1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécession

Discussions et revue de presse sur des thèmes ne relevant ni de la politique ni de l'économie et des finances: technologies, emploi, écologie, transport, sport...
Répondre
Message
Auteur
Avatar du membre
clarine
-+
-+
Messages : 2333
Enregistré le : 20 juin 2015, 19:10

1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécession

#1 Message par clarine » 22 févr. 2018, 19:59

https://jean-jaures.org/nos-productions ... -secession

Je ne savais pas trop où classer cet article parce qu'il est transverse à plusieurs discussions sur le forum et touche donc à plein de thématiques (immo, social, ségrégation scolaire et géographique, politique, évasion fiscale... jusqu'à l'évocation finale du transhumanisme réservé aux happy fews). Alors j'ai décidé qu'il méritait son fil à lui tout seul :wink: .
Rien de révolutionnaire mais une bonne synthèse des échanges qu'on trouve ici ou là sur le forum. Et bien sûr une analyse qu'on peut contester.

Quelques extraits mais, comme d'hab, je ne saurais que trop vous conseiller la lecture intégrale...
Jérôme Fourquet a écrit : Ces dernières années, de nombreux observateurs ont souligné le développement du communautarisme ethnoreligieux dans certains quartiers, dans le monde du travail, et même à l’école. Si ce phénomène est bien réel, la cohésion de la société française est également mise à mal par un autre processus, moins visible à l’œil nu, mais néanmoins lourd de conséquences. Il s’agit d’un processus de séparatisme social qui concerne toute une partie de la frange supérieure de la société. Les occasions de contacts et d’interactions entre les catégories supérieures et le reste de la population sont en effet de moins en moins nombreuses. De manière plus ou moins consciente et plus ou moins volontaire, les membres de la classe supérieure se sont progressivement coupés du reste de la population et ont construit un entre-soi confortable. Cette situation n’est certes pas totalement nouvelle et il ne s’agit pas de glorifier une période révolue où aurait existé une osmose parfaite entre les élites et le peuple. Mais, comme nous allons le voir, un processus protéiforme s’est mis en place depuis une trentaine d’années, creusant un fossé de plus en plus béant entre la partie supérieure de la société et le reste de la population. Cette distance croissante explique le fait que les élites ont de plus en plus de mal à comprendre « la France d’en bas ». Mais elle aboutit également à une autonomisation d’une partie des catégories les plus favorisées, qui se sentent de moins en moins liées par un destin commun au reste de la collectivité nationale, au point que certains de leurs membres ont fait sécession.


I - La densité de cadres vivant dans le cœur des métropoles ne cesse de se renforcer
[...]
À l’échelle d’une ville de la taille de Paris, ce changement de la morphologie sociale est spectaculaire.
[...]
Ce processus d’embourgeoisement et de gentrification est particulièrement spectaculaire à Paris, mais il concerne également les principales métropoles françaises. [...]

II - Quand les CSP+ investissent massivement les écoles privées
[...]
Non seulement la mixité sociale a fortement reculé au plan géographique au cours des trente dernières années, avec une concentration des CSP+ dans le cœur des grandes métropoles, mais cette ségrégation sociale s’est accompagnée d’une ségrégation scolaire renforcée, avec un choix de plus en plus fréquent des catégories favorisées pour l’enseignement privé.
[...]

De la même façon, et ce n’est pas sans lien avec les résultats que nous venons d’évoquer, alors qu’entre les années 1970 et 2010 l’hétérogamie sociale a progressé très significativement dans la société française, ce n’est pas le cas parmi les diplômés des grandes écoles, chez qui l’homogamie a gagné du terrain.Au terme d’une étude fouillée sur l’évolution de l’homogamie en France depuis le début des années 1970, Milan Bouchet-Valat concluait : « Nous semblons assister à une unification lente mais régulière de la société française, qui contraste avec un mouvement de repli décelable à son extrême sommet[6]. »

III - 1996-2001 : la fin du service militaire sonne le glas du brassage social via les chambrées
[...]
Symboliquement, il n’est d’ailleurs pas anodin de constater qu’Emmanuel Macron est le premier président de la Ve République à ne pas avoir accompli son service militaire.

