le féminisme

Discussions et revue de presse sur des thèmes ne relevant ni de la politique ni de l'économie et des finances: technologies, emploi, écologie, transport, sport...
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Re: le féminisme

#11601 Message par pangloss » 27 janv. 2022, 16:09

wizi a écrit :
27 janv. 2022, 16:06
pangloss a écrit :
26 janv. 2022, 11:52
Les grandes thèses de son dernier bouquin (de véritables révélations -des percées, comme il dit- pour certaines...).

Certains y découvriront le concept d'hypogamie (féminine)... :wink:
Je pense qu'il y a une erreur, et que tu voulais parler d'hypergamie féminine...

Les femmes étant par nature hypergame depuis la nuit des temps, et dans tous les types de sociétés humaines (que cela soit asiatique, amérindienne, européenne, africaine...) et dans bcp d'organisations animales de mammifères en général. Cela est logique, cela leurs permet de choisir les meilleurs géniteurs pour assurer l'avenir de leurs enfants.

J'ai découvert le concept d'hypergamie féminine assez récemment, bien que comme pratiquement tous les hommes, je l'avais remarqué, sans mettre de mot dessus, sans savoir que cela avait été théorisé.

Il doit bien y avoir qq exceptions à la règle, mais c'est très généralement le cas.

Si elle en a la possibilité, une femme choisit pratiquement toujours un conjoint de statut social plus élevé, ce qui est naturel.

Par ex simple à mon taf :

- les techniciennes choisissent de se mettre en couple avec un ingénieur
- Les ingénieures choisissent de se mettre en couple avec des cadres sup...
... Eh bien, l'inverse de la situation "traditionnelle" est désormais de plus en plus fréquente, et pas mal vécue...
(si Madame "assure"...)
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Re: le féminisme

#11602 Message par clairette2 » 27 janv. 2022, 16:48

Choix cornelien entre écologie et féminisme !! :lol:
https://madame.lefigaro.fr/societe/je-n ... 122-210271
."Je ne pouvais pas rester avec un homme qui commandait sur Amazon" : quand l’écologie s’immisce dans le couple
Modifié en dernier par clairette2 le 27 janv. 2022, 17:03, modifié 1 fois.
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Re: le féminisme

#11603 Message par immoglobine » 27 janv. 2022, 17:01

wizi a écrit :
27 janv. 2022, 16:06
Il doit bien y avoir qq exceptions à la règle, mais c'est très généralement le cas.
C'était.

Peut être que les changements se remarque moins dans ta branche, ou peut être que tu es juste un vieux qui côtoie des vieux. :mrgreen:
Sans que ça soit majoritaire, j'ai de plus en plus d'exemples autour de moi, mais c'est à chaque fois des gens jeunes (tous nés après 1990).
La propriété privée nous a rendus si stupides et si bornés qu'un objet n'est nôtre que lorsque nous le possédons.
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Re: le féminisme

#11604 Message par wizi » 27 janv. 2022, 17:03

pangloss a écrit :
27 janv. 2022, 16:09
... Eh bien, l'inverse de la situation "traditionnelle" est désormais de plus en plus fréquente, et pas mal vécue...
(si Madame "assure"...)
Tu peux développer un peu plus et donner qq exemples ?

Car dans ma vie et mon entourage, j'ai toujours vu des cas d'hypergamie féminine, lorsqu'elles en avaient la possibilité (jeunesse, beauté, intelligence, réseau social...).


Tu parles bien de cas où, par exemple, une femme jeune, jolie, ingénieure à 3k€/mois choisirait de se mettre en couple à long terme avec un gars à 1k€/mois, voir au RSA. Alors qu'elle a le choix de 10 autres hommes dans son entourage à 4/6 k€/mois qui aimeraient être en couple avec elle et qui sont aussi bien que le premier gars sur les autres critères (physique, humour, intelligence...).

Pour bien être sûr que l'on parle bien de la même chose.
Ce n'est pas en améliorant la bougie que l'on a inventé l'ampoule électrique...

Vous connaissez le principe de l'Idiocratie ? Les c0ns gagnent toujours à la fin.

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Re: le féminisme

#11605 Message par kamoulox » 27 janv. 2022, 17:07

wizi a écrit :
27 janv. 2022, 17:03
pangloss a écrit :
27 janv. 2022, 16:09
... Eh bien, l'inverse de la situation "traditionnelle" est désormais de plus en plus fréquente, et pas mal vécue...
(si Madame "assure"...)
Tu peux développer un peu plus et donner qq exemples ?

Car dans ma vie et mon entourage, j'ai toujours vu des cas d'hypergamie féminine, lorsqu'elles en avaient la possibilité (jeunesse, beauté, intelligence , réseau social...).


Tu parles bien de cas où, par exemple, une femme jeune, jolie, ingénieure à 3k€/mois choisirait de se mettre en couple à long terme avec un gars à 1k€/mois, voir au RSA. Alors qu'elle a le choix de 10 autres hommes dans son entourage à 4/6 k€/mois qui aimeraient être en couple avec elle et qui sont aussi bien que le premier gars sur les autres critères (physique, humour, intelligence...).

Pour bien être sûr que l'on parle bien de la même chose.
C’est mon cas
:mrgreen:

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Re: le féminisme

#11606 Message par berliner59 » 27 janv. 2022, 17:25

clairette2 a écrit :
27 janv. 2022, 16:48
Choix cornelien entre écologie et féminisme !! :lol:
https://madame.lefigaro.fr/societe/je-n ... 122-210271
."Je ne pouvais pas rester avec un homme qui commandait sur Amazon" : quand l’écologie s’immisce dans le couple
Ca aurait pu être pire : Aliexpress :wink:

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Re: le féminisme

#11607 Message par immoglobine » 27 janv. 2022, 18:05

wizi a écrit :
27 janv. 2022, 17:03
Tu peux développer un peu plus et donner qq exemples ?
Dans mon entourage j’ai homme ingénieur avec femme médecin (x2), homme ingénieur et femme carde dans la finance.
Et aussi femme ingénieur avec homme prof (x2), prof de musique, sapeur pompier, travailleur humanitaire ou travailleur social.

Autre nouveauté peu constatée sur les générations précédentes, des couples d’ingénieurs dont la femme est dans un grand groupe public (EDF, SNCF,...) ou du CAC40 (Orange, Atos,Vinci,...) et ou la priorité du couple est mis sur la carrière de la femme (promotion, mutation,...) car elles bénéficient de la discrimination positive pour monter dans les échelons. Maintenant que j’approche de la quarantaine il y plusieurs couples aujourd’hui ou madame à une position hiérarchique plus élevée que monsieur.

On parle de gens qui ont environ le même âge, pas de miss France, ni de Quasimodo.
C’est pas l’écrasante majorité, mais dans les plus jeunes (pour moi les jeune femmes ingénieurs qui rejoignent ma branche* c’est peut être pas loin du quart).

*Sachant qu’à la fin des études il n’est pas rare que les jeune femmes ingénieur soient en couple avec d’autres jeunes ingénieurs de leur école. Mais suite aux ruptures les couples peuvent être assez divers, ça vient peut être du fait des applications de rencontre, mais comme c’est pas mon époque je ne suis pas spécialiste.
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Re: le féminisme

#11608 Message par kamoulox » 27 janv. 2022, 18:27

Au contraire les applications de rencontres c’est encore plus facile pour sélect si tu es malin.

Quand une nana mets en musique booba, jul et techno bon tu sais que ça vole pas haut.

A la limite tu peux jouer pour tirer un coup si elle est pas mal mais ça ira pas plus loin…

Non c’est autre chose que mettre sur le dos des appli de rencontre. J’ai rencontré ma femme sur zinkinf, un site de petites annonces pour musiciens ou matériel de musique :lol:

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Re: le féminisme

#11609 Message par pepa2 » 27 janv. 2022, 18:29

]
wizi a écrit :
27 janv. 2022, 17:03
Tu peux développer un peu plus et donner qq exemples ?

Car dans mon entourage, j'ai vu aussi des cas d'hypergamie féminine, Comme tu l'expliques : lorsqu'elles en avaient la possibilité (jeunesse, beauté, intelligence, réseau social...).

Et des cas d’hypergamie masculine, vous en avez vu aussi ? Car l’exemple que vous prônez est connu aussi et je dirais même répandu. J’ai vu pas mal de cas où des vieux, moches, avec un bon réseau social et pas mal de liquidités choisissent des filles très belles mais un peu fauchées et pas mal blondes. Si, si, ça existe, comme quoi c’est assez banal.

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Re: le féminisme

#11610 Message par Manfred » 27 janv. 2022, 18:35

pepa2 a écrit :
27 janv. 2022, 18:29
]
wizi a écrit :
27 janv. 2022, 17:03
Tu peux développer un peu plus et donner qq exemples ?

Car dans mon entourage, j'ai vu aussi des cas d'hypergamie féminine, Comme tu l'expliques : lorsqu'elles en avaient la possibilité (jeunesse, beauté, intelligence, réseau social...).

Et des cas d’hypergamie masculine, vous en avez vu aussi ? Car l’exemple que vous prônez est connu aussi et je dirais même répandu. J’ai vu pas mal de cas où des vieux, moches, avec un bon réseau social et pas mal de liquidités choisissent des filles très belles mais un peu fauchées et pas mal blondes. Si, si, ça existe, comme quoi c’est assez banal.
ça tombe bien, l'étude des comportements en termes de marché de la séduction (ce que sont clairement les applis de rencontre) montre que les hommes ayant une surface sociale et financière sont très recherchés, ce qui correspond aux quadragénaires et +, tandis que les femmes recherchées sont celles qui sont jeunes et belles (la vingtaine).

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Re: le féminisme

#11611 Message par Indécis » 28 janv. 2022, 14:49

Un Suisse change de sexe à l'état civil pour toucher plus tôt sa retraite
https://www.lefigaro.fr/actualite-franc ... e-20220128
L'homme a profité de la facilité de la procédure pour devenir «femme», et obtenir une rente de vieillesse à 64 ans au lieu de 65.

Une démarche aussi incongrue que rentable. Le 5 janvier dernier, un sexagénaire du canton de Lucerne a changé de sexe à l'état civil, afin d'obtenir plus vite une pension de retraite. L'affaire a été rapportée par le Luzerner Zeitung et plusieurs autres médias suisses.

Depuis le 1er janvier 2022, il est possible en Suisse de changer de sexe auprès de l'administration en passant par une procédure simple. Un entretien de dix minutes suffit, au cours duquel la «capacité de discernement» de la personne est vérifiée. Après le versement d'une somme de 75 francs d'enregistrement, le changement est acté aux yeux de l'État.

Une facilité déconcertante qui laissait déjà entrevoir des possibilités d'abus, les hommes pouvant devenir «femmes» pour éviter le service militaire obligatoire. Mais aussi pour toucher plus tôt la rente dite AVS (assurance-vieillesse et survivants), versement de retraite de base, créée en 1925 et allouée aux femmes à 64 ans, et aux hommes à 65 ans. C'est cet objectif qui a été évoqué par le Lucernais, par ailleurs connu dans le canton pour ses «provocations», selon 20Minutes.

L'administration n'est à ce jour pas revenue sur le dossier. 20Minutes Suisse cite des consignes données aux officiers d'état civil de ne pas «rechercher activement» les abus et ce, même en l'absence de toute certification médicale. Enfin, les médias suisses soulignent la crainte des responsables administratifs de se voir accuser de «transphobie», qui les pousserait à se montrer peu regardants et donc à accepter toutes les demandes de changement de sexe à l'état civil.
L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit...

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Re: le féminisme

#11612 Message par pangloss » 28 janv. 2022, 15:54

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Tout à la fois, hypergamie et hypogamie féminines... :lol:
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Re: le féminisme

#11613 Message par wasabi » 28 janv. 2022, 16:19

pour ceux qui ne savent pas, polygame c'est pour les hommes, pour les femmes c'est polyandre.

C'est comme Thomas Pesquet, ce n'est pas un astronaute, et ce n'est pas parce qu'il prétend le contraire qu'il l'est. Il est spationaute.
"Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable" - J.M. Keynes, 1936

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Re: le féminisme

#11614 Message par watoo » 28 janv. 2022, 19:04

pangloss a écrit :
28 janv. 2022, 15:54
Image
Tout à la fois, hypergamie et hypogamie féminines... :lol:
Tout ça c'est des calomnies; elle l'aime pour sa beauté intérieure et seulement pour ça !





Nan, j'déconne :mrgreen:
Quelqu'un a des nouvelles d'ignatius ?

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Re: le féminisme

#11615 Message par kamoulox » 28 janv. 2022, 19:11

wasabi a écrit :
28 janv. 2022, 16:19
pour ceux qui ne savent pas, polygame c'est pour les hommes, pour les femmes c'est polyandre.

