de simples individus qui balencent leur frustration. Ce sont des groupes entiers, notamment dans les pays anglo-saxons, mais pas seulement, qui aujourd'hui pensent ainsi. Il n'y a qu'à voir le nombre de retweets et de j'aime de ce genre de délires pour voir que leurs auteurs sont tout sauf isolés.
- D'autant que ces auteurs ne sont pas seulement actifs sur le net (ce qui serait déjà significatif, le net étant désormais d'une importance considérables dans la formation de l'opinion). Ce sont aussi souvent des éditorialistes ou des journalistes dans de grands médias, ou bien des personnes ayant accès aux colonnes de ces médias.
- On en retrouve massivement dans le monde académique, aussi, je l'ai montré, où ils tiennent des départements entiers d'universités, publient à tour de bras des articles dans des revues complaisantes, et captent des quantités considérables de fonds publics.
- Ces personnes ne se contentent pas de parler ou d'écrire. Ils agissent de plus en plus violemment. On les retrouve dans toutes les luttes intersectionnelles, notamment dans les universités, ou pour le volet écologiste/végan, dans le monde de l'agriculture. Or il se trouve que je travaille dans une université, donc la question me touche (même si je leur souhaite bien du plaisir s'ils veulent mener des actions violentes à l'Université de Corse), et je me bats pour le monde agricole où je n'aime pas voir des petits producteurs se faire agresser. Leurs cibles sont la liberté d'expression et la science, ou encore la sélection au mérite, censées favoriser les oppressions, ou encore toute activité professionnelle non politiquemet correcte (éleveur, boucher...).
- Leur combat a totalement changé ces 20 dernières années. J'ai déjà expliqué que j'étais, à 20 ans, un compagnon de route de ces luttes. Je les ai vues évoluer de l'intérieur. On est passé de revendications positives (pour les droits des femmes, des animaux, des minorités...) à des revendications négatives : contre les privilégiés, qui ne sont même plus les grands patrons, les riches, les puissants, mais tout ce qui n'appartient pas à une minorité (le gag étant de considérer les femmes, 50% de la population, comme une minorité, et les "hommes blancs cis hétéros en bonne santé omnivores" comme la majorité, alors qu'ils sont statistiquement minoritaires...). Certains de mes anciens compagnons de lutte me considèrent aujourd'hui comme un ennemi simplement parce que je suis un homme blanc cis et hétéro (et ommnivore). Ma seule qualité étant d'être handicapé (je prie chaque jour pour que ma santé ne s'améliore pas, ce serait la fin pour moi
).
- Les conséquences de l'existence de ces luttes sont importantes. On retrouve en face, c'est vrai, une large réaction, et quiconque a suivi les débats de l'élection américaine en 2016 sait que cette action/réaction a été déterminante. Ca place nos sociétés non plus en situation de débat, mais en situation de combat.
- Ils possèdent aussi du pouvoir dans les plus grandes entreprises, où ils ont la capacité de faire virer des personnes qui ne suivraient pas le droit chemin, comme Damore il y a queslques mois. Entreprises où on nomme des directeurs du politiquement correct, qu'on vire s'ils défendent la diversité de pensée, comme la directrice "inclusion et diversité" d'Apple virée à l'automne dernier.
Peterson a vu ses crédits de recherche à l'Université de Toronto coupés, etc.
Au début d’octobre, Mme Smith, parfois décrite comme l’une des femmes afro-américaines les plus puissantes de la Silicon Valley, avait provoqué une controverse en déclarant dans une conférence qu’il « peut y avoir douze hommes blonds aux yeux bleus dans une pièce, et il y aura une forme de diversité parce qu’ils amèneront des perspectives et des expériences différentes à la discussion ». Elle avait ensuite envoyé un courriel à l’ensemble des salariés d’Apple pour s’excuser d’un « mauvais choix de mots ».
http://www.lemonde.fr/pixels/article/20 ... 08996.html
Toutes ces élucubrations ne seraient que l'expression de quelques personnes frustrées, je ne bougerais pas le petit doigt. Mais c'est clairement beaucoup plus que ça.