Joli ton histoire et tant mieux pour toi, mais tu parles aussi beaucoup de techniques spécifiques, y'a des ingés qui n'ont pas de spécialité très marqué en sortant de l'école, et font ce choix en ouvrant leurs chakras. Nan je déconne, mais en faisant un autre diplôme.
Et c’est un réel problème d’un certain coté. On est passé du « ne vous entétez pas, ne soyez pas obtus, soyez un minimum généraliste » (et c'est un bon conseil), a « n’ayez plus de spécialité ». Et le résultat est effectivement très mauvais pour le métier. La dessus, et contrairement à ce qui est dit en école, il y a un point commun entre tous les gens qui ont très bien réussi chez nous, c’est une spécialisation poussée dans un secteur d’activité et ses techniques spécifiques. Cela ne veut pas dire que l'on oublie le reste de l'informatique, mais tout simplement qu'il y a un environnement technique et qu'il faut apprendre à le dompter. En la matière certaines formations sont assez coupable. Et celle de ta fille qui semble (à ce que tu copies) faire le grand écart entre la productique et ... te trouver du boulot en SSII semble faire partie des coupables.
Une copine de ma fille fait un double diplôme et pas vraiment aidé par ses parents car c'est une fille alors qu'ils paient une école de cinéma au fils.
Cette jeune fille finit sa dernière année de pharma et conjointement un diplôme d'ingénieur, je trouve les filles bien plus téméraires que les garçons sur leurs études.
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Elle n'aime pas coder, même si elle sait faire, ça la gave et comme elle dit y'a des développeurs pour cela. Elle aimerait faire des projets , c'est plus son truc. Donc elle suit une voie mal payée mais qui lui permettra d'avoir 3 ans d'expériences.
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Elle connaît donc plein de trucs techniques de part son diplôme d'ingé, mais ce n'est pas le côté technique qui a sa préférence.
Tiens vu que l'on parle du rapport filles / garçons dans les études, on arrive à un point que j’ai remarqué.
Ta fille a fait un diplôme d’ingénieur malgré le fait qu’elle n’aime pas la technique. Etait-ce le meilleur choix pour elle ?
Sur le rapport entre les filles, les garçons et l’éducation, je dirai :
- Les filles sont plus consciencieuses et en veulent plus. Cela les favorise énormément dans le système scolaire.
- Les garçons sont moins consciencieux mais ont l’avantage de savoir ce qu’ils veulent faire. Et de considérer qu’ils vont sélectionner ce qu’il faut (et rien que ce qu’il faut) pour y parvenir. Le fait de savoir ce qu’ils veulent faire favorise au contraire les garçons en entreprise.
(Encore une fois je parles en « moyenne », il existe des garçons qui se comportent comme des filles et l’inverse).
J’ai vu souvent chez les jeunes filles le syndrome suivant : Je choisis la « meilleure » école que je peux avoir (et comme je suis douée et conscieuse je l’obtiens) sans forcément me poser la question de savoir si je veux faire cela. Le problème c’est qu’au bout de quelques années de carrière (et des enfants) beaucoup se retrouvent « enfermées » dans un métier qu’elles n’aiment pas vraiment. Et si tu n'aimes pas, tu as beau être consciencieux, tu es piégé.
On parle d’inégalités homme / femme en entreprise mais je pense que ce point n’est pas assez étudié. Cela conduit a de mauvais choix de carrière (assez typique ici : "je suis ingénieur mais je ne veux pas faire de technique même en début de carrière » et quand tu rajoutes le coté consciencieux derrière, cela donne vite : « Je fais tout le boulot dans le service que personne ne veut faire, je m’en plains d’ailleurs », la ou le collègue homme s’est savamment concentré sur « ce qui va lui servir » . Mais pour ce concentrer sur « ce qui va me servir » il faut que je sache « ce que je veux ».