C'est comme Thomas Pesquet, ce n'est pas un astronaute, et ce n'est pas parce qu'il prétend le contraire qu'il l'est. Il est spationaute.
Et les russes sont cosmonautes

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Re: le féminisme

#11616 Message par DIGOU » 29 janv. 2022, 09:01

kamoulox a écrit :
28 janv. 2022, 19:11
wasabi a écrit :
28 janv. 2022, 16:19
pour ceux qui ne savent pas, polygame c'est pour les hommes, pour les femmes c'est polyandre.

C'est comme Thomas Pesquet, ce n'est pas un astronaute, et ce n'est pas parce qu'il prétend le contraire qu'il l'est. Il est spationaute.
Et les russes sont cosmonautes
Et les Portugais, Tosmonotes :mrgreen:
Bon, elle est vieille celle là.

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Re: le féminisme

#11617 Message par optimus maximus » 29 janv. 2022, 11:08

wasabi a écrit :
28 janv. 2022, 16:19
pour ceux qui ne savent pas, polygame c'est pour les hommes, pour les femmes c'est polyandre.

C'est comme Thomas Pesquet, ce n'est pas un astronaute, et ce n'est pas parce qu'il prétend le contraire qu'il l'est. Il est spationaute.
Pour les hommes, c'est la polygynie

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Re: le féminisme

#11618 Message par optimus maximus » 29 janv. 2022, 11:09

pangloss a écrit :
28 janv. 2022, 15:54
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Tout à la fois, hypergamie et hypogamie féminines... :lol:
Je me sentirais ridicule à sa place...

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Re: le féminisme

#11619 Message par DIGOU » 29 janv. 2022, 11:26

optimus maximus a écrit :
29 janv. 2022, 11:09
pangloss a écrit :
28 janv. 2022, 15:54
Image
Tout à la fois, hypergamie et hypogamie féminines... :lol:
Je me sentirais ridicule à sa place...
Espèce de médisant, elle simplement au premier plan, lui étant derrière, c'est une illusion d'optique :mrgreen:

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Re: le féminisme

#11620 Message par Manfred » 29 janv. 2022, 12:33

DIGOU a écrit :
29 janv. 2022, 11:26
Espèce de médisant, elle simplement au premier plan, lui étant derrière, c'est une illusion d'optique :mrgreen:
hum hum...
pas sur celle là. Mais elle porte des talons :mrgreen:

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Re: le féminisme

#11621 Message par wasabi » 29 janv. 2022, 12:34

optimus maximus a écrit :
29 janv. 2022, 11:09


Je me sentirais ridicule à sa place...
elle ou lui ?
"Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable" - J.M. Keynes, 1936

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Re: le féminisme

#11622 Message par wasabi » 29 janv. 2022, 12:35

Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 12:33

pas sur celle là. Mais elle porte des talons :mrgreen:

Image
lui aussi :mrgreen:
"Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable" - J.M. Keynes, 1936

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Re: le féminisme

#11623 Message par Manfred » 29 janv. 2022, 12:38

wasabi a écrit :
29 janv. 2022, 12:35
Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 12:33

pas sur celle là. Mais elle porte des talons :mrgreen:

Image
lui aussi :mrgreen:
tout au plus des talonettes de 2-3cm là où elle en a d'une bonne dizaine.
Après, on trouve ça ridicule car on est sexistes, nos vieux réflexes de cis hétéros patriarcaux qui font qu'un homme grand et une femme petite c'est normal mais pas l'inverse, tout comme on trouve bizarre un homme jeune et une femme vieille et pas l'inverse...
Il faut se déconstruire !

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Re: le féminisme

#11624 Message par optimus maximus » 29 janv. 2022, 12:39

wasabi a écrit :
29 janv. 2022, 12:34
optimus maximus a écrit :
29 janv. 2022, 11:09


Je me sentirais ridicule à sa place...
elle ou lui ?
Je sais pas si c'est ridicule pour une jeune femme de traîner un caniche.
C'est là qu'on voit l'effondrement du patriarcat. Son père aurait dû lui choisir sa femme, il aurait peut-être préservé le groupe Lagardère.

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Re: le féminisme

#11625 Message par pangloss » 29 janv. 2022, 13:18

On rigole, on rigole...mais je le trouve finalement attendrissant ce fils de milliardaire qui s'est trouvé après 50 ans...
Image
...et pas dépourvu d'humour...

Todd consacre d'ailleurs de longs développements au fait que le terme de "patriarcat" a été dévoyé/sur-employé par les féministes "antagonistes"/"de troisième generation". Les anthropologues sérieux le réservaient auparavant aux sociétés où le statut des femmes était particulièrement bas (genre Afghanistan aujourd'hui). Pour l"Europe de l'Ouest, il aurait fallu parler seulement de "patridominance".
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Re: le féminisme

#11626 Message par Madi94 » 29 janv. 2022, 13:31

C'est qui ? :oops:

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Re: le féminisme

#11627 Message par pangloss » 29 janv. 2022, 13:37

Madi94 a écrit :
29 janv. 2022, 13:31
C'est qui ? :oops:
Arnaud Lagardère, fils de Jean-Luc Lagardère, grand capitaine d'industrie des années 60-70 (Matra, Hachette).
Grâce à un travail acharné, Arnaud a su faire une petite fortune de la grande que lui avait lèguée son père.
Nous le voyons ici avec son deuxième mariage... :lol:
Dans Orgueil et Préjugés, de Jane Austen, le père, Mr Bennett a écrit :Pourquoi sommes-nous au monde, sinon pour amuser nos voisins et rire d'eux à notre tour ?
Image
Acheté récemment (merci à Indécis) ça se lit lentement.
Opus majeur en dépit de la ruse polémique : Todd connaît son monde... :wink:
Voilà un retraité hyperproductif !

Les grandes thèses du bouquin (de véritables révélations -des percées, comme il dit- pour certaines...).

Todd consacre de longs développements au fait que le terme de "patriarcat" a été dévoyé/sur-employé par les féministes "antagonistes"/"de troisième generation". Les anthropologues sérieux le réservaient auparavant aux sociétés où le statut des femmes était particulièrement bas (genre Moyen-Orient aujourd'hui). Pour l"Europe de l'Ouest, il aurait fallu parler seulement de "patridominance".

Image "histoire de la construction du patriarcat"

+ Site remarquable présentant un résumé des thèses du livre ainsi que de nombreuses cartes les illustrant : lien
Où en sont-elles, d'Emmanuel Todd. Extrait du chapitre 9, pages 191 à 200

L'émancipation: 1950-2020

La place dans l'histoire des femmes occidentales étant établie, en descendantes directes de leurs ancêtres cueilleuses, le moment est venu du grand saut: essayer de comprendre ce qui se passe aujourd'hui. Je distinguerai trois courtes phases. D'abord, l'après-guerre (1950-1965), époque de conformisme apparent. Je passerai ensuite à la mutation anthropologique des années 1965-2000. Nous verrons alors à quel point le dépassement éducatif des hommes par les femmes est déjà ancien et ce que cela signifie pour notre présent. Enfin, viendront les années 2000-2020, notre monde immédiat. Recourant alors au concept d'intersectionnalité généralisée, j'étudierai l'interaction entre division des sexes et rapports de classes. Comprendre la pluralité des dominations plutôt que la pluralité des discriminations sera notre objectif.

Ce chapitre, comme les deux suivants, sera centré sur la France. Mais nous nous appuierons aussi sur le cas des États-Unis, qui ont eu jusqu'à une génération et demie d'avance sur nous dans la révolution féministe et constituent un indispensable point de comparaison. La Suède nous sera également nécessaire. Elle est devenue le porte-drapeau autoproclamé du féminisme mondial et son cas nous permet d'identifier certaines des limites de la révolution anthropologique que nous vivons.

1950-1965: l'apogée du conformisme petit-bourgeois

Entre 1950 et 1965, en Occident, il est impossible de parler d'un statut bas de la femme. La situation en Europe occidentale et aux Etats-Unis est alors très loin de ce qui existe au Maghreb, en Chine ou même au Japon et en Allemagne. Dans les mentalités occidentales autour de l'Atlantique, de la mer du Nord et de la Baltique, règne, du point de vue de l'anthropologie historique, une égalité basique et naturelle entre hommes et femmes qui n'empêche pas une prédominance politique, au sens large, du sexe masculin. Mais-et c'est ce qui induit notre perception souvent erronée-les sociétés occidentales sont très spécialisées dans leurs fonctions masculines et féminines.

Dans ce monde d'après-guerre, diversifié sur les plans économique et social, il faut pour ce qui concerne le statut des femmes distinguer les classes moyennes du populaire. Contrairement à ce que suggèrent les stéréotypes élitistes et antipopulaires actuels, le monde ouvrier, certes très différencié en termes de rôles masculins et féminins, était, dans bien des dimensions, plutôt matricentré, ainsi que l'ont montré les études déjà citées de Michael Young et Peter Willmott sur l'Angleterre (1) ou d'Olivier Schwarz (2) sur le nord de la France. Le rôle des femmes y était important, situation toujours normale lorsque l'objectif existentiel est la survie plutôt que l'épanouissement du moi. Bien sûr, les Trente Glorieuses ont vu les ouvriers commencer de se rêver petits-bourgeois et adopter par la même certains comportements moins favorables aux femmes. Mais, même si l'homme gagne les revenus du ménage et si sa femme reste à la maison, il lui remet sa paie et elle contrôle l'usage qui en est fait.

L'épicentre de ce qu'on appelle aujourd'hui l'oppression des femmes (le « patriarcat » soft de l'Occident) se trouve au sein de la bourgeoisie, grande et petite. Les questions de survie s'y posent moins et la prédominance de l'homme dans l'obtention des revenus y est plus forte que dans le monde ouvrier. C'est là que l'on observe, comme c'était déjà le cas au xix siècle ou au xviii siècle, les velléités patrilinéaires et le plus fort puritanisme, terme moralisant qu'on peut traduire, pour rester technique, par « contrôle de la sexualité des femmes ». Le monde ouvrier est plus décontracté dans ses mœurs. Un article de Guy Desplanques et Michel de Saboulin nous apprend qu'en 1952-1954, les conceptions prénuptiales (signe que les couples ont fait l'amour avant le mariage) comptaient pour 11,6% des naissances chez les cadres supérieurs et 22 %, près du double, chez les ouvriers (3).

[1. Michael Young et Peter Willmond, Family and Kinship in East London, op cit
2. Olivier Schwartz, Le Monde privé des ouvriers, op.cit.
3. Guy Desplanques et Michel de Saboulin,«Première naissance et mariage de 1950 à nos jours» , Espace Population Sociétés. 2, 1986, p. 47-56]

Dans son Histoire de l'homosexualité en Europe, Florence Tamagne relève que le monde quvrier était aussi plus tolérant à l'homosexualité (1).
Le libéralisme sexuel du monde ouvrier ne doit pas être idéalisé. Ne soyons pas à notre tour des bourgeois du XIX siècle fantasmant, en positif désormais, sur la liberté des classes inférieures. Clellan S. Ford et Frank A. Beach signalent que dans la société américaine des années 1950, la seule pour laquelle nous ayons des indications à cette époque, la sophistication érotique des hommes qui avaient eu une éducation universitaire était un peu supérieure: ils négligeaient moins la stimulation orale des seins et des parties génitales feminines que les simples éduqués secondaires. L'Amérique fut pionnière dans l'étude des comportements sexuels, elle dispose donc de données rétrospectives inégalées et nous ne saurons jamais si on pouvait en dire autant des cadres supérieurs français de la même époque. La sociologie américaine nous vient d'un monde où les jeunes, avant même l'invention de la pilule, avaient le droit de s'envoyer en l'air sur les banquettes arrière des voitures. Ils ne le faisaient cependant qu'en vitesse et avec un appel immodéré à la fellation. Sans être tout à fait puceaux, ils arrivaient pour l'essentiel vierges au mariage.

Même en Amérique donc, le sexe était avant la pilule un risque autant qu'un plaisir. Faire l'amour, c'était prendre le risque, pour une femme de tomber enceinte, pour un homme de mettre une fille enceinte. Le contrôle des naissances était évidemment pratiqué, mais avec des moyens incertains: un mélange de préservatif, de méthode des températures, de coït interrompu et, surtout, d'abstinence, la technique la plus sûre pour éviter les accidents. Les filles n'étaient pas, contrairement au lieu commun actuel, surveillées par sexisme, mais pour leur propre protection, parce que devenir, comme on disait, « fille mère » était la voie royale vers une existence difficile. Il est un peu facile de dénoncer aujourd'hui le double standard sexuel d'autrefois qui privait les filles d'une liberté sexuelle laissée aux garçons.

[
Florence Tamagne, Histoire de l'homosexualité en Europe, Berlin, Londres Paris. 1919-1939, Paris, Seuil 2000
Clellan S Ford et Frans A Beach, Patterns of social behavior, New York, Harper, 1951, p. 41-Le Comportement sexuel chez l'homme et animal, Paris Robert Laffont, , 1970
]

L'interdit sur l'avortement, qui résultait du populationnisme français de la loi de 1920, ou plus souvent d'une prescription religieuse chrétienne, aggravait l'insécurité sexuelle et les risques d'accidents mortels resultant d'interventions clandestines. Le cadrage religieux de la vie sexuelle avait ici ramené la liberté des chrétiens au-dessous de celle des chasseurs-cueilleuses.

