Ladyday a écrit : ↑28 oct. 2022, 09:38
Jeffrey a écrit : ↑27 oct. 2022, 23:22
oui, mais pg a expliqué, peut être était-ce trop allusif, qu'il n'est pas possible à raisonnement économe que de proposer une classification multi-attributs;
Comment classe-t-on des gens qui sont riches et stupides, mais cultivés, comparativement à ceux qui sont pauvres mais instruits, tout aussi limités parfois, et à d'autres intelligents et riches ( Franky dirait un truc bateau à ce moment, mais je dis rien...)
Non, j'ai parfaitement compris mais on se répète.
Je pense en ce qui me concerne que vous vous répétez parce que justement, il y a quelque chose que vous n'avez pas compris. Je vais essayer gentiment de vous mettre sur la piste.
L'objectif n'est pas de rabattre toutes les valeurs sur un seul axe pour former une espèce de toise géante à l'aune de laquelle on pourrait mesurer chacun. Ca n'a aucun sens. Aucun. Classes supérieure ne veut pas dire individu supérieur.
donc vous venez d'écrire qu'on ne rabat pas l'évaluation sur un seul axe. C'est votre affirmation (1).
L'objectif c'est de mettre en lumière certains rapports de domination ou de pouvoirs entre groupes humains. Bien sûr que ces groupes peuvent être définis et appréciés selon plusieurs variétés d'échelles.
Vous venez de dire qu'un groupe est formé par le marquage d'un certain nombre d'attributs, que ces attributs peuvent être définis selon des formes multiples. Point (2)
Disons que la vie est une partie de Monopoly géante. Les joueurs y jouent des parties en cachant leur jeu : les autres joueurs ne savent pas de combien dispose leur voisin en banque, certains joueurs disposent même déjà de propriétés au début de la partie (un joueur aurait par exemple la rue de la paix dès le début). Les joueurs ne partent pas non plus avec le même nombre de billets au départ. Certains ont d'autres avantages, comme par exemple celui de ne jamais aller en prison), mais les autres joueurs ne le savent pas.
Sauf que maintenant, vous prenez une métaphore qui remplit les conditions suivantes :
- les joueurs gagnent ou perdent uniquement en fonction de leur richesse. Ce qui arrête le jeu, c'est la ruine des adversaires.
-> ce n'est pas cohérent avec (1)
- le seul attribut évaluatif des positions est la trésorerie des individus : en parfaite contradiction avec (2).
on peut ajouter que le parcours du jeu de monopoly est monodirectionnel : bien que le plateau de jeu soit carré, on ne fait que le parcourir que dans une direction, monodimensionnelle.
Comme exemple pour étayer vos deux premières affirmations, on fait mieux je trouve.
Mais continuons sur l'exemple, il exprime bien le problème auquel votre approche est confrontée.
La sociologie prendrait le résultat de toutes les parties de ces joueurs et établirait statistiquement qu'il y a un lien entre les avantages dont dispose un joueur et ses chances de gagner la partie. On établirait 3 classes de joueurs : ceux qui disposent d'un avantage financier entre 8 et 10 x supérieur au début (très rares) "classe A",ceux qui disposent de 3 à 4 x plus "classe B" et la majorité qui part avec ce qui est prévu dans les règles du jeu "classe C".
toujours selon une seule unité de mesure, ce qui est en contradiction avec (1) encore une fois.
Le fait d'établir ce résultat n'émet aucune espèce de jugement sur les joueurs en fonction de leur appartenance à une classe.
dans le cadre du jeu, si, puisque vous expliquez que vous classez les gens en fonction de l'attribut "richesse", même si vous argumentez qu'il existe des distinctions de classe initiales entre les plus riches au départ et les moins riches.
Par contre ça permet de dire qu'en fonction de son appartenance à tel ou tel groupe on a une chance plus ou moins grande de remporter la partie. Cela rétablit au contraire les individus de la classe C comme des joueurs d'égale valeur avec ceux des classes A et B alors que l'observation brute des résultats conduirait à les considérer comme des perdants.
Evidemment, dans certains cas la partie serait remportée par un joueur moins doté, c'est comme Kevin et Gilberte qui peuvent contredire la statistique globale des hommes plus grands que les femmes sans remettre en cause le résultat global : statistiquement les classes A remporteraient le plus grand nombre de parties.
J'ai cette fois l'impression que vous vous trompez d'interlocuteur, ou de niveau de compétences de vos interlocuteurs. Je vous assure que tous les gens qui viennent d'intervenir sur ce fil - à part pangloss peut-être avec ses trois remarques à deux balles- savent faire une analyse statistique. Mais ce n'est pas là dessus qu'il y a une mécompréhension, je vous assure.
Ce qu'il y a de drôle dans l'histoire, c'est que les joueurs de la classe B se voyant mieux dotés que les classes C, sont contents de leur sort et refusent qu'on leur explique qu'ils jouent à un jeu faussé. Ils trouvent que les C sont certainement des abrutis et s'identifient à des classes A. Ils refusent que les gains soient redistribués en fin de partie et du coup les classes A se refilent la rue de la paix de parties en parties. Les classes A font bien sûr tout pour les entretenir dans cette illusion en leur expliquant combien ils sont intelligents, uniques, légitimes.