II - Sur le bien fondé d’être trop généraliste…
Je sais que la mode est de dire aux étudiants : « soyez chef de projet », mais d’un certain côté, il va d’une part falloir des gens pour faire le boulot et d’autre part des gens pour manager ces gens. Manager un (vrai) projet de code sans avoir soi même participé, c’est dur voir impossible. Ou alors tu te retrouves en secrétaire de luxe à noter des pourcentage d’avancement dans un diagramme de GANTT. Et sans avoir la possibilité d’influer sur quoi que ce soit, ce qui est en général une expérience assez dure et pas très valorisante. (Entre le développeur qui te méprise et le fait que tu n’a que peu de possibilité d’influer sur le cours des choses et donc un stress maximal c’est désagréable comme position). La aussi tout semble indiqué si je regardes les débuts de carrière de notre promotion qu’il vaut largement mieux commencer par un boulot ou on mets les mains dans le camboui et évoluer ensuite vers de la gestion de projet. Faire de la MOA dès l'obtention du diplome cela paie bien initialement, mais ce n'est pas forcément un bon calcul sur le long terme.
J’ai 35 ans et je commence juste à évoluer vers le management… C’est le standard la ou je bosses. Et encore, on commence juste par ajouter un niveau d’expertise proche du notre et intervenir sur des projets à la frontière entre ces deux domaines. Et c’est bien car les managers que j’ai eu au dessus de moi savaient pour leur très grande majorité exactement de quoi ils parlaient (et auraient été en capacité de remplacer n’importe lequel de ceux qu’ils managent si le besoin s’était fait sentir… Ce qui bien sur n’est pas l'objectif. Mais c’est assez cool car tu apprends de tes chefs). Après en tant qu’expert, on est laissé très libre de nos choix devant le client, donc d’une certaine façon on est déjà managers. Mais c’est différent pour les gens qui leadent une team d’experts pluridisciplinaire. Mais qui sont chez nous quasi tous issus du « bas » ou d’autres entreprises à la structure similaire. Il faut laisser le temps avant d'être chef.
Là où elle se trouve actuellement, la rigueur et un point important voir vital pour nombre de personnes, elle est responsable et consciencieuse, donc elle ne risque pas de partir demain en Chine, car de ses connaissances, tout le monde ne se plaît pas en Chine ni en Australie. Elle maitrise bien la France, et ses rouages c'est aussi un atout.
Oui c’est un atout de maîtriser la France et ses rouages, ce n’est pas tant un pays de 'Mot2Cambronne' qu’on veut nous le faire croire ! (C'est le moment cocorico mais oui le french bashing me gonfle parfois).
Mais l’XP à l’étranger franchement c’était top. En plus de m’éclater la bas (on a fait le tour des sorties possibles à Beijing je crois), de découvrir une nouvelle culture (et c'est une culture intéréssant même si ca prend du temps et demande des rencontres pour rentrer dedans), j’ai appris en même temps énormément de choses du coté technique. Mais effectivement, il faut jeter tout ce que l’on sait culturellement et se dire « je passe en mode chine » quand on est la bas et repasser en mode « occident » quand on revient. Je continue d'aller réguliérement la bas (pour raisons familiales, même si j'ai rencontré la personne en France et non en Chine, bref).
Après au moins en Chine on s’attend à tomber dans un environnement « différent » j’ai entendu dire par plusieurs que l’Australie c’était hard parce que les gens s’attendaient à trouver l’occident et qu’apparemment c’est très différent. En Chine, tu ne fais pas cette erreur, de toute façon tu as vite compris quand tu discutes avec les gens que tu es dans un monde différent. C'est plus facile de se laisser porter par le flux et essayer d'absorber ce que l'on trouve la bas.
Tout cela pour dire qu'être ingé c'est vaste, mais ce n'est pas une fin en soit.
Au début elle voulait faire procureur, dommage qu'elle n'est pas suivi cette voie elle a un excellent sens de l'analyse (pratiquement inné chez elle) et de la synthèse.
Au pire elle fera coiffeuse, y'a pas de sot métier.
Oui ce que l’on disait sur les filles plus haut
C’est plus rare de voir ce genre de raisonnement chez les garçons et encore une fois je penses que cela sert les filles lors de la scolarité ou on te force à être généraliste (et ou elles le font sans broncher) et cela sert les garçons dans la vie en entreprise ou on te force à une certaine spécialisation…
Btw, il n’y a pas de sous-métier ca c’est vrai dans les deux cas. Je connais un coiffeur (mec) qui est blindé jusqu’à la moelle. Mais le gars a fait cela par passion. Pareil pour un pote qui a fait l’école d’hôtellerie, il est en train de bien décoller. Mais la aussi c’était sa passion.