Ce contexte conduisait souvent, hors ou dans le mariage, à des rapports brefs et peu intéressants. On pourrait sans doute appliquer à la relation sexuelle idéale-typique des armées pré-pilule la formule de Thomas Hobbes sur la vie humaine: solitary, poor, nasty, brutish, and short, solitaire, pauvre, méchante, brutale et courte

La révolution éducative et sexuelle: 1965-2000

Pour comprendre le mouvement social et culturel des soixante-dix dernières années, allons directement au subconscient éducatif de la société, cet axe facile à tracer de l'histoire humaine, et voyons comment a évolué, à ce niveau, l'équilibre, ou le déséquilibre, entre hommes et femmes

En France, dès 1900, lire et écrire était un acquis universel pour les deux sexes dans les jeunes générations. C'est le taux d'obtention du baccalauréat qui importe tout au long du xx siècle. En 1896, selon la statistique nationale, on compte 7 241 bacheliers mais aucune bachelière.. En 1897 (année de la publication du Suicide, de Durkheim) pour la première fois, 2 filles bachelières sont enregistrées, pour 7 549 bacheliers. Le nombre de bachelières monte ensuite lentement à 400 en 1914, pour 7139 garçons. Lorsque s'ouvre la Seconde Guerre mondiale, en 1940, on atteint 9 292 filles bachelières pour 18 485 garçons. Deux tiers pour les garçons et un tiers pour les filles. En 1950, on est à 14 106 filles pour 19 039 garçons. Deux cinquièmes, trois cinquièmes. La régularité du rattrapage est frappante.

En 1960, la parité est presque atteinte: 29 864 filles pour 31 635 garçons, au cœur même pourtant de l'apogée conformiste et petite bourgeoise précédemment décrite. Le tournant définitif a lieu en 1968 (mon bac !) Ce fut un baccalauréat spécial pour bien des raisons.
[
Jean-Claude Chesnais, « La population des bacheliers en France. Estimation et projection jusqu'en 1995 ». Population, vol 30, no3, 1975, p. 527-550
]
On a souvent oublié qu'il a marqué l'écrasement des garçons par les filles (81492 bacheliers seulement contre 87 930 bachelières).
J'aimerais que le lecteur partage mon étonnement devant ces chiffres. En commençant les recherches pour ce livre, je pensais étudier une mutation en train de se produire du rapport de force entre les sexes, appelé à s'épanouir dans le futur. Sur le plan éducatif, le basculement a eu lieu il y a plus d'un demi-siècle !

L'évolution des mœurs a accompagné l'émancipation éducative des femmes et avant même que soient autorisés et disponibles les moyens de contraception modernes. La fécondité commence à baisser fortement en France entre 1965 et 1970. Dès 1965-1969, on observe une hausse des conceptions prénuptiales. De 11,6% en 1952-1954, chez les cadres. on l'a vu, elles passent à 18% on 1965-1969, avant de retomber, en 1970-1974, 16.6%. Chez les ouvriers, les conceptions prénuptiales passent de 22% en 1952-1954 à 27,3 % en 1965-1969, et, sans retomber atteignent 30% en 1970-1974. L'une des grandes illusions de l'époque actuelle est de croire que les catégories supérieures de la société ont impulsé le mouvement de libération sexuelle. La détente sur les mœurs a été plus forte et plus rapide chez les ouvriers que chez les bourgeois. Parce que cette évolution intervient dans un monde populaire qui n'était pas alors concerné par le baccalauréat, elle est une indication que l'évolution des mentalités doit être perçue comme un phénomène global, multidimensionnel. Nous devons supposer une émancipation des femmes qui traverse toutes les catégories sociales.

La pilule est autorisée par la loi Neuwirth en 1967 et l'interruption volontaire de grossesse par la loi Veil en 1975. En 1971, alors que le déclin de la fécondité est déjà bien engagé, seules 6% des femmes sont sous pilule ou stérilet (1). Le grand bond en avant de la contraception moderne se déroule entre 1970 et 1975, date à laquelle 25 % des femmes y ont recours.

Si la contraception moderne rend la vie sexuelle des hommes autant que celle des femmes plus plaisante, elle fait de la procréation une décision féminine. La perte de pouvoir masculin est ici totale, mais ce phénomène a été masqué par la complexité des rapports amoureux :
[
Voir Guy Desplanques et Michel de Saboulin, Première naissance et mariage de 1950 à nos jours.
]
On pense à des hommes qui ne veulent pas s'engager, à des femmes qui n'aiment pas assez leurs partenaires « pour leur faire un enfant », etc. La confusion des sentiments cache une réalité simple: en dernière instance, c'est désormais la femme qui décide d'avoir un enfant ou non. La position de faiblesse change de sexe: l'homme au sperme dédaigné remplace la fille mère.

Les femmes, les services et l'industrie

J'ai dit dans l'introduction que je ne séparerai pas les variables éducatives, anthropologiques et économiques, refusant entre elles toute hiérarchie. Passons donc maintenant à l'économie, sans considérer le métier comme a priori moins important que l'éducation, le mariage ou la vie sexuelle, même si l'arrivée massive des femmes sur le marché du travail est plutôt postérieure à 1975 et a progressé au rythme de l'éducation secondaire et supérieure. Cet accès à l'emploi brise une dépendance, elle abolit la nécessité économique de l'homme, en tout cas au niveau microéconomique des individus. On pourrait se contenter de dire qu'elle autorise les femmes à divorcer. Mais, très au-delà, elle supprime la nécessité du couple humain. Cela est une différence capitale avec les chasseurs-cueilleurs. Mais la notion d'inutilité du couple ne s'applique ici, je le répète, qu'au niveau des individus. La question de la viabilité macroéconomique et macrodémographique d'une société qui dépasse le couple humain reste posée.

Le taux d'activité des hommes était de 73,8% en 1975 et de 75,3% en 2019 (+ 1,4 %). Pendant la même période, celui des femmes est passé de 43,4% à 68,2 % (+24,8 %). La stabilité du taux masculin masque une assez large reconversion, du groupe et non des individus, de l'agriculture et de l'industrie vers les services. Dans le cas des femmes, même si on doit évoquer une rétraction de leur emploi dans l'agriculture et l'industrie, on doit surtout penser à une entrée directe dans les services. Notons que l'arrivée des femmes sur le marché du travail ne constitue pas un « ajout » à un monde industriel stable. Cette période est aussi celle d'une chute des effectifs industriels, qui commence entre 1975 et 1982.

De 1958 à 1964, la proportion de la population active employée dans l'industrie avait continué d'augmenter pour atteindre un plafond de 40 %, qui s'est maintenu pendant un peu plus d'une décennie (1). En 2014, cette proportion était tombée à 13.9%. En 1968, année où les filles dépassent définitivement les garçons pour l'obtention du baccalauréat, les hommes occupent 53 % des emplois dans les services, 67% des emplois agricoles, 71 % des emplois dans l'industrie de transformation, 91% dans la pêche, 95 % dans le bâtiment, 97 % dans les industries extractives. La division sexuelle du travail n'a pas tellement changé depuis l'époque des chasseurs-cueilleurs ou de l'agriculture intensive. Je renvoie le lecteur aux cartes du chapitre 7 et aux monopoles masculins sur la chasse, la pêche, la fabrication des bateaux et des maisons en dur, sur le partage des tâches agricoles, plus variable, et à ma catégorisation de l'élevage des enfants et des soins aux personnes âgées comme activités tertiaires plus féminines. Nul doute qu'en ôtant les activités textiles, plus féminines que les autres, de l'industrie de transformation, nous rapprocherions encore un peu plus la division sexuelle vers 1968 de ce qu'elle avait été durant les 100 000 années précédentes.
[
Alfred Nizard. La population active selon les recensements depuis 1946 Population 1971, vol.26, n 1. p.9-61.
]

En 1946, 42 % des femmes déjà étaient employées dans le secteur tertiaire et cette proportion a atteint 59% dès 1968. Si l'on essaie de penser simultanément l'économie et les rapports entre les sexes, on doit conclure que l'industrie fut masculine et que le développement du tertiaire a permis une croissance accélérée de l'emploi féminin. Mesurer la chute de l'emploi industriel, c'est faire la chronique du déclin de métiers masculins.

Ne nous contentons pas ici d'une vision mécanique du développement de l'économie, d'une réalisation du modèle développé par Colin Clark (1905-1989) puis Jean Fourastié (1907-1990), qui décrit un glissement de l'activité humaine du primaire vers le secondaire puis du secondaire vers le tertiaire, au rythme du développement différentiel de la productivité physique des secteurs agricole, industriel et des services. Nous verrons dans le dernier chapitre de ce livre que le mouvement vers le tertiaire ne s'est pas produit au même rythme dans tous les pays avancés et que les nations de tradition patrilinéaire ont été beaucoup moins rapidement et pleinement tertiarisées que l'Occident étroit. En Allemagne, par exemple, l'éducation supérieure des femmes a progressé moins vite et l'industrie a mieux résisté. Dans ce pays, les femmes n'ont pas été «libérées» au même degré qu'en France, en Suède, en Angleterre ou aux Etats-Unis. Nous devons admettre la possibilité que l'émancipation des femmes, si visible dans l'éducation, a été l'un des moteurs du développement du tertiaire.

Tout comme la deuxième phase du néolithique, agricole intensive, avait coïncidé avec le développement du principe patrilinéaire et l'abaissement du statut des femmes, la révolution postindustrielle a coïncidé avec l'émancipation des femmes et une élévation de leur statut.

La matridominance éducative: 2000-2020

En l'espace d'une génération, entre 1965 et 2000, la société a donc muté. Mais, sur le plan éducatif, le rapport hommes-femmes a basculé au-delà de ce qu'on imagine généralement. Le bac n'a été qu'une étape. Parce qu'il autorise l'accession à l'enseignement supérieur, une prépondérance féminine a fini par s'établir dans la partie la plus éduquée de la population française.

Les enquêtes «Emplois » de l'Insee nous permettent de connaitre le diplôme le plus élevé obtenu selon l'âge et le sexe dans la population active. Vers 2018, pour trouver une tranche d'âge dans laquelle plus d'hommes que de femmes avaient fait des études supérieures longues. il faut remonter aux 55-64 ans, avec 14,5% d'hommes et 12,1% de femmes. Dès que l'on passe aux 45-54 ans, l'équilibre s'inverse, avec 18,3% de femmes et seulement 17,9% d'hommes Quand on parle d'un dépassement des hommes par les femmes, on n'évoque donc pas aujourd'hui des gamins ou de jeunes gens, mais des personnes déjà mûres. La tendance s'accentue dans les générations plus récentes. Chez les 35-44 ans, 28,6 % des femmes mais seulement 24,7 % des hommes ont fait des études supérieures. Chez les 25-34 ans, 36,1% des femmes et 29,6 % des hommes, soit un sex-ratio de 122. Les jeunes générations sont passées en matridominance éducative. L'expression «les étudiants » est désormais trompeuse puisqu'elle est appliquée à une population majoritairement féminine. Il serait difficile de rejeter un changement grammatical qui exigerait que l'on dise, pour décrire des actions collectives, « les étudiantes »plutôt que « les étudiants » en précisant lorsque nécessaire « une étudiante de sexe masculin ». L'existence d'un genre grammatical neutre évite à l'anglais ce problème douloureux.

L'évolution a été rapide, elle est connue. Le problème de perception rétrospective, comme pour le baccalauréat, concerne la date : tout cela est déjà ancien. Les gens qui ont aujourd'hui 50 ans, et dont la génération a vécu l'inversion du sex-ratio dans l'éducation supérieure avaient 20 ans en 1990.

De l'hypergamie à l'hypogamie

Pour un anthropologue, la conséquence la plus importante de cette inversion du sex-ratio aura été le passage de l'hypergamie à l'hypogamie. La tradition était que les femmes, statistiquement, se marient avec des hommes plus âgés, plus riches ou /et plus éduqués. On parlait alors d'hypergamie d'âge, de richesse ou d'éducation. Les hommes du bas ou de la périphérie de la structure sociale-agriculteurs, ouvriers agricoles et manœuvres- avaient donc plus de difficulté à trouver une épouse et leur taux de célibat était plus élevé que la moyenne. En haut et au centre de la structure sociale, les femmes très éduquées, éventuellement cadres supérieures, ne trouvaient pas au-dessus d'elles les hommes nécessaires et présentaient un taux de célibat élevé.

