funkymonk a écrit : ↑09 déc. 2020, 11:08
On parlais de temps courts. Je ne connais pas votre age, mais si vous avez des enfants, vos arrières petits enfants c'est 50 à 60 ans.
A moins d'un génocide, je ne vois pas bien ce qui pourrai permettre l'éradication du français en si peu de temps
On peut parler de l'arabisation du maghreb, toujours inachevée alors qu'elle est en cours depuis le VII eme siècle.
Vous mélangez deux phénomènes différents. Le premier c'est une occupation par une culture étrangère et le peuple qui doit se convertir, et qui garde justement jalousement ses traits culturels pour se démarquer de l'envahisseur, du coup ça ne prend pas l'occupation culturelle renforce des traits qui sinon n'auraient peut être même pas été considérés. Les régionalismes français et les langues vernaculaires sont restées pendant longtemps malgré "La France une et indivisible dont la seule langue est le français", pareil ailleurs dans le monde. Ce qui tue les langues vernaculaires depuis 50ans ce n'est pas la culture française, ou même globish, mais les mouvements de population qui font que les gens se retrouvent avec des interlocuteurs qui maîtrisent la même langue véhiculaire mais pas la même langue vernaculaire. Dans un premier temps l'exode rural pour trouver du travail à la grande ville dans une zone linguistique différente en France, puis maintenant ça se fait au niveau européen ou mondial. Les langues locales (alsacien, breton, basque...) ont disparu quand Alsaciens, bretons, basques... devaient passer par Paris ou Lyon... et seuls ceux restés au terroir sans jamais en sortir les utilisent. Les langues locales (français, polonais, italien...) vont disparaître quand les français, polonais, italiens vont passer par New York, Londres, Genève, Berlin... C'est ce qu'on a vu dans un des fils récents, peut être celui ci, un français qui vit avec une hongroise ou une polonaise rencontrée ailleurs, ils se parlent en ... anglais. Les autres langues occidentales sont en train d'acquérir le statut de langues vernaculaires. Et donc seuls ceux restés dans leur terroir de la même manière continueront à les utiliser.
Et c'est là qu'intervient le deuxième problème, l'équivalent des invasions barbares, de la prise d'Istambul par Mehmet II, la colonisation de l'Amérique du Nord... Substitution de la population. Et donc dans le terroir on se met à parler autre chose aussi.
Au final un phénomène de substitution locale fait que la langue meurt, et un autre phénomène fait que les exilés la perdent aussi.
Vous citez l'alsacien, donc on va parler de ça.
Concrètement la zone se baladait entre Allemagne et France où on parlait français et allemand, les gens localement se sont donc replié sur la langue vernaculaire pour se démarquer à chaque fois de l'autre, se sentant différent à chaque fois. Malgré les emmerdes de devoir régulièrement changer la langue officielle (1870, 1914, 1918, 1940, 1945...) ils ont continué en plus à garder leur autre truc à la maison et ce facile jusque dans les années 1960-70, et de longue date la langue alsacienne est plus vieille que l'allemand. C'était leur langue maternelle et les deux autres des officielles. Pourtant par rapport au régionalisme actuel et à sa valorisation ce n'était pas cherché publiquement à l'époque on pouvait lire dans les écoles "interdit de cracher, fumer et parler alsacien" en particulier parce que les fonctionnaires français ne comprenaient pas l'alsacien ni l'allemand et ne faisaient pas la différence entre l'allemand -qu'il fallait à tout prix abolir dans la sphère publique la région étant conquise- et l'alsacien qui ressemble pour un français. En plus cette langue vernaculaire contrairement au breton, au basque ou d'autres langues, n'est pas unifiée et s'écrit comme ça se prononce avec de fortes variations de prononciations locales et aussi une variation des mots communs désignant des choses courantes, bref on est plus proche du petit nègre ne pouvant pas exprimer de pensée subtile (hypothèse, concordance de temps, subtilité sémantique...). Mais ça tenait, ça restait usité malgré les obstacles.
Ce qui l'a fait disparaître c'est l'arrivée d'étranger sur le sol local qui ont fait que la plupart des habitants ne maîtrisaient pas la langue vernaculaire, donc pour s'exprimer avec un personne il fallait utiliser la langue véhiculaire. Par étranger j'entends toute personne étrangère à l'alsace, donc des "français de l'intérieur" d'abord et surtout puis des "de l'extérieur devenus français". En particulier dans les zones urbaines. La langue se perd dans les zones urbaines d'abord, ensuite ceux partis ailleurs faire des études et qui reviennent avec un conjoint d'ailleurs la perdent aussi (le phénomène expliqué ailleurs), ensuite ceux qui épousent quelqu'un localement qui ne le parle pas ne le transmet pas à ses enfants. Et au final les seuls qui restent qui le parlent sont les gens des villages qui l'ont toujours parlé et qui épousent quelqu'un d'un autre village et qui l'ont toujours parlé, ceux là sont faciles à reconnaître ils ont des plaques d'immatriculation en "EL". Et bien sûr en plus de ça l'arrivée des étrangers venus de l'intérieur inclus aussi l'influence des médias venus d'ailleurs et qui s'exprimaient en langue véhiculaire (presse, TV, magasines féminins ou de loisirs...) française.
Donc le truc qui avait l'air durable et a tenu des siècles est mort en 50ans. On va assister au même mouvement. Les médias dont se nourrissent les jeunes sont souvent en anglais, la langue véhiculaire c'est l'anglais, et il y a des mouvements de population à une échelle supérieure à la francophonie. Ca sera vraisemblablement du même ordre de grandeur en temps, sachant que le mouvement a déjà commencé. La seule inconnue pour moi et si il y aura une bifurcation vers une langue arabe / berbère à la place.
Sauf que les "hordes sauvages" finissent par parler - mal, certes - le français. Les rappeurs ne s'expriment ni en wolof, ni en arabe, ni en anglais.
Quelques mots étrangers sont distillés ça et là, mais même un médine, anti laïque et anti france s'exprime dans un français qui peut faire légitimement grincer des dents mais qui est parfaitement compréhensible, malgré des inclusions étrangères :
De la même manière que les invasions barbares ont conduit au français depuis le latin. Il y a un rapport, mais de là à dire que c'est la même langue ? Non.
Et comme au moyen âge on en arrivera avec les érudits qui parlent le latin / anglais et le peuple qui parle le français / wesh.
"Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable" - J.M. Keynes, 1936