IV - Le lent déclin des colonies de vacances
Une autre institution assurant un certain brassage social a connu des mutations profondes au cours des trente dernières années.[...]

De manière plus anecdotique, car les volumes de population concernés sont plus faibles, une sélection sociale est également à l’œuvre dans un autre secteur relevant des loisirs : le football. [...]

V - Le clivage « la France d’en haut/ France d’en bas » est de plus en plus manifeste au sein des partis et dans les urnes

Si, en France, les partis politiques n’ont jamais été des organisations de masse rassemblant des centaines de milliers de militants, ils constituaient néanmoins, et notamment à gauche, un lieu dans lequel différentes catégories sociales pouvaient se côtoyer. Et, même si le recrutement du Parti socialiste, par exemple, n’a jamais été extrêmement populaire, des cadres, des professions libérales et des responsables politiques locaux ou nationaux pouvaient y rencontrer des représentants des classes moyennes ou d’une fraction des milieux populaires et échanger avec eux. Cette fonction n’est pas à négliger. Elle permettait à des dirigeants et à ceux chargés de réfléchir à l’avenir du pays de prendre le pouls de la société et de sortir des frontières de leur milieu social d’origine ou du microcosme politique. Or, si l’on s’en tient au cas du Parti socialiste (pour lequel on dispose de données d’enquêtes sur le profil des adhérents), la mixité sociale a fortement reflué dans les sections depuis le milieu des années 1980.

[...]
Fatalement, les sujets de préoccupations et les priorités retenues par l’appareil militant s’en trouvent progressivement modifiés. Les thématiques sociales, portées traditionnellement par la gauche, sont délaissées au profit de sujets sociétaux parlant davantage aux CSP+ et au plus diplômés comme en témoignent les propos de ce haut dirigeant du PS cité dans Marianne : « Notre vrai problème, c’est que, dans nos réunions internes, on s’engueule pendant deux heures sur la GPA, et on évacue le Smic en 5 minutes… »[12].

VI - L’exil fiscal : stade ultime de la sécession des élites
Le processus de séparatisme social à l’œuvre dans les catégories les plus favorisées conduit, comme on l’a vu, au développement d’un entre-soi et à une déconnexion croissante avec le reste de la population. Il se traduit également par le fait que le sentiment de solidarité, mais aussi de responsabilité à l’égard de l’ensemble de la société – qui incombe traditionnellement aux élites selon le principe de l’adage « Noblesse oblige » – s’étiole progressivement. De nombreux membres des catégories les plus favorisées éprouvent aujourd’hui davantage d’affinités avec les personnes d’autres pays de niveau social équivalent qu’avec leurs concitoyens plus modestes. Pour une partie de l’élite sociale, le cadre national est aujourd’hui obsolète et le lien au pays n’est plus fondamental.
[...]

On a là affaire à un phénomène profond. Il constitue une illustration paroxystique de ce séparatisme social développé depuis une trentaine d’années dans une partie des couches les plus favorisées de la population française.
[...]

L’engouement d’une partie de la classe dirigeante pour le livre de Yuval Noah Harari Homo Deus. Une brève histoire de l’avenir[20] constitue un symptôme supplémentaire de cette aspiration sécessionniste d’une partie de nos élites. Dans ce livre, l’auteur explique que la dernière frontière de l’humanité, à savoir l’immortalité, sera bientôt à portée de main du fait du progrès scientifique et technologique. Mais, poursuit-il, les prouesses du transhumanisme seront réservées aux happy fews, qui n’auront objectivement aucun intérêt à se préoccuper du sort du reste de la société : « Contrairement au XXe siècle, où les élites avaient tout intérêt à régler les problèmes des pauvres parce qu’ils étaient militairement et économiquement vitaux, au XXIe siècle la stratégie la plus efficace (bien qu’implacable) pourrait être de se débarrasser des voitures inutiles de troisième [à savoir les classes populaires et des pans entiers de la classe moyenne] et de foncer avec les seules voitures de première [les catégories supérieures].

sequoia
Messages : 256
Enregistré le : 09 févr. 2014, 09:40

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#2 Message par sequoia » 22 févr. 2018, 20:48

Lorsque j'ai fais mon service en 1991, le brassage social du service militaire était déjà bien moribond. Tous les scientifiques du contingent rassemblés pour les classes, donc que des ingénieurs, chercheurs, etc.
Pour les non-scientifiques, les gamins de classes favorisées n'étaient évidemment pas simples troufions mais élèves officiers.
Sans parler des combines pour se faire pistonner pour un poste tranquille : plus facile avec des relations.