J'emploie ici le terme « mariage » comme on le fait en anthropologie pour désigner une union de fait présentant un minimum de stabilité, qui peut être consensuelle sans être légitimée par un enregistrement civil ou religieux. L'hypergamie exprimait, à un niveau variable, la prédominance masculine de toutes les sociétés humaines jusqu'à la nôtre, mais elle était d'intensité très inégale selon la culture. L'obligation de se marier avec un homme de condition plus élevée, avec une dot, était tellement forte dans les castes rajputs du nord de l'Inde qu'elle y conduisait, dans les familles qui avaient trop de filles, à un infanticide massif des bébés de sexe féminin. Nous étions en France loin de cette hypergamie explicite plutôt que statistique. Encore une différence que masquerait la notion de patriarcat.

Notre monde modérément hypergame n'est plus. On se doute que dans une société où les femmes font plus d'études que les hommes, la perpétuation d'un modèle selon lequel les femmes épousent majoritairement des hommes plus diplômés qu'elles devient impossible. Dans un article de 2015 sur « l'inversion de l'hypergamie féminine au fil des cohortes (c'est-à-dire des générations) en France », Milan Boucher Valat a mesuré une diminution, puis une disparition de l'hypergamie, et finalement une inversion en hypogamie (1). Ce sont désormais les hommes qui, statistiquement, se marient au-dessus de leur condition éducative. Son étude ne concerne pas les seuls éduqués supérieurs mais tous les niveaux - primaire, secondaire et supérieur, avec comme groupes entre lesquels les mouvements sont saisis, les « aucun diplôme » les « certificat d'études primaires », les « CAP, BEP et BEPC » regroupés, les « baccalauréats généraux, technologiques et professionnels », les « diplômes du supérieur inférieurs à la licence », et enfin les « diplômes du supérieur à partir de la licence ». Ce qui est frappant, à nouveau, c'est que le basculement est intervenu bien plus tôt qu'on ne l'imaginerair: au plus tard pour la génération née en 1955 et qui a donc atteint l'âge de se marier vers 1980. Lorsque l'on inclut les échelons éducatifs intermédiaires, et pas seulement entre le supérieur et le reste, le basculement apparaît donc encore plus précoce.

Milan Bouchet-Valat, qui m'a beaucoup aidé pour l'accès et la compréhension de ces données (sans être aucunement responsable de mes éventuelles erreurs), m'a confié sa propre surprise en découvrant la précocité du passage à l'hypogamie. Si l'on prend en compte non plus telle ou telle génération, mais l'ensemble de la population, l'hypogamie devient plus fréquente que l'hypergamie aux alentours de l'an 2000.
pangloss a écrit :
11 févr. 2022, 07:52
Chapitre 10

Résistance masculine mais effondrement du collectif

L'émancipation des femmes dans les pays occidentaux depuis les années 1960 aura été un phénomène massif, rapide, et qui n'a pas rencontré beaucoup d'opposition au sein des sociétés qu'il a bouleversées. Cela ne signifie pas, nous l'avons vu, qu'on n'observe pas aujourd'hui des nuances selon que les femmes et les hommes appartiennent aux classes moyennes ou aux classes populaires. Cela ne signifie pas non plus que l'émancipation féminine ne se heurte pas actuellement à certaines limites. Dans ce chapitre, nous allons d'abord constater la persistance d'une division sexuelle du travail qui vaut bien celle des chasseurs-cueilleurs. J'abandonnerai ensuite la trop simple opposition entre classes populaires et classes moyennes pour m'intéresser, non pas aux 1% d'en haut comme on le fait désormais pour la critique du capitalisme globalisé, mais aux 4% d'en haut définis par la stratification éducative, groupe supérieur du supérieur qui reste patridominé. C'est la limite la plus connue à l'émancipation féminine: la résistance d'une fine pellicule masculine au sommet de la société

Je ne l'expliquerai pas par la volonté malfaisante d'un sexe que je n'oserai plus qualifier de fort, tant sa domination est désormais fragile. Les contradictions de la condition féminine et l'incertitude de la condition masculine expliquent beaucoup mieux que l'oppression l'omniprésence de måles potiches en haut de la structure sociale. La faiblesse de cette domination masculine résiduelle contribue en fait à une explication de la fragilité principale de l'Occident, l'effondrement du sentiment collectif. Mais j'admets d'avance que, lorsque je suggérerai que les excès du néolibéralisme résultent, pour une part, de
l'émancipation des femmes, je me situerai aux frontières de la science ouvrant une piste plutôt que donnant une conclusion.

La division sexuelle de travail, toujours et encore

Pour bien prendre la mesure de la persistance de la division sexuelle du travail, commençons par le pays féministe le plus avancé , la Suède dont nous avons déjà vu la position de numéro un mondial sur la carte 1. 3, tirée du Global Gender Gap Report 2020. Sa limite sera notre limite. Ses statistiques officielles, militantes mais honnêtes, publiées dans Women and Men in Sweden 2018 Facts and Figures, révélent d'étonnantes disparités professionnelles selon le sexe.

Partons du gouvernement: 52% de femmes ministres, et au niveau inférieur des secrétaires d'Etat, 54% Petite résistance, en revanche au niveau des top administrators, les directeurs d'administration toujours à 57% masculins. Nous retrouverons ces hommes bureaucrates proliférant sans contrôle en France. Mais, en Suède, dans l'ensemble de l'Etat, pas de problème: une parité à peu près satisfaisante peut être mesurée. Dans le champ de la politique partisane, au Riksdag par exemple, les résultats restent bons mais plafonnent dès 1998, 42% de femmes au Parlement; en 2002. 45 %;en 2010, toujours 45 %, en 2014,43 % Ce n'est pas mal même si les gros bataillons du politique restent à majorité masculine

Le plus intéressant, toutefois, est ailleurs, dans le secteur privé. Ses managers sont des hommes à 69 % tandis que ceux du secteur public sont des femmes à 65 %. En 2017, la distribution selon le sexe au sein des listed companies (c'est-à-dire des entreprises cotées en Bourse) permet de voir que les présidents sont des hommes à 94 %, les directeurs généraux à 92 % et les membres de conseil d'administration à 68 %. Dans les échelons supérieurs du secteur privé, la résistance masculine est donc , en Suède, extraordinaire. Ce que confirme l'examen des limited companies (équivalent à peu près de nos sociétés anonymes). dont les présidents sont des hommes à 85 % et les membres de conseil d'administration à 76%.

Avec la différenciation en métiers, la division sexuelle s'accuse encore. Sur les cartes du chapitre 7, qui concernaient des sociétés préindustrielles, nous avions vu la répartition si nette entre des hommes qui chassent, construisent des bateaux ou des maisons, et des femmes qui se consacrent à la cueillette ou à la poterie. En Suède, la différenciation des métiers selon le sexe persiste. Parmi les infirmières, on comple 93% de femmes: parmi les personnes qui s'occupent des vieux,87%; parmi les travailleurs sociaux, 84 %: parmi les assistantes ou secrétaires, 83 %: parmi les personnes travaillant avec des enfants, 82 % Enfin, 80% des enseignants des maternelles sont des enseignantes. À l'inverse, maçons, charpentiers et électriciens sont des hommes à 98%. Chez les travailleurs du métal et de la réparation mécanique, la proportion des hommes se situe toujours au-dessus de 95%

L'entrée massive des femmes dans l'emploi masque donc le plus souvent une résistance plus que forte, pour ainsi dire parfaite, de la division sexuelle du travail. Les femmes se spécialisent dans des métiers qui semblent les décalques salariés de leurs fonctions tertiaires dans la famille des chasseurs-cueilleurs les soins aux jeunes et aux vieux, l'enseignement, l'entretien de la maison devenant gestion administrative de la maison-nation.

La Suède ayant fixé notre attente maximum, je ne reprendrai pas la démonstration globale pour la France, me contentant de souligner l'actuelle division sexuelle du travail dans quelques métiers très qualifiés, à l'intérieur des classes moyennes éduquées : j'examineral successivement les cadres, les médecins et les mathématiciens

Le sexe de l'État

Dans « Insee Références » édition 2017, nous trouvons un article intitulé « Accès des femmes et des hommes aux positions de cadres en début de vie active: une convergence en marche ? », rédigé par une équipe apparemment mixte-Vanessa Di Paola, Arnaud Dupray, Dominique Epiphane, Stéphanie Moullet (1).
[
1. Vanessa Di Paola, Amand Dopray, Dominique Epiphane, Stéphanie Mouilles, Acces des femmes et des hommes aux positions de cadres en début de vie active : une convergence en marche ? «Insee Références » , 2017, p. 31-47.
]
«Pour la première fois, en 2013, la part de jeunes femmes qui occupaient, trois ans après leur entrée sur le marché du travail, un emploi de cadre, est devenue quasi équivalente à celle des jeunes hommes.» On a donc eu un mouvement de rattrapage. « Ce dernier, poursuivent les auteurs, est aussi à l'œuvre s'agissant des salaires [...] Il reste que l'accroissement des femmes dans les postes de cadres en début de vie professionnelle n'est toujours pas à la mesure de l'importance de leur investissement éducatif. A caractéristiques et diplômes identiques aux hommes, elles ont encore 30% de chances en moins de devenir cadres, que le poste soit associé ou non à des responsabilités hiérarchiques. » C'est tout à fait exact: si le nombre d'hommes et de femmes cadres est équivalent, alors qu'il y a plus de femmes diplômées, celles-ci sont désavantagées dans le passage des études au métier. Si l'on alignait en effet la structure économique sur les diplômes, nous réaliserions une société résolument matridominée

L'information cruciale est, cependant, encore à venir. Elle concerne la persistance d'une spécialisation sexuée à l'intérieur de la catégorie des cadres. Les femmes sont massivement cadres dans le secteur public et les hommes dans le secteur privé. « Les jeunes femmes cadres travaillent deux fois plus souvent dans ce secteur [le public] que les hommes (31% contre 16% en 2013). On observe de grandes différences selon les catégories: «Les jeunes femmes représentent ainsi 62% des cadres hiérarchiques dans la fonction publique, 69 % parmi les professeurs et professions scientifiques, 62% dans les professions de l'information des arts et des spectacles mais 46% des encadrants parmi les cadres administratifs et commerciaux d'entreprise et seulement 22 % des ingénieurs et cadres techniques d'entreprise. » Nous voici à nouveau dans un monde, adouci, de chasseurs-cueilleurs : les hommes continuent de fabriquer les outils et de transformer la matière.

Le corps médical

La division du travail qu'on observe au niveau des grands secteurs. secondaire et tertiaire, privé et public, ainsi qu'au niveau des métiers. persiste si nous descendons d'un cran supplémentaire dans l'analyse et examinons de l'intérieur les métiers les plus féminisés. Il est possible alors d'identifier de nouvelles divisions sexuées, plus fines, qui n'existaient pas avant l'entrée des femmes dans le secteur d'activité.

Prenons l'exemple de la médecine. En France, 7978 étudiants ont choisi leur spécialité d'internat en 2017. Les femmes étaient largement majoritaires : 57% des effectifs. Le Quotidien du médecin a analysé les affectations (1). Les femmes sont surreprésentées en pédiatrie, endocrinologie et dermatologie. Dans ces spécialités, leur proportion dépasse 75% Elle atteint désormais 98,4 % en gynécologie. Les hommes sont, quant à eux, surreprésentés dans les spécialités chirurgicales. Les effectifs sont restreints mais la différence est importante: la neurochirurgie arrive en tête (76,2% d'hommes), suivie par la chirurgie orale, puis orthopédique et vasculaire.

L'engagement masculin en chirurgie renvoie étrangement à leur prédominance dans l'industrie et la technique. Elle évoque à nouveau une attirance pour la manipulation de la matière, ici vivante plutôt qu'inerte. L'ophtalmologie aussi est dominée par les hommes (59,6 %) mais moins que la chirurgie. Pour l'obtenir, il fallait être classé parmi les 2 134 premiers. Cela peut expliquer la surreprésentation des hommes dans cette discipline très demandée. Les hommes sont en moyenne mieux classés: 52,2 % parmi les 1 000 premiers. Nous voyons surgir une pellicule masculine supérieure dont aucun traitement idéologique ne semble capable de nous débarrasser. J'en reparlerai plus loin.

Les mathématiques

La technique et la transformation de la matière semblent bien constituer le cœur de la résistance masculine. On en a une preuve supplémentaire quand on examine le rapport respectif des hommes et des femmes aux études scientifiques.

Si nous nous en tenons aux individus, il n'est évidemment pas difficile de penser à certaines femmes également aptes aux mathématiques de haut niveau que les hommes. Mais, statistiquement, les études scientifiques restent un bastion masculin et les rapports de l'Unesco s'en inquiètent (2). [
Le Quotidien du médecin, 25 novembre 2017.
2. Unesco, Women in science , Fact sheet, n 43, mars 2017.
]
C'est la face négative du basculement de l'éducation supérieure dans la matridominance : il est massif dans les lettres, les sciences humaines (avec, on l'a dit, une petite résistance en histoire), dans le secteur médical ou judiciaire. Mais le pourcentage de femmes parmi les doctorats en sciences, mathématiques et informatique n'était en 2007 que de l'ordre de 35 % (contre 65 % aux hommes selon l'Unesco), la France étant proche de cette moyenne et la Suède dépassant un peu le seuil de 40 %.