(Ca me fait penser à un papier de Lordon où il expliquait que le problème n'était pas tant les "1%" que les "30%". Les classes B. J'essaierai de le retrouver).
IL est strictement impossible de vous expliquer en quoi votre analyse du jeu de monopoly et des modalités de distribution de richesse ne vous permettent pas de comprendre où est votre erreur. Tout simplement en raison de la limitation des règles du jeu en question, soulignées plus haut. Je vais le faire en réponse à votre déclaration suivante :
Maintenant, dans la vraie vie les choses sont un peu plus complexes, je veux bien l'admettre. Pour autant, comment mesure t on communément la réussite sociale d'un individu ? J'adorerais vivre dans une société où l'individu ayant le mieux réussi serait l'artiste, mais je crois bien qu'on vit dans une société matérialiste où la réussite se mesure à un capital économique.
C'est le noeud de l'affaire.
Prenons votre exemple, ou le mien, ou celui de pg, ou celui de wolfg, ou celui de qui vous voulez. Je dis ça pour que vous ne croyez pas trop simplement que je retombe dans Le cas particulier.
Avez-vous des enfants ? Si c'est le cas, êtes vous plus sensible à leur santé, leur réussite scolaire, leur intelligence, leur beauté, ou à votre augmentation salariale ?
Tirez vous plus de satisfaction du modèle de véhicule que vous utilisez pour aller dîner chez des amis ou du moment où la conversation porte sur les mômes et que vous expliquez que vos gamins savent lire, ou inversement que ceux de vos amis envisagent une filière scolaire courte ou ont des difficultés avec la lecture ?
Vos amis font-ils partie d'un des 1150 clubs de bridge en France qui regroupent 100000 adhérents et organisent des tournois qui leur prend un week end par mois, voire un par quinzaine et possiblement à l'autre bout de la France s'ils ont un "niveau interrégional" ?
Peut être que vos amis ou vous même possédez un chien affilié à une des 342 races canines en France, qui possèdent quasiment chacune une fédération, un championnat, des expositions par région, des titres et des concours - dont 9 catégories possibles , et qui les amènent à se rendre dans un club de dressage/agility chaque semaine ?
Ou bien vos amis appartiennent-t-ils à l'un des 7800 clubs de tennis en France, qui comptent plus d'un million de licenciés et organisent autant de tournois qui les occupent chaque week-end et dont ils seront ravis de vous annoncer qu'ils sont super heureux d'avoir fait un double contre une équipe mieux classée qu'eux mais ont quand même gagné?
Ou bien vos amis font-ils partie des 8000 licenciés français en course d'orientation, répartis en 220 clubs (je viens de vérifier, j'ai pris ça comme discipline au pif), fédération qui organise 3 championnats de France rien que ce mois.
Ou bien vos amis s'ils sont plus jeunes (ou pas) font partie des 38 millions de français qui sont des gamers, voire des 8% de français qui pratiquent les jeux vidéos en moyenne 5 heures par jour, et qui bien évidemment vous parleront de leur performance sur tel ou tel jeux.
Je pourrais continuer comme cela toute la journée en fait. Mais ne perdons pas de vue votre question: comment mesure-t-on la réussite sociale d'un individu ? A mon humble avis, je dirais que votre outil de mesure qui s'appelle l'aisance financière est un peu short pour le faire. Je suis bien d'accord que c'est le seul pour lequel vous disposiez d'un thermomètre, disons d'un instrument de mesure, mais très franchement, à part quelques névrosés - on en connait ici même - ou quelques frustrés -il y en a ici aussi- mon observation de la société me fait dire que la valorisation sociale n'est que peu en rapport avec le pouvoir d'achat en France de nos jours.
En tout cas, le capital économique est le seul qui permette à l'individu de s'émanciper de la contingence matérielle et, pour les 0,1%, de ne plus subir les règles du jeu.
vous ne pouvez pas simultanément invoquer l'exception statistique de Kevin ou Gilberte comme vous le faites plus haut, et mettre en avant dans votre argumentaire les 0,1% du bord. Je sais que c'est comme ça que fait Piketty, c'est une démarche qui contient sa contradiction qui me parait évidente.
Alors certes on peut essayer de chercher des corrélations entre l'appartenance à un groupe de vttistes ou le fait de jouer de la guitare et la probabilité d'améliorer son capital économique, mais on peut postuler sans risque que capital économique de départ risque de peser beaucoup plus lourd sur le capital d'arrivée que le goût pour la guitare ou la cuisine gastro. S'il y a des sources qui indiquent le contraire, je suis preneuse.
ma foi, c'est facile, sauf aux erreurs entre corrélation et causalités évoquées plus haut, et pour lesquelles vous n'avez répondu que par raillerie, il suffit de mesurer l'étalement/dispersion des revenus des adhérents des différentes associations, lorsque celles ci proposent des adhésions échelonnées en fonction du quotient familial. Ce qui est souvent le cas, sauf au tennis bien sûr
mais on cherche là où c'est facile de chercher je disais...