Avatar du membre
Goldorak2
~~+
~~+
Messages : 22844
Enregistré le : 25 sept. 2008, 22:51
Localisation : Nantes

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#3 Message par Goldorak2 » 22 févr. 2018, 21:39

Beau texte, belle analyse.
Avant ou après Todd et son académia ?
Posts préférés : Dossier immobilier et viewtopic.php?f=204&t=75765
Ignorés : F. Zabinsky, immodium, itrane2000

Avatar du membre
optimus maximus
~~+
~~+
Messages : 15257
Enregistré le : 14 nov. 2014, 23:00

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#4 Message par optimus maximus » 22 févr. 2018, 21:41

Mondialisation des élites, les liaisons infra-nationales se délitent au profit des interactions transnationales.

Ystava
+
+
Messages : 2599
Enregistré le : 09 juin 2017, 13:10

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#5 Message par Ystava » 23 févr. 2018, 01:03

Belle branlette sur l'immortalité-réservée-aux-riches :roll: Mais bon pour un organe satellite du PS, c'était trop beau pour passer à côté.
lecriminel a écrit :
21 mars 2020, 13:19
Imagine Ben92, lui s'est bien fait bananer et le paye très cher en période de confinement. Il n'a tué personne mais est enfermé dans une cellule de 20m2.

Hickson49
Messages : 1264
Enregistré le : 07 déc. 2017, 08:10

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#6 Message par Hickson49 » 23 févr. 2018, 08:50

Le processus de séparatisme social à l’œuvre dans les catégories les plus favorisées conduit, comme on l’a vu, au développement d’un entre-soi et à une déconnexion croissante avec le reste de la population. Il se traduit également par le fait que le sentiment de solidarité, mais aussi de responsabilité à l’égard de l’ensemble de la société – qui incombe traditionnellement aux élites selon le principe de l’adage « Noblesse oblige » – s’étiole progressivement. De nombreux membres des catégories les plus favorisées éprouvent aujourd’hui davantage d’affinités avec les personnes d’autres pays de niveau social équivalent qu’avec leurs concitoyens plus modestes. Pour une partie de l’élite sociale, le cadre national est aujourd’hui obsolète et le lien au pays n’est plus fondamental.
On a d'un cote les descendants d'immigres nord africains/moyen orient qui se sentent beaucoup plus proches de leurs "racines" ethno-religieuse, et du pays d'origine de leurs arrieres grands parents que de la France. Et de l'autre des gens, cadres / ou chercheur, cadres de la fonction publique, etc,... qui parlent anglais au boulot, voyagent pas mal, frequentes des gens d'autres nationalites et se sentent en effet beaucoup plus proche des gens qui leur ressemblent (idees, aspirations, culture, etc...) dans d'autres pays.

Aucune de ses deux categorie ne se soucie de l'avenir de la France en tant que nation, et ira voguer vers de meilleurs horizons des que l'occasion se presentera. Ces deux categorie n'ont donc absolument aucun sentiment de responsabilite en quoi que ce soit, les choix societaux du pays ne les interesse pas, puisqu'ils construisent leur propre structure a l'interieur d'une bulle isolee de ce meme pays.

Lorsqu'on deresponsabilise les gens c'est generalement la que le pire peut arriver malheureusement.

Entre les deux, la veritable classe moyenne (pas la classe superieur pleine de modestie), qui est la seule qui doit veritablement assumer les consequences des choix politiques / societaux a long termes, car ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants etudier en scandinavie, ni faire du tourisme d'aide sociale chez ses cousins aux pays bas.
wef a écrit :You'll own nothing. And you'll be happy

Avatar du membre
parisien
-+
-+
Messages : 2229
Enregistré le : 18 sept. 2009, 09:48

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#7 Message par parisien » 23 févr. 2018, 09:30

Sur la dernière citation concernant le désintérêt des classes dirigeantes pour les classe pauvres, cela me rappelle un cours d'économie que j'avais eu à la fac en 1998-1999...