La science pure est le cœur de la pensée abstraite, avec en son centre ultime les mathématiques. L'évolution des études supérieures n'évoque pas, cependant, la pensée abstraite comme môle de résistance ultime et central du sexe masculin. Ce sont les études menant à la carrière d'ingénieur qui constituent ce point d'ancrage La moyenne féminine européenne tombe là à 25 % contre 75 % pour les hommes, la France étant à 23 % et la Suède à 27 %. Ce décalage observé entre science abstraite et technique est important parce qu'il établit une continuité (de nouveau!) entre la résistance masculine actuelle et la vieille division sexuelle du travail chez Homo sapiens, qui réservait au sexe masculin la fabrication des outils et, on l'a vu, des bateaux (voir à nouveau les cartes du chapitre 7), dénoncée par Paola Tabet comme stratégique dans la domination masculine.

Indubitablement, l'importance des grandes écoles scientifiques françaises et leur capacité à fournir des cadres et dirigeants au-delà de l'industrie en font l'un des instruments de la perpétuation de la pellicule supérieure de patridominance, encore observable dans toutes les nations avancées. En 2011, en France, la part des femmes à l'université était de 57,2%; dans les écoles de commerce de 49,91%: dans les classes préparatoires aux grandes écoles de 41,9 %; dans les écoles d'ingénieurs de 27,8% (1).

Pour autant, aujourd'hui, dans notre monde tertiarisé, la transformation de la matière n'assure plus qu'une domination très limitée. Les ingénieurs, s'ils veulent très bien gagner leur vie, doivent souvent fuir vers la finance. Les ouvriers à l'abandon votent pour le Rassemblement national en France, Trump aux Etats-Unis ou Sverigedemokraterna en Suède. Et nous observons bien que l'effondrement industriel de certaines sociétés contribue à l'effacement de la patridominance.
[
1. Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,«Egalité entre les femmes et les femmes Les chiffres clés de la parité dans l'enseignement supérieur et la recherche»
]


Les 4 % d'en haut: une patridominance résiduelle

Revenons à la catégorie éducative la plus élevée. La massification de l'éducation supérieure pose un problème de description analogue à celui des revenus. Le grand apport de Thomas Piketty à l'étude des inégalités de revenus aura sans doute été de cibler les 1% à l'intérieur des 20% d'en haut (les deux déciles supérieurs chers à l'OCDE) et de montrer à la planète entière que c'était du côté de ces 1 % qu'il fallait chercher les bénéficiaires du système économique globalisé dans son état actuel. [1. Thomas Piketty, Le Capital au xxieme siècle, Paris, Seuil, 2013,] Les 19 % suivants ont perdu de ce fait leur statut d'élite et se sont transformés, par la grace de l'analyse statistique des revenus fiscaux, en une petite bourgeoisie globale mollement contestataire.

Appliquons à l'université un ciblage du même type. Si 40% des jeunes (chiffre de modélisation) font désormais des études supérieures complètes, il est évident qu'ils ne vont pas constituer une « aristocratie de masse », l'oxymore absolu. Un supérieur du supérieur se dégage sur les plans pratique et symbolique aux États-Unis ou en Angleterre les meilleures universités (il faut tailler nettement plus large que l'Ivy League ou Oxbridge): en France, les plus grandes écoles et les classes qui y préparent. La place tenue par ce supérieur du supérieur est difficile à mesurer avec précision à cause des changements et recombinaisons dans les cursus étudiants, mais on peut l'évaluer, en France, à 10% du total des étudiants, sur la base du nombre d'élèves des écoles d'ingénieurs et des classes préparatoires: 10% de 40% feraient 4% d'une génération. Ce pourcentage est intéressant parce qu'il permet de pressentir l'émergence d'une stratification nouvelle en France : avec ces 4% d'en haut, nous ne prenons pas tous les cadres et professions intellectuelles supérieures qui représentent (à nouveau en modélisant) 20% de la population active.

Je suis conscient des difficultés que présente ce schéma. Il est évident qu'un certain nombre d'anciens élèves de grandes écoles se retrouvent, par la suite, en termes de revenus, dans la catégorie sociologique des cadres et professions intellectuelles supérieures « standards ». Qu'on songe aux normaliens professeurs de lycée. Et, à l'inverse, un certain nombre de personnes qu'on ne peut ranger ailleurs que dans la catégorie la plus dominante ne sont pas passées par de grandes écoles. Une Françoise Bettencourt Meyers, héritière de L'Oréal, n'a que le bac. Son fils ainé, Jean-Victor, ne semble pas non plus s'être particulièrement distingué au cours de ses études. En fait, si l'alignement des revenus sur les diplômes se vérifie jusqu'à un certain point, il se heurte, bien entendu, à des limites.

Cependant, les hommes constituent plus des deux tiers des effectifs des grandes écoles La division des éduqués supérieurs en deux catégories permet de situer à la source, le maintien de la pellicule supérieure patridominée. Ces 4% d'en haut peuvent ensuite se répandre sur le haut de la structure des métiers, puisque l'économie suit l'éducation. J'ai décrit, à la suite des travaux de Milan Bouchet-Valat, une homogamie en haut de la société, mais seulement si la description de l'éducation supérieure n'est pas trop fine. Nous pouvons ici pousser un cran plus loin l'analyse et imaginer que si nous taillons plus fin, nous retrouverons même un biais hypergamique interne au supérieur du supérieur. Une centralienne qui épouse un polytechnicien pourra être comptée, telle une femme rajput comme réalisant un mariage hypergamique. Je n'ai pas de statistiques aussi précises mais je connais deux couples de ce type, dont l'un a d'ailleurs réussi à produire un fils normalien et une fille polytechnicienne.

Encore plus haut: le capital n'a pas de sexe

Contentons-nous à ce stade de dire que le haut de la société reste patridominé. Ce haut ne restera pas bien longtemps un sommet. La réalité sociale n'est pas stable dans un monde économique qui évolue. certes, vers la régression du niveau de vie global, mais aussi vers l'accumulation de fortunes pour les 1 % et peut-être plus encore les 0,1% des revenus les plus élevés. Les travaux de Louis Chauvel et Thomas Piketty' ont montré, pour les générations nées après 1970,.......
Modifié en dernier par pangloss le 23 mars 2022, 18:33, modifié 1 fois.
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Re: le féminisme

#11628 Message par DIGOU » 29 janv. 2022, 14:09

Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 12:33
DIGOU a écrit :
29 janv. 2022, 11:26
Espèce de médisant, elle simplement au premier plan, lui étant derrière, c'est une illusion d'optique :mrgreen:
hum hum...
pas sur celle là. Mais elle porte des talons :mrgreen:

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"Tiens maman, j'ai ramené mon carnet de notes.
J'ai le tableau d'honneur.
C'est bien mon petit Arnaud, va jouer dans ta chambre maintenant..." :mrgreen:

J'suis pas près de me déconstruire, mais je fais des efforts :twisted:

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Re: le féminisme

#11629 Message par wasabi » 29 janv. 2022, 14:35

Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 12:38
Après, on trouve ça ridicule car on est sexistes, nos vieux réflexes de cis hétéros patriarcaux qui font qu'un homme grand et une femme petite c'est normal mais pas l'inverse, tout comme on trouve bizarre un homme jeune et une femme vieille et pas l'inverse...
Il faut se déconstruire !
ne vous trompez pas, je ne me moque pas de lui, en général j'essaye de ne jamais me moquer des gens pour ce qu'ils n'ont pas pu choisir, comme la taille, la couleur de peau, la taille de seins... Ils n'ont pas plus de raison d'être moqués que ceux qui en sont bien dotés en ont du mérite. C'est elle qui est digne de moquerie, car elle affiche un "j'aime le fric par dessus tout"
Modifié en dernier par wasabi le 29 janv. 2022, 14:49, modifié 1 fois.
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Re: le féminisme

#11630 Message par Jeffrey » 29 janv. 2022, 14:39

La taille, on s’en fout, je dirais même plus, il est à la meilleure hauteur.
Maintenant, ils ont surtout 30 ans d’écart. Point de vue centres d’intérêts, conversation, capacité physique,… , ça finit par poser des questions. Ou ptet pas d’ailleurs. Chacun est en mesure de comprendre ce qu’il y a d’attirant chez l’autre. Finalement, c’est sans ambiguïté.
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Re: le féminisme

#11631 Message par Manfred » 29 janv. 2022, 14:41

wasabi a écrit :
29 janv. 2022, 14:35
Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 12:38
Après, on trouve ça ridicule car on est sexistes, nos vieux réflexes de cis hétéros patriarcaux qui font qu'un homme grand et une femme petite c'est normal mais pas l'inverse, tout comme on trouve bizarre un homme jeune et une femme vieille et pas l'inverse...
Il faut se déconstruire !
ne vous trompez pas, je ne le me moque pas de lui, en général j'essaye de ne jamais me moquer des gens pour ce qu'ils n'ont pas pu choisir, comme la taille, la couleur de peau, la taille de seins... Ils n'ont pas plus de raison d'être moqués que ceux qui en sont bien dotés en ont du mérite. C'est elle qui est digne de moquerie, car elle affiche un "j'aime le fric par dessus tout"
Bah, le prince charmant, s'il est petit mais très fortuné, permet quand même à la donzelle d'avoir une vie de princesse. Et n'oublions pas l'instinct de nidification qui fait que le meilleur géniteur c'est aussi celui qui est capable d'assurer à la progéniture la subsistance et la protection.
C'est factuel que les femmes, en majorité, se mettent en couple avec des gens socialement au dessus d'elles. ça explique d'ailleurs en partie pourquoi des femmes de haut niveau social ont parfois du mal à trouver un mari...

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Re: le féminisme

#11632 Message par Manfred » 29 janv. 2022, 14:43

Jeffrey a écrit :
29 janv. 2022, 14:39
La taille, on s’en fout, je dirais même plus, il est à la meilleure hauteur.
Sur un plan purement physique, avoir une partenaire plus grande que soi pour certaine choses est parfois inconfortable.

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Re: le féminisme

#11633 Message par wasabi » 29 janv. 2022, 14:53

Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 14:41
ça explique d'ailleurs en partie pourquoi des femmes de haut niveau social ont parfois du mal à trouver un mari...
et pourquoi le féminisme est un échec évolutionniste. Des hommes en bas d'échelle seuls, des femmes en haut aussi, et entre les deux des femmes qui font leur premier enfant de plus en plus tard à cause des études et ou de leur carrière donc un nombre plus faible avant ménopause et une vitesse de renouvellement des générations abaissée, d'où une baisse globale de natalité. Ce qui fait que les systèmes concurrents à faible éducation féminine, sans droits des femmes, gagnent facilement la bataille démographique et remplaceront les systèmes ayant emprunté le féminisme.
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Re: le féminisme

#11634 Message par ProfGrincheux » 29 janv. 2022, 15:29

Vous êtes tous jaloux d’Arnaud et c’est pourquoi vous êtes médisants.
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Re: le féminisme

#11635 Message par optimus maximus » 29 janv. 2022, 15:35

wasabi a écrit :
29 janv. 2022, 14:35
Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 12:38
Après, on trouve ça ridicule car on est sexistes, nos vieux réflexes de cis hétéros patriarcaux qui font qu'un homme grand et une femme petite c'est normal mais pas l'inverse, tout comme on trouve bizarre un homme jeune et une femme vieille et pas l'inverse...
Il faut se déconstruire !
ne vous trompez pas, je ne me moque pas de lui, en général j'essaye de ne jamais me moquer des gens pour ce qu'ils n'ont pas pu choisir, comme la taille, la couleur de peau, la taille de seins... Ils n'ont pas plus de raison d'être moqués que ceux qui en sont bien dotés en ont du mérite. C'est elle qui est digne de moquerie, car elle affiche un "j'aime le fric par dessus tout"
A-t-elle choisi d'être exhibée comme un objet sexuel dès l'âge de 13 ans ?

