D'une part, le bon "manager" fait avaler n'importe quoi aux employés.Est-il rationnel d'adopter une stratégie rationnelle dans un environnement irrationnel quand on sait qu'une stratégie rationnelle fonctionne seulement si l'environnement est rationnel ? La confiance, la cohérence, la motivation forment un cadre irrationnel. Si on passe outre et qu'on investit comme il est indiqué en cherchant l'optimum local à chaque fois mais en faisant fi du moral des salariés avec des impacts importants sur la confiance et la motivation, en renvoyant une image de gestionnaire versatile et incohérent, c'est du mauvais management.
L'expérience menée est volontairement simple, pour mettre en évidence d'éventuels comportements inexplicables par la raison. La seule différence entre le groupe 1 et le groupe 2 est que le groupe 1 avait "décidé lui même" de la première action qui a merdé, et a donc été influencé par ce choix passé. Le groupe 2 a quant à lui prix bel et bien une décision plus rationnelle.
Ce que tu suggère, c'est que dans une entreprise avec un secteur qui performe mal malgré les injections de fonds, et un secteur qui performe bien mais aurait besoin d'argent pour se développer, tu mettrais le fric dans le premier? Les anglais appeleraient ça "throwing good money after bad". Tu tombes toi même dans le biais cognitif dont il était question. Illustré à l'échelle de deux employés qui doivent être augmentés à la fin de l'année, tu donnerais une plus grosse augmentation au glandeur qui n'a rien foutu, et une augmentation minable au bosseur qui s'est donné à fond?
Etre rationnel, réaliste et flexible ce n'est pas être versatile et incohérent. Les mots versatiles et incohérents sont d'ailleurs typiques du vocabulaire de "l'engagement" : la société en général vante les mérites du bon *** qui fait ce qu'il a dit, qui s'engage et reste bien sur sa voie, le bon citoyen travailleur qui ne pose pas de questions et "sur qui on peut compter". Le citoyen lambda qui croit être libre, en somme.
Au contraire on maudit le type qui réfléchit, qui remet en question, qui dit "je m'étais engagé là dedans, mais je vois maintenant que c'est une connerie, je m'en vais". On dira de lui qu'il ne tient pas sa parole, qu'il est inconstant, pas fiable, changeant, incohérent, etc...
On se rend compte en creusant un peu la question que notre "constance" nous rend manipulables et exploitables à merci par des gens moins scrupuleux. Notre société vante les vertus de l'honnêteté, et ce sont les menteurs, les escrocs et les manipulateurs qui dominent. Je pense ici en particulier au monde politique en général... Mais dans le monde de l'entreprise aussi, c'est celui qui sait parler et réseauter qui monte, alors que le bon *** honnête et crédule sera relégué à des postes moins élevés. Autre légende urbaine: la fidélité est recompensée. Scoop: dans les entreprises, on a tendance (je le sais de facto par quelqu'un ayant les infos) à moins bien augmenter les gens fidèles qui ne "bougent pas". On se réserve au contraire des salaires alléchants pour attirer les gens de l'extérieur, ou pour les changements de postes entre services.
Bref, je me suis bien éloigné du sujet, mais le monde n'est pas tel qu'on croit ou qu'on nous l'a enseigné...