Déjà, à l'époque, la prof (une féministe franco-turque) nous avait expliqué que la transformation du sytème économique mondial passait par une spécialisation des tâches suivants les pays et que par conséquent les pays les plus développés devaient favoriser les métiers à haute valeur intellectuelle pour rester compétitifs, tout en délocalisant les métiers industriels de base ne nécessitant pas de haut niveau scolaire. D'où une spécialisation vers les services et les métiers à très haute valeur ajoutée. Elle expliquait aussi que l'absence de débouchés pour une grande partie de la population provoquerait une scission entre les "productifs" de moins en moins nombreux, et les autres.

J'avais trouvé ça un peu inquiétant et injuste à l'époque, et je m'étais empressé d'oublier. Ça vient de me revenir en lisant ce texte.

C'était la période où la Chine négociait avec l'OCDE, où Michel Camdessus était à la tête du FMI et où on parlait des accords du GATT. Avec le recul, malgré le baroud d'honneur de décembre 1995, c'était déjà plié...

Il y a eu des retards, mais tout s'est passé selon le plan finalement.

Avatar du membre
Goldorak2
~~+
~~+
Messages : 22844
Enregistré le : 25 sept. 2008, 22:51
Localisation : Nantes

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#8 Message par Goldorak2 » 23 févr. 2018, 09:41

parisien a écrit :C'était la période où la Chine négociait avec l'OCDE, où Michel Camdessus était à la tête du FMI et où on parlait des accords du GATT. Avec le recul, malgré le baroud d'honneur de décembre 1995, c'était déjà plié...

Il y a eu des retards, mais tout s'est passé selon le plan finalement.
Ce n'est pas plié. La mondialisation peut reculer. Elle recule déjà ailleurs dans le monde.
Le changement et l'espoir viennent comme d'habitude du monde anglo-saxon (protectionnisme américain avec l'élection de Trump, protectionnisme anglais avec le Brexit).
En France, nous sommes comme d'habitude en retard d'une guerre avec l'élection à contre temps d'Emmanuel Macron, le meilleur élève de la mondialisation.

http://www.bulle-immobiliere.org/forum/ ... 5#p1877025
goldo a écrit :François Lenglet, la fin de la mondialisation.
La thèse, s'appuyant sur l'histoire, est convaincante. La mondialisation et le protectionnisme/étatisme se succèdent dans des cycles d'environ 70 à 80 ans (35-40 ans pour un cycle mondialiste, suivis de 35-40 ans pour un cycle étatiste/protectionniste). Nous sommes récemment entrés dans un cycle protectionniste.

Image
La fin de la mondialisation

Les signaux sont chaque jour plus clairs : la phase actuelle de mondialisation touche à sa fin. Née dans les années 1980 avec le système boursier mondial et la chute du mur de Berlin, elle a reposé sur une utopie : une planète unifiée par le libre-échange, régie par le marché et la démocratie.

Mais aujourd'hui, le courant protectionniste remonte. Des entreprises, notamment américaines, relocalisent leurs industries dans leur pays. L'OMC tremble. Partout, le nationalisme déborde. Plus personne n'a honte de protéger son économie et de jouer sur sa monnaie.

Il ne faut pas regretter la mondialisation. Malgré son indéniable effet de rattrapage pour des pays pauvres, bien peu en ont profité.

Avec clarté et humour, François Lenglet décrit le monde qui vient. Un univers où les classes moyennes tiendront leur revanche et où le parasitisme des mafias volera en éclats.
Posts préférés : Dossier immobilier et viewtopic.php?f=204&t=75765
Ignorés : F. Zabinsky, immodium, itrane2000

Avatar du membre
Marie 94
-++
-++
Messages : 4605
Enregistré le : 28 janv. 2016, 18:50

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#9 Message par Marie 94 » 23 févr. 2018, 10:23