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Re: le féminisme

#11636 Message par wasabi » 29 janv. 2022, 15:50

optimus maximus a écrit :
29 janv. 2022, 15:35
wasabi a écrit :
29 janv. 2022, 14:35
Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 12:38
Après, on trouve ça ridicule car on est sexistes, nos vieux réflexes de cis hétéros patriarcaux qui font qu'un homme grand et une femme petite c'est normal mais pas l'inverse, tout comme on trouve bizarre un homme jeune et une femme vieille et pas l'inverse...
Il faut se déconstruire !
ne vous trompez pas, je ne me moque pas de lui, en général j'essaye de ne jamais me moquer des gens pour ce qu'ils n'ont pas pu choisir, comme la taille, la couleur de peau, la taille de seins... Ils n'ont pas plus de raison d'être moqués que ceux qui en sont bien dotés en ont du mérite. C'est elle qui est digne de moquerie, car elle affiche un "j'aime le fric par dessus tout"
A-t-elle choisi d'être exhibée comme un objet sexuel dès l'âge de 13 ans ?
elle n'est pas française mais belge, et en Belgique ils ont un rapport différent avec le sexe des mineurs, en plus sa mère est espagnole et en Espagne la majorité sexuelle est à 13ans. Et enfin, je ne crois pas aux âges officiels de toutes les femmes qui vivent par leur physique (mannequins, actrices, chanteuses...), c'est toujours plus ou moins trafiqué.
"Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable" - J.M. Keynes, 1936

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Re: le féminisme

#11637 Message par pangloss » 29 janv. 2022, 15:53

Orgueil et préjugés, Raison et sentiments...
Bref, je vous invite à (re)lire Jane Austen :lol:

Chapitre 11 Le genre : une idéologie petite-bourgeoise (extrait)
Dans l'évolution des rapports entre les sexes depuis la guerre, il convient de distinguer, en France, une dimension pour ainsi dire spontanée, issue de la dynamique des interactions entre individus dans la société, ancienne, et une dimension idéologique, récente. Dans ce pays, doté depuis toujours d'une structure familiale plutôt égalitaire, guère oppressive pour les femmes, l'émancipation - élévation du niveau éducatif des femmes, dépassement par elles du niveau éducatif masculin, accès au marché du travail et aux postes à responsabilité - a d'abord suivi une évolution spontanée, à laquelle s'est superposée dans les vingt dernières années, avec une force sans cesse croissante, une strate idéologique appelant à la réalisation pleine et entière de ce mouvement spontané. Il y a eu, pour ainsi dire, d'abord la marche naturelle de l'histoire, puis la conscience de cette marche, une conscience devenue exigence, se manifestant par de l'action politique et des normes.
Une telle représentation est raisonnable pour la France seule, que les commentateurs anglo-américains décrivaient encore, à la fin des années 1980, comme un pays où l'émancipation des femmes avait eu lieu en l'absence d'un mouvement féministe digne de ce nom. Rien de comparable, dans notre pays, aux suffragettes anglaises ou aux féministes américaines des années 1970. La France était le pays où hommes et femmes s'aimaient bien, considéraient les rapports de séduction mutuelle comme une chose positive. Tel était du moins l'état psychique des classes moyennes lorsque j'avais 20 ou 30 ans, entre 1970 et 1980. On y regardait l'antagonisme des sexes aux États-Unis et leur séparation en Angleterre (si on en avait conscience) comme des bizarreries anglo-saxonnes. J'attribue personnellement la tension sexuelle anglo-américaine au fond protestant, étudié au chapitre 8, qui, à la suite de Luther et Calvin, avait plaqué sur un fond anthropologique égalitaire, pour ce qui concerne les rapports quotidiens entre hommes et femmes, un rêve de domination métaphysique masculin et, bien sûr, une horreur chrétienne renouvelée de la sexualité. La France républicaine restait sur une trajectoire catholique, dans laquelle la Vierge Marie, selon l'aimable suggestion de la Renaissance italienne, devait être déshabillée mais respectée, pour devenir Vénus —et surtout pas l'Ève inquiétante de la Bible. Le succès planétaire d'une publication comme Elle exprimait cette dimension paisible et plutôt séduisante à l'étranger de l'émancipation des femmes à la française. Rien ne laissait prévoir chez nous l'émergence d'un antagonisme entre les sexes.
Dans le monde anglo-américain, on pourrait à l'inverse évoquer une continuité de l'antagonisme, et il n'est même pas certain qu'on puisse y diagnostiquer ces dernières décennies une aggravation. Ces tendances culturelles sont évidemment caractéristiques des classes moyennes. Le monde populaire, plus déterminé par des questions de survie économique, puis d'expansion de la consommation, était en Occident plus égalitaire dans les rapports entre les sexes, même si ces rapports y étaient plus rudes. La recherche, cependant, doit éviter la nostalgie. Ce que nous devons analyser et comprendre est le virage idéologique antagoniste des rapports entre les sexes dans les classes moyennes françaises. Je dis et répète « idéologique », parce qu'il n'est pas certain que l'antagonisme idéologique représente la tendance de fond. Souvenons-nous de la stabilisation du mariage — au sens anthropologique d'union stable — dans les classes moyennes éduquées et hypogames. Les familles monoparentales, on l'a vu, sont de plus en plus caractéristiques des milieux populaires. L'idéologie toutefois existe, même si elle est inversion de la réalité sociale profonde. Elle a des conséquences et mérite d'être expliquée.

La France face au monde anglo-américain

Toute différence entre une évolution française quelconque, d'une part, et une évolution anglo-américaine, d'autre part, doit attirer notre attention sur certaines oppositions récurrentes entre deux cultures par ailleurs très proches. Leurs sont communs, pour ce qui nous concerne ici, un individualisme dominant et un statut des femmes plutôt élevé à l'origine. La différence fondamentale concerne la valeur d'égalité, avec ici une opposition que nous pouvons identifier aux niveaux des structures familiales (inconscientes), des métaphysiques religieuses (inconscientes ou conscientes selon l'époque) et des idéologies politiques modernes (conscientes). Dans la famille nucléaire égalitaire du Bassin parisien, frères et sœurs sont rigoureusement égaux, au point que, bien avant la Révolution française, la division des héritages s'y effectuait, dans la paysannerie, aussi pauvre fut-elle, avec une précision maniaque. Dans la famille nucléaire absolue anglo-américaine, les frères, et a fortiori les frères et sœurs, sans être radicalement inégaux, ne sont pas égaux. Le calvinisme anglais, puis américain, mit sa doctrine de la grâce en conformité avec cette structure familiale non égalitaire mais libérale dans les rapports entre parents et enfants, en se débarrassant de la prédestination à mort ou à vie formalisée par Luther et Calvin. Sans devenir égaux, les hommes retrouvèrent leur libre arbitre. On ne saurait mieux vérifier l'influence de la structure familiale sur la forme métaphysique. La France se distingua par un effondrement religieux précoce, des deux tiers, centré sur le Bassin parisien et la façade méditerranéenne, réalisé dès la deuxième moitié du xviiie siècle. L'égalité des hommes, jusque-là assurée par le baptême catholique qui, on le sait, lave les hommes et les femmes du péché originel, fut soudainement remplacée par l'égalité des citoyens de la Révolution française. On décapita des nobles, et le roi, et la reine, pour montrer qu'il ne s'agissait pas seulement d'une vague promesse. La chute du protestantisme anglais n'eut lieu qu'entre 1870 et 1930, mais elle permit la confirmation outre-Manche d'un libéralisme non égalitaire séculier. Le processus s'est achevé aux États-Unis très récemment, dans les vingt premières années du IIIe` millénaire avec l`effondrement des derniers bastions de la religiosité protestante. Trois éléments caractérisent donc la France majoritaire si on la compare au monde anglo-américain :
1) une incroyance plus ancienne et plus forte ;
2) un égalitarisme affirmé, sans doute dopé par la résistance d'une périphérie de l'Hexagone qu'il fallait convaincre ou soumettre ;
3) un égalitarisme qui s'étend aux femmes puisque filles et garçons héritaient de la même manière dans le Bassin parisien, si l'on exclut de cette vaste région la Normandie, qui pratiquait l'exclusion des filles, une fois dotées, de l'héritage.
Incroyance et égalitarisme ont assuré la prédominance en France des oppositions de classes sur les oppositions de races. L'égalité entre les sexes peut expliquer l'ambiance de camaraderie entre hommes et femmes dans les premières phases de l'émancipation sexuelle. Dans ce pays où les filles héritaient depuis longtemps autant que les garçons — il s'agit en fait d'une règle que l'on doit faire remonter au Bas-Empire romain, formalisée par le Code Justinien —, le potentiel de conflit était plus faible que dans le monde anglo-américain, où la répartition des héritages, sans être absolument inégalitaire, privilégiait quand même le fils aîné dans l'aristocratie et la paysannerie aisée. Aux États-Unis comme en Angleterre, surtout, le principe de différence entre les enfants, appliqué aux deux sexes, a conduit à l'idée de différences d'essence entre les deux sexes. En France, l'équivalence des enfants des deux sexes a conduit à l'idée d'un homme universel qui pouvait aussi bien être une femme. Pierre Rosanvallon a bien noté, dans Le Sacre du citoyen, la différence entre la femme spécifique du monde anglo-saxon, et qui acquiert plus précocement le droit de suffrage en tant que femme, et la femme qui doit devenir un citoyen en général pour bénéficier du droit de suffrage. Rosanvallon veut expliquer la résistance française à l'émancipation politique des femmes et je veux comprendre ici la décontraction française lors de leur émancipation par la pilule, mais l'idée sous-jacente d'un différentialisme sexuel anglo-américain et d'un universalisme sexuel français me paraît commune aux deux interprétations(1). N'oublions pas quand même le puritanisme protestant qui avait durant des siècles éloigné les corps des hommes de ceux des femmes encore plus sûrement que le catholicisme tardif. La sécularisation du xviiie siècle avait de plus fait beaucoup pour assurer à la France, à la veille de la guerre de 1914-1918, sa réputation méritée de pays de la liberté sexuelle. Elle avait alors un siècle d'avance dans la diffusion du contrôle des naissances, amorcé dans les petites villes du Bassin parisien
<I. Le Sacre as, citoyen, Paris, Gallimard, « Folio », 2001 11992], p. 522-523. >
avant la Révolution de 1789. En 1900, l'indicateur conjoncturel de fécondité y était de 2,8, contre 3,6 au Royaume-Uni et aux États-Unis, et 5 en Allemagne. La version républicaine du contrôle des naissances combinait préservatif, coït interrompu, abstinence et bordel ; sa version catholique périphérique mettait sa foi en l'abstinence. Nous nous souvenons, je l'espère, d'une Amérique ou d'une Angleterre autrefois sexuellement répressives, traquant les homosexuels à une époque où la justice française ne s'intéressait pas à eux. Mais nous devons surtout nous libérer d'une vision du monde anglo-américain comme plus favorable aux femmes dans toutes les dimensions. Je l'ai souligné au chapitre 8, le féminisme anglo-américain est certainement né en réaction au patricentrisme protestant. L'existence aujourd'hui de pasteurs femmes ne doit pas nous faire oublier l'histoire. La faiblesse du féminisme français conscient résulte, pour une part, de l'absence du rêve patriarcal (ici le mot a un sens) protestant, et de la nécessité de le combattre outre-Manche et outre-Atlantique. Voici mieux situé notre problème actuel : en France, dans une culture qui ne prédisposait pas à un rapport antagoniste entre hommes et femmes, a émergé en ce début de IIIe millénaire une idéologie qui prône, indubitablement, un tel antagonisme. Le phénomène est récent et sa durabilité n'est pas certaine. Tentons une application du rasoir d'Ockham, expliquer le maximum de faits avec l'hypothèse la plus simple. Lorsque nous confrontons la France aux États-Unis, nous aboutissons presque toujours, depuis le xviii` siècle, à la conclusion que ce qui différencie vraiment ces deux nations est une prédominance de la race aux États-Unis et de la classe en France. Tocqueville ne me contredirait pas sur ce point. Nous avons vu, au chapitre I, la prédominance de la question raciale dans l'intersectionnalité à l'américaine. Allons donc au plus simple : une intersectionnalité généralisée à la française ne nous suggère-t-elle pas que le féminisme antagoniste français est un problème de classe ? Je répondrai par l'affirmative mais sans toutefois prétendre que le poids explicatif de la distinction de classe est supérieur à celui de la distinction de sexe. Les deux notions sont nécessaires à une bonne description de la crise française et je m'en tiendrai au postulat méthodologique annoncé dans l'introduction : ne pas hiérarchiser a priori l'anthropologie (les rapports hommes-femmes) et l'économie (les rapports de classes).

Le sexe des classes sociales

Débarrassons-nous pour commencer de la vision archaïque de classes sociales définies par le seul sexe masculin. Il s'agit ici de prendre l'émancipation des femmes au sérieux. Elles constituent désormais presque la moitié de la main-d'œuvre employée. Je vais essayer de regarder la structure de classes du point de vue de femmes enfin libres et qui définissent les groupes sociaux indépendamment de leurs conjoints. C'est la leçon des chapitres précédents qui ont décrit un dépassement des garçons par les filles avec le baccalauréat il y a un demi-siècle, un passage en matridominance éducative supérieure pour la génération qui a eu 20 ans vers 1990, un basculement global dans l'hypogamie vers 2000. Il fut un temps où le chef de ménage, qui était encore un homme, déterminait l'attribution de la famille à telle ou telle catégorie socioprofessionnelle. Ce mécanisme n'est plus automatique mais l'habitude perdure de percevoir la structure de classes à travers un prisme masculin. D'une certaine manière, la statistique publique entretient à coups de bons sentiments cette vision peu dynamique en comparant, inlassablement, les femmes aux hommes dans leurs performances professionnelles. Cette rémanence d'une vision centrée sur les hommes est ridicule. Malheureusement, la statistique ne laisse que rarement filtrer les chiffres qui permetraient de comparer avec efficacité les femmes entre elles, en termes de revenus ou d'appartenance à des catégories socioprofessionnelles, seule présentation qui nous permettrait d'aboutir à la définition d'une structure de classes féminisée. Je vais donner un exemple d'analyse sommaire, exploratoire, de la structure de classes « féminine » à travers les catégories socioprofessionnelles de l'Insee. Les données de grande diffusion de 2019 ne permettent pas de trier les cadres, les intermédiaires et les autres en fonction de l'âge et du sexe, opération qui seule rendrait possible d'observer la structure qui se dessine dans les jeunes générations. J'appelle ici à l'aide les jeunes chercheurs et chercheuses, qui ne manqueront pas, j'en suis sûr, pour aller chercher au cœur des enquêtes « Emplois » et des recensements les chiffres qui nous font défaut.

