Initialement, je ne comprends pas l’intérêt de la chirurgie esthétique (par ex. changer la taille des seins ou du nez), et je considère qu'il vaut mieux s'accepter tel qu'on est. En même temps, c'est facile à dire puisque je m'en fiche en ce qui me concerne.
Ensuite, je pense que cela me gênerait tant que cela de me réveiller demain en tant que femme même si cela devait être permanent. Encore une fois, c'est facile à dire, puisque je ne vis pas cette situation (dysphorie de genre / harcèlement dans le métro ou la rue, salaire inférieur, menstruations, ...).
Avec des idées pareilles, il n'y a à priori aucun espoir que je puisse reconnaître la moindre revendication des personnes transgenres.
Mais en fait, je pense qu'il est erroné d'essayer de comprendre des personnes transgenres en les comparant à des non-transgenres et que ce mot recouvre une foule de réalités.
Ce ne sont pas seulement des "hommes" qui se prétendent soudainement femmes sans qu'on sache expliquer pourquoi.
Et quand bien même ce serait le cas, j'ai fini par accepter qu'il ne faut pas attendre de savoir pourquoi ni comment, mais plutôt se dépêcher de résoudre les injustices et les discriminations dont elles sont souvent victimes.
Deux exemples :
L'auteure du documentaire
Orchids: My Intersex Adventure et sa sœur qui ont le syndrome
CAIS.
Génétiquement, on pourrait dire qu'elles sont des hommes puisqu'elles ont des chromosomes sexuels X et Y.
Morphologiquement, dès la naissance, c'est déjà plus compliqué, le pénis n'est pas formé et les testicules ne sont pas descendus car leur corps est insensible aux hormones masculines.
Globalement, leur corps grandira visiblement comme celui d'une femme, sauf qu'elles n'ont pas d’utérus.
De ce fait, on les a désigné civilement comme des femmes à la naissance et élevées comme telles à ceci près qu'elles ont subi une ablation des testicules pour éviter les risques de cancer.
Les parents et le corps médical n'avaient visiblement pas bien su expliquer à ces jeunes femmes leur condition qu'elles n'ont apparemment comprise qu'à la veille de l'âge adulte.
Dans le cadre du travail, j'ai par le passé croisé une personne androgyne de prénom féminin qui a finalement pu changer de nom civil pour un prénom masculin.
Je ne suis pas plus curieux que cela de savoir avec précision ses raisons ni si elle suit un traitement avec des hormones masculines ou bien si elle se fera opérer un jour ou pas.
Cette réalité appartient à son intimité.
Ce ne sont pas des cas isolés, ce sont plein de cas isolés tous différents un peu partout.
Donc, je trouverai assez juste qu'on les laisse expliquer à des enfants les problèmes sociaux qu'elles rencontrent sans qu'elles aient besoin de passer un bilan psychologique ou de donner un état des lieux anatomique de leur intimité.
Pas des drag-queen, plutôt des personnes réservées.
Ablation du pénis ? Oui, dans le premier cas, à la naissance et sur décision médicale.
Pathologies mentales et déviances ? Je n'ai pas l'impression, je pense que le risque principal vient surtout du regard porté par la société. Car pour pouvoir s'accepter, il faut souvent être accepté par les autres.
Plus ça peut buller, plus ça peut craquer.