Analyse intéressante. Je partage les constats sur l’affaiblissement de 2 institutions majeures dans la socialisation des individus (l’école et l’armée). A cela s’ajoute l’affaiblissement de 2 autres institutions (la famille et l’Eglise) que n’aborde pas l’auteur.
De nombreux membres des catégories les plus favorisées éprouvent aujourd’hui davantage d’affinités avec les personnes d’autres pays de niveau social équivalent qu’avec leurs concitoyens plus modestes. Pour une partie de l’élite sociale, le cadre national est aujourd’hui obsolète et le lien au pays n’est plus fondamental. C’est dans ce contexte que l’on peut analyser la très forte hausse des expatriations.
La mondialisation décriée par les uns est synonyme pour d’autres de nouveaux débouchés professionnels et d’ascension sociale. La généralisation des séjours à l’étranger dans certains cursus supérieurs fait qu’on a aujourd’hui, une génération de français bilingues, qui ont fait plusieurs séjours à l’étrangers (études, stages…) et parfaitement mobiles à l’international. La hausse des expatriations s’explique aussi par la situation du marché de l’emploi en France et les opportunités à l’étranger. Je mettrai juste un bémol sur le lien avec la France. On se revendique davantage Français lors de nos expériences d’expatriations. Mais sinon assez d'accord avec l'article.

vpl
~~+
~~+
Messages : 13057
Enregistré le : 20 sept. 2008, 13:12

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#10 Message par vpl » 23 févr. 2018, 10:28

sequoia a écrit :Lorsque j'ai fais mon service en 1991, le brassage social du service militaire était déjà bien moribond. Tous les scientifiques du contingent rassemblés pour les classes, donc que des ingénieurs, chercheurs, etc.
Pour les non-scientifiques, les gamins de classes favorisées n'étaient évidemment pas simples troufions mais élèves officiers.
Sans parler des combines pour se faire pistonner pour un poste tranquille : plus facile avec des relations.
Service fait en 87.... dans le génie (on ne rigole pas). Du coup classes faites avec un peu de tout, des scientifiques du contingent comme moi, jusqu'aux types ne sachant pas ce qu'est le Nord ou n'ayant jamais pris un train et qui se retrouvaient ensuite en cuisine... Un mois de brassage donc, pas bien plus.

sequoia
Messages : 256
Enregistré le : 09 févr. 2014, 09:40

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#11 Message par sequoia » 23 févr. 2018, 10:53

Dans mon cas, même pas. Peut-être parce que c'était l'armée de l'air.
On était vraiment uniquement entre SC. Un mois de classe pour marcher au pas, faire des pompes, un peu joujou avec des armes à feu, et ensuite, bien au chaud dans un labo de recherche CNRS les 11 mois restants. Les p'tits gars qui ne savaient pas lire, je les ai juste entrevus aux 3 jours de tests d'aptitude à 18 ans.

Avatar du membre
pangloss
~~+
~~+
Messages : 18318
Enregistré le : 25 août 2005, 10:24
Localisation : 92

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#12 Message par pangloss » 23 févr. 2018, 11:22

ImageCité par Michéa et Todd. Le bouquin date de 1994 effectivement, mais le séparatisme social des classes éduquées commence 20 ans plus tôt aux USA (vers le milieu des années 60) alors qu'il débute en France vers 1995.

Image
«C'est quand un moustique se pose sur vos testicules qu'on réalise que la violence ne résout rien."
Socrate

Avatar du membre
parisien
-+
-+
Messages : 2229
Enregistré le : 18 sept. 2009, 09:48

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#13 Message par parisien » 23 févr. 2018, 12:15

Ça a l'air intéressant aussi ce bouquin.
Goldorak2 a écrit :
parisien a écrit :C'était la période où la Chine négociait avec l'OCDE, où Michel Camdessus était à la tête du FMI et où on parlait des accords du GATT. Avec le recul, malgré le baroud d'honneur de décembre 1995, c'était déjà plié...