Au stade actuel, dans les données facilement accessibles, la réalité ultime est plus masquée que saisie par la très hétérogène catégorie « cadres et professions intellectuelles supérieures ». Celle-ci apparaît aujourd'hui légèrement patridominée mais des données plus fines la diviseraient en deux, selon le revenu, en une moitié supérieure patri-dominée (la pellicule étudiée au chapitre précédent) et une moitié inférieure matridominée que nous pourrions joindre aux professions intermédiaires matridominées. L'importance des enseignantes dans la moitié inférieure par le revenu et des cadres masculins du privé dans la moitié supérieure par le revenu nous garantit ces orientations opposées de la dominance sexuée dans les parties basses et hautes de la catégorie « cadres et professions intellectuelles supérieures ». Une distribution en trois groupes sociaux, même grossière, nous permet malgré tout d'identifier deux structures de classes contradictoires, l'une polarisée pour les hommes, l'autre moyennisée pour les femmes.

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Projetée vers le futur par ciblage des jeunes générations et après division en moitiés haute et basse de la catégorie « Cadres et professions intellectuelles supérieures », cette distribution ferait apparaître une structure ternaire que je modélise comme suit, en attendant un affinage par les études à venir. J'ai indiqué en haut du tableau, pour mémoire, par deux epsilons une hyperclasse capitaliste définie comme sexuellement égalitaire par les coutumes d'héritage.

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Combinant sexe et classe nous définissons une hyperclasse égalitaire, une classe moyenne supérieure salariée ou libérale patridominée, une classe moyenne moyenne, ou petite bourgeoisie, matridominée et une classe populaire sexuellement désorganisée, où les hommes sont plus nombreux dans la force de travail mais où l'instabilité du lien conjugal, née d'une résistance de certaines femmes à l'hypogamie, fait augmenter le nombre de familles monoparentales. Ce modèle simple nous permet de définir des affrontements de classes dans lesquels, si l'on peut dire, les classes ont un sexe. Tout en haut, une hypothétique classe capitaliste bisexuelle ; au-dessous une classe supérieure masculine, en dessous encore une immense petite bourgeoisie féminine, et tout en bas une masse populaire asexuée. La petite bourgeoisie, féminine, comprend les plus gros bataillons passés par l'université, dans des cursus complets ou courts. C'est là que nous devrons chercher l'assise idéologique de la révolution féministe en cours, le lieu d'une hégémonie gramscienne d'un genre nouveau. Le concept de matridominance idéologique exige que les hommes de ces classes adhèrent à la nouvelle doctrine féministe. L'hypogamie statistique rend cette condition raisonnable puisqu'elle suppose un minimum d'harmonie dans la vie des couples. La classe moyenne supérieure masculine possède toujours le pouvoir technique et économique, même si la montée incessante du capital évoque un ultime horizon égalitaire sur le plan sexuel. L'hyperclasse capitaliste sera sans doute indifférente à la question de l'équilibre entre les sexes. Mais nous n'avons pas besoin de ce futur lointain et incertain pour comprendre la tension de classes qui structure actuellement la France : une petite bourgeoisie féminine conteste une classe moyenne supérieure masculine. Cette structure existe dans tout l'Occident mais l'antagonisme de classes ne contribue pas ailleurs autant qu'en France à l'antagonisme des sexes.

La colère comme phénomène social global

J'avais décrit dans Les Luttes de classes en France au XXIe siècle un nouveau type d'affrontement de classes, régressif, caractéristique d'une période de déclin économique, de blocage de la mobilité sociale ascendante s'accompagnant même sans doute d'un début de mobilité sociale descendante(1). Plaçons la colère féministe récente dans ce modèle général. Il est normal que l'émancipation des femmes ait conduit à un regain idéologique féministe, il est absolument normal que la liberté des femmes ait généré chez elles une vague d'anomie durkheimienne, une anxiété spécifique de la liberté, réservée des centaines de milliers d'années durant aux hommes. En revanche, le pessimisme général de la vague féministe actuelle, l'antagonisme qui la caractérise, ne renvoient pas, selon moi, aux femmes spécifiquement : ils ne sont que les incarnations, dans l'univers des rapports entre les sexes, et dans une classe sociale particulière, d'une tendance régressive qui caractérise toutes les catégories et tous les groupes d'une société française lancée sur une trajectoire descendante. J'avais aussi analysé une « cascade de mépris descendants », de l'aristocratie stato-financière vers la petite bourgeoisie CPIS (cadres et professions intellectuelles supérieures), de la petite bourgeoisie CPIS vers le prolétariat, du prolétariat vers les immigrés et leurs enfants, chacun cherchant au-dessous de soi-même un objet de mépris,

<1. Mais sur la base d'une description insuffisante des classes moyennes et supérieures, qui m'avait fait décrire des classes intermédiaires matridominées et une petite bourgeoisie CPIS encore légèrement patridominée. J'admets déplacer quelque peu les lignes en distinguant désormais des classes moyennes supérieures patridominées et une petite bourgeoisie matridominée. >

un bouc émissaire (1). Je ne vois aucune raison d'exclure le féminisme antagoniste de cette mécanique infernale. Il est vrai que le modèle qui vient d'être tracé - une petite bourgeoisie féminine qui regarde vers le haut une classe moyenne supérieure masculine nous rapprocherait d'une lutte de classes plus saine, selon laquelle le groupe du bas conteste le groupe du haut. Mais, selon cette nouvelle idéologie, l'être masculin est bien désigné comme un inférieur moral et je doute que les hommes hypogames de la petite bourgeoisie, inférieurs à leurs femmes par le diplôme, soient tout à fait à l'abri du féminisme antagoniste. La colère baigne catégories sociales et sexuelles. Elle est partout. Elle est l'esprit du temps. Prendre les femmes au sérieux nous permet donc de définir la base sociale de l'idéologie nouvelle : une classe moyenne ou petite-bourgeoise dominée par les femmes, défavorisée en termes de revenus mais dominante sur le plan idéologique à travers sa prise sur les secteurs de l'enseignement et de la recherche en sciences humaines. Je vais un peu développer l'étude des mécanismes gramsciens de l'hégémonie idéologique nouvelle. Gramsci nous a donné une superbe vision marxiste de phénomènes d'hégémonie idéologique liés à l'école, au journalisme, à la production de livres. La théorie du genre et, plus généralement, le féminisme de troisième vague ont atteint une situation d'hégémonie gramscienne que nous devons examiner. Nous avons déjà rencontré, au chapitre 1, lors de la présentation du concept d' intersectionnalité, venu du problème noir américain, le groupe social producteur et moteur de ce concept dans l'Hexagone, une université française féminisée, enflammée par le problème des femmes noires américaines (exclues du marché matrimonial blanc), alors même que les femmes noires ne sont pas l'objet en France d'une telle discrimination (leur taux de mariages mixtes est très élevé). Et nous voyons de plus en plus de femmes éduquées noires à la télévision, intelligentes, belles, terriblement françaises dans leur façon d'être, qui réclament une représentation des Noirs au cinéma qui serait l'équivalente de celle des États-Unis. Veulent-elles aussi le tabou sur le mariage mixte qui est fonctionnellement associé à cette visibilité américaine ? La représentation des femmes noires viendra en France naturellement,
<1. Les Lunes de classes en France au xxf siècle, op. cit., p. 260-264. >

sans effort idéologique, parce que le système culturel français ne place sur elles aucun tabou et les considère comme des « femmes universelles » parmi d'autres. Aux États-Unis, il existe malheureusement une relation fonctionnelle entre ségrégation raciale et représentation. Il est donc facile de souligner l'absurdité de l'importation idéologique du racisme américain. Essayons de dépasser cette ironie facile et tentons de détailler les mécanismes de la domination idéologique féminine à la française.


L'hégémonie idéologique au féminin : les doctorats

Le sexe des acteurs sociaux est important. Il est d'usage de compter les femmes dans les assemblées politiques, les ministères, à la tête des administrations ou des entreprises. Mais il est essentiel, dans notre optique d'intersectionnalité généralisée, de ne pas se contenter des secteurs où elles restent minoritaires, ou des secteurs où elles sont majoritaires mais qui sont eux-mêmes dominés. Si une idéologie est dominante, ses productrices et ses consommatrices sont des dominantes. Il convient donc, pour valider notre interrogation de départ sur le caractère matridominé des évolutions idéologiques récentes, d'arrêter de parler des sciences humaines ou des sciences sociales comme si elles n'avaient pas de sexe et d'examiner celui des auteurs de textes et des titulaires de poste. Notre première approche du phénomène doit être un comptage. Étudions plus systématiquement le cas de la France, par l'analyse des titres de docteur. Le portail theses.fr recense l'ensemble des thèses soutenues en France depuis 1985 et permet une étude quantitative des évolutions par sexe dans l'enseignement supérieur (1). Pour chaque thèse, il indique le nom du doctorant, le titre, la discipline, et la date de soutenance ou, pour une thèse en préparation, de première inscription.
<1. Géré par l'Agence bibliographique de l'enseignement supérieur (ASES), il est accessible à l'adresse : https://theses.fri. >

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Nous avons téléchargé (1) l'ensemble des données de theses.fr, c'est-à-dire les notices relatives à plus de 480 000 thèses. Elles ne font pas directement mention du sexe de l'individu mais le prénom en est un bon indicateur. Pour inférer le sexe à partir du prénom nous avons utilisé le Fichier des prénoms de l'Insee, qui fournit le nombre de porteurs féminins et masculins de chaque prénom nés chaque année depuis 1900. Il nous apprend, par exemple, que depuis 1960 sont nées 86 048 Alice de sexe féminin et 17 de sexe masculin,
<1. Données téléchargées le 25 mars 2021. 2. Disponible à l'adresse : hdps://www.insee.fr/fristatistiques/2540004?sommaire=4767262. >

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c'est-à-dire qu'environ 99,98 % des Alice nés depuis 1960 sont des femmes, ou encore que 99,99 % des Bernard nés dans la même période sont des hommes, ou encore que 65,3 % des Dominique sont des hommes aussi. À chaque doctorant mentionné dans theses.fr, on peut attribuer une probabilité d'être une femme(1).
<1 . La procédure réussit pour environ 92 % des doctorants. Les 8 % restants, dont le prénom n'a pas été trouvé dans le Fichier des prénoms, sont par définition des gens dont le prénom n'est pas (ou très peu) donné aux enfants nés en France. En d'autres termes, ils sont dans l'écrasante majorité des cas nés à l'étranger et il n'apparaît pas gênant de travailler sur les 92 % restants.
2. Il suffit pour tout groupe arbitrairement défini de sommer les probabilités de chaque membre d'être une femme ou un homme. Ainsi, puisque les Alice sont des femmes à 99,98 % et les Bernard des femmes à 0,01 %, nous estimons que la proportion de femmes dans un groupe de deux Alice et d'un Bemard est de (99,98 v 2 + 0,01 • 1)/3 = 66,66 %. Les disciplines renseignées dans thescs.fr sont parfois vastes (« Mathématiques »), parfois plus étroites (« Psychologie politique »). Nous regroupons les disciplines sur la base de la présence de séquences de caractères : ainsi « math » identifie les mathématiques (regroupant ainsi « Mathématiques pures », « Mathématiques et leurs interactions », etc.), « socio » ou « social » identifie la sociologie, etc. >


Il est alors possible de calculer un sex-ratio par discipline et année de soutenance(2). Nous voyons fonctionner en France les mêmes spécialisations qu'aux États-Unis, avec une matri-dominance forte en psychologie, en anthropologie et en lettres, claire en sociologie et biologie, un équilibre des sexes en histoire, droit et gestion, une patridominance qui résiste en mathématiques, physique, informatique et ingénierie. L'évolution entre 2001-2005 et 2016-2020 a fait de l'ingénierie le môle de résistance masculin principal, avant même l'informatique. La matridominance en biologie renvoie à celle de la médecine et au rôle ancien des femmes dans la gestion des corps : celui de leurs enfants, le leur, et un peu celui de leur compagnon puisque la contrepartie de cette spécialisation féminine fut une certaine difficulté des hommes à s'occuper de leur propre corps. Mais la matridominance dans les thèses de lettres, de psychologie, d'anthropologie et de sociologie couvre une bonne partie du champ de l'idéologie. Il s'agit de disciplines «gramsciennes» par excellence. Reste le cas très intéressant des disciplines dans lesquelles les femmes, minoritaires en 2001-2005, ont le plus progressé : la philosophie, la géographie, la science politique. Il s'agit de disciplines que je qualifierai de « holistes », dont l'objet est de penser l'homme globalement, dans sa société, sur cette terre, ou dans sa nature profonde, et je pense que l'irruption des femmes dans ces disciplines signifie que leur moindre aptitude à la gestion du collectif est en train de s'effriter, mieux, qu'à l'inverse, l'on peut s'attendre à une augmentation proche de la capacité féminine dans la gestion du collectif. Notre technique nous permet d'aller plus loin dans notre analyse intersectionnelle, combinant sexe et classe, de l'idéologie du genre. Les thèses de sociologie qui font apparaître le mot « genre » dans leur titre sont un excellent indicateur de la diffusion du concept à l'université, lieu central d'évolution des hégémonies idéologiques, espace gramscien par excellence. Sur près des 9 000 thèses de sociologie du corpus, c'est le cas de 181. Or si 49 % des thèses de sociologie dont le sujet n'est pas le genre sont rédigées par des femmes(1) - parité atteinte - les 181 thèses «genrées» sont pour 85 % d'entre elles l'œuvre de doctorantes (graphique 11.2). Autant dire que le concept de genre a un sexe. Pour chaque doctorant homme intéressé par le concept nous trouvons six doctorantes. Le concept de genre est certes le plus souvent présenté comme instrument de lutte contre la domination masculine et comment s'étonner alors de ce que des femmes, plutôt que des hommes, l'utilisent comme une arme ? Ce taux de 85 % le vérifie. Cette justification apparaît cependant comme une belle escroquerie si l'on a pris conscience de la prédominance écrasante des femmes dans les spécialités concernées : loin de lutter contre la domination, le concept de genre exprime une domination.

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<1. Pour cette analyse, on considère comme femmes les doctorants dont la probabilité d'être une femme est supérieure à 50 %, ce qui peut entraîner quelques erreurs de classification. Ces erreurs ne pourraient conduire qu'à une légère sous-estimation de l'effet du sexe sur les variables étudiées (mention du genre, etc.). >


Notons que le même type d'analyse répété cette fois sur le mot « sexe » et ses composés (sexualité, homosexuel...) montre une évolution bien différente : l'écart hommes-femmes est plus faible (dans l'ensemble, les femmes ne sont plus 85 % mais 68 % des auteurs) et en voie de se réduire, grâce à un intérêt masculin croissant pour le mot (graphique 11.3). Les thèses peuvent aussi être situées dans le temps, en l'occurrence grâce à leur date de soutenance. La date de soutenance enregistre de fait les évolutions avec un peu retard : une thèse soutenue en 2009 aura été amorcée en 2006 au plus tard. Mais nous observons l'explosion, à partir de la fin des années 2000, de l'emploi du mot « genre » chez les sociologues nées femmes. Pour la première fois en 2009, plus de 6 % des thèses de sociologie soutenues par des femmes traitent du genre. L'enthousiasme masculin pour le concept reste faible sur toute la période d'étude. Mais la crise du genre est si récente en France qu'on ne peut être certain qu'elle va durer.

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Matridominance à l'OCDE comme à l'Ined

Il existe donc en France des pôles de domination féminine pour ce qui concerne la détermination des attitudes sociales : l'enseignement et la justice depuis longtemps (je reparlerai de la justice au chapitre suivant consacré à l'exercice de l'autorité par les femmes). La montée des femmes dans le journalisme est rapide mais inachevée : les statistiques sur l'attribution des cartes de presse pour l'année 2018 nous apprennent que « les femmes sont même majoritaires parmi les nouveaux entrants (53 %), majoritaires aussi parmi les précaires, puisqu'elles représentent 53 % des pigistes. En revanche il n'y a que 19 % de femmes détentrices d'une carte de "directeur"(1)'. Le conflit entre classe moyenne supérieure masculine et petite bourgeoisie féminine est aigu dans le journalisme. Il diffuse sur le rapport à la politique. La fréquence élevée des couples connus associant une journaliste à un politique suggère, si nous restons dans la vision traditionnelle que les politiques sont supérieurs aux journalistes, la persistance d'une mentalité hypergamique ; mais si nous percevons les politiques comme des potiches sans pouvoir et les journalistes comme de réels faiseurs d'opinion, ces couples expriment à l'opposé un basculement dans l'hypogamie. Je dois avouer n'avoir ici aucune opinion. Dans le secteur idéologique d'État, en revanche, le principe masculin a déjà perdu. Je continue l'exercice au niveau mondial mais sans quitter Paris. Une étude de l'OCDE, Panorama de la société 2019, que j'utiliserai aussi pour l'analyse du phénomène LGBT, permet de poser le problème. L'Organisation de coopération et de développement économique a été fondée après la Seconde Guerre mondiale pour contribuer au suivi du plan Marshall d'aide à la reconstruction en Europe. Elle a été élargie à l'ensemble des pays avancés d'économie libérale et produit année après année une abondante littérature comparative, d'abord économique, mais qui s'est élargie avec les enquêtes PISA à l'éducation. Nous ne quittons pas Paris puisque l'institution est logée près de la Porte de La Muette…….
<1. Aurélie Djavadi, « Les journalistes en France en 2018: moins nombreux, plus de femmes et plus précaires », The Conversation, 15 mars 2018. >
Modifié en dernier par pangloss le 23 mars 2022, 18:33, modifié 1 fois.
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Re: le féminisme

#11638 Message par lisa » 29 janv. 2022, 18:10

ProfGrincheux a écrit :
29 janv. 2022, 15:29
Vous êtes tous jaloux d’Arnaud et c’est pourquoi vous êtes médisants.
Exactement
Des hommes vieux et riches avec des femmes jeunes et belles cela a toujours existé et fait des envieux chez des ( presque ) aussi vieux beaucoup moins riches.

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Re: le féminisme

#11639 Message par kamoulox » 29 janv. 2022, 18:48

Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 14:43
Jeffrey a écrit :
29 janv. 2022, 14:39
La taille, on s’en fout, je dirais même plus, il est à la meilleure hauteur.
Sur un plan purement physique, avoir une partenaire plus grande que soi pour certaine choses est parfois inconfortable.
J’avoue mais bon c’est bien joli de grandes jambes j’adore ça 😍

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#11640 Message par kamoulox » 29 janv. 2022, 18:48

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Re: le féminisme

#11641 Message par optimus maximus » 29 janv. 2022, 19:18

kamoulox a écrit :
29 janv. 2022, 18:48
Manfred a écrit :
29 janv. 2022, 14:43
Jeffrey a écrit :
29 janv. 2022, 14:39
La taille, on s’en fout, je dirais même plus, il est à la meilleure hauteur.
Sur un plan purement physique, avoir une partenaire plus grande que soi pour certaine choses est parfois inconfortable.
J’avoue mais bon c’est bien joli de grandes jambes j’adore ça 😍
Ce ne sont pas les positions les plus inconfortables pour la femme. À la rigueur, c'est même bon pour son dos.

Mais la différence de taille dans son cas (je crois bien qu'il y a 20 cm, on ne parle pas de 3 cm) est accentuée par son air de petit chiot ravi.

En plus c'est un vrai loser (tous les choix stratégiques qu'il a faits pour son groupe ont été mauvais), j'espère qu'il lui restera suffisamment de thune pour ses vieux jours et pour maintenir son train de vie.

Mais il est fort possible qu'elle l'aime vraiment malgré sa fortune. En fait il est un petit riche, il doit avoir une fortune nette de 100 M€, c'est pas forcément grand chose dans le milieu où il évolue. Je pense qu'elle est avec lui parce que c'est le premier monsieur gentil qu'elle ait rencontré. Et ça fait sens quand on litsa biographie : moquée pour sa grande taille quand elle est petite, à 12 ans poussée par ses parents elle devient mannequin (des gros porcs dans le milieu c'est pas ce qui manque, on peut imaginer son éducation sentimentale), romance avec un footballeur qui finit par un conflit (les violences conjugales dans le milieu du foot, faudrait en parler) et là elle fait connaissance du fiston Lagardère, le type plein de fric qui l'a draguée comme un gamin de 12 ans. C'est peut-être le premier mec humain qu'elle a rencontré.

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Re: le féminisme

#11642 Message par Bidibulle » 29 janv. 2022, 21:30

kamoulox a écrit :
29 janv. 2022, 18:48
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Charisme, c'est le nom de son yacht de 90 mètres amarré à Monaco ?
Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité. (Gandhi)

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Re: le féminisme

#11643 Message par Fluctuat » 29 janv. 2022, 21:39

Bidibulle a écrit :
29 janv. 2022, 21:30
kamoulox a écrit :
29 janv. 2022, 18:48
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Charisme, c'est le nom de son yacht de 90 mètres amarré à Monaco ?
Plutôt le nom du diamant de 10 carats de la bague de fiançailles :mrgreen:

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Re: le féminisme

#11644 Message par kamoulox » 29 janv. 2022, 21:39

Bidibulle a écrit :
29 janv. 2022, 21:30
kamoulox a écrit :
29 janv. 2022, 18:48
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Charisme, c'est le nom de son yacht de 90 mètres amarré à Monaco ?
Sûrement 🤣

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Re: le féminisme

#11645 Message par watoo » 30 janv. 2022, 08:20

kamoulox a écrit :
29 janv. 2022, 18:48
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Moi je dis que c'est un exemple supplémentaire comme quoi l'amour n'a pas de frontière.





Nan, j'déconne :mrgreen:
Quelqu'un a des nouvelles d'ignatius ?

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Re: le féminisme

#11646 Message par WolfgangK » 06 févr. 2022, 18:25

The Gender & Hybrid Deep Dive is the first among a series of future sessions, including Gender & Resilience, Gender & Deterrence and Gender & Climate Change. The Deep Dive series aim to integrate a gender perspective throughout all of #NATO’s core tasks.
L'islamophobie n'est pas plus du racisme que l'antisionisme n'est de l'antisémitisme.
Que les racistes soient islamophobes n'implique pas que les islamophobes soient racistes.

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Re: le féminisme

#11647 Message par henda » 06 févr. 2022, 20:19

Et les pays de l'est veulent toujours se reposer sur l'OTAN pour les défendre ?

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Re: le féminisme

#11648 Message par pimono » 08 févr. 2022, 11:41

Au fait, normalement, le féminisme c'est aussi une forme de sexisme, et c'est puni par la loi non ?

d'après le site officiel du gouvernement on peut lire ceci :
"Qu’est-ce que le sexisme ?

Le sexisme est une idéologie qui repose sur l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes. Ses manifestations sont très diverses : des formes à l’apparence anodines (stéréotypes, « blagues », remarques) jusqu’aux plus graves (discriminations, violences, meurtre).
C’est le principal obstacle à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes."

https://www.egalite-femmes-hommes.gouv. ... os-droits/

Le problème :
Je suis abonné à un magasine de jardinage, et dans le dernier envoi, ils ont mis une "enveloppe de remise de chèque-réduction réservée aux lectrices du magasine" que j'ai reçu, or je suis un homme et je me sens discriminé ! Puis-je porter plainte pour cette discrimination ? 8)

En outre, ce chèque-réduction permet de profiter d'un abonnement "privilège" au magasine Paris Match, donc faut-il comprendre que ce magasine s'adresse également qu'aux femmes avec une discrimination faites aux lecteurs masculins ? Vous trouvez ça normal ?
"Ils feront le travail pour nous et nous prospérerons grâce à leurs dettes et leur dur labeur, ...nous continuerons à les faire vivre dans la peur et la colère par l’image et le son."

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Re: le féminisme

#11649 Message par immoglobine » 08 févr. 2022, 14:56

Si tu as le droit à l'abonnement privilège de Paris Match et renvoyant la réduction tu n'es pas discriminé et ne peux donc demander réparation.
Si c'est juste un "sentiment de discrimination".... non est heureusement.
La propriété privée nous a rendus si stupides et si bornés qu'un objet n'est nôtre que lorsque nous le possédons.
K. Marx [Manuscrits de 1844]

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Re: le féminisme

#11650 Message par pangloss » 09 févr. 2022, 02:10

Todd consacre de longs développements au fait que le terme de "patriarcat" a été dévoyé/sur-employé par les féministes "antagonistes"/"de troisième generation". Les anthropologues sérieux le réservaient auparavant aux sociétés où le statut des femmes était particulièrement bas (genre Moyen-Orient aujourd'hui). Pour l"Europe de l'Ouest, il aurait fallu parler seulement de "patridominance".

Image "histoire de la construction du patriarcat"
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