Il y a eu des retards, mais tout s'est passé selon le plan finalement.
Ce n'est pas plié. La mondialisation peut reculer. Elle recule déjà ailleurs dans le monde.
Le changement et l'espoir viennent comme d'habitude du monde anglo-saxon (protectionnisme américain avec l'élection de Trump, protectionnisme anglais avec le Brexit).
En France, nous sommes comme d'habitude en retard d'une guerre avec l'élection à contre temps d'Emmanuel Macron, le meilleur élève de la mondialisation.
Si c'est pour tomber dans le populisme, non merci.
Ceci dit, ça semble inévitable vu l'absence de réaction des élites précisément.
Après, le mouvement de scission peut s'inverser très vite dans la population effectivement. Le nationalisme n'est jamais loin, même dans les masses éduquées. Une grosse crise et tout le monde s'unira pour trouver des boucs émissaires. (Mais il est probable qu'on choisira les plus bas dans l'échelle sociale plutôt que les élites dirigeantes pourtant directement responsables de tout ce merdier.)

Indécis
~~+
~~+
Messages : 11595
Enregistré le : 19 mars 2009, 19:43

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#14 Message par Indécis » 23 févr. 2018, 12:20

parisien a écrit :Ça a l'air intéressant aussi ce bouquin.
Goldorak2 a écrit :
parisien a écrit :C'était la période où la Chine négociait avec l'OCDE, où Michel Camdessus était à la tête du FMI et où on parlait des accords du GATT. Avec le recul, malgré le baroud d'honneur de décembre 1995, c'était déjà plié...

Il y a eu des retards, mais tout s'est passé selon le plan finalement.
Ce n'est pas plié. La mondialisation peut reculer. Elle recule déjà ailleurs dans le monde.
Le changement et l'espoir viennent comme d'habitude du monde anglo-saxon (protectionnisme américain avec l'élection de Trump, protectionnisme anglais avec le Brexit).
En France, nous sommes comme d'habitude en retard d'une guerre avec l'élection à contre temps d'Emmanuel Macron, le meilleur élève de la mondialisation.
Si c'est pour tomber dans le populisme, non merci.
Ceci dit, ça semble inévitable vu l'absence de réaction des élites précisément.
Après, le mouvement de scission peut s'inverser très vite dans la population effectivement. Le nationalisme n'est jamais loin, même dans les masses éduquées. Une grosse crise et tout le monde s'unira pour trouver des boucs émissaires. (Mais il est probable qu'on choisira les plus bas dans l'échelle sociale plutôt que les élites dirigeantes pourtant directement responsables de tout ce merdier.)
C'est quoi le populisme pour vous ?
L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit...

Avatar du membre
pangloss
~~+
~~+
Messages : 18318
Enregistré le : 25 août 2005, 10:24
Localisation : 92

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#15 Message par pangloss » 23 févr. 2018, 12:21

La mondialisation commerciale peut marquer le pas.
Pas la mondialisation des esprits.
«C'est quand un moustique se pose sur vos testicules qu'on réalise que la violence ne résout rien."
Socrate

Avatar du membre
parisien
-+
-+
Messages : 2229
Enregistré le : 18 sept. 2009, 09:48

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#16 Message par parisien » 23 févr. 2018, 12:37

Indécis a écrit : C'est quoi le populisme pour vous ?
C'est hors-sujet par rapport à cette file. C'est vrai qu'on met un peu de tout sous ce terme. Pour être plus précis, Trump est un extrémiste raciste (probablement sénile), le gouvernement anglais actuel surfe sur la vague protectionniste avec une démagogie incroyable de la part de cette élite conservatrice.
Quelle forme cela prendra en France ? On verra...

Avatar du membre
Marie 94
-++
-++
Messages : 4605
Enregistré le : 28 janv. 2016, 18:50

Re: 1985-2017- Quand les classes favorisées ont fait sécessi

#17 Message par Marie 94 » 23 févr. 2018, 15:26

Il peut y avoir une forme de protectionnisme temporaire mais amha je ne vois pas bien comment les générations biberonnées à la mondialisation (Erasmus and co) voudront/pourront revenir à un ordre ancien limité au pays.
Les procès d’intention à l’égard des classes supérieures aspirants à l’expatriation risquent d’être contre-productif. Beaucoup ont conservé un lien avec la France (retour fréquents au pays, identité française affirmée à l’étranger, conservation de la nationalité). Ils pourraient être tentés à l’avenir de renoncer à leur nationalité française et à l’exil fiscal. C’est dommage.
La solution n’est pas de tirer les classes supérieures, gagnants de la mondialisation, vers le bas. C’est plutôt de tirer vers le haut les autres